COUCHANT BLANC
Quelle sorcière va se dresser sur le couchant blanc ? La mer et le ciel sont à la parade mais le tambour du Jour s’est tu. La route nous conduit vers l’Eternité – c’est la mer salée avec le soleil ! -.
Piéton dans le siècle de la tautomobile (Ah tut tut pouêt pouêt la voilà, la tautomobile !) on finit quelquefois sa course sur le sable. Alors devant nos yeux d’enfant les géantes prennent naissance. C’est un cortège de balais, de chats rachitiques, de lune, un sabbat infernal qui nous glace d’effroi. Et pourtant cela n’est peut-être que la Nuit.
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 28 mai 2019
d'après la consigne ci-dessous
DÉPART
Dans un grenier où je fus enfermé à douze ans j’ai connu le monde. Son déluge de sang emplissait les vieux livres que j’ouvrais, tout pleins de guerres anciennes et de tambours muets sur ce que coûte le progrès. Dans les cités en flammes les visages figés n’avaient pour horizon que la glace du tombeau ou le départ des peuples pour un lointain exil.
De toute éternité, avec les pierrries et le ciment des jours, on célébra l’Idole. On Lui a élevé palais et cathédrales.
Et quand on a ouvert la porte du grenier j’étais prêt. J’ai tué le geôlier qui venait me nourrir et j’ai pris le chemin afin de n’être plus, dans la vraie vie, Ailleurs, qu’un enfant du Soleil.
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 28 mai 2019
d'après la consigne ci-dessous
PARADE
L’Automne déjà ! Mais pourquoi regretter un éternel soleil ? N’aurons-nous pas, l’année prochaine, la féerie des idoles au pied du tapis rouge ? Ne viendront-elles plus au grand cirque de Cannes conquérir d’autres palmes ? L’essaim des journalistes, les pierreries brillantes sur les robes du soir, les marches du palais, les haleines retenues avant le palmarès, tout ce ciment du rêve, américain ou pas, va-t-il vers son couchant ?
J’aurai juste un printemps de plus. Et qu’est-ce qu’un printemps quand on est maître des horloges et que l’on a l’éternité devant soi ?
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 28 mai 2019
d'après la consigne ci-dessous
RONCES
Des fleurs magiques bourdonnaient. C’étaient des chansons pour enfant ou pour des scouts traçant la route, balisant le chemin d’une ample cathédrale dressée parmi les ronces. C’était un déluge de notes et des mots en cascade qui coulaient par-dessus : « J’ai usé trois culottes pour te faire l’amour à véli à vélo à vélocipédo !» ! La rose déclarait la flamme de Léandre. L’Iris représentait la glace de sa mie, les yeux noirs du reproche, le coquelicot l’éclair de l’ «Arrête ton cirque, déclare ton amour !» : "Et pourquoi t’es pas venu me faire l’amour sans culotte ? Et pourquoi t’es pas venu me faire l’amour le cul nu ?".
Cette rengaine-là, petite fleur sauvage, s’était égarée là, avait poussé sans que le jardinier ne voie comme s’en revient toujours, en toute liberté, pousser la mauvaise graine en son jardin parfait.
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 28 mai 2019
d'après la consigne ci-dessous
CONSIGNE D'ÉCRITURE 1819-29 DU MARDI 28 MAI 2019 A L'ATELIER DE VILLEJEAN
Atelier Rimbaud
Voici quelques mots de Rimbaud :
Palmes – idole – éclairs – sang – cascade – féerie – cirque – déluge – ronces – les haleines – verger – lune – les pierreries – la route – la mer et le ciel –yeux noirs – sable – les géantes – oiseau – essaim – couchant - ciment – enfant – tombeau – terrasse – piéton – horloge – palais – cathédrale – parade – départ – éternité – tambour – flamme – glace
1) Il vous est demandé d’écrire un ou plusieurs poèmes en prose incluant dix de ces mots.
2) Vous pouvez aussi écrire quelque chose de plus informel mais – toujours en incluant dix mots – en utilisant un des incipits suivants :
L’automne déjà ! Mais pourquoi regretter un éternel soleil…
Des fleurs magiques bourdonnaient…
C’est elle, la petite morte, derrière les rosiers…
Je suis le savant au fauteuil sombre…
Dans un grenier où je fus enfermé à douze ans, j’ai connu le monde.
L’hiver nous irons dans un petit wagon rose.
Quelle sorcière va se dresser sur le couchant blanc
Cette consigne est sortie du Nouveau magasin d'écriture d'Hubert Haddad. Remercions-le à nouveau.
N.B. Les illustrations des billets sont tirées du numéro hors série du "Monde" sur Rimbaud :
on peut le retrouver en ligne ici
Pendant ce temps à Rennes le 25 mai 2019 (1)
Bill Murray chante ?
Ce que j'en ai entendu sur Youtube m'a semblé suffisamment horrible
pour que je n'en ramène rien ici !
En même temps, moi aussi je chante des horreurs !
"Pas de vélo sur ce poteau SVP.
Laissez passer les poucettes [sic] et fauteuils, ce serait super!!! Merci"
There is a war between the man and the woman,
the cycliste and the piéton
the trottinette man and the planche à roulettes boy,
the rich and the poor,
and... and... and...