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Mots et images de Joe Krapov
texte d'atelier d'ecriture
7 octobre 2023

IGOR ET IRMA

A part le fait qu’il le trouvait difficilement lisible, surtout à raison de quatre à cinq pages d’affilée, Igor Wagner appréciait Marcel Proust « pour le concept ».

- Nous sommes tous à la recherche du temps perdu, confiait-il parfois à Irma, la camériste de Madame Bianca. A l’arrière des berlines, dans l’ombre des vedettes qui attirent les projecteurs, nous vivons nos petites vies qui ne sont pas moins précieuses que les leurs. Les seconds couteaux sont aussi utiles que l’argenterie. J’accompagne l’Air des bijoux sans aucun accroc mais je ne prends pas autant mon pied que quand je fais le bœuf avec mes camarades.

- Le bœuf ? demandait Irma qui songeait justement à devenir végétarienne.

- C’est le nom qu’on donne aux jam-sessions. Des musiciens se retrouvent et jouent ensemble sans partition. On improvise chacun à son tour sur des accords.

- Ah oui, j’ai déjà entendu des choses comme ça en jazz. C’est trop long, ça me soûle. Chacun y va de son solo, le public applaudit l’artiste, aussitôt il y en a un autre qui se lève pour avoir sa part d'applaus et ça recommence de plus belle.

2023-06-11 Nikon 6

- C’est mieux sans public. Les jam-sessions c’est pour le plaisir de jouer entre musiciens. Je me souviens très bien, l’été dernier, j’étais allé dans une ferme en Bretagne car mon épouse connaissait l’agricultrice qui organisait une fête avec des conteuses et des groupes musicaux. Je me suis retrouvé dans une jam-session de joueurs de kora.

- Le supermarché ?

- La kora est un instrument africain, Irma ! 22 cordes ! Je ne te raconte pas la séance d’accordage. Les deux musiciens ne se connaissaient pas mais ils avaient eu le même prof. Ils ont joué dans le potager de la ferme, c’était le mois de juin, il faisait beau. C’était une musique lascive, formidablement calmante. Sont venus s’ajouter un musicien africain avec sa guitare folk, un accordéoniste breton et un joueur de trombone à coulisse. Magique ! J’ai tout enregistré mais quand moi-même je me suis lancé dans « Général à vendre » les piles de la machine sont arrivés en bout de course et on n’entend que le premier couplet.

- Vous n’êtes pas doué pour la technique ! On voit bien que vous avez juste cultivé un don.

- Un don paisible. Si tout le monde jouait de la musique, le monde irait peut-être mieux. J’ai quand même sauvé ensuite une espèce de bossa-nova sur laquelle on entend bien mes contrechants. Il faut dire que je suis un timide et que je ne fais pas d’esbroufe dans ce genre d’exercice. Par contre je n’ai pas raté la séance guitare et mandoline à la Fête de la musique, quelques jours plus tard. L’enregistrement est très bien ! Et ce Christophe, quelle pointure !

Irma l’écoutait d’une oreille distraite. Que Christophe chaussât du 45, elle s'en fichait bien. Elle, son truc, c’était le saut à l’élastique. La Proustitude et les jam-sessions de rattrapage de ce personnage plus que falot, vues du haut de la grue, c’était de la gnognotte ! 

Écrit pour le Défi du samedi n° 788 d'après cette consigne : jam-session
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6 octobre 2023

LE RÉCIT D’ARRÊTE VI

AEV 2324-04 GorilleAh bien sûr, si j'avais eu un gorille, les choses auraient été bien différentes !

Déjà je lui aurais appris à faire des acrobaties, du jonglage, des tours de magie. Je serais allé me poser sur le pont à l'entrée du village le jour du marché. Un petit môme qui montre un gorille, ça les aurait changés, les gens, des montreurs d'ours, des bohémiennes qui dansent et des troubadours. Ils m'auraient glissé la pièce et pas qu’un peu !

Ça aurait arrondi les fins de mois difficiles de mon papa, celles qui commencent dès le neuvième jour du mois et pourtant c'est un bûcheur mon papa. Le boulot ne lui fait pas peur, il en abat comme pas beaucoup. Il sait montrer sa force et tout le monde voit bien de quel bois il se chauffe. Enfin tout le monde se chauffe avec le bois qu'il coupe vu qu’il est bûcheron, mon papa.

AEV 2324-04 BonbonsSi j'avais eu un gorille Papa m'aurait laissé des sous de mon pestacle « singe-ing in the rain » pour que je m'achète des bonbons. Les bonbons c'est eux que j'aurais semés à la place des boules de mie de pain quand Papa et Maman nous ont perdu la deuxième fois dans la forêt avec mes six frangins. Ça m'aurait fait mal au cœur de les jeter par terre mais au moins on aurait retrouvé le chemin de la maison comme la première fois.

Les bonbons, les oiseaux n'en mangent pas. Il y aurait bien eu le risque des pies voleuses, celles qui prennent tout ce qui brille pour de l'argent comptant, le ramassent dans leur bec et vont le cacher dans leur nid.

