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Mots et images de Joe Krapov
texte d'atelier d'ecriture
28 septembre 2019

PÉPLUM NÉERLANDAIS

Un quidam en tandem qui fredonnait «Padam Padam», une chanson de la môme Edith, a roulé sur un vieux condom et fait «boum» sur le madadam.

Comme on s’abîme sur le bitume, il s’est déchiré le sternum, le duodenum et le rectum ! On l’a requinqué d’un coup de rhum, il a regagné son harem – il était adepte de l’islam et plutôt du genre polygame – et s’il se dope au magnésium il pourra disputer bientôt le grand criterium d’Amsterdam. On lui souhaite de battre Tom et de vivre vieux comme Mathusalem !

Mais si des suites de sa chute il s’en venait à décéder, nous on n’est pas chiens, à Haarlem : on lui chantera ad libitum un requiem !
 



Ecrit pour le Défi du samedi n° 578 d'après cette consigne : quidam

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25 septembre 2019

CINQ ANAGRAMMES A QUATRE MAINS

N 85-27 Salzburg II 11Ame de Salzburg, l’été, indicible, intouchable, imperceptible à l’imperméable que j’étais en 1985 !

Le passage en Autriche s’est effectué à l’issue d’un périple foldingue dans une Tchécoslovaquie encore communiste à l’époque. Nous y avions erré sans planification quinquennale ni préalable de nos lieux de séjour. Nous étions allés de camping improbable avec feu de camp collectif à deux mètres de votre toile de tente en camping avec taxe de luxe, comme au Monopoly, pour les étrangers en passant par pas de camping du tout, une nuit en pleine campagne à dormir à trois dans une Fiat Panda !

Lorsque nous sommes arrivés dans ce camping autrichien en bordure d’un très beau lac, le gérant allait fermer ses portes. On s’est inscrits en vitesse et on est allés se baigner. Je me souviens très bien de la fête de la bière qui a suivi de l’autre côté du lac, du feu d’artifice et du rangement des chaises métalliques à quatre heures du matin.

De Salzburg j’ai gardé souvenir d’enseignes surchargées, hélas photographiées en noir et blanc. Nous avons croisé Simone Weil et surtout nous n’avons même pas cherché à voir le Mozarts Geburtshaus, La maison natale du petit génie Wolfgang Amadeus. C’est que je préférais alors Vivaldi et les Beatles. Il aura fallu que je voie « Amadeus », le film de Milos Forman, un Tchèque sans provisions, pour que je me mette à apprécier la reine de la nuit, le concerto pour clarinette, le requiem, bref, le beau legs de Mozart.

***

Isaure 1024

La vie en rose, à part dans sa belle robe d’anniversaire, celle avec laquelle elle a posé pour le tableau peint par son oncle Eugène Amaury-Duval et conservé au Musée des Beaux-Arts de Rennes…la vie en rose, la vie heureuse, la vie joyeuse, Isaure Chassériau ne l’aura pas connue.

Est-ce son père, Adolphe Chassériau, le libraire-éditeur aux expériences foireuses qui lui a donné l’exemple d’une vie triste ? Je crois me souvenir qu’il a fini par s’exiler en Amérique du Sud et qu’il y est mort jeune, laissant la maman d’Isaure, Emma-Antigone Duval, veuve, parisienne et salonnarde, vivre de leçons de piano, de confection de sacs et bijoux et surtout d’un remariage réussi avec un député vendéen, M. Guyet-Desfontaines.

Le mariage d’Isaure Chassériau avec un militaire devenu percepteur, Alfred de Brayer, fut un réel échec. Les jeunes gens ne s’entendirent pas, ils se séparèrent et Isaure la neurasthénique abandonna sa vallée de larmes à l’âge de 35 ans.

Toute cette somme d’informations perdues, toute cette histoire parallèle ou perpendiculaire à la ville de Rennes dont tout le monde se fiche éperdument aujourd’hui, Joe Krapov et moi-même nous demandons parfois si on ne l’a pas inventée, si cette existence fut réelle ou si on l’a rêvée.

