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Mots et images de Joe Krapov
texte d'atelier d'ecriture
11 janvier 2022

PAUVRE BORIS ! (L'ÉCUME DES JOURS)

La piscine Molitor redevient patinoire,
Les anguilles et les truites vivent dans les robinets,
Les pianos servent à fabriquer des cocktails,
Les rayons du soleil finissent en billes d’or
Aux cuisines où les souris dansent.

Que de beautés dans l’Univers !
Les oursons s’appellent Ursula,
Il y a du vent dans tous les crânes
Sauf dans le tien :
L’ingénieux ingénieur joue de la trompinette,
Touche à tout et conduit
La Brasier Torpedo
Avec brio.

220111 Vian-03

Mais comme le négatif qu’on a mis à sécher
Avec des pinces à linge
Sur un fil trop fragile
Le coeur est perforé,
Le coeur est trop serré
Pour le flot d’énergie qui remue le génie.

Filigrane jeu 72 pellicule

Fi de la normalisation !
Il y a un empire à bâtir,
Des romans à traduire,
Des chansons à produire
Pour moquer, dénoncer
Les ratichons baigneurs
Les généraux joyeux bouchers
Et les honteuses guerres
Des marchands de canons.

Il y a des cantilènes mises dans la gelée,
Des bombes atomiques danseuses de java,
Les bisons sont ravis,
La cécité vairon,
Et le rock’n’roll mops,
Un voisin qui s’appelle Prévert,
Saint Pierre au Paradis qui ne veut pas de vous…

220111 Boris_Vian_lecume_des_jours_1018

Et ce chef-d’oeuvre que tu laisses
C’est le roman de la Jeunesse,
Celui qui donne envie d’écrire
Pour découvrir et dire Ailleurs,
Tout le gré de la fantaisie
Contre la gravité d’un monde
Qui ne souhaite même pas entendre.

Il faudrait te relire plus souvent,
Boris Vian,
Pour accepter ce phénomène :

C’est seulement après le fracas
Des vagues sur la plage,
Des phrases sur la page,
Que l’écume des jours
Fait cadeau à l’estran
De ses trésors cachés
Dans l’océan du temps.

Et ce sont d’autres promeneurs,
D’autres générations
Qui en profiteront.

Tant pis !
Tant mieux !
Merci,
Mon vieux,
Car ton solo était très beau ! 


Ecrit pour le jeu n° 72 de Filigrane (La Licorne) d'après cette consigne.

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8 janvier 2022

VOIX NOMADES

Une hypothèse un peu morbide :
Il se peut qu’un jour on décède...

Est-ce le temps qui le décide ?
Trois Parques souffrant d’hémorroïdes ?
Au bout de combien de décades ?
Qui juge qu’on est passé de mode ?
Qui met les peuples à l’amende ?

Que l’on soit tribus en exode,
Vieil aède rêvant de saine solitude,
Nous voilà tous humains nomades
A parcourir le vaste monde
Pour cueillir ses offrandes,
Ses citrons, ses amandes,
Fabriquer limonade
Et chanter à la cantonade
Les beautés dont il abonde...
Ou fuir des contrées incommodes.

Nos saisonnières escapades,
Nos déplacements de bipèdes,
Cette quête qui nous obsède
D’éphémères béatitudes,
En ferons nous quelques ballades,
Des contes de Schéhérazade
Ou de somptueux interludes ?

En écrirons nous, des salades ?
En remplirai-je, camarades,
Des cahiers d’écriture nomade ?

2022-01-07 - 285 19

Oui ! Oui ! Ecrire à toute blinde
Comme on avale un vieux remède,
Comme souffle le vent d’Ostende,
Comme s’entortille la ronde,
Comme tourne la sarabande !

Oui ! Oui ! Tant qu’on me le demande !
Tant que j’aurai de la faconde,
De l’aptitude à la débride,
La joie et l’appétit solides,
Et l’envie de taquiner l’oud !

Qu’on chante et danse, ami·e·s nomades !
 