AEV 2324-04 SerpePeut-être que le gorille serait venu à notre secours ? Parce que là, en tout cas, présentement, ça commence à craindre un max ! La nuit est tombée, la forêt est immense et on est complètement paumés. Les hiboux hululent dans les hêtres hantés, la hardiesse nous lâche honteusement et cette avalanche de « H » ne nous aide pas à nous frayer notre chemin dans les taillis. Heureusement qu’Averell, notre aîné, le plus grand et le plus idiot des sept frères Poucet a ramassé cette vieille serpe rouillée sur le chemin. Malgré l’entonnoir sur la tête qui le ridiculise et le phénomène de jetlag permanent qui le caractérise, il élague.

AEV 2324-04 ChipsSi seulement on était dans un vrai conte de fée, on aurait vite fait d'arriver dans une clairière enchantée avec une causeuse installée au milieu d’une clairière sous un rayon de pleine lune qui éclairerait comme en plein jour ! Je ne sais pas qui se ferait des bisous dans cet endroit-là. Paraîtrait que Blanche-Neige est morte empoisonné par des chips au paprika et que Cendrillon ne vaut guère mieux depuis que le roi a décidé de faire la chasse aux va-nu-pieds. Comment ça s'écrit en écriture inclusive, « va-nu-pieds » au féminin ?

Mais macache ! Pas plus de causeuse que de bonbons ou de gorille !

- Là-bas ! Une lumière ! Et ici un chemin creux praticable ! s’écrie, enthousiaste, Arrrête II, le troisième des frères Poucet.

AEV 2324-04 entonnoirIci, je vous dois une explication parce qu’on ne s’est pas vraiment présentés. Après Averell Poucet nos parents ont décidé de baptiser leurs enfants « Arrête » et de leur donner un numéro d’ordre. Arrête II, Arrête III... Moi je suis Arrête VI. Ce n’est pas une mauvaise idée : les gamins on est toujours obligé de leur dire « Arrête ! ». « Arrête ! »c’est aussi ce que disait Maman à Papa quand il en mettait un en route sans le faire exprès.

Fin de la parenthèse. Nous suivons le chemin en direction de la lumière et effectivement nous voilà maintenant positionnés devant une grande maison en plein milieu de la forêt.

- Qu'est-ce qu'on fait ? On frappe et on demande l'hospitalité en tant que migrants économiques ?

- Ouais ça pourrait marcher mais enlève ton entonnoir du dessus de ta tête, Averell, si c'est toi qui causes.

Averell a tiré la chevillette et de l’autre côté de la porte aucune bobinette n’a cherri ou chu ou cherraton mais la tenancière de cet hôtel s'est pointée. Voyant qui on était à travers le judas, la portière nous a ouvert la portière.

AEV 2324-04 ChouWaooh ! Les jetons qu'on a eus ! Pire qu’au loto où on a les yeux en bille de ! Avec un vieux tromblon à la main et une-lampe tempête dans l’autre, c'était une vieille ogresse de l'armée en déroute qui fixait étonnée notre bande de scouts. Surtout elle avait une tête de chou, ronde, verte, frisée posée sur ses épaules de fumeuse de havanes.

Est-ce que c'est bien ici l’auberge de jeunesse ? a demandé Arrête III « j’crois qu'on est arrivés ».

Arrête III « j’crois qu’on est arrivés » c'est le ravi de notre crèche. Après lui tu tires l'échelle ! C'est pour ça qu'il a ce surnom « J’crois qu'on est arrivés ». Maman a dû dire à papa « On a atteint un sommet, on ne pourra pas faire pire !

Contre toute attente et même contre tout à l'oncle l'ogresse a répondu :

- Oui. Vous êtes combien ?

- Sept, j'ai répondu parce que de tous mes frères je suis le seul qui sait compter. 

AEV 2324-04 Chaussure de rando

- Il me reste un dortoir mais vous essayez de ne pas faire de bruit ni de répandre d'odeur en retirant vos chaussures de randonnée. Nos sept filles sont déjà endormies dans la chambre voisine de la vôtre.
Elle nous a précédés à l'étage, a ouvert la chambre et elle nous a prévenus.

- Demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, vous partirez. Mon mari qui est juge et sa vieille mère sont des ogres cruels qui dévorent les enfants. Ils reviendront demain de l’enterrement de Barbe-Bleue. Ils sont allés déposer sur sa tombe une raquette de fleurs en souvenir des parties de tennis qu'ils ont disputées ensemble. Allez, maintenant, bonne nuit les petits !

Le lendemain matin on n’a pas demandé notre reste et avec la serpe magique d’Averell on s'est taillés.

On a même retrouvé le chemin du village ! On a jeté un œil sur les titres de « Ouest-France » à la devanture de l'épicerie. Sûr quelle n'était pas près de revoir son mari l'ogre, la femme à la tête de chou !

