Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mots et images de Joe Krapov
texte d'atelier d'ecriture
6 février 2021

N'ORMEAU-LISATION

200225 Nikon 219C’est dans le quartier de Quineleu, à Rennes, que se trouve la rue des Ormeaux. Je n’ai pas grand’ chose à en dire sinon qu’ont vécu ici, pas très loin, dans l’impasse de la Herpe rebaptisée rue Albert Martin, les arrière-grands-parents puis les grands-parents de mon épouse.

Ce quartier du sud immédiat de la gare est resté presque dans son jus, à base de maisons de cheminots. Elles sont aujourd’hui habitées, comme celles du quartier Sainte-Thérèse, par une population de bourgeois-bohême. Mais qui peut se payer le luxe d’habiter un centre-ville aujourd’hui sans entrer peu ou prou dans cette catégorie ?

Le meilleur moyen de gagner ce quartier de Quineleu est de passer, sans faire le zouave, par-dessus le pont de l’Alma qui enjambe les voies de chemin de fer et près duquel aucune princesse anglaise ne vient se crasher ou alors c’est qu’on ne me dit pas tout.

200225 Nikon 186Au bout du pont vous tournez tout de suite à gauche dans la rue de Châtillon et vous passez entre les lieux d’enfermement les plus emblématiques de la ville de Rennes. Sur votre droite se trouve la prison des femmes et sur votre gauche cet immeuble de bureaux neufs complètement grillagé que j’ai pour ma part baptisé « la Burqa ». Le vocable « architecte » est un gros mot partout, pas seulement à Bruxelles, et le concept de permis de construire débouche très souvent sur une insulte à l’environnement.
 

200225 Nikon 184Après, vous vous perdez dans un labyrinthe de rues presque toutes semblables les unes aux autres et surtout envahies par des SUV stationnés-là parmi d’autres voitures de taille imposante. Le concours de celui qui a la plus grosse n’est toujours pas terminé.

Comment remettre de la poésie dans tout cela ? C’est bien simple suggéré-je à Nathalie A., notre maire préférée, que j’aime bien quand même malgré ses partis pris architecturaux ultra-minéraux et limite très moches. En rebaptisant tout ! Puisqu’il y a une rue des Ormeaux, faisons comme dans les lotissements neufs : créons l’unité du lieu par la thématique maritime ou zoologique induite par ce nom de rue ! Appelons Brigitte Bardot à la rescousse ! Rebaptisons les rues de Quineleu à l’aide de coquillages et crustacés !

Exit la rue de Riaval, fin de la rue Jean Boucher, arrêtons-nous à la poissonnerie !

Voici mes suggestions du jour :

200225 Nikon 228

Rue de la Môme Crevette, personnage de Georges Feydeau
Rue de la Moule rieuse
Rue de la Bernique hurlante, café rennais
Rue Marcel Gamba
Rue Bernard Lhermitte, frère d’acteur
Rue des Sœurs Palourde (elles étaient de mœurs légères)
Rue des Longs couteaux (à éviter la nuit)
Rue Homard Matuer
Rue du Crabe aux pinces d’or
Rue Abalone Some, cow-boy
Rue des Quatre praires d’Altona
Rue O. Bulot (elle donne dans la rue des Trois huît·re·s)
Rue Coquillard Saint-Jacques
Rue Casse-corps et Mollusque
Rue Yoko Bigorneau
Rue de l’écrevisse platinée
Rue Jean Tanlamer
Rue de la Naissance de Vénus
Rue Monseigneur Pétoncle-Walrus, prélat belge

***

200225 Nikon 217Marina B., mon épouse préférée, m’insinue dans les conduits auditifs que la rue des Ormeaux aurait été ainsi dénommée en référence aux arbres qui portent ce nom ou aux jeunes ormes plutôt qu’à ces coquillages en voie de disparition..

En arrivant à la fin de ce billet, il se pourrait donc que j’aie tout faux quelque part ! Voilà ce que c’est que d’emboîter le pas à la première idée qui passe en arborant un « suivez-moi-jeune-orme » derrière son chapeau !

Si malgré cela j’ai le droit de revenir en deuxième semaine, je repartirai de zéro et parlerai du jeu Abalone que je ne connais pas et auquel sans doute je ne comprendrai rien non plus !

Car voilà, la preuve en est apportée à nouveau : en ce bas-monde l’imbécile curieux et indigeste survit mieux que le coquillage nacré, comestible et fort couru !


Ecrit pour le Défi du samedi n° 649 d'après cette consigne : abalone

Publicité
Publicité
5 février 2021

BADEN-BADEN ?