Ecrit pour le Défi du samedi n° 697 d'après cette consigne : Nomade

5 janvier 2022

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 68, Apocopes

99 dragons 68 woodcut-st-george-slaying-the-dragon

Les cassoces de la cambrousse sont venus se plaindre au surgé. Ca gueule en stéréo dans les couloirs du castel : pas besoin d’ampli ni de micro quand les pros de la réclame viennent en faire des kilos côté manif à propos de l’actu déplaisante. Ils font autant de barouf qu’un rhino qui aurait chopé une rhino, qu’un Béru qui souffrirait d’une blenno.

Bref, le roi leur a accordé une audience et voilà les prolos de la bouse avec leurs pieds dégueus et leurs fourches brandies qui abîment le lino de son living.

- On l’a chopé en flag, majesté ! Et c’est pas une hallu ! Une espèce de dino qui taille des bifs commaques dans nos pauvres agneaux ! Il sort des flammes de son goulot et de la fumée de ses naseaux, pire qu’une loco ! S’il ne venait que pour l’apéro, encore mais c’est la cata ! Barbeuc trois fois par jour ! Y’aura bientôt plus rien dans nos frigos ! Il prend nos prés pour son resto ! Y bouffe toute notre prod, cet affreux jojo ! C’est pas réglo ! Or il est prévu dans le règlement de la commu ou dans les statuts de l’asso, quelque part, que dans ce cas de figure vous envoyez l’armée attaquer le machin au démonte-pneu. C’est-y pas vrai ?

- Vous avez raison, pas besoin de vérif, c’est bien à moi de faire le shérif ! a concédé le monarque. Y’a pas photo, tout est réglo. Je lui mets la brigade des stups aux fesses ! Rentrez vous confiner chez vous, d’ici peu on aura alpagué ce gaucho toxico. J’envoie les paras !

***

99 dragons 68 guy-de-lisleC’était une belle démo de discours démago, d’intox digne de « Bourrage de mou-hebdo ». Il a fait venir illico celui des ses collabs qui était chargé de la soldatesque et donc de la sécu du royaume. C’était un colon baraqué qui faisait de l’haltéro mais pesait peu de poids face à ses feignants de sous-offs alcoolos qui ne tenaient pas leur troupes abonnées à jamais à la glande en transat.

- Encore cette saleté de redif avec le dragon folklo ? Mais c’est de la provoc ! On l’a déjà lu soixante fois, votre poly, cher dirlo ! Vous savez bien que personne chez nous n’est cap d’aller fabriquer un sac en croco avec le cuir de ce bestiau ! Faudrait être pété du transfo pour aller affronter ce Yougo ! Vous savez quelle est ma philo ! Nos bidasses ont beau clamer partout qu’ils sont hétéros, ce ne sont que des petits pédés qui font de la gym et de la muscu en collant fluo. Il n’y a guère qu’en matière de petits bisous dans le cou qu’ils sont pour le développement du rab !

- Votre discours de beauf est limite homophobe, mon colon ! Ce n’est donc pas la peine que je promette la main de ma fille en récompense ?

- Votre mijaurée est en promo ? Peu leur chaut à mes zigs ! Ne jouez pas au proxo, sire ! Ces fils de putes de simili-Apaches des fortifs n’aiment pas les greluches ! Nulle envie de nympho ou de reine du porno pour ces accros à la gonflette. Puisque je vous dis qu’ils sont homos ! Et puis on le connaît bien votre numéro de saxo. Cette histoire de dragon libyen , c’est juste de la pub pour ces mythos de cathos ! Un plan com’ des jèses pour mettre un coup de projo sur leur secte. Moi je ne suis pas fan de cette équipe de romanos masos. Appelez donc plutôt Moers au labo !

***

Saint-Georges 68

Et voilà pourquoi, une fois encore, le seul véto dispo chargé de faire la piquouse à la bête s’appelle de nouveau Saint-Georges. Extra, le scénar ! Le roi de la récup sort du service de repro avec un scan du contrat et le voilà, tout armé, tout brillant dans son armure en alu, qui sort sa seringue pleine de Pfizer et s’en va allonger Toto ! Il le connaît par coeur, à force, le tuto !