Le journal titrait « Un juge et une ancêtre violé·e·s par un gorille !». L’article précisait que, par édit royal de sa majesté le roi du royaume, les deux victimes et le coupable auraient tous trois la tête tranchée pour avoir profané de leurs turpitudes un espace, celui du conte, destiné à la préservation d’un monde parfois cruel des enfants toujours bons, naïfs, innocents et charmants.

Du coup, je ne sais pas bien pourquoi, l’envie de posséder un gorille m’est complètement passée. 


Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 3 octobre 2023

d'après la consigne AEV 2324-04 ci-dessous

1 octobre 2023

TROMBINOSCOPE

Autrefois chez le photographe on vous demandait de sourire pour la photographie.

Encore aujourd'hui lorsqu'on prend une photo de groupe chacun dit « ouistiti » ou « cheese » ou « choucroute garnie » pour avoir l'air gai sur la "tof".

Par contre sur les photos d'identité officielles vous êtes obligé d'enlever vos lunettes et de faire la gueule. C'est bien la preuve que nous sommes gouvernés par des gens vraiment pas drôles pour qui le rire – et le sourire - sont sans doute le sale de l'homme.

AEV 2324-03 Dubout Permis de sourire


Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 26 septembre 2023

d'après la consigne AEV 2324-03 ci-dessous

30 septembre 2023

PAS ENCORE TOUT A FAIT AMNÉSIQUE. 11, Les Irascibles

DDS 787 images

Rien qu'à contempler la marche du monde actuel l’irascible en voit de toutes les couleurs ! Il commence par voir rouge, il entre dans une colère noire et finit souvent vert de rage. A ce moment-là il crache son venin sous forme de jurons et d'insultes. Ça vous rappelle quelqu’un n’est-ce pas ?

J’ai failli appeler mon billet « Le Retour du capitaine » mais j’ai déjà donné ce titre à ma contribution de la semaine dernière !

La façon d’être d’Archibald H., c’est humain et c’est aussi animal. Comme nous l'explique Zorrino dans « Le Temple du soleil » « Quand lama fâché lui toujours faire ainsi ! », moyennant quoi à la fin de l'album le capitaine Haddock s'en va boire à la fontaine et recracher son eau à la face d’un lama qui ne lui avait rien fait à part peut-être s’appeler Serge.

DDS 787_bretzelliquideLe Capitaine Haddock est bien, sans contestation possible, l’irascible n° 1 de toute l’histoire de la bande dessinée. Le temps m'a manqué pour lister tout ce qui le met en colère mais entre la Castafiore qui ne sait jamais prononcer son nom, le professeur Tournesol qui n'entend rien à rien et n'en comprend pas plus du fait de sa « bsurdité » et le duo de détectives stupides à moustaches et chapeaux melons il y a déjà de quoi faire en matière de s'énerver les nerfs, non ?

Chez Astérix l’irascibilité « Cétautomatix » et quasi général ! Du « Non, tu ne chanteras pas, Assurancetourix" au bris de vases par Cléopâtre, du « Comment ça ? Il n'est pas frais mon poisson ? » à la bagarre généralisée et récurrente de tout le village gaulois, il n’y a très souvent qu’un seul pas que le génial scénariste et l’habile dessinateur n'hésitent jamais à franchir pour notre plus grand plaisir de fans rubiconds.

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On doit à René Goscinny deux autres beaux exemples de colériques obsessionnels. Le premier, dessiné par Jean Tabary, est le grand vizir Iznogoud qui ne parvient jamais à devenir calife à la place du calife et que cela contrarie un maximum. Le deuxième est un nommé Joe Dalton que le simple fait de prononcer le nom de Lucky Luke fait se rouler par terre. D'autres personnages de cette série peuvent être rangés dans la catégorie des irascibles : le conducteur de la diligence de l’album homonyme et surtout Billy the Kid.

230928 Lucky Luke, Verlaine et Rimbaud

A certains coléreux du neuvième art le jury que je préside attribue des circonstances atténuantes : aux victimes du sieur Lagaffe Gaston né de la plume d'André Franquin par exemple. Prunelle, son employeur ; l’agent Longtarin, son souffre-douleur et le corpulent et insistant monsieur De Mesmaeker ne peuvent qu'être exaspérés par les inventions incessantes du petit chimiste amusant doublé d'un poète de l'écologie militante et encombrante qu'est Gaston. De ce fait on ne peut que conseiller à Greta Thunberg de lire ou relire les gags de Gaston et d'en faire son modèle si elle veut agacer encore plus les ceusses qui nous gouvernent et nous mènent à notre perte et mettre de son côté tous les autres.

DDS 787 ob_e117c8_010-concombre-colere-a-noeudsJustement, au moment de sortir des livres, je passerai très vite sur les irascibles de la vie politique. Peut-être que tout a été dit et bien dit dans la formule de Monsieur Talonnettes : « Casse-toi pauvre con ! ». Je mentionnerai seulement l'insulte « Vipère lubrique » et le claquer de chaussure sur le pupitre de l'ONU du camarade Nikita Khrouchtchev. Je ne sais pas pourquoi ma mémoire retient des choses comme ça alors que les jeunes de moins de trente ans de ma connaissance ne savent même pas ce qui s'est passé en France en mai 1968 !