***

1909225 Le bateau ivre cover

« Le Bateau ivre », moi, je n’ose plus le lire, ce texte !

Je connais deux personnes à Rennes qui savent ce poème par cœur et, je dois l’avouer, elles me font peur toutes les deux. Il faut, pour apprendre ce truc, être à mon humble avis aussi fou que l’auteur, ce jeune provincial fugueur de seize ans monté à Paris pour le réciter devant un cénacle de poètes ébahis qu’il ne mit pas longtemps à agresser de sa folie de punk à chien sans chien des Ardennes. Oui, c’est ça, Jean-Nicolas-Arthur Rimbaud !

Et pourtant ce n’est pas l’envie qui me manque de l’enregistrer à mon tour. Oui, derrière Gérard Philipe, derrière Léo Ferré. Tout est possible, tout est réalisable et sur ma chaîne Youtube la vidéo postée par moi qui a le plus de succès est une interprétation déglinguée de « La Patrouille des éléphants » extraite du « Livre de la Jungle » de Walt Disney.

Autant dire que je ne risque rien à le faire sinon à m’effrayer moi-même d’avoir osé toucher du doigt et de la voix cette beauté virale.

***

Serge Gainsbourg ! On pourrait dire aussi, à la façon du dictionnaire : Gainsbarre, Serge : provocateur des années soixante à quatre-vingts du XXe siècle qui a fait fortune en vendant de la chansonnette en art mineur, alors que toute sa vie, à l’instar de Ludwig Van Beethoven, il a cru qu’il faisait de la peinture.

Mais pas la peine de se prendre la tête de chou à propos de cet homme-là, de son « soixante-neuf année érotique », de sa « Marseillaise » en reggae, de son « Je t’aime moi non plus », de son roman « Evguénie Sokolov », de sa façon de brûler un billet de cinq cents francs devant les caméras de la télévision ou du fait de filmer des petites filles toutes nues qui courent sur une plage pour illustrer un clip de Renaud.

On connaît moins le cinéaste qui a transposé dans « Equateur » avec Francis Huster le roman "Le Coup de lune" de Georges Simenon.

Et moi je l’aime bien pour ça, pour sa « Javanaise », pour son « Accordéon », pour son « En relisant ta lettre », pour sa couleur café, pour ses petits papiers et même ses sucettes à l’anis, sa poupée de cire, sa poupée de son, sa situation sous le soleil exactement. Bien plus pour ses chansons que pour ses provocations notoires ou ses grabuges ignorés.
 

*** 

190925 Solesmes aquarelle IP Krapov 114238838_o

Le chant des sirènes monte dans le jour. C’est le premier mercredi du mois et il est midi.

Mais pourquoi ne les entends-je pas ? Pourquoi ne les entends-je plus ? Non seulement je suis attaché au mât du navire Terre en grande perdition pour cause de réchauffement climatique, de populisme et de guerres larvées ou déclarées à tous les étages mais en plus je deviens dur de la branche, sourd comme un pot, malentendant comme un Tryphon dans un champ de tournesols appartenant à M. Van Gogh ?

Le chant des sirènes monte dans le jour. En février prochain François-Ulysse en prendra pour son grade et ça bardera pour Pénélope !

Je ferai une croix sur une partie de mon odyssée. On couchera le roi de Sabolie et j’abandonnerai dans un coin de ma mémoire ces jolis paysages de la Sarthe avec l’abbaye de Solesmes, les pénichettes et les barques amarrées devant dont j’aimais tant les tendres chaînes.

 

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 24 septembre 2019
d'après la consigne ci-dessous

21 septembre 2019

ON LANCE UN GODER !

Nous autres, gens du Nord, nous avons des connaissances en matière de ducasse, de combat d’ côs, de coulons et même de wassingues mais ce dernier objet ne relève pas, comme les précédents, de la partie de plaisir.