AEV 2021-17 JK Baden-Baden

« Nul ne guérit de son enfance » chante Jean Ferrat alors que, de mon point de vue, ce n’est pas une maladie !

Je suis peut-être un peu zinzin ou pas fute-fute mais cette époque où l’on jouait à cache-cache, au yoyo, au tac-tac, où l’on se gavait de bonbons, où l’on pouvait pleurnicher «Non mais allô quoi maman bobo !» il me semble bien que, à l’instar de Souchon, «j’ai dix ans» et je n’en suis pas sorti. Le premier qui dit que je suis bidon à un gage : chanter une chanson de Nana Mouskouri avec un truc en plumes dans le derrière façon Zizi Jeanmaire !

Enfants, je nous promets un bel avenir : nous aurons plein de souvenirs !

Souvenirs de l’école où nous rêvions tous d’être le chouchou de la maîtresse, des flonflons de la ducasse, comme on appelle au pays du Petit Quinquin cette fête à Neuneu où l’ado fait le kéké dans l’auto tamponneuse et caresse les petits lolos de la pom-pom girl locale – en fait une majorette un peu nunuche ! – sous la bâche propice de la chenille qui redémarre, des cancans sous le préau, d’une vie sans chichis et des jeux à qui mieux-mieux.

Remembrances de lectures et de films pour simili-bègues : Tintin, Bibi Fricotin et Razibus Zouzou, Pif le chien, Hercule le chat, Tonton Césarin, Tata Agathe, Doudou, Riquiqui l’ourson, Roudoudou le chevreau, Tintin le petit reporter, Fanfan la Tulipe, Modeste et Pompon, Titi et Grosminet, Fifi Brindacier, les neveux d’Onc Donald, Riri, Fifi, Loulou…

Eh quoi ? Il faudrait quitter tout cela pour aller jouer du coupe-coupe à Pago-Pago, embarquer dare-dare dans le Boeing Boeing pour aller étudier les ravages de la mouche tsé-tsé au pays des tam-tams et des femmes en boubou, gri-gri obligatoire pour éviter la fièvre, ou simplement jouer au gogo dans un bureau : métro-boulot-dodo, jaja, tchin-tchin, French cancan , froufrous de dentelle, zizi-panpan olé-olé avec pépée parfumée chez Coco Chanel puis plans plan-plan de vie pépère avec train-train quotidien, popote surgelée, tortore livrée, tourisme au lac Titicaca, vacances à la papa ou safari photos au Popocatepetl ? C’est ça, être adulte ? Ronronner comme un chat ascendant coq-en-pâte ?

Désolé mais c’était plus drôle avant quand le lait s’appelait lolo, le nouveau-né bébé, le sein néné, le vieux gaga, le train tchou-chou, la voiture vroum-vroum, le klaxon pouêt-pouêt, le cheval dada, les jouets joujoux, le violon crincrin, le discours télévisuel blabla, le vase de nuit popo et l’urine pipi ; quand, au lieu de la haine déversée sur Twitter, on riait comme des fous avec Mimi Cracra ou bien « caca boudin » !

Et s’il y a un fait qui me réjouit c’est bien de repenser à ce même mouvement de régression vers les mots à consonnes redoublées constaté chez… le général de Gaulle pendant les événements de mai 1968 ! N’est-ce pas à Baden-Baden qu’il est allé chercher un moyen de faire pan pan cucul aux cocos, aux maos et aux autres affreux jojos de la chienlit ?

Heureusement, il n’a rien trouvé là-bas. C’est très surfait, Baden-Baden ! Même chez les barbares on ne trouvait plus – ou pas encore - de poudre de Perlimpinpin pour venir à bout des Gaulois réfractaires !

AEV 2021-17 JK Baden-Baden 2

Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean du mardi 2 février 2020

d'après cette consigne ci-dessous

30 janvier 2021

L'ALBUM ZUTIQUE

DDS 648 Le Fantôme de l'apéro (Plonk et replonk)

Tous les soirs, au café de l’Univers, à l’heure de l’apéro, le fantôme de Vitalie venait se joindre à nous.

C’était d’autant plus surprenant que la maman d’Arthur était toujours vivante, là-bas ou plutôt là-haut dans les Ardennes. Son fils, notre poteau, lui écrivait régulièrement pour lui demander du matériel photographique, des livres techniques et des…

Non, pas des nouvelles de son trou perdu. Notre copain s’en foutait complètement de Charleville, de Mézières et de la ferme de Roche.

