En un mot comme en cent. 24 janvier 2022, C'est long
En un mot comme en cent. 26 janvier 2022, Numéro en couleur
J’ai replongé dans le forum-atelier d’écriture Kaléïdoplumes pour récupérer les consignes d’écriture et surtout les textes illustrés que j’y avais déposés. Relire le Krapov de 2010 et ses délires sur « Dieu s’ennuie le dimanche... et s’emmerde les autres jours », c’est assister à un numéro haut en couleur ! C'est bien aussi d'oublier pour retrouver !
En un mot comme en cent. 21 janvier 2022, Dégoût et des couleurs
Répétition d’Am’nez zique et les Biches. Autour d’un verre de Madiran on discute de l’argument du spectacle. C’est l’opposition entre un chanteur et une chanteuse qui viennent roucouler au premier degré des chansons d’amour et le guitariste qui trouve que tout ça finit toujours trop mal et pense qu’il vaut mieux rigoler.
Dans ce spectacle il y a – tout le monde aura – à dé-boire et à dé-manger !
Toutes les infos sur ce concert sont ici.
... AUX QUETSCHES !
Tout reste encore à inventer :
Une réfutation de la Nimzovitch et de la Robatsch (ce sont des ouvertures du jeu des échecs) ;
Un placard qui fait « splash » en s’étalant dans l’eau ;
Le match de squash dans lequel on a remplacé la balle par une tarte aux quetsches ;
Le César et l’Oscar du meilleur sketch intello ;
Le concours du vieux tableau le plus kitsch ;
La kitchenette en caoutchouc ;
Le collier anti-putsch pour monarque africain ;
Un guide du Saskatchewan à trottinette électrique par temps neigeux ;
Le concours du plus gros mangeur de borchtch ;
Des couettes chouettes et chaudes pour celles des esquimaudes qui se prénomment Sheila et pour les autres aussi ;
Le brunch au cours duquel on ne mange que du Crunch ;
Une version de « Besame mucho » en jazz manouche ;
Un recueil des œuvres complètes de Mikhaïl Zochtchenko ;
Un film sans pitch qui raconte une journée du tovaritch Leonid Plioutch à Palm Beach ;
Une injure cinéphilique : « Son of Ernst Lubitsch ! » ;
Une quiche qui joue à cache-cache avec un welsh dans un goulash ;
L’expression « Wesh, Raquel ! » uniquement compréhensible par des « Boomers » ;
Une thèse intitulée « L’Influence de Walter Scotch sur Bertolt Brecht » ;
Le patch anti-connerie (on l’attend depuis longtemps, celui-là !) ;
L’onomatopée « Splotch ! Splotch ! » pour exprimer qu’on marche de plus en plus dans la boue à chaque campagne présidentielle ;
Un match de catch pour opposer au deuxième tour les candidats de ladite élection ;
Une brouette pleine de disques de Bratsch ;
Un coach adéquat qui vous apprenne à monter une tente Quechua en moins de quinze minutes du côté de Latche par grand vent ;
Le slogan « Ecce omo est là, la saleté s’en va ! » ;
Une méthode pratique de bouche-à-bouche écrite à la lueur d’une bougie par un Gilles de Binche nommé Jérôme Bosch ;
Un speech d’orateur tchoutchke aux îles Sandwich, la bouche pleine ;
Des bintjes en trench (Ben quoi ? On a bien des pommes de terre en robe des champs que tout le monde ou presque y disent « robe de chambre »?) ;
Une cuite au guignolet kitsch pour oublier le retour de Kirche Küche Kinder dans les projets des intégristes ;
Un moyen pas trop brutal de mettre un terme à ma tchatche.
Oui, tout reste à inventer mais en matière de surréalisme, il faut bien admettre ceci : fût-il mallarméen, aucun coup de dés jamais n’abolira la force du hasard. Et c’est sur cette oeuvre d’art incroyable, fixée sur la pellicule numérique par ma pomme et intitulée « Beloved witch » (Ma sorcière bien aimée), que je clos ce billet… un peu tarte *, je vous le concède.
* aux quetsches, la tarte ! Les brunes ne comptent pas pour des prunes !
Ecrit pour le Défi du samedi n° 700 d'après cette consigne : quetsche
LE VOYEUR ET LE COUPLE ROYAL
La fin de l’humanité vient de débuter. En fait non. C’est la fin du séjour du roi Louis XVI au sein de l’humanité qui vient de commencer. Est-ce sa passion pour la reine Marie-Antoinette qui lui a fait perdre la tête ? Son temps sur terre a été raccourci contre son gré. Un peu brutalement, même.
Mais tout n’est pas dit dans ce préambule. Il y manque certainement la référence à la pop-culture des années 2000. Messieurs Isaac et Malet, historiens scolaires du début du XXe siècle, ne pouvaient pas imaginer les dégâts que l’industrie cinématographique hollywoodienne provoquerait dans nos représentations. Ils avaient certes connu Alexandre Dumas qui s’accordait le droit de « violer l’histoire à condition qu’on lui fît de beaux enfants ».
J’ouvre ici une parenthèse : qu’attend donc Madame Dièse-Mitou pour faire mettre au pilori ou au pilon les billevesées machistes que le fils du général faisait écrire à son nègre Auguste Maquet ? Sexiste et colonialiste-esclavagiste en plus ! Je referme la parenthèse.
Malet et Isaac, donc, ne pouvaient pas savoir que Sofia Coppola, la fifille à son papa, donnerait à la plus étrangère des reines de France les traits aussi juvéniles que délicats de Mademoiselle Kirsten Durst. Tant pis pour la vérité historique ! Un bonbon de sortie d’école, ce n’est pas de la grande confiserie mais c’est très plaisant parce qu’instantané. Quand on dit « Marie-Antoinette », maintenant, on voit Kirsten Durst.