Au cinéma c’est Louis de Funès qui remporte la palme d'or de l'irascible à grimaces, enfin, le grand prix d’interprétation. Les personnages qu’il interprète dans ses duos avec Bourvil ou son Avare de Molière ont toujours des comportements et des emportements bien odieux.

DDS 787 ob_c16b7a_bicarbonateOdieux ! Ô dieux ! Aux dieux de l'Antiquité, Zeus, Arès, Némésis, Héra, on attribue, paraît-il, de sacrées colères. Dans la principale religion en vigueur dans notre pays existe une chose musicale appelée "Dies irae". Cela signifie « jour de colère » pour ceux qui n’entravent que couic au latin de messe et de cuisine. C’est la bande son du Jugement dernier voire de l'Apocalypse que tout le monde nous promet pour demain. Ce morceau est devenu facultatif mais j'aime bien celui de la messe de Requiem de Verdi.  

Pour en terminer avec la malotrutitude des gens qui ne savent pas garder leur calme j’ai une pensée émue pour le Concombre masqué de Nikita Mandryka : son « Protz et chniaque ! » et son « Bretzel liquide ! » lancés aux éléphants qui jouent au bowling dans son grenier ont enchanté mon enfance !

Et je vous livre, en guise d'apothéose, le sketch du permis de conduire de Jean Yanne qui vaut son pesant de cacahuètes-griefs !

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Écrit pour le Défi du samedi n° 787 d'après cette consigne : irascible

29 septembre 2023

C’QUE C’EST BEAU, LA PHOTOGRAPHIE !

Les Photographes de Dubout

 Si on lui avait prédit, au gars Dubout du fond de la classe, qui faisait déjà, près du radiateur, des dessins dans les marges de ses cahiers d’écolier…

Si on lui avait prédit au gars Doisneau qui, une fois sorti des usines Renault, s’était mis en tête de fixer pour l'éternité les amoureux de Paris, les poètes attablés devant un verre de vin, les Hercule de foire et les forts des Halles, voire les pissotières des cours d'école…

S’ils avaient su, ces deux-là qui sont au Panthéon de l'observation amusée de la vie dans toute sa drôlerie qu'on peut faire aujourd’hui des photos avec un téléphone ils n'en seraient pas revenus ! « Et où est-ce qu'on branche le fil ? " auraient-ils demandé.

Ils n'en seraient pas revenus, ils ne reviendront pas et c'est à notre tour, en découvrant ce livre, « Les Photographes » d'Albert Dubout de revenir sur les mystères de la chimie photographique.

 Je ne suis pas ici pour vous raconter ma vie mais quand j'ai commencé à prendre des photos le support des images était une pellicule argentique. On ouvrait l’appareil, on positionnait la cartouche cylindrique dans un logement prévu à cet effet à gauche de l'appareil. On enclenchait les perforations du film dans les petits ergots d'un autre cylindre pivotant à droite, on enroulait une fois. On refermait le boîtier, on tournait une une molette ou un levier (on « armait). Puis on déclenchait et c'était parti pour 24 ou 36 poses

Je vous fais grâce de la chimie qui suivait pour obtenir à partir de ce film des images en paier. Je l'ai pratiquée beaucoup moi-même ; c'est pourquoi les mots « chambre noire » « lumière inactinique » « révélateur » « fixateur » « glaceuse » « bain d'arrêt » évoquent des souvenirs bien révolus aujourd'hui. Les marques Durst, Agéfix, Ilford, Atomal ou Agfa me parlent encore.

Les Photographes de DuboutDu reste, pour le commun des mortels qui ne se risquait pas à ces opérations délicates, l'étape du développement du film restait inconnue. Pareil pour la photo couleur. Après avoir déposé la pellicule chez un photographe on retournait une semaine plus tard récupérer chez l'homme de l'art une pochette contenant les photos tirées sur papier d'une part et d'autre part la pellicule qui, après traitement chimique contenait les mêmes images mais en négatif : tout ce qui était blanc dans la réalité était noir sur le film et vice-versa.

Plus rien de tout cela aujourd'hui avec le numérique.

Ce qui est étonnant dans le livre de magie du Grand Albert c’est de voir l'humour qu'il tire de l’appareil de de prise de vues antédiluvien qu'on utilisait sans doute au temps des frères Rimbaud, de Nadar, d'Étienne Carjat et de Tintin au Congo. L'appareil photographique était posée sur un trépied. Il devait rester fixe pour éviter les bougés et conséquemment les photos floues. Le boîtier était une caisse parallélépipédique en bois reliée à l'objectif par un soufflet.

Les Photographes de Dubout

Parenthèse : sachant que l'accordéon utilise lui aussi un soufflet, qu'il est appelé « boest en Diaoul » en Bretagne soit « la boîte du diable » on ne s'étonnera pas du fait que les peuplades indigènes que les explorateurs du XIXe siècle photographiaient pour la première fois voyaient là une machine qui risquait de voler leur âme ! Fin de la parenthèse sur la religion.