C’est le grand jeu de la colo, la super soirée diapos, avec le gentil mono déguisé en héros bobo, genre ancien des Bat’s d’Af mais à tronche d’intello sympa qui connaît plus de mots du dico. Et le voilà qui part à l’assaut du vilain coco, qui tranche dans le vif et il y a du sang, du vomi, de la gastro, pas du ketchup ou de la mayo, du vrai de vrai de meurtre, pas de la simu comme au ciné pour les ados ! Il va lui défoncer le postère, l’envoyer en réa à Pontchaille ou plutôt ad patres parce qu’il y a déjà trop de populo à l’hosto ! Pisse ton sang, fais la jaillir, ta rose rouge, puis disparais, l’antiquaille !

Fin du doc ! Rien de neuf dans la bio ! Passe ton bac d’abord, mon dino, puis de vie à trépas, à crédit et en spéléo !

D’ailleurs l’exo est fini, vous pouvez poser vos stylos et rêver de poupées plus sympas, avec soutif ou pas, sur la plage d’Apocopacabana !


Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean du mardi 4 janvier 2022

d'après la consigne 2122-14 ci-dessous

25 décembre 2021

HYPO-CON-DRIAQUE

01 lumbago-lombalgie1

Quand on en a vraiment plein l’dos
On s’ paye un point de lumbago

Quand on est victime de stress
On déclare un vilain herpès

Bien souvent sur le bord d’la lèvre
Ça s’appelle un bouton de fièvre

Le reste du temps on va bien
Alors on va chez le médecin

Refrain 1

Et à part-ça, Docteur, quoi d’neuf ?
Est-ce que votre coeur fait teuf-teuf
Quand vous buvez du Châteauneuf
Ou lorsque que vous courez la meuf ?

Chassez-vous toujours les Papous
Afin de leur prendre le pouls
Et les amulettes magiques
Qui remplacent tous les antalgiques ?

Prenez-vous toujours, pour être zen,
De l’Efferalgan sans gluten,
D’la Boldoflorine bigoudène
Et du vieux sirop Théralène ?

Prescrivez-vous l’bicarbonate
Pour le cancer de la prostate
Et conseillez-vous le clystère
Pour Bach à la cantate prospère ?

2

Docteur Jekiffe et Mister Aïe
On lui déballe son attirail

De malaises de petit bobo
Pour qu’il nous r’file un placebo.

On le sermonne et on le tance
Pour qu’il nous fasse une ordonnance

S’il se permet de résister
Lors on s’enquiert de sa santé

Refrain 2

04 whats-up-docSo ! Really ? Tell me, what’s up, doc
Have you some gonocoques en stock ?
Conseillez-vous, en cas d’mal-être,
De prendre l’autocar pour Bicêtre ?

Faut-il aller jusqu’au Congo
Pour soigner son impétigo 
Et interdire à l’Amérique
L’usage du barbiturique ?

Avez-vous les oreilles cassées
Par les angoisses ressassées
De vos confrères installés
A demeure dans les télés ?

Est-ce qu’on a marché sur la tête
Depuis qu’est arrivé la bête ?
Faut-il faire pour le sanitaire
Tintin au pays de l’ornière ?


3
Lorsque je vois l’état immonde
Dans lequel se trouve le monde

Quand j’écoute à la radio braire
De sinistres apothicaires

Plutôt que des les insulter
Je préfère aller consulter

Ces habitués du bizarre
Qu’on appelle « les hommes de l’art »

Refrain 3

9B whatsupdocEt à part ça, Docteur, ça va ?
Dansez-vous toujours la java ?
Faites-vous rimer « douille » et « andouille »
Même si ça n’remplit pas vos fouilles ?

Peignez-vous jusque sur les murs
Le besoin d’respirer l’air pur ?
Pour ceux qui ne dorment plus guère
Prescrivez Proust en somnifère ?

Et pour le monde qui va mal
Avez-vous un remèd’ de ch’val ?
Se mettre au lit, manger et boire 
Et Rimbaud en suppositoire ?

Ah, Docteur Batifolamour !
Vraiment, vous m’étonnerez toujours !
Je crois que vous perdez la boule
Vite ! Vite ! Une cure à la Bourboule !

 



Ecrit pour le Défi du samedi n° 695 d'après cette consigne : lumbago

19 décembre 2021

E= MC2 MON AMOUR

Jeu 71 de la Licorne - bisou

Entre deux bisous sur la bouche, les enfants qui s’aiment se disent des mots doux sous l’évier.