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Une fois mort, Louis XVI, décollé, a décollé vers le Ciel en emportant sa tête sous son bras. C’est ça, l’avantage de croire en Dieu ou au diable. Après le trépas on se retrouve au Paradis ou en enfer.
Pour lui, ça a été le Paradis. Saint-Pierre l’a accueilli avec un grand tube de Seccotine et il a recollé la tête sur les épaules du monarque « N’a qu’une flèche ». « N’a qu’une flèche » c’est là le petit nom que la princesse autrichienne donnait à son Loulou chéri, on ne sait trop pourquoi mais on croit deviner.
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Le Paradis est un village dans les nuages. Un genre d’EHPAD ou de motel ou de camping des années 2000 avec un bungalow pour chacun et chacune. Oui, parce que tous les couples, même les plus unis, y font chambre à part et mènent vie collective. N’y ont accès que des célébrités terrestres. Pourquoi ? Je ne sais pas. Si vous voulez des explications détaillées, désolé, ce n’est pas l’objet de ce livret.
Les bienheureux sont tous habillé de blanc, ils ont des ailes dans le dos, ils s’appellent « mon ange » et ils n’ont plus de sexe. Et voilà pourquoi ils font chambre à part !
Parce que la gourmandise est un vilain défaut et parce que la gastro est une maladie chiante on ne mange plus non plus et on boit encore moins. Dieu et sa bande veulent bien vous assurer l’immortalité de l’âme mais s’il faut livrer des pizzas où supporter des odeurs de fast-food, c’est non.
Ce n’est pas mal étudié, en fait. Les gens qui sont là ont suffisamment vécu d’aventures sur terre pour pouvoir, en toute cordialité, se les raconter les un·e·s aux autres. Et comme il y a des gens de toutes les époques, c’est intéressant. Il se crée des liens d’amitié surprenants.
Carlos Gardel et Sarah Bernhardt, par exemple, sont devenus très copains. Il lui a fait découvrir la musique argentine sur laquelle elle vibre comme ce n’est pas permis. Lui jouer un tango est irrésistible. Il faut voir comme elle secoue sa jambe de bois.
Évidemment, ça n’a pas beaucoup plu à Dieu qu’Astor Piazzola soit venu leur fredonner ses mélodies. Parce que Dieu est mélophobe : il déteste la musique. Il n’y a pas un seul piano, aucune trompette, pas le moindre tambour dans tout le paradis. Encore moins de bandonéon.
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Que pensez-vous qu’un imbécile ferait dans ce monde-là ? Dans un univers de culture, de tolérance et d’empathie comme celui-là, Louis XVI, au début, a joué les bégueules. Se mêler à ces plébéiens dont la plupart sont, Dieu seul sait pourquoi, des républicains, trop peu pour lui ! Il est venu toquer tous les jours à la porte de Saint-Pierre.
- Kèkvouvoulez ? a demandé le concierge.
- C’est possible de redescendre sur terre ?
- Non !
- C’est possible d’avoir un atelier de serrurerie ?
- De la serrurerie ? Pour quoi faire ? On ne ferme pas les portes ici à part la grande de l’entrée.
- Je m’ennuie comme un rat mort. J’aimerais m’occuper les mains en bricolant un petit peu.
Il l’a tellement tanné jour après jour que l’autre a cédé. Il avait déjà concédé par le passé un atelier de sculpture à Bartholdi qui y construisait une réplique de la statue de la Liberté.
Comme la nouveauté attire les curieux et comme tout est toujours ouvert au Paradis, des bienheureux sont passés voir ce que Louis traficotait. C’est comme ça que Loulou est devenu pote avec le docteur Petiot.
Mince alors ! Vous croyez que c’est possible, ça, vous ? Le docteur Petiot est au Paradis !
Ca doit être comme les 7 % de pertes humaines auxquelles l’armée français a droit. Il doit y avoir un pourcentage d’erreur ou un gros bug dans le logiciel Parcoursup du Purgatoire. Ou alors ils n’ont pas voulu de lui en Enfer. Toujours est-il que ces deux-là sont devenus copains comme cochons. Et « cochons », c’est le mot qui convient.
Petiot a montré à Loulou les pamphlets qui ont été écrits, en son temps, sur l’Autrichienne et que l’on cachait alors, bien entendu, aux yeux de Sa Majesté. Rien de ce que fait le couple royal ne lui échappe, à la presse et au monde du ragot dont le docteur est si friand que ça confine au voyeurisme. Et savez-vous ? Ca fait bien plaisir à Louis XVI de découvrir qu’on prête à Toinette des turpitudes auxquelles elle ne s’est jamais livrée, en tout cas pas avec lui.
On a beau ne plus avoir de sexe, la littérature érotique de dessous le manteau, ça fait encore de l’effet, au moins aux serruriers et aux pervers.
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Mais depuis quelque semaines, il se passe quelque chose de bizarre au paradis. Petiot et Louis XVI ont installé une serrure et plus personne ne peut entrer dans leur atelier. Comme tout le monde ici ils sont en manque de documentation et le gars qui vient livrer des vieilles revues et des livres à la bibliothèque n’assure plus la liaison avec le monde d’en bas. Il paraît qu’ils ont chopé un méchant virus sur Terre. A la réception, Saint-Pierre se plaint d’être débordé.
Les deux psychopathes en liberté s’en fichent, ils ont prévu de réagir. Sait-on jamais à quoi rêvent les pions ! Ces deux-là ont un projet : construire une chatière à la porte du Paradis et se barrer. Ne serait-ce que pour aller une fois au moins dans un cinéma voir Kirsten Durst interpréter Marie-Antoinette !
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 26 janvier 2022
d'après la consigne 2122-17 ci-dessous.