Le déclencheur de l’appareil était un genre de poire d'interrupteur comme on en trouvait dans les chambres jadis.

Surtout le photographe cachait sa tête sous un voile noir afin de pouvoir sortir la plaque photographique de son emballage et de l'introduire dans l'appareil . Une plaque par photographie.

Les Photographes de Dubout

Il y avait aussi des flash au magnésium qui permettaient d’oeuvrer en milieu peu lumineux.

La personne photographiée prenait la pose. Elle devait rester immobile au moment du déclenchement.

On allait se faire tirer le portrait chez le photographe qui mettait en scène ses sujets dans son studio à l'arrière de sa boutique. Il fallait sourire devant l'objectif : pour certains pisse-froid ou angoissés notoires c'était parfois très difficile

Les Photographes de Dubout

On immortalisait :

- la moustache du père dans un cadre en bois pour la mettre au-dessus du troupeau qui mange sa soupe froide (Jacques Brel)

- les bébés quelques jours après leur naissance, tout nus sur un coussin ou une couverture en fausse fourrure

- les jeunes filles à marier. Ça, ça plaisait bien au photographe

- les jeunes mariés

Les Photographes de Dubout- les ébats des jeunes mariés. Non je déconne ! Ce n'est venu que bien plus tard ou si certains le faisaient le résultat était vendu sous le manteau dans des arrières-boutiques de librairies peu fréquentables. A vrai dire je n'en sais rien. C’est Simenon qui raconte ça dans ses nouvelles. Lui a beaucoup cherché ces choses-là, pas moi, même si j'avoue que je possède une édition du Kâmasûtra illustré par Albert Dubout.

Il y a bien entendu dans cette histoire de la photographie au 20e siècle un paradoxe que vous aurez peut-être observé.
Celui qui rend le mieux compte de tous ces éléments de sociologie, de la richesse de la relation complexe entre l'image qu'on a de soi, celle que l'on veut donner et celle que le photographe saisit, de ce moment particulier d'échange entre un montreur et des gens qui se montrent, celui-là n'est pas photographe, il est dessinateur !

Comme quoi sans le don la technique n'est rien qu'une sale manie !


Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 26 septembre 2023

d'après la consigne AEV 2324-03 ci-dessous

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23 septembre 2023

LE RETOUR DU CAPITAINE

DDS 786 hêtraieQue le professeur Tawhid, spécialiste de la langue arabe, habitât dans les Ardennes et que j’eusse à le rencontrer dans la ville-même où je m'étais marié jadis - et d'où je m'étais tiré vite fait ! - était une drôle de coïncidence. Mais les linguistes et les connaisseurs triés sur le volet, très rares en ce XIXe siècle, du Coran que j'avais entrepris de traduire en français, s'il eut fallu les poursuivre jusque dans leur retraite au bout du monde, dans le plus retiré des trous à rats qui fût, j’y fusse allé !

Pour la fin de ce voyage j'avais pris l'omnibus. Comme nous traversions la hêtraie Bois-en-Val je ne me sentis plus brisé par les chaleurs. Tandis que le cocher maltraitait son cheval je me remémorai les anciennes erreurs que j'avais commise par ici autrefois. J'étais alors un jeune reître, un soldat, et j'avais atterri sur les terres d'ici au gré d'affectations militaires qui me mèneraient plus tard en Algérie et en Crimée, sur le théâtre des opérations ou bien en tant que gestionnaire du maintien de l'ordre.

DDS 786 kiosque CharlevilleLa Meuse s'étirait au pied du mont Olympe. Là c'était Charleville et là c'était Mézières, ville d'amours tranquilles, de grâces roturières et de folles jeunesses. C'était hier encore, c'était l'été indien et ce jour-là j'avais été attiré par la musique jouée au kiosque près de la gare. Un peu en retrait de la foule, assise sur un banc vert devant une haie de thuyas, une jeune fille solitaire coiffée d’une tiare de cheveux roux me fixait du regard avec l'air de me dire « Si tu me dis oui, je ne dirai pas non ». Cette fille du coin n'était pas une hétaïre. Plus tard je la surnommerais ainsi :

DDS 786 13328- Vitalie, ma belle hétaïre ! Toi ma Hittite folie ! Mon petit train de fantaisie !

- Qu'est-ce que ça veut dire, "hétaïre", Frédo ? demanderait-elle.

- Ça signifie « Ma cocotte » en grec ! Viens te faire voir et m’en faire voir ! Viens donc là, ma poulette, qu'on se plume au plume !

J'entends encore son rire séduit. Elle était épatée par toutes mes connaissances.

Ce premier jour je l'avais abordée sans hâte, la jouant détaché, distant, hautain. Je maîtrisais très bien cet art de prendre les façons d’un nobliau, d’un aristo solaire ou d’un disciple zélé du dieu égyptien alors que je n'étais qu'un pauvre hère, fils d’un tailleur du Jura, jeune engagé dans l'armée.