- Comme je t’aime, mon théorème !

- Tu es ma seule et unique muse, mon hypoténuse !

- Je t’adore, mon Pythagore !

- Je te trouve suprêmement belle, mon isocèle !

- Oh comme tu m’obsèdes, mon parallélépipède !

- Que tu es intelligente, ma jolie tangente !

- Tout me plaît dans ton physique ! Si je m’écoutais, je t’écrirais des quantiques !

- Tu me démultiplies, ma trigonométrie !

- Tu me fais monter au ciel, mon gros exponentiel !

- Si tu savais comme je te calcule, mon intégrale !

- Tu me fais vibrer le plexus, mon savant Cosinus !

- Je te désire avec passion, mon équation !

- E = MC2, mon amour !

- Aplusbégalix, le combat des chefs !

- Mon penchant pour toi forme le même angle avec le sol horizontal que la tour de Pise !

- Permets donc que je te bise !

- Pi = 3,1416 !

- Permets donc que je t’appelle Thérèse et que je t’écrive une lettre à Elise, mon trapèze !

- Mon angle obtus, tu me mets le feu aux joues !

- Tu me donnes des transes, ma circonférence !

- Je te chéris, mon décamètre !

- T’aimer me donne des ailes, ma belle parallèle !

- Je te vénère, mon octogone même pas Lyonnais !

- Si tu savais comme bien je te blaire, ma douce perpendiculaire !

- Bon c’est pas le tout ça, Daniel ! Tu la sors de son étui, la chignole et on le fait, ce trou ? Sinon je vais penser que ta méthode mathématique n’est rien qu’un tuyau crevé !

La maman de Daniel entre dans la pièce et s’écrie :

- Mais enfin ! Qu’est-ce que vous faites sous l’évier, les enfants ?

- On essaie de résoudre le problème de maths que nous a donné notre maître, Monsieur Einstein !

- Et quel est-il, ce problème ?

- « Un lavabo fuit à la vitesse d’un cm3 par minute. Sachant que le TGV qui met 3 heures 23 pour aller de Paris à Marseille part de la voie 9 à 8 h 47, dites au bout de combien de temps l’escargot atteindra le sommet du panneau et, sachant que tout est relatif, donnez l’âge exact du capitaine du Titanic né le 27 janvier 1850 à Hanley au moment où le lavabo débordera et où l’iceberg percutera le navire, faisant chuter l’escargot et dérailler le train. ».

- Et vous avez besoin de faire un trou dans la tuyauterie pour ça ? Daniel, va me ranger cette chignole immédiatement dans la caisse à outils de Papa et toi Lauren, il est l’heure de rentrer chez toi, maintenant.

- Bien, Madame Michon ! A demain Daniel ! A demain Madame Michon !

Lauren sort et Daniel remballe ses outils.

- Surdoués ! Surdoués ! maugrée Madame Michon. Je veux bien l’admettre puisque les psys le disent. Mais j’ai surtout l’impression qu’ils sont surdoués pour les conneries, ces deux-là !

 
Ecrit pour le jeu n° 71 de Filigrane (la Licorne) à partir de cette consigne.

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18 décembre 2021

KYRIE ELEISON

Quelle kyrielle de fous-rires n’a-t-on pas entendue ce soir dans mon «home sweet home» tandis que je cherchais, dans les archives du Défi du samedi, sous la catégorie «Joe Krapov», une photo qui ne s’y trouvait pas !

En ai-je déposé, au fil des ans, des bêtises chantées, écrites ou déclamées, des photos drôles, des collages, des lettres à Rimbaud, des rêves de Marcel P. et des exercices stylistiques autour de Saint-Georges et de ses dragons ! Et qu’est-ce que c’est drôle pour moi de les relire ou réentendre !

Inquiétez-vous, braves gens : ce n’est pas fini ! Je suis en excellente santé et toujours aussi prolixe de la plume ! Et le taulier ne me met pas dehors même si je reste jusqu'à la fermeture le vendredi soir !

Simplement je suis étonné par la kyrielle de vidéos qui ont disparu de la plateforme de M. Youtube tout comme par l’inefficacité, désormais, du moteur de recherches de M. Google qui semble avoir désindexé beaucoup de mes photos et ne ramène que peu de résultats sur des recherches d’images.

