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Mots et images de Joe Krapov
27 avril 2014

Le faux départ (Joe Krapov)

Le maestro est une petite dame en pantalon noir, corsage noir et gilet bleu pétrole. C’est elle qui nous a accueillis et nous a dit : « Il reste de la place devant ! ». J’en ai été très heureux parce que je ne voulais pas le manquer ce concert où j’avais prévu de jouer les paparazzis.

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Je suis assis à la gauche d’une autre jeune femme qui a de très jolis bas bleus. Je les ai mêmes photographiés. Oui moi aussi je suis comme le colonel Lavictoire, j’aime les bas bleus. Mais pas le fouet. J’ai une sexualité tout ce qu’il y a de plus classique. Enfin, je le croyais, jusqu’à ce concert-là ou j’ai découvert tant de choses !

Nous ne sommes pas à l’Opéra de Rennes, qui est très beau aussi avec sa rosace en forme de ronde de Bretons dansant au plafond de la salle de spectacle, mais la qualité des prestations des élèves de Mélimélodies dans la salle du Grand Cordel s’améliore d’année en année. Le maestro se prénomme Béatrice et si l’on sait qu’elle dirige par ailleurs une troupe de quarante chanteurs amateurs qui jouent des opéras-bouffes comme « La Belle Hélène » ou « La Fille de Madame Angot », on ne peut que lui dire bravo pour la qualité musicale qu’elle obtient de ses ouailles.

Le maestro est venu s’asseoir à ma gauche. Elle ne bat pas la mesure, elle ne dirige pas, il y a Cécile, la pianiste qui accompagne les petits ensembles, qui donne le la et le départ. Tout est bien, sauf qu’on est en Bretagne et que par ici les gens ont du mal à se lâcher. Même les plus aguerries ont cette énorme trac qui leur fait flageoler les jambes et les empêche d’envoyer la sauce. Mais bon, on n’est pas à un concert de hard-rock, non plus !

Et puis oui, je sais, j’ai beau jeu de critiquer, surtout depuis que je ne chante plus qu’en petit comité et que le plus souvent même c’est devant mon magnétophone à quatre pistes archaïque que j’arrache trois bêtises à mon filet de voix même pas mignon! Mais bon, je vais bientôt devoir revoir mes opinions là-dessus aussi. Car est arrivé le tour de la petite dame habillée en rouge bordeaux. J’appuie sur le bouton rouge de mon appareil photo pour enregistrer sa prestation sous forme de film. Elle est tout sourires, elle prend sa respiration, le piano démarre sur la phrase d’introduction, marque un silence et... PAF le chien ! Faux départ ! La cantatrice pas chauve essaie de rattraper son coup mais cette fois c’est la pianiste qui a du mal à retrouver ses starting-blocks.

- Reprends à la mesure précédente, Cécile, ordonne gentiment le maestro.

 La pianiste exécute six notes (ce n’est pas too many pour du Mozart !) puis cette fois-ci les voilà au diapason. Et là, tout le monde reste sur le cul. Peut-être parce que c’est Mozart, l’air de Chérubin, "Voi che sapete" des "Noces de Figaro", peut-être parce qu’il y a eu ce faux départ qui a fait qu’on s’attendait au pire, mais nous voilà tous plongés dans un état de grâce et c’est peut-être bien le meilleur moment du concert. Ce Chérubin-là nous emmène aux anges ! Qui plus est, ma batterie qui clignotait ne me lâche pas et le morceau fini, je suis tout aussi heureux de l’avoir mis dans la boîte que d’avoir volé ses bas bleus à ma voisine.

Car le Chérubin en question n’est autre que Marina Bourgeoizovna, ma chère et tendre épouse. Je ne vous mens pas, vous allez pouvoir entendre tout ça un peu plus bas.

Après, une fois le concert fini, ce qui a été bien et qu’on n’a pas à l’Opéra de Rennes où on paie bien plus cher l'entrée, c’est que le public a été invité à partager un superbe potlatch avec les musiciens et musiciennes. Il y avait là de généreux cakes aux olives, d’excellents vins blancs, des gâteaux au chocolat, des tartes au citron, des macarons... Comme je ne suis pas une lumière, j’ai laissé tous ces gens discuter entre eux et je m’en suis mis plein la lampe. Après tout, depuis ce soir-là, toutes proportions gardées, je suis un peu l’Irma de la Castafiore, non ? Un genre de groupie du pianiste ? Oui, c’est vrai, je préfèrerais être, tant qu’à faire, le compagnon bath au lit de Cécilia Bartoli. Il n’est pas interdit de fantasmer, que je sache ? De toute façon, Marina B. le sait bien que j’ai des maîtresses aussi virtuelles qu’inaccessibles. D’Isabelle Huppert à Isaure Chassériau en passant par toutes les violonistes irlandaises rousses ou pas.