Nous autres, gens du Nord, nous savons bien que les Bretons ont des chapeaux ronds, les Parigots des têtes de veaux et les Marseillais  la Canebière, l’O.M., le Mistral qui rend branque, les calanques, la pétanque et une sardine qui bouche leur port.

Grâce aux chansons qui circulent jusqu’à chez nous, nous connaissons même du vocabulaire méridional que nous ne comprenons qu’à peine : le pailleux, l’intégrale, la matérielle...

Ca a l’air aussi compliqué que le jeu d’échecs, la pétanque !

Surtout il y a – il y avait -«On lance un goder qui tourne dans l’air».

Mais qu’est-ce que c’est que ce goder ?

Eh bien figurez-vous que ça pourrait très bien être une pièce de monnaie de chez nous, les gens du Nord, qui aurait roulé tout le long de la Nationale sept et aurait été ramassée chez César, Marius et Fanny ! Quelle dégringopagnolade !

Je lis en effet ici (http://www.languefrancaise.net/forum/viewtopic.php?id=14017) :

Hypothèse de la pièce de monnaie.
Serait-ce la déformation de l'anglais guilder, de l'allemand Gulden ou du flamand gulden, qui désignent le florin ? (cf. gold, or).
Aux Pays-Bas après 1816, le florin portait sur son listel le texte «God zij met ons» (Dieu soit avec nous). Goder serait-il dérivé de God avec une influence de gulden ?

Merci chers philologues et merci cher oncle Walrus ! Grâce à ton mot «pétanque» ce soir je dormirai moins bête !
 



Ecrit pour le Défi du samedi n° 577 d'après cette consigne : pétanque

18 septembre 2019

POÈME DE MÉTRO (LIGNE A DU MÉTRO RENNAIS)

Ne tournons pas autour du pot
Je suis quand même un drôle d’oiseau,
Amoureux de Plaisanterie, 
Zeugma et Contrepèterie .

Poterie

A me lire, certains rient jaune.
Je n’ai pas le ticket cinq zones
Qui permet de descendre au Blosne ;
Je suis une drôle de personne. 

Le Blosne

Pour regarder ce monde exsangue
C’est certain, je choisis les angles
Les plus détachés de la sangle
Et crie sous la halle au Triangle. 

Triangle

Je suis bariolé comme un De Chirico,
Vivaldien comme un allegro.
Je chante des airs de folie
A la gloire de l’Italie. 

Italie

Un air frais envahit les villes
Dans lesquelles je marche tranquille.
Quelquefois je laisse des plumes
Entre le marteau et l’enclume. 

Henri Fréville

L’humain ne fait pas de quartier
Pour les « à côté de la plaque ».
Que je suive ou non le sentier
C’est bien certain : je fais le Jacques. 

Jacques Cartier

Mais gare aux retours de bâton :
On ne peut pas impunément
Se foutre du qu’en dira-t-on
Quand la parole est monument,
Quand émettent, sur le même ton
Celui qui crie, celui qui ment. 

Gares

Ah quoi ?! Déjà Charles de Gaulle ?
Et, toujours mis en examen,
Je cherche un lecteur qui rigole
Des pépiements de mon chemin. 

Charles de Gaulle

Je suis chardonneret public !
Si me dressez contravention
Je saurai bien prendre l’oblique :
Il n’est cage sans évasion. 

République

Partis comme églises me tannent,
Toutes les fleurs des bois m’étonnent
Et quelques-uns m’ont à la bonne
Entre Saint-Michel et Sainte-Anne. 

Sainte-Anne

Dans les profondeurs de la terre
L’écriture est mon seul pactole.
Pourquoi je ris ? C’est un mystère
Dans la sous-France d’Anatole. 

Anatole France

Aux urgences de Pontchaillou
Je n’irai pas, la chose est sûre
Me plaindre en hurlant qu’un caillou
A pénétré dans ma chaussure. 