Mais bon, c’est la vie, tout passe, tout casse, tout lasse.

Parmi les fous-rires que je me suis payé, il y a surtout eu la disparition «partielle» de « (Mon cul) Sur la commode » de Jeanne Aubert.

Figurez-vous que cette vidéo n’est plus visible "que sur Youtube" parce qu’elle est «soumise à une limite d'âge (conformément au règlement de la communauté)».

https://www.youtube.com/watch?v=Z9FLsIqsTEE 

 

DDS 694 Rene-Magritte-Le-violC’est quoi cette kyrielle d’hypocrisies ? Y a-t-il là-dedans des seins à couvrir que nous ne saurions laisser voir à nos enfants ? Des seins non mais des culs, oui ! Dans ce cas couvrons, coupons, cachons, Dame Anastasie ! Mais non, on ne censure pas ! Les «kids» peuvent continuer de voir la vidéo... sur Youtube mais pas sur le Défi du samedi !

Ma vidéo sur «Nagasaki ne profite jamais» de Sttellla a subi le même sort ! Parce qu’on y voit le tableau «Le viol» de Magritte ! Excellent !

Je ne sais pas si j’ai bien raison de rire, en fait. On a les talibans qu’on peut mais surtout les nôtres sont, à mon humble avis, en train de se déclarer propriétaires du travail des internautes sans que nous ne puissions rien dire « au nom de la bonne moralité » et du « règlement de la communauté » établi par eux.

Ca fait penser aux clauses d’utilisation de Google photos où l’on peut lire que cette maison s’approprie le droit d’utiliser les photos que nous déposons sur leur plateforme pour un simple partage avec nos proches ! "Par le biais de cette licence, vous autorisez Google à utiliser vos droits de propriété intellectuelle sur vos contenus (tels que les droits d'auteur et les marques enregistrées), ainsi que les droits immatériels que vous détenez sur vos contenus (tels que les droits à l'image)".

Je ne sais pas si ce n’est pas une kyrielle d’énervements des nerfs qui va succéder à celle des fous-rires !

En tout cas, j’ai fini par retrouver la photo du mec qui joue de la guitare avec des lunettes à monture d’écaille, la raie à gauche et le pull à lignes horizontales.

Je ne sais pas non plus si, par décence, je ne devrais pas moi-même la censurer ! ;-)

DDS 694 JK 110309692

Ecrit pour le Défi du samedi n° 694 d'après cette consigne : kyrielle

15 décembre 2021

SOUS LA PLUIE

210722 Nikon 082 recadrée

Ils me plaisent bien, ces deux-là ; je leur adresse mes vœux muets de bonheur tandis qu’ils tournent dans la rue Dupuis, pressent le pas sous l’averse qui éclate.

Et puis non, tiens ! Je vais aller leur dire tout de go qu’ils ont raison de s’aimer malgré les bonnes sœurs qui vous confisquent « Madame Bovary », malgré les curés qui mettent Emile Zola à l’index et l’index où il ne faut pas, malgré les talibans et les pétainistes.

Alors moi aussi je tourne dans la rue Dupuis et là j’ai la surprise de ma vie ! Je ne suis plus à Paris, je suis au Japon ! Les enseignes pleines d’idéogrammes clignotent, se reflètent dans les flaques. La pluie a constellé mes lunettes de gouttes qui me donnent une perception hamiltonienne du dépaysement soudain. Et malgré cela, le couple de jeunes gens, je l’identifie : c’est Pierre et Manon !

Qu’est-ce qui est arrivé à la rue Dupuis ? Suis-je tombé avec elle dans une faille spatio-temporelle ? Est-ce parce que j’ai mentionné David Hamilton, photographe des années 70 assez flou en son centre et peut-être pédophile sur les bords que je me retrouve entouré de Renault 16, de DS 19 et de Simca 1000 dans un Japon de pacotille ?