Je lui avais demandé :

- Vous aimez ces airs ?

Pour une raison que je n'ai pas comprise elle avait pouffé de rire.

DDS 786 Morisot_Jeune_fille_dans_un_parc_(RO_708)

***

Ceux qui se pencheraient sur notre histoire plus tard, si cela arrivait, auraient tort de penser que Vitalie, jeune paysanne qui avait hérité d'une ferme dans le hameau de Roche, manquait d'attraits physiques. Sa conquête se fit sans difficulté. Après avoir sacrifié aux rites nécessaires – fiançailles, mariage, lecture du code civil et repas de famille enquillés d'une seule traite, nos têtes s'étaient retrouvés à reposer après l'effort sur les taies d'oreiller voisines d'un lit large dans lequel fut conçu notre premier héritier. Ça n'a pas raté, ce fut un garçon, on l'appela Frédéric qui était également mon prénom.

Évidemment je ne peux pas taire le changement apporté pour le père aussi par la naissance d'un enfant : nous étions désormais deux à téter les seins de Vitalie ! Un jour pour Jupiter la nymphe devient Héra et, ça ne rate pas, le brave Dieu atterré découvre que l'amante est aussi une mère et que gérer une famille ça n’est pas sa tasse de thé (ou de nectar, plutôt) à lui.

Je n'eus pas le temps d’en prendre ombrage et de devenir amer car l'armée, autre nourricière guerrière à la mamelle jamais tarie, m’appela sur une autre aire de jeux : je fus envoyé en Algérie.

DDS 786 Soldat du 147e regiment d'infanterie-1887-1890-_img

Je ne revis plus Vitalie qu’a mes rares permissions. Mon absence prolongée n’irritait pas plus que cela ma solide et patiente épouse. Les feux d'un bel amour couvaient toujours dans l'âtre et ils furent suivis de quatre autres naissances d'enfançons ou d'enfantiaux comme on dit en Suisse. L’un, l’une plutôt, ne survécut pas mais il n'y eut pas d'arrêt pour autant dans notre production de nouveaux êtres en ce siècle de conquêtes et de révolution industrielle et industrieuse.

Et puis aux colonies j’ai rencontré Rita qui fut l’arête dans le bifteck de notre couple. Vitalie se sentit trahie - elle l'était ! -, elle me traita de taré, tira un trait sur nos amours et, comment on dit à Rouen, « On les mit sous le tapis à l’aître Saint-Maclou ». Après la naissance de notre dernière, « Isabelle la Catholique », elle se fit passer pour veuve puis, à ce qu'on m'a dit, serra beaucoup sa haire avec sa discipline. Après le sabre, le goupillon ! Hare Krishna à mort !

Je ne puis la haïr de m'avoir mis dehors. C'est le destin du traître et le destin est traître lui aussi. La suite est un peu tarte : je me suis terré quelques temps avec Rita en Algérie mais comme elle en avait un peu plus dans la théière elle m'a laissé tomber vite fait pour un pêcheur de raies de la ria d’Etel : il s'appelait Modiano et prenait de l'éther si je me rappelle bien. Bizarre pour un Breton !

Puis j’ai fait la Crimée et je me suis mué, la retraite venue, en vieux savant décoré de la Légion d'honneur cherchant quelques rais de lumière sur la langue des Arabes, sur la pensée d’Orient, les autres religions dont, notamment, l’Islam.

DDS 786 Omnibus_a_chevaux_vers_1890_CGO_ParisMais ite missa est ! Fin des confidences ! La patache s'arrête, nous voici arrivés sur la place ducale. Le grand cocher bourru maltraiteur de chevaux décharge nos bagages. Cet imbécile me dévisage avec intensité avec l’air de se demander si « hêtre ou ne pas hêtre ? » est la question que se pose certain loup-bûcheron qui sortirait du bois ! Drôle d'accueil, drôle de paroissien !

J'espère que le hasard qui fait si mal le tri parfois ne mettra pas Vitalie sur mon chemin.

Aïe ! Aïe ! Aïe ! Je me sentirais sans doute obligé de lui demander : « Ces enfants que je t'avais faits, que sont-ils donc devenus ? » alors que franchement, maintenant que j'arrive au terme de mon âge, je m'en fous, des enfants Rimbaud-Cuif ! 

Ecrit pour le Défi du samedi n° 786 d'après cette consigne : hêtraie.

20 septembre 2023

LA VIE MODE D'EMPLOI

2023-09-19 285 16 recadrée

On ne sait vraiment pas, à voir l'immeuble en coupe, lequel de ses habitants aura le dos brisé le premier !

Peut-être que ce sera le marié du quatrième. S’il a dû monter, en pestant contre les rituels, les escaliers avec sa promise dans les bras jusqu'à ce lieu retiré, sa jolie chambrette, son nid d'amour Fragonardien, quel bonheur ce sera pour lui de fermer le verrou, d'accrocher au loquet de la porte le panneau « Just married » - juste ciel, pourquoi ne dit-on pas « Juste marié·e·s » ? Tout le monde comprendrait aussi bien ! -.