Pontchaillou

Autant de gens dans l’univers,
Tant de villes et tant de cités…
Laissez-moi concocter des vers,
Chanter la biodiversité. 

Villejean Université

Quand le ciel est rouge incendie
Quand je suis pris de fatrasie,
Je sais descendre à Kennedy
Mettre des fleurs dans les fusils. 

J.F. Kennedy

P.S.

Or, rendu au bout du trajet
Je m’aperçois – vraiment, quel sot
Troublé par les « dring dring » !– que j’ai
Oublié Georges Clémenceau !

Clémenceau

 

AEV 1920-02 plan de la ligne 1 du métro rennais

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 17 septembre 2019

d'après la consigne ci-dessous

14 septembre 2019

QUAND JE PENSE A FERNANDE...

Quand je pense à Fernande

Avez-vous remarqué ? En français on est surtout obsédé par des mots de quatre lettres :

SEXE, MORT, FRIC…

De beaux exemples nous en sont donnés par Georges Brassens dans son œuvre chansonnier.

Passons très vite sur "Mélanie", "Fernande", "La Fessée", "Le Blason", "Le Pornographe", "La Nymphomane" ou "Je suis un voyou".

Citons pour le point 2 "Le Testament", "Le Fossoyeur", "La Supplique pour être enterré sur la plage de Sète", "Les Funérailles d’antan", "La ballade des cimetières", etc.

A part "L’Assassinat", il y a peu de chansons sur le thème de l’argent mais la raison en est simple : la troisième obsession de Brassens, ce n’est pas le fric, c’est le flic !

D’où "Hécatombe", "Le Mauvais sujet repenti" et surtout celle-ci « Le Nombril des femmes d’agents » que je viens d’ajouter cette semaine dans ma guitare. 

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11 septembre 2019

Le Monopoly rennais façon Joe Krapov

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Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 10 septembre 2019

d'après la consigne ci-dessous

 

N.B. J'espère que la Fondation Monopoly ne va pas venir poser des gommettes sur ce blog
pour m'indiquer quelles cartes je dois enlever et quelles cartes je peux laisser ! ;-)

7 septembre 2019

BREAKFAST IN AMERICA ?

- Its too dark to put the key in my ignition… 
- Not in my backyard : i let the sunshine in !

- I think I’ll roll another number for the road…
- Not in my backyard : we only smoke gouda !

Happiness is a warm gun, Mama !
- Not in my backyard : i don’t shot the sherif and the only bad thing I do is to hang the portrait of Macron upside down.

Baby you can drive my car !
- Not in my backyard : it’s smaller than my uncle’s hat.

See the sky about to rain
- Not in my backyard : it never rains in Rennes !

Why don't we do it in the Road ?
- Do it in the road if you want but not in my backyard : it’s not a baisodrome !

Where have all the flowers gone ?
- In my backyard !

 



Ecrit pour le Défi du samedi n° 575 d'après cette consigne :

Nimby (Not in my backyard)

30 août 2019

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 50, Style cocasse

Bien le bonjour, joyeux lecteurs de la chanson de Ricochet ! C’est la toile de Pénélope ici ! On tapisse, on retapisse, on détapisse partout, même dans les toilettes ! Ca a beau être pareil, ça n’est jamais la même chose, ce mythe qui nous vient tout droit des neiges d’antan ! Et tant pis donc si en passant je donne un soufflet à Ronsard ou mets ce bon Vaugelas en pièces !

***

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Ca aurait pu se passer à Dache, à Chquoufougnouze ou à Saint-Profond-du-Lointain. A Perpète-les-Bains, à Pampérigouste ou à Saint-Pisse-qu’en-Coin. Mais non, c’est bien à Trillebardou, chez Jean Guillemette, que le dragon a fait son apparition. C’était un glouton mémorable, du genre qui avale la rue des Lombards.