Et si Pierre et Manon ont vingt ans, est-ce que j’ai moi aussi retrouvé cet âge-là ? Pierre est né juste un jour avant moi. Un coup d’oeil dans une boutique de miroiterie me le confirme. J’ai sur mon nez mes premières lunettes à monture d’écaille, je suis coiffé avec cette raie à gauche dans les cheveux et cette mèche qui tombe sur l’oeil droit, je porte encore un pull à bandes horizontales et un K-Way vert franc sur un jean en velours. Il manque juste le sous-pull à col roulé mais c’est parce que le pull l’est déjà, à col roulé.

Par contre, dans la tête, je le sens bien, je suis toujours le même vieux crabe qu’en 2021 ! Est-ce que j’ai le droit, du coup, de m’approcher de mes anciens amis et de leur dire ce que je sais de leur avenir ?

Me croiront-ils seulement ? Sous le parapluie, le couple arrêté échange des baisers quasi-clandestins. Si je les préviens de ce qui les attend, je me demande si Pierre et Manon iront sur leur île grecque, s’ils y vivront un jour d’amour et d’eau fraîche et puis, à force d’y retourner tous les ans, d’autres jours de reproches et d’engueulades jusqu’à leur rupture définitve avec des mots cruels et aucun retour en arrière possible pour eux.

Ils ont repris leur marche à pas rapides. La fatigue commence à alourdir les miens. Je m’élance derrière eux, les rejoins, dégoulinant de pluie. Je tape sur l’épaule de Pierre.

Ce n’est pas Pierre, ce n’est pas Manon. Ce sont deux Japonais ! Je m’excuse en agitant stupidement les mains et en répétant plusieurs fois « Sorry ! Sorry ! ».Visiblement ils ne comprennent rien à la situation puis ils sourient et vont s’abriter sous le dais trempé d’un hôtel de luxe.

Que faire ? Que faire d’autre pour ne pas avoir l’air d’un con « lost in translation » sans aucune Scarlett qui me réconforte d’une présence et me nourrisse d’espoirs inavouables ?

Oui, c’est ça, disparaître, poursuivre mon chemin et tourner à droite pour me trouver hors de leur vue. Et la première à droite, justement, c’est encore autre chose.

La jeune femme qui marche dans la rue Saint-Martin avec les gestes encore gauches de l’adolescence possède de grands yeux naïfs, prompts à s’émerveiller. Elle aussi, je la connais. C’est la marquise de B***, elle a trente ans, le teint frais, le nez court, les yeux noirs. Elle préfère l’été à l’automne et les remords aux regrets.

210722 Nikon 049 recadréeIl n’y a plus d’enseignes japonaises ici mais des maisons à colombage, une atmosphère de ville de province. Au bout de la rue on aperçoit la mer. En bordure de plage une oriflamme arbore au vent les deux lions jaunes sur fond rouge qui symbolisent la Normandie. Trouville ! C’est parfait, ça va me rafraîchir ou plutôt me sécher. Déjà il ne pleut plus et la rue Dupuis n’est plus qu’un lointain souvenir. Je rejoins ma jeune épouse. Nous sommes mariés depuis une semaine. Tout va très bien avec Madame la marquise ! La voilà, mon île grecque à moi !

Si je veux perpétuer cet état de bonheur, je sais ce qui me reste à faire : oublier l’avenir et ne plus jamais tourner dans une rue à droite !

 

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 14 décembre 2021
d'après la consigne 2122-13 ci-dessous

9 décembre 2021

PARIS-PROVINCE

Bien entendu, six mois après, je mélange un peu les randonnées. Celles, normandes, d’Annoville et celles, bretonnes, de Poulennou. Ce que c’est que d’aller dans les bouts du monde dont le nom comporte deux « n » ! Me souviendrais-je mieux d’une ascension de l’Annapurna ou de la randonnée périphérique autour d’Annapes ou de Vincennes ? Pas sûr !

210722 Nikon 075 recadrée

Ma mémoire a jeté le nom de ce manoir aux orties. Peut-être est-ce Kérizy ? Il se situe sur le chemin qui va, dans l’intérieur des terres, de Poulennou à Cléder et sur lequel à un moment, j’ai cru m’être perdu et avoir pénétré dans une grand propriété privée. Heureusement les garde-chasse du coin ne me sont pas tombés dessus avec leur tromblon ; je n’ai pas dû subir, même par le verbe, ces violences que des flics imbus de leur force et de leur pouvoir infligent à des gilets jaunes en vadrouille. On est plus civilisé qu’à Paris dans le Finistère !