Ce qui me satisfait moins, c’est de dormir désormais avec Chérubin. Si je consulte Wikipedia, j’apprends que le rôle de Cherubino, page du comte, est tenu par un mezzo-soprano travesti.

Quelle angoisse ! On s’endort aux côtés de la femme de sa vie, on se réveille dans le lit d’un travelo !

Je crois que je n’aurais pas dû mélanger les vins et finir tous les macarons à la pistache au potlatch !
 

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27 avril 2014

Blog en pause jusqu'au 2 mai 2014 inclus

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Ce blog est en pause jusqu'au 2 mai inclus, en espérant qu'on en revienne !
La maison Krapov est en effet en vacances. Sur les traces de Saint-Georges
nous partons photographier des dragons... ailleurs qu'à Nantes
où celui-ci a été capturé le 6 avril 2014!

26 avril 2014

MES DEBUTS DANS L'EXISTENCE (LIPOGRAMME EN C CEDILLE)

Cette Vénus, là, dans la vitrine, ce n’est pas une vanité. Mais c’est aussi violent. Pour un peu, à sa vue, Violette vacillerait. La vache ! A quelle vitesse la vie va ! Quel voyage spatio-temporel en vérité !

Car c’est bien elle qui est représentée, pratiquement nue, de dos, en train de regarder via le miroir sans tain ce qui se passe dans la chambre d’à côté. C’est elle, dans un bordel de la rue Chabanais, à l’époque où, toute jeune encore, elle vivait de ses charmes. Ce client-là, elle s’en souvient, était un drôle d’excentrique. Un rapin, comme on disait alors, un peintre à veste en velours verte, chapeau rond et lavallière. Il avait monnayé avec la sous-maîtresse, au tarif de plusieurs passes, le droit de remplacer la partie de jambes en l’air par deux ou trois séances de pose dans ce décor particulier. Un comportement peu académique en vérité, mais quand il paie, le client est roi. En même temps, bon camarade, peu exigeant, même pas émoustillé, tout appliqué à donner des coups de pinceau pour peindre une femme à poil par-dessus la vieille croûte.

 

AEV 2014 04 22 Doisneau regard oblique II

 

Car à l’issue de la première séance Violette avait demandé à voir la tournure que prenait le chef-d’œuvre. L’homme avait souri et lui avait dit de s’approcher. Elle avait surtout regardé son fessier, qu’elle n’imaginait pas aussi charnu et elle avait noté que le peintre à lavallière n’avait pas posé une toile vierge sur son châssis pour peindre le sien mais qu’il peignait par-dessus une autre toile.

Aujourd’hui, elle ne se souvient plus de ce que représentait le tableau original. Tant de temps avait passé, elle avait vampé tant de voyous et de voyeurs avant de décrocher et de se ranger des voitures une fois qu’elle eut rencontré Victor. Hélas, ce militaire va-t-en-guerre, rencontré au lendemain de la première guerre mondiale, n’était pas revenu vivant de la seconde. A la fin de cette grande vadrouille, Violette était devenue pour tout le quartier « la veuve du colonel ».

Fort heureusement pour elle il avait du bien, n’avait pas beaucoup de famille et ils avaient validé leur union en passant devant monsieur le maire. Elle avait donc hérité de son grand appartement et de toutes ses valeurs.

Elle resta bien cinq longues minutes à visionner encore le nu aux bas bleus, à repenser au peintre à veste verte, à ouvrir des mirettes vertigineusement admiratives devant cette « Chute des reins près du rocher de la Lorelei, anonyme, 1919 » puis elle sortit de sa torpeur et entra dans la boutique, faisant retentir un carillon assourdissant. Il y avait là un client avec une casquette et un appareil photographique, un petit gars à tête de titi parisien, visiblement gêné de la voir surgir, comme pris en faute. Le vendeur délaissa le jeune homme et s’approcha d’elle.

- Que puis-je pour votre service, madame ?
- Le tableau, là, dans la vitrine… Vous le vendez combien ?
- Trois cent cinquante mille francs.
- Je le prends. Vous trouverez mes coordonnées sur cette carte.