- Mais quand t’arrêteras-tu de boulotter mon troupeau ? demanda le paysan.

- Mardi s’il fait chaud ! répondit le dragon ! A la venue des coquecigrues ! A la Saint-Glinglin !

Comme les paysans du coin n’étaient pas du genre à jeter les épaules de mouton toutes rôties par les fenêtres, ils appelèrent à l’aide.

- Sire, sire, il a plu sur notre mercerie !

***

Le monarque demanda à ses chevaliers d’aller faire sa fête à ce bestiau bariolé comme la chandelle des rois mais il trouva face à lui des visages de bois.

Ces vassaux-là se croyaient sortis de la côte de Charlemagne mais ils n’étaient en vérité que des carabins de la comète qui, éternellement, tranchaient de l’éléphant sans jamais quitter la table ronde où la chère était si bonne. Bref ils se chauffaient à l’espagnole et se caressaient l’angoulême, ces rodomonts, ces Ramasse-ton-bras, ces dépuceleurs de nourrices !

Ils lui répondirent «Niet !».

***

Ce bon roi était franc comme l’osier et dans cette situation où il apparaissait roulé comme un soleil d’hiver, il lâcha la bonde :

- Jamais je ne fus tant étourdi du bateau ! Ah je suis bien entouré ! Des vendeurs d’épinards sauvages ! Des « Prend-à-gauche toute ! L’autre gauche ! » Des goulafres ! Mais je n’irai pas à travers choux pour ma part. Pas de ça Lisette ! Pas question de jouer de l’épée à deux talons, de faire un trou à la lune ! Je vais la prendre avec les dents !

Il s’en alla trouver le dépanneur du coin, un nommé Larchevêque. Il tenait boutique à l’enseigne de « Crois Robert, c’est un expert ! »

Après avoir encaissé une palanquée de « Tranquille Emile, c’est trop facile », de « A l’aise Blaise on t’le dépèce » et de « Cool Raoul j’lâche le pitbull » le souverain eut droit à sa solution miracle : « Laissez faire Georges, c’est un homme d’âge ! ».

Et de fait Larchevêque semblait de taille à tirer de l’huile d’un mur.

***

Il nous faut faire à présent un détour par les appartements de la princesse.

- Il y a de l’oignon ! s’énervait-elle.

La princesse était toute épaplourdie. Que dans cette version-ci aussi on passât sous silence les exigences sexuelles de la bête, cela l’avait ébarnouflée puis lui avait mis le cœur sur les lèvres. Mais comme à cette époque-là on demandait aux filles de garder les manteaux ou de compter les clous d’une porte, que pouvait-elle faire d’autre que bâtir des châteaux en Asie, rêver d’un hashtag #Superwomanbatledragon, se pimprelocher devant le miroir et rêver qu’un bel homme vînt lui déclamer : « Ma mignonne, ma mie, ma tendrette, ma braguette, ma savate, ma pantoufle …» tandis que les ans filaient ?

***

Et donc Larchevêque envoya Georges pour faire rendre gorge au souffleur de la forge.

Le chevalier Georges avait la mine renfrognée d’un soupe-tout-seul, la tête d’un vendeur de vache foireuse : il ne riait jamais.

Il était logé chez Guillot le songeur. Pour un peu c’eût pu être aux petites maisons, c’est à dire qu’il avait un grain, des visions, des rêves. Mais comme il avait la force virile et la science des armes de poing, il était devenu mercenaire mystique, ce qui lui permettait de concilier ses deux extrêmes et d’avoir un rôle social à jouer dans les récits d’édification religieuse de l’époque.

Il avait donc été recruté par un endormeur de mulots de la Sainte Eglise et de la pire espèce, un grand architecte de fourbes qui prenait des airs penchés. Depuis il voyait vaches noires en bois brûlé ! Il avait ses rats, ses hannetons sous le chapeau, qui lui faisaient croire qu’à force de combattre l’hérétique de façon hiératique il deviendrait saint !