Pour vérifier ce Kérisy, il suffirait que j’aille consulter mon avant-dernier cahier d’écriture nomade. Ou, sur l’ordinateur, le répertoire des photos de juillet 2021. Ces deux instruments-là me servent de dateurs et j’ai aussi la ressource de ressortir la carte IGN bleue sur laquelle j’ai repéré ce circuit accompli en solitaire, au milieu des champs et du petit bois sous un cagnard exceptionnel cet été-là. C’est l’année où nous sommes partis en vacances les deux seules semaine où il a fait beau sans discontinuer, les autres semaines ayant été du genre à vous filer une angine en juillet et le coryza en août !

210722 Nikon 049 recadréeJ’étais donc là, au bout de ma course, à battre tout seul le pavé de Cléder quasi déserte, à photographier les mosaïques de la grand’place quand un gars est sorti de la salle municipale et m’a dit :

- Si vous aimez les belles choses, entrez donc ! Il y a de quoi vous satisfaire à l’intérieur !

C’est comme ça que j’ai eu le droit de photographier, en avant-première ces tableaux d’avant vernissage. Je me suis bien gardé de dire aux charmantes personnes qui peaufinaient l’accrochage des toiles et photographies que j’afficherais un jour futur des fragments de cette exposition sur Internet. Il y a toujours des gens rétifs à cet outil, des rebelles à la diffusion voire à la captation des images.

Mais quoi ! Si, comme ici ce jour, on ne glorifie pas les talents des peintres locaux, la beauté des paysages maritimes sur le sentier des douaniers entre Moguériec et Kerfissien, que trouvera-t-on sur nos écrans, dans nos radios ou nos journaux ?

Des tronches d’ambitieux qui veulent devenir calife à la place du calife? Des émissions de variété qui ressortent Chantal Goya de la « et j’ai crié Naphtaline pour qu’elle revienne » ? Chantal Goya qui était si Bécassine’s cousine à la fin de sa vie qu’elle croyait qu’elle faisait de la peinture !

Non, vraiment, si l’heure est au retour des valeurs du passé, de « Maréchal nous voilà », de « Sens commeun », de la francisque et des nervis à battes de base-ball, alors laissez-moi rêver dans mon coin devant le frais minois des dames de Cléder, devant l’image naïve et délicieusement enfantine de cette Bretagne blanche et bleue où le touriste que je suis trouve toujours à s’émerveiller. S’il n’est bon (monde à la Houelle)becq que de Paris, je vous le laisse !

Merci à vous, gens de Cléder !

210722 Nikon 086 recadrée

P.S. Et désolé pour ma mémoire déjà défaillante : c’est le manoir de Tronjoly qu’on voit sur la première aquarelle !


Pondu à l'Atelier de Villejean le mardi 7 décembre 2021 à partir de la consigne 2122-12 ci-dessous

7 décembre 2021

En un mot comme en cent. 23 novembre 2021, Séduction de

Séduction du passé. Je retrouve, au moment de pondre une consigne pour l’atelier d’écriture, celle que j’avais donnée en avril 2004 et qui me semble absolument farcesque. Je l’ai rebaptisée « Phonèmes et mot caché ».

Voici ce que cela avait donné comme résultat à l’époque :

Un film de cape et d’éKapédépée


Dans les Trois mousquetaires, Alexandre Dumas, pas Kapédépédagogue pour deux ronds nous entraîne sur les traces des Kapédépérégrinations de trois jeunes gens Kapédépétaradants. Ce trio de mousquetaires plein de Kapédépétulance est en fait un quatuor.

L’histoire commence au moment où le jeune D’Artagnan, coiffé d’un chapeau à plume de Kapédépérroquet, monté sur une vieille rosse qui n’a rien de Kapédépégase arrive à Paris sans un Kapédépéso et, pour gagner des Kapédépésétas, tente de se mettre au service de M. de Tréville.

Ayant fait tomber le Kapédépét-de-nonne de Porthos dans la gadoue du terrain de Kapédépétanque, il se voit provoqué en duel sur le Pré-aux-clercs de façon Kapédépéremptoire.