Elle lui tendit une carte de visite sur laquelle on pouvait lire « Mme la colonelle Violette Lavictoire, 6, rue Vavin, Paris 6e arrt ». De son sac à main, elle sortit la somme en liquide et régla l’antiquaire.

- Vous me le ferez livrer cet après-midi par ce charmant monsieur qui doit être votre coursier, j’imagine !"

Elle examina le jeune gars de pied en cap et lui dit :

- Il va falloir vous remplumer, mon moineau ! La guerre est finie et j’aime les jeunes gens bien en chair !"

Elle prit congé là-dessus. Le carillon rejoua son « Concerto en raie des fesses majeure pour quelque chose qui cloche, une porte et un soupir».
Le soupir de soulagement, ce fut le photographe cachottier du « Regard oblique » qui l’interpréta. Ce n’était autre que Robert Doisneau.

 

AEV 2014 04 22 FIN

 

Oui, l’histoire s’arrête là.

Oui, je devine que cela vous dérange.

Oui, je me doute bien que cela vous démange.

Oui, je sens bien que vous voudriez savoir ce que la colonelle a fait ou aurait pu faire de ce tableau.

 

Elle aurait pu, précédant en cela Jacques Lacan, installer son portrait derrière un rideau noir pour se réjouir de sa contemplation dans ces moments de solitude où l’on a besoin de s’adonner au narcissisme et où l’on a plaisir à se dire  : « Je possède « L’origine de monde » de Courbet » ou « C’est moi qui ai eu le plus beau derrière de Paris ! ».

Elle aurait pu aussi y mettre le feu pour que personne n’apprenne jamais, parmi ses amies du directoire de l’Institution des demoiselles de la Légion d’honneur, les circonstances dans lesquelles elle avait connu feu le colonel qui aimait à se faire fouetter par une femme à bas bleus comme était sa maman.

Elle aurait pu faire appel à un détective privé, lui expliquer que « là-dessous, voyez-vous, il y a une autre toile et j’aimerais bien que vous me disiez si, en 1918, il n’y a pas eu un vol de tableau important, une toile de grand maître qu’on aurait dérobée et jamais retrouvée depuis. Et si vous pouvez faire expertiser la toile par un expert du Louvre… ».

Oui, certes elle aurait pu faire cela. Et l’expert aurait découvert…

…tout comme moi…

… qu’il est 19 h 59, que la séance d’atelier d’écriture de Villejean est terminée et que je dois poser mon stylo pour lire mon texte puis écouter ravi la lecture de ceux des autres ! Et ces autres, dites-vous bien que je ne veux pas savoir comment elles ont débuté dans la vie ! Si je l’apprenais, comme tout ce texte est un lipogramme en « c cédille », je crois que je serais décu !

Ecrit à l'Atelier d'écriture de Villejean pour le Défi du samedi n° 295 d'après cette consigne : "Excentrique".
La consigne de l'Atelier d'écriture de Villejean était d'écrire par un monologue ou un dialogue à partir de la photo et  de n'inclure que des substantifs commençant par V dans le premier paragraphe

26 avril 2014

NE SERAIS-JE PAS, MOI AUSSI, UN LENINGRAD COW-BOY ?

Depuis que le hasard m’a mené en Bretagne, je ne cesse de me poser la question : pourquoi la femme que j’ai suivie jusqu’ici et son amie de toujours m’emmènent-elles toujours marcher sur le sentier des douaniers ? Et pourquoi n’y avons-nous jamais rencontré aucun douanier ?

En un sens, cela tombe bien : je n’aurais rien eu à lui déclarer d’autre que mon amour des plages, des petits ports fermés où les bateaux sommeillent, des barques assoupies attendant voyageurs.

MIC 2014 04 21 SklabeZ

 Voyageur, je le suis mais pas autant sans doute que n’était mon grand-père. Dans ses yeux bleu-gris de prolo converti à l’Histoire, au combat idéologique, aux livres-évangiles et aux discours prometteurs, la passion reflétait les étoiles.

Lui et ses pareils rêvaient d’un autre monde. L’Orient était rouge, il n’y avait rien de nouveau à l’Ouest, les temps étaient changeants et eux rêvaient, c’était possible encore, de changer le monde ou de décrocher la Lune ! Et du coup j’ai passé mon enfance entre Youri Gagarine et John Glenn parce qu’à cette époque bipolaire-là, les étoiles reflétaient les passions des adultes des deux camps !