Le combat eut lieu et il fut tout sauf silencieux :

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- Tu ne fais que de l’eau claire, mon joli !
- Tu prends ton nez pour tes fesses !
- Je te promets que tu vas rire du bout des dents et même ne plus rire du tout d’ici peu !
- Tu chantes Guillemette, jeune homme !
- Ris t’en Jean ! On t’frit des œufs !
- Ferme ta boîte à camembert ! Tu l’ouvriras pour le dessert !
- Sur quelle herbe as-tu marché ?
- Tiens prends ce cataplasme de Venise ! Et une giroflée à cinq doigts, une !
- Garde ton onguent de miton-mitaine ! Tu me canules !
- Adieu la voiture ! Patatras Monsieur de Nevers ! Passez muscade ! Va te coucher, Basile, tu sens la fièvre !
- Ah qu’est-ce qui se passe ? Le marchand de sable est passé ! Le petit bonhomme me prend ! Je m’endors ! Je me meurs ! Tu vas me le payer Aglaé ! Je n’ai plus d’encre au cornet ! Je vois des anges violets !

Bourouloulou ! Quel choc ! Quelle tempête quand le chevalier frappe la bête avec la clé de l’autre monde, son épée Ascalon ! Et bientôt, c’est cuit de jeudi pour l’animal à quatre pattes !

- Nous mangerons du boudin, la grosse bête est par terre ! O notre bon roi, le dirons-je ? Ca fait hideur quand on y songe !

***

Il est bien évident que dans cette version-ci la rose qui naquit dans le sang du dragon fut de la variété « Cuisse de nymphe émue » !

Cela ne donna pas pour autant l’idée au bon chevalier Georges d’aller désennuyer la petite princesse. Enfin, bon, les personnages font ce qu’ils veulent ! Comme on disait jadis, les volontés sont libres !

Kiki carabi mon histoire est finie pour aujourd’hui !

Inspiré par le très recommandable livre de dame Catherine Guennec . - A Trillebardou chez Jean Guillemette. - Paris : First editions, 2019.

 

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N.B. La photo de Saint-Georges a été prise dans l'Eglise Saint-Aignan de Chartres en juillet 2019.


Ecrit pour le Défi de samedi n° 574 à partir de cette consigne

(la première photo du billet)

 

 

25 août 2019

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 49, Western macaroni

arizona-phoenix-phoenixcvb-carte_phoenixPaysage de l’Arizona, montagne rocheuse, cactus, soleil déclinant, ciel bleu virant à l’orange. Ecran panoramique. La caméra zoome sur le pied d’un bosquet où se faufile un crotale. Bruit d’une détonation. Hennissement d’un cheval. Au ralenti la balle traverse la tête du crotale qui s’effondre doucement dans la poussière.

crotale-diamantin-d-1On entend le rire sardonique de l’homme qui vient de tirer. La caméra panoramique et vient se fixer face au personnage de western qui avance vers elle. Il est encore loin, juché sur un cheval noir et il remet son pistolet dans sa sacoche. Attachée derrière lui, il y a une autre monture, un cheval blanc avec une crinière jaune sans personne sur son dos. L’homme s’arrête, se retourne et s’adresse à la bête.

Gros plan sur les yeux du cheval blanc. Des mouches tournent autour de son museau et on voit des larmes dans ses yeux.

- Alors, Joli sauteur, tu es témoin ? Maintenant c’est moi qui tire plus vite que l’ombre de ton maître ! J’en connais trois qui vont être surpris de te voir !

Il fait tourner le sac qu’il porte en bandoulière, l’ouvre, vérifie à l’intérieur la présence d’un objet qui semble précieux. Puis il s’adresse à l’autre cheval.

- Allez, Materazzi ! Il ne nous reste plus que deux miles avant d’arriver à la casa. Toi aussi, foi de Giorgio, tu auras droit à un bon repos dans l’écurie de la Mamma.