Les nouvelles du trou perdu, c’est le fantôme qui en réclamait.

- Rends-moi l’album, Arthur ! S’il te plaît !

DDS 648 Hôtel_des_EtrangersParis_gravure- Mais je ne l’ai plus, Maman. Je ne l’ai jamais eu d’ailleurs. C’était un recueil collectif. Comme un livre d’or sauf que c’était de la merde !

- Rends-moi l’album Arthur ! Fais pas le clown ! Retrouve-le et rends-le moi ! Ou rends-moi le !

- Je ne vais pas retourner à Paris pour ça ! Je ne sais même pas s’il y est encore d’ailleurs. Et pourquoi le veux–tu ?

Et là, comme gêné d’avoir à se justifier, le fantôme disparaissait. Mais le lendemain, il était là de nouveau, le fantôme de l’apéro, avec sa litanie.

- Rends-moi l’album, Arthur ! Arthur, où t’as mis le corps du délit ? Je t’avais pourtant déconseillé de t’associer à ces vilains bonshommes !

- C’est de nous que vous parlez, Mme Fantôme ? demanda Bardey ce soir-là. Mais le fantôme semblait sourd, aveugle, obsédé par son idée fixe, ne s’adressant qu’à son commerçant de fils.

- Pourquoi ne reviens-tu pas ? Quel intérêt trouves-tu à faire Chabanais chez les zoulous ? Tu ne veux pas revenir chercher l’album ?

- Zut, Maman !

***

DDS 648 Album zutique 1970234Un jour que ce rigolo de Suel, après nous avoir offert la tournée du patron, était venu s’asseoir à notre table, avant même qu’elle ait ouvert la bouche, il avait entrepris Vitalie.

- Alors ? C’est vous, la môme Fouettard ? L’ange aux ailes de plomb ? Vous savez que le bikini blanc vous va à ravir ?

- Arthur, rends-moi l’album !

- Mais ne pensez donc pas qu’à ça, la star d’outre-monde ! Vous ne voulez pas vous envoyer en l’air avec le Don Quichotte des canapés ? Vous ne savez pas ce que vous perdez !

Et c’était devenu la meilleure blague dans le coin, ce fantôme sourdingue auquel on proposait la botte. Tout le monde a rappliqué pour lui proposer de jouer à saute-jarretelles ou à «Enfourchez vos balais !» sans que le fantôme ne dévie d’un pouce et ne réclame «à corps et à cris» son foutu album.

Même Rimbaud ne comprenait plus rien à ce phénomène qu’il avait de son côté baptisé, de façon assez poétique, «le bal des osselets».

C’est Mme Suel qui eut le fin mot de l’histoire. Un soir qu’elle s’était jointe à nous elle avait proposé à Vitalie de venir admirer une éclipse d’étoile.

Le fantôme l’avait suivie derrière l’hôtel et s’était confié à elle

DDS 648 Sonnet du trou du cul- En 1871 mon fils est parti sur un coup de tête s’acoquiner avec Verlaine, la reine des soiffardes. La jeunesse, vous savez ce que c’est ! On se défonce, on ne commet que des polissonneries, on est le diable incarné ! L’autre a été puni d’avoir abandonné femme et enfant : en cabane, Papa ! Surtout parce qu’il avait tiré sur mon Arthur. Ce que je veux, moi, c’est effacer les traces de tout cela. Je veux détruire ces rinçures et surtout retrouver l’album zutique pour le brûler.

- Qu’est-ce que vous gagnerez à cela ?

- Je ne veux pas que mon nom soit associé à ce «Sonnet du trou du cul» qui y figure en bonne place et je sais qu’une fois que j’aurai fait cela, il pourra y entrer tranquille.

- Où ça ?

- Au Panthéon.

- Je vais vous aider, lui proposa Madame Suel.

***

Le lendemain Mme Suel a raconté l’histoire à son mari puis elle a fait ses valises et est repartie pour l’Europe. Adios, chiquita ! Le soir le fantôme n’est plus revenu à l’apéro ; on ne l’a jamais plus revu et Mme Suel non plus. Simplement, depuis ce jour-là, on s’est mis par plaisanterie à appeler Rimbaud «Trouperdu !». C’est d’ailleurs sous ce nom qu’il a été enterré au cimetière européen d’Aden.

 

Ecrit pour le Défi du samedi n° 648 d'après cette consigne : Zut !