Ayant commis d’autres Kapédépécadilles du même type, il se fait attraper par Athos et Aramis et, au Kapédépéril de sa vie, accepte deux autres duels avec ces trois emKapédépérruqués dont on se demande, au vu de leur tenue, s’ils ne seraient pas un petit peu Kapédépédés sur les bords.

D’Artagnan ne se fera pas Kapédépérforer dès la troisième bobine de pellicule. Attaqués par les gardes du cardinal, les trois mousquetaires deviennent 4 et font Kapédépéter de trouille les hommes en noir de Richelieu.

Ils auront ensuite maille à partir avec Milady, une Kapédépéripatéticienne toujours bien saKapédépée qui se parfume au Kapédépétunia et sème des Kapédépésticides sur son passage.

Leur Kapédépérilleuse mission les poussera à traverser la Manche en Kapédépédalo au milieu des Kapédépétoncles en vue de récuKapédépérer auprès du duc de Buckingham les bijoux qu’Anne d’Autriche – une sacrée KapédépéKapédépée, entre parenthèses – lui a imprudemment confiés.

Ce film Kapédépétille comme ce n’est pas permis. Les acteurs Kapédépétent le feu. Ca Kapédépétarade, ça se tue, s’entretue, se perKapédépétue, ça rit, ça Kapédépérit. Et il faudrait être un Kapédépéstiféré de Jaffa ou critique d’art à Télérama pour ne pas goûter tout le plaisir qui vous vient de ces KapédépériKapédépéties.

2122-10 Consigne 9782413024866-001-X

6 décembre 2021

AVIS DIVERS. 2

Forte récompense à qui retrouvera mon casse-noisette [signé : Petr Ilitch Tchaïkovski]

2122-11 Jean-Paul - Tchaikovski

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Avis aux non fumeurs :

Non, votre non-fumée ne nous dérange pas, c’est juste votre absence de défauts qui nous énerve !

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Affiché dans une forêt :

Les parents de la petite Boucle d’Or sont priés de ne pas laisser divaguer leur animalcule sur notre territoire. Elle a causé bien des dégâts dans notre logis. La prochaine fois, vous êtes prévenus, nous lui tirerons dessus !

2122-11 Jean-Paul - Boucle d'or

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Les parents du petit Chaperon rouge sont priés de remplir le panier de leur gamine de façon un peu plus variée : une galette et un petit pot de beurre salé, ça a beau être breton en diable, ça ne vaut pas cinq fruits et légumes par jour !

[signé : Jean-Loup Hiétu, médecin nutritionniste]

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Appel aux bonnes volontés : les parents du petit Poucet et de ses six frères se sont perdus dans la forêt après avoir tenté d’y égarer leurs enfants. Ceux-ci ont retrouvé le chemin de leur maison et la grille de loto égarée qui s’est avérée comporter les chiffres gagnants du tirage du vendredi 13. Une battue est organisée ce jour à 15 heures en vue de les retrouver. Contacter Jean-Emile Barbebleue, capitaine des pompiers de Perrault’s Guirec.

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Affiché sur un mur resté nu :

Zone exclusivement réservée aux tagueurs à l’orthographe impeccable

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Avis aux non-fumeurs : avez-vous déjà essayé de devenir non-vapoteur ? Il paraît que c’est moins dangereux pour les poumons !

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Saison d’ouverture de la chasse aux papillons :
à partir du mardi 30 novembre 2021 il sera permis de laisser sortir Cendrillon de sa cage. Les parents de la jeune fille veilleront cependant à ce qu’aucun écologiste chaud du slip ne s’intéresse de trop près à l’échancrure de son corsage et aux plis de son cotillon.

2122-11 Jean-Paul - Chasse aux papillons

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Le propriétaire de la toile n° 22 exposée récemment à l’exposition de l’atelier de peinture de Villejean, Mme Stéph-Anny X. est en droit de considérer que ses parents étaient, à sa naissance soit dysorthographiques, soit hyper-originaux, soit complètement bourrés.

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Attention, danger : Chute de Niagara

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Attention danger : chute de chasseur de primes non-fumeur et propriétaire d’une collection d’affiches exclusivement réservées à l’instruction des parents de bonne volonté.


Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 30 novembre 2021

à partir de la consigne 2122-11 ci-dessous.

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