Apollo contre Vostok, Spassky contre Fischer, Khrouchtchev contre Kennedy et au milieu, n’ayant pas choisi son camp, Joe Krapov, si terriblement voyageur en chambre, amoureux des livres, dévoreur des Pionniers de l’Espérance, de Teddy Ted, Davy Crockett et Loup Noir car même dans « Vaillant » l’Amérique était là parallèlement à Rodion et Tsin-Lu qui fraternisaient de l’autre côté.

MIC 2014 04 21 annonce_Pionniers

Tout comme la frontière française avec le nuage de Tchernobyl, le rideau de fer arrêtait tout sauf les films d’Eisenstein, les cigognes qui passent, Nadia Comaneci, Lev Yachine, les Chœurs de l’armée rouge, les nageuses Est-Allemandes aux épaules carrées, Karpov, Kortchnoï et Kasparov et même la langue russe apprise par votre serviteur comme deuxième langue vivante au collège puis au lycée. Il m’en reste quelques bribes comme le fait de savoir encore que l’étoile rouge se dit « Krasnaïa zviezda », comme la musicalité de certaines chansons et je n’exclus pas de retourner à son étude quand je serai libéré « de mes obligations militaires » !

leningrad_cowboys

Mais si je fus docile, je fus aussi ouvert, curieux et dans le même temps j’écoutais les musiques venues d’outre-Atlantique (Linda Ronstadt, Crosby, Stills, Nash et surtout Young, Emmylou Harris). Je lisais aussi Jack Kerouac, Francis Scott Fitzgerald, Henry Miller, Clifford Simak, Philip K. Dick. La tête dans les étoiles, je n’ai jamais choisi quel était mon drapeau, pas plus le fanion de l’Etoile rouge de Zagreb que le « Star spangled banner » des USA.

MIC 2014 04 21 Neil_Young_-_Hawks_&_Doves_cover

Car je ne suis qu’un marcheur du long des plages, un internaute abasourdi, enthousiasmé par ce qu’il a découvert hier soir : les Leningrad Cowboys reprenant, en compagnie des chœurs de l’Armée de l’air de Russie, cet hymne de Neil Young, « Keep on rockin’ in the free world ».

Grand-père, je t’en supplie, reste où tu es, ne reviens pas ! Sois content de ta vie ! Il n’y a plus de camp à choisir, camarade, tout a changé, rien n’a changé, demain ne chante plus, c’est aujourd’hui qui rit jaune en dansant par-dessus le volcan des centrales nucléaires qui fuient, les politiques de droite sont menées par les partis de gauche et l’on se demande tous les jours si c’est ainsi que les hommes vivent. Tu ne serais plus heureux parmi nous, tu ne t’y retrouverais pas dans ce monde-là ! Et moi je viens de comprendre pourquoi, sur les sentiers de Bretagne ou de l’île d’Yeu, on ne rencontre pas de douaniers : il n’y a plus de frontières non plus ! 

Ecrit pour Un mot, une image une citation du 21 avril 2017 à partir de cette consigne :

Un mot : rouge
Une image :
Photo par SklabeZ

Une citation : Toutes nos passions reflètent les étoiles.  - Victor Hugo

26 avril 2014

La Clique-sur-Mer à la journée sans voitures à Rennes le 22 septembre 2003 (1)

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Les gens qui portent des bretelles me sont, d'emblée, sympatiques !
Alors bravo la clique pour votre gros son qui claque !

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26 avril 2014

La Clique-sur-Mer à la journée sans voitures à Rennes le 22 septembre 2003 (2)

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Cette fanfare existe toujours. On peut les écouter ici :
 http://www.anticyclone.net/la-clique-sur-mer/

26 avril 2014

La Clique-sur-Mer à la journée sans voitures à Rennes le 22 septembre 2003 (3)

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- J'avais dit "Je ne veux voir qu'une seule tête !
- Les cow-boys ne comprennent jamais rien à la file indienne !

26 avril 2014

Un couple très écologique à la journée sans voitures à Rennes le 22 septembre 2003

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Madame Soleil et son homme de paille ! Allez les verts !
(Même l'enseigne derrière s'est convertie !)

 

24 avril 2014

La journée sans voitures à Rennes le 22 septembre 2003 (1)

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Doit avoir quelque chose comme quatorze ans maintenant, le petiot !
J'imagine sa tête s'il surfe sur Internet et tombe sur cette photo par hasard !

24 avril 2014

La journée sans voitures à Rennes le 22 septembre 2003 (2)

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Beau costume de clown !
La tradition de cette journée sans voiture ne s'est pas maintenue longtemps à Rennes !
Dommage ! Onze ans après on en est à participer au concours national et mondial de pics de pollution !

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