Des griefs il me semble que tout le monde pourrait en avoir après Jeannot et Jeannette qui jouent les vedettes de l’espace en appuyant sur tous les boutons de l'ascenseur depuis une heure !

A commencer par le facteur qui doit se farcir trois étages à pied pour livrer un recommandé à l'haltérophilie du 3ème ! Heureusement pour lui la femme de l'athlète interrompra sa tournée de crêpes pour lui servir un kir en récompense.

Ne parlons pas de l'athlète en maillot qui soulève des poids de cent kilos !

Le sculpteur du rez-de-chaussée, sa journée n'est pas de tout repos. De ses virées dans les salons et autres lieux d'exposition il a ramené une commande de 600 bustes de soldats chinois ! Ses journées de travail n'en finissent pas !

Au premier étage en tout cas on ne s'en fait pas ! On va s'enfiler une bonne part du gâteau d'anniversaire de Nicolas que Mamy a confectionné avec amour. Papy lui qui commente dans son fauteuil le western de la télé ne risque pas la scoliose ni le lumbago. Quoique !

Au deuxième monsieur Dupont dicte à sa secrétaire, une petite dame en robe safran, une lettre de démenti à l'adresse de la "Revue des deux mondes". L'information selon laquelle l'Opéra de Rennes, de forme convexe, finira un jour par s'encastrer dans la mairie de Rennes, de forme concave, en vertu d'un phénomène inverse de celui appelé "dérive des continents" – Ohé, ça va pas la tête ? - n’émane aucunement de la Société de Géographie de Bretagne dont il est le président.

C'est peut-être Alceste finalement qui aura les vertèbres en compote ce soir ! Il a dû grimper jusqu'au cinquième avec son lourd cartable sur le dos pour amener ses devoirs à Alain qui s'est cassé la jambe pendant la classe de neige. Attention ! Il faut bien situer le personnage d’Alain ! Lui n'est pas allé à la classe de neige. Du reste personne dans la classe ne s'est cassé quoi que ce soit au ski mais lui qui est resté à Lille, quand on est rentrés, on a vu qu'il avait hérité d’un beau plâtre au mollet !

Ce serait bien, songe Alceste, qu’on pense à inventer WhatsApp et les visioconférences un de ces jours pour que les profs puissent lui dire à distance ce qu'il a à faire sans que je me coltine cinq étages et l'odeur de pipi de chat de son appartement !

Il n'a pas ça dans sa hotte, le Père Noël du futur ?


Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 19 septembre 2023

d'après la consigne AEV 2324-02 ci-dessous

17 septembre 2023

GARANCE FAIT DES PROUÈCES

Jeu 86 de Filigrane - Passagère du silence

La lumière entre dans la pièce
Où opère la créatrice.

Le soleil n'est que bienveillance
Où oeuvre la petite puce.

Elle commence avec prudence
Par quelques traits posés en douce
Sur la surface de la toile, subreptices.

Poussée par d’aussi bons auspices
Voilà que l'artiste en lice.

Elle avance avec assurance.
Elle a l'audace de l'enfance,
Elle a la chance des novices,
Le coup de pinceau est vivace,
La foi est immense. Elle fonce.

Quand elle n'est pas à la noce
Elle fait preuve de persévérance.
Elle fait face, efface, rince
Et recommence.

Vrai, quelquefois la ressemblance
Oppose quelques résistances
A la petite dessinatrice

Mais la jeune Garance
Est du genre coriace :
Jamais elle ne renonce
Ni ne met les pouces
Et, tenace,
Trouve toujours une astuce.

Elle grimace, elle se tance, elle s'agace
Mais c'est fugace : elle est vorace,
Sait retrouver l'aisance
Redevenir efficace.

Bientôt à nouveau, d'évidence,
Le pinceau se montre véloce,
Le geste s'emplit d'élégance.

L'arrivée d'un tigre féroce
Qui menace la populace
Sur la Grand-Place de Florence
Où se trouvent célébrées les noces
Toutes pleines de magnificence
Du prince Fabrice Del Dongo
Et d'Alice l'idole des dingos
Annonce bien des exubérances,
Extravagances,
Outrecuidances
D'HenriRousseauiste obédience

Jeu 86 de Filigrane - Douanier Rousseau

Car bientôt c'est la luxuriance,
L’allégeance à la violence !
Sardanapale est au supplice,
Vénus n'a plus la tête à montrer sa naissance,
La Joconde en souffrance
Tire sa révérence,
Toute la galerie se glace,
Fragonard s’en balance
Et Van Gogh en éprouve
Une douleur atroce.

Ayant tombé la carapace
Garance fait l'expérience
D'une jouissance sans nuance.

Une fièvre libératrice
La fait sortir des convenances.