Musique lente à base de violons et d’harmonica. Les deux chevaux se remettent en route, au trot, soulevant la poussière rouge de la piste. Gros plan sur l’arrière de leurs sabots et sur la silhouette de l’homme, de dos, à contrejour face à un grand soleil qui rougeoie.

***

Ils sont venus, ils sont tous là. Elle va mourir la Mamma, atteinte par le syndrome d’Aznavourian, c’est-à-dire qu’elle était nonagénaire et n’avait plus qu’un rêve : devenir centenaire.

Il y a même ceux du Sud de la Géorgie. On a juste demandé à l’oncle Adriano, le fils cadet des Daltoni, d’arrêter de jouer de la guitare. Ca ne gênait pas la mourante mais ça cassait les oreilles de ses autres frères qui tapent le carton avec leurs cousins de l’Arkansas.

La petite nièce, Margherita, s’active dans la cuisine pour nourrir tout ce monde-là. Elle vient de mettre l’eau à chauffer pour préparer une petite pasta des familles. Comme elle a l’ouïe fine, elle est la première à entendre les chevaux qui entrent dans la cour du ranch. Elle jette un œil par la fenêtre, écarte la casserole du centre du fourneau et se précipite dans la salle en poussant un grand cri.

- C’est lui ! Il est enfin arrivé ! Giorgio ! Le fils maudit !

Personne ne bouge et surtout pas Adriano qui est assez lent de la comprenure mais demande quand même :

- C’est Joe ? C’est vraiment Joe ?

Margherita a ouvert grand la porte et s’est immobilisée sur le seuil de la maison. Son ombre se découpe dans l’encadrement de la porte avec un halo à faire pâlir d’envie David Hamilton et une silhouette à rendre verte de jalousie Beth Ditto.

Giorgio est descendu de sa selle. Il attache les deux bidets à côté de ceux des frangins et des cousins. Elle court alors se jeter dans ses bras. Il la serre contre son cœur. Elle se met à pleurer et lui dit :

- Le médecin prétend qu’elle ne passera pas la nuit, oncle Joe !

- Ne t’en fais pas petite ! Les toubibs ne racontent que des conneries ! J’ai ramené un remède miracle. Viens à la cuisine, j’ai besoin de toi pour ça.

ob_47e1c1_charles-bronson-60735-1280x1024Il traverse le salon sans saluer personne et tout le monde le regarde ébahi. Il n’a pas changé. Toujours petit en taille, le nez proéminent et la moustache taillée à la façon de Charles Bronson. Tout le monde se tait, replonge le nez dans ses cartes, sa lecture ou sa douleur.

Il y a juste l’oncle Adriano qui lance à la cantonade, une fois que Margherita et Joe ont fermé la porte de la cuisine :

- Vous ne trouvez pas qu’il commence à faire faim ?

***

Gros plan sur la casserole d’eau bouillante sur la cuisinière.

- Il ne me reste que des macaronis, oncle Joe. Est-ce que ça ira ?

- Oui. Tu as salé la flotte ?

- Bien sûr !

- OK. On va préparer la sauce. Moi je sors les oignons et toi tu les épluches.

- Pas de souci, Giorgio.

- Tu es devenue un beau brin de fille, Margherita. Il va falloir songer à prendre la relève de Ma à la tête du gang, un jour.

- Mais Joe, tu ne te rends pas compte. Le médecin a dit qu’elle trépasserait cette nuit.

- Taratata. Je te promets qu’elle sera centenaire. Arrête de pleurer. Y’a pas de raison pour ça.

- Ce n’est pas le chagrin, c’est les oignons.

- Maintenant tu me fais deux casseroles de sauce. Une grande et une petite.

La confection de la sauce est filmée en accéléré façon Marmiton.org.

- Et maintenant regarde, Lovely Rita !

Il tire de sa sacoche un long brin d’herbe.

- Coupe moi-ça comme de la ciboulette au-dessus de la petite casserole.

- Qu’est-ce que c’est, oncle Joe ?

- Tais-toi et mélange avec une part de macaronis maintenant.

- Il est où le parmesan ?

- Là, autour de toi. Plateau. Couverts. Sers un verre de Chianti pour Mamma. Allez, zou, andiamo !

Il emporte le plateau, traverse le séjour et entre dans la chambre. Il s’approche du lit, dépose le plateau et s’agenouille près de sa mère.

- Mamma ! C’est moi, Giorgio ! Je suis venu pour te sauver !

La mourante ouvre un œil puis le deuxième.

- Giorgio, mon fils maudit. Tu sais bien qu’il est trop tard !

- Non, Mamma ! La vie est une longue patience. Je l’ai eu ! Je savais que je l’aurais un jour. Entre les deux yeux. J’ai été le plus rapide. Tiens goûte-moi ce macaroni. C’est moi qui l’ai préparé avec ses restes.

Margherita donne la becquée à la vieille dame et petit à petit celle-ci reprend des couleurs, de la vigueur. Quand elle a terminé le plat et descendu le verre de vin, elle ne semble plus malade du tout.

- Fameux, Joe ! Encore meilleur qu’autrefois ! Cet arrière-goût, ces aromates, c’est quoi ?

Ma Dalton- Son brin d’herbe ! Le brin d’herbe magique de Lucky Luciano ! Je te devais bien ça, Mamma. Désormais c’est toi qui es invincible. C’est toi dont on va écrire les aventures.

- C’est bien mon fils ! Non seulement tu as vaincu ce dragon mais en plus tu redonnes l’espoir à toute notre famille. Ils s’étaient tous un peu avachis depuis ton départ.

- Tout sera de nouveau comme avant maintenant, Maman. Sauf qu’on n’aura plus ce justicier à la noix dans les pattes. On aura juste un peu de viande de son cheval dans nos pâtes !

- Fais venir tes frères et tes cousins, Joe. J’avais laissé en plan un plan pour faire sauter la banque de Phoenix. On va entendre reparler des Daltoni !

 

Ecrit hors délais (et pas qu'un peu !) pour le Défi du samedi n° 540

d'après cette consigne : macaroni

17 août 2019

JUSTE HISTOIRE D’ÊTRE LÀ !

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Voyez comme il va l’ancien
Du côté de Valenciennes
Comme il promène son chien
D’Outre-Quiévrain à Marchiennes !

Non !

Pour notre pain quotidien
Il nous offre une méridienne,
Cadeau d’une immense main
Qui nous occupera la semaine !

Non !

Est-ce que tu y étais, Titien
Au raout d’l’esthéticienne ?
Je n' sais pas si tu t' souviens,
C’était avant que survienne
Ce philosophe kantien
Qui nous sortit son antienne
Et nous avoua combien
Il était fou de Fabienne.

Non plus !

Coiffé d’un bonnet phrygien
Il réclamait de l’hygiène
Jusqu’aux sommets himalayens
Où règne Cosima la hyène.

Non. Je vais peut-être reprendre le début finalement.

Voyez donc comme il va l’ancien,
Un peu plus haut que Valencienne :
Il nous fait cogiter sur du Saint-Sulpicien
Tandis que d’un œil assassin supplie sa chienne
Qu’il l’emmène trotter pour son tour quotidien
Tout le long de la méridienne.

Mouais. Mais je ne peux pas en faire une chanson. En même temps je sens que je tiens quelque chose avec la chienne.

***

Finalement, quelques heures plus tard, René Rivedoux finit par pondre son poème qu’il intitula "Idylle philoménale". Il le mit en musique et entreprit la tournée des interprètes en vogue du moment.

La chanson fut immortalisée par Yves Montand et, après ce petit succès vite effacé des mémoires, l’auteur redisparut dans les limbes de l’oubli. 



Ecrit pour le Défi du samedi n° 572 d'après cette consigne

(la photo du haut)

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