A suivre son caprice
Et son talent précoce,
N'y voyant pas malice,
Voici qu'au chevalet,
Première spectatrice,
La passagère du silence
Voit surgir « Le Jardin des délices » !

- Mince ! qu'elle se lance,
Sûr, ça décontenance
Mais ce n'est pas mal, d'évidence !

Jeu 86 de Filigrane - The Garden of earthly delights

Ecrit pour le jeu n° 86 de Filigrane (la Licorne) à partir de cette consigne.

15 septembre 2023

ÉDITH (De mémoire)

De mémoire il faut, pour réussir le gâteau vite fait de Marie-Paule D., les ingrédients suivants :

100 g de farine, 50 g de sucre, un œuf, un demi sachet de levure chimique, une pincée de sel, une boîte d’abricots en conserve, du beurre et du sucre fin pour la garniture.

Elle appelait ça un 3-4-5 : 3 cuillères à soupe de sucre, 4 de farine, 5 de lait mais j'ai changé les proportions et j'appelle ça un 150.

Dans un saladier, tu mélanges la farine, le sucre, la levure et le sel. Tu verses l'œuf battu puis tu complètes avec du lait jusqu'à obtenir une pâte à beignets un peu liquide quand même.

Tu beurres un moule à tarte et tu verse la pâte dedans. Tu ouvres la boîte d'abricots en conserve. Tu les égouttes sur du sopalin puis tu coupes les oreillons –ce n’est pas une maladie, c’est juste le nom qu’on donne aux demi-fruits – au-dessus de la pâte en essayant d'en mettre partout sur la surface.

Tu enfournes pour un quart d'heure à 200 degrés. Pendant ce temps-là tu fais fondre 40 g de sucre et 40 g de beurre dans une casserole et tu mets en réserve ce mélange encore liquide. Au bout du quart d'heure tu disposes ce caramel liquide sur la tarte et tu remets une dizaine de minutes au grill.

Si elle savait, Marie-Paule D., le succès que j'ai toujours avec ce dessert hyper-vite fait !

Je ne l'ai pas revue depuis 1979, cette fille venue du Pas-de-Calais et que j'ai eue comme collègue à Paris. J'espère pour elle qu'elle n'a pas pris trente kilos sur les hanches comme moi depuis ce temps-là.

2324-01 JK Yolande

15 septembre 2023

TOBIAS (Mystère)

C'est à cela que ça sert les greniers, les bibliothécaires, les archivistes et les enregistreurs fous.

Mon neveu m'a réclamé cette chanson écrite par son père, mon frère donc, il y a longtemps, après que j'ai eu quitté le groupe de rock que nous avions formé avec deux musiciens d'origine polonaise. 

« Je mourrai peut-être demain / Salut les copains ! » disaient les paroles.

On aurait dû la jouer à son enterrement plutôt que la version du "Hallelujah" de Leonard Cohen par un orchestre à la André Rieu.

J’ai retrouvé ce morceau sur mon disque dur externe de musique déjà numérisée mais je suis quand même monté au grenier. J’en ai redescendu trois caisses pleines de cassettes de toutes marques, de toutes couleurs. J'ai tout réécouté rapidement, recopié les indications de date ou de lieu. J’ai tapé tout ça sur l’ordinateur et sorti des étiquettes que j'ai mises sur la tranche des boîtiers.

Je ne sais pas si vous imaginez mais une pratique musicale hebdomadaire qui s'étend de 1972 à 1983, ça laisse des traces !

Du coup, pour être exhaustif, j'ai sorti le petit coffret rouge en forme de livre dans lequel se trouvent 8 ou 9 cassettes de cette période. Celles-ci avaient déjà reçu un titre : « Ramdam à la cave » « Ça déménage au garage » « Ça rigole chez Marie-Paule ».

J'ai numérisé celle-là qui est beaucoup plus folk que le reste et maintenant je suis bien embêté. Est-ce que c'est moi qui joue la suite d'accords la mineur sol fa mi en boucle et mon frère qui joue les quatre notes descendantes de la partie de basse ou est-ce l’inverse ? Pendant ce temps-là Boulibif blues – tu parles d’un nom d’artiste, Marie-Paule ! - chante un blues parlé avec un drôle d'accent mi-anglais mi-québécois, une chanson qui dit « Je connais le travail et le travail me connaît parce que j’ai eu eu du boulot pour sortir du ventre de ma mère. J'ai boulonné en grandissant, j'ai grandi en boulonnant". Ça ressemble au « Blues de la poisse » de Roger Mason ou à « Dommage » de Graeme Allwright.

Qui a bien pu pondre cela ? Mystère ! Impossible de récupérer les paroles sur Internet ! Je vais devoir les recopier pour que le web en ait une trace et pour que cela figure au patrimoine et surtout au matrimoine immatériel de l'humanité !

 P.S. Voilà ! C'est le "Blues du boulot" de Steve Waring. Je l'ai trouvé en tapant "Blues du boulot" chez M. Google.

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 12 septembre 2023

d'après la consigneAEV 2324-01 ci-dessous

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