28 janvier 2021

OIN-OIN SOLDAT

les soeurs mata-hari

Mataharivonne et Mataharithé, comme on les avait surnommés, c’étaient vraiment, quand ils faisaient leur numéro, les frangines en folie ! Qu’est-ce qu’on a pu se marrer, de leur temps, dans notre régiment ! Elles avaient dû l’avoir au sentiment, le sergent-major recruteur, parce qu’en général, dans la marine suisse, on n’accepte pas les travelos.

Quand elles quittaient l’uniforme pour mettre du beau linge, qu’elles rembourraient leur soutif pour faire croire qu’il y avait du beau monde au balcon, on avait beau savoir qu’il faut se méfier des contrefaçons, eh bien on y croyait. On n’avait jamais vu un jeu de folles pareil. Comment elles te dansaient le tango des oubliettes en lançant : « As-tu vu ma croupe, Suzette ? » ! Impayables !

Mataharivonne, la blonde éruptive, c’était l’effeuilleur le plus subtil qu’on ait jamais contemplé. De la prestidigitation, ses polissonneries !

Mataharithé, diaphane en diable, taille de croupière et bas résilles hyper-tendus pour encaisser des dollars à vau-l’eau, avait le valseur énigmatique et la chevelure rousse. Elle faisait plus encore sorcière que sa sister mais c’était une môme en or massif.

Après leur numéro d’à saute-jarretelles, ça partait sur les chapeaux de roues à l’auberge de Zelda la Douce. Faut dire qu’on avait une belle descente de cave, que la sienne était bien garnie et que l’Härdöpfeler local titrait bonbon. Après la tournée des cocottes, la tournée du patron, on n’y allait pas de main morte avec la voleuse de santé ! Envoyez la soudure, hissez le pavillon, descendez les litrons !

***

Sauf qu’après leur départ soudain, aux sœurs Mata-Hari, on s’est pris tout sur le paletot ! Un brin d’apocalypse et un discours fumace du lieutenant Droz nous sont tombés dessus. Le vieux pétait du feu par les naseaux.

Ces deux salops, enfin, ces salopes, avaient embarqué d’après lui les plans du sous-marin nucléaire !

Hou les vilaines ! Qu’elles se soient envolées avec les diams de la couronne, passe encore c’était de bonne guerre. Mais nos deux travestis, nous en sommes restés de tous nos sens interdits, c’étaient vraiment deux femmes !

- Bande de niais qui n’avez rien vu ! nous a balancé le lieutenant. Vous auriez dû vous douter, quand même ! Mataharivonne ça rime avec ?

- Espionne !

- Et Mataharithé ?

- Avec féminité !

- Voilà ! Vous auriez pu faire le lien avant ! Ca sert à quoi qu’on vous donne des cours de rap à röstis, hein ? Allez, enfourchez vos balais, vous êtes de corvée de chiottes ad vitam eternam !

Quelle connerie, la guerre !


Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean du mardi 26 janvier 2021

d'après la consigne 2021-16 ci-dessous.

27 janvier 2021

C'EST VOUS LE ZOMBIE ?

A corps et à cris je l’aurais réclamé, ce quatrième voyage dans la cité des doges ! J’en avais fait le titre d’un recueil de poèmes : «Je veux retourner à Venise !».

Eh bien désormais, c’est fini. Y’a du tirage entre nous. Elle est devenue, la Sérénissime, un paradis au rabais, le diable incarné, la marionnette de la mondialisation.

Quand je vois ces documentaires sur le tourisme de masse, j’ai un cœur qui saigne. Entre les paquebots géants, les commissariats et presbytères transformés en hôtels ou en restaurants, le ballet bleu des valises à roulettes et les Airbnbs à tous les étages, je me dis qu’on se tape la tête. C’est qu’il y en a des Béotiens et du «beau» monde au balcon qui trouve juteux à souhait de transformer cette ville belle à pâlir la nuit en Disneyland mondial.

carte-plonk-1020

Alors tant pis pour le carnaval, les gondoles sous la neige, les couleurs de Burano, l’acqua alta que je ne verrai pas ou plus. Continuez le massacre sans moi ! Il me reste mes photos de lieux diaphanes en diable, mes petites aquarelles et mes disques de Vivaldi.

De toute façon il y a désormais un tueur parmi nous. Les voyages sont interdits pour un sacré bout de temps ! Respire Venise ! Remercie le virus qui t’apporte la paix ! Nous autres qui nous prenons tout sur le paletot, nous serons bientôt tous au pageot avant d’aller dormir dans le cercueil capitonné qui nous attend plus vite que nous n’avions prévu !

J’arrête ici mon homicide-blues ! Bonne année pour les gnomes quand même !


Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean du mardi 26 janvier 2021

d'après la consigne 2021-16 ci-dessous.

Publicité
Publicité
25 janvier 2021

PAF ! PRENDS ÇA DANS LE PIF !

- J’ai toujours peur qu’il m’arrive un truc moche, Julot !

- C’est pour ça que t’es pas sortie de ta chambre depuis deux jours ? Qu’est-ce qui peut t’arriver ? Un bouton sur le pif ? Il n’en serait que plus joli, ma princesse adorée !

- Je ne sais pas pourquoi, en ce moment, je ne pense qu’au grand amour romantique et passionnel…

- Eh bah bravo, c’était bien la peine de faire un bac + 10 ! Si c’est pour accoucher d’une midinette qui pense comme chez Harlequin!

- Sincèrement, je crois que j’ai gâché ma jeunesse, Jules !

- Comme neuf Français sur dix ! Huit Italiens sur neuf ! Trois Egyptiens sur quatre ! Allons, ils ne te plaisent plus nos petits cinq à sept ?

- Non. De toute façon, le sexe, j’ai décidé d’arrêter !

- Mais c’est monstrueux ! MONSTRUEUX !

- On ne peut pas en dire autant de ce qu’il y a sous ta ceinture. Ces derniers temps t’a pas souvent la gaule au moment du repos du guerrier ! T’es pas que mou du genou, mon chou ! Ca va être dur à encaisser, C.J.C., mais j’ai pris la décision : je te quitte !

- Ah ben voilà, nous y sommes ! A l’ancienne, quoi ! Peux-tu m’expliquer pourquoi la moutarde t’est montée au nez, tout d’un coup ?

- Vaudrait mieux pas. Ça risque de trop piquer. C’est une accumulation. Rappelle-moi : ça fait combien de temps qu’on se connaît ? Depuis que je suis arrivé en tapis on a mis trop de poussière et de rancœurs dessous, ça m’asphyxie, ça m’empoisonne et ça peut exploser grave. Méfie-toi, ces derniers temps je pars au quart de tour !

- Je sais ; t’es connue pour ça ! Tu as un caractère à t’emporter pour un rien, à briser les vases, à grimper aux rideaux. Combien de fois ne t’ai-je pas conseillé de te calmer, ma douce ?

AEV 2021-15 Jean-Paul - reine du muguet

- Non je ne me calmerai pas ! Non je ne me calmerai pas, connard ! J’en ai marre de ta soif de pouvoir, de tes côtés machos, mégalos, proxos, triomphaux. T’es vraiment qu’une caricature de Julot !

- Allons, allons… Une petite tisane à la camomille ? Et puis cesse de jurer comme ça ! Les femmes sont en général plus distinguées que les hommes

Paf ! Elle le gifle !

- C’est ça, et moi je suis Cléopâtre !

- Ben ? Oui, bien sûr ! Non ? D’un seul coup d’un seul t’as été élue reine du Muguet à Compendium (Gaule supérieure) ?



Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean  du mardi 19 janvier 2021

d'après la consigne n° 2021-15 ci-dessous.

23 janvier 2021

LE PARTI PRIS DU YOYO (ET V'LAN, PASSE-MOI LE PONGE !)

Si c’était un gâteau, ce serait un Paris-Brest. Tout d’abord pour la symétrie, comme lui constitué de deux cercles parfaits en leur milieu soudés.

Si c’étaient deux villes ce seraient les mêmes.

Ponge - Le Parti pris des choses

De la bonne Lutèce - a-t-elle amphore grandi, cette enfant ! Est-elle embouteillée depuis qu’elle en a pris, de la bouteille, de l’âge ! - il aurait hérité de la nervosité, du mouvement de fourmilière : sa ficelle s’engouffre et s’enroule au moyeu comme l’heure de pointe avale l’employé, le trottin, le badaud à la station Guimard. Hector ! Tous ces Orphées descendent par ta bouche grande ouverte remercier Fulgence qui leur souhaite bienvenue mais votre enfer de 1900 on en ressort et, c’est le mot, on en remonte à Saint-Lazare et on s’élève dans les airs ! Ô la Chapelle ! Ô Stalingrad ! Ô ma Glacière ! J’y ai perdu mon Eurydice et mon bonheur (Glück Auf Deutsch !)!

De Brest il aurait le silence-même, le roulis des flots, la force de traverser les siècles sans beaucoup changer, le côté têtu des Bretons qui s’obstinent à la tradition, au travail à la main, au hissage des voiles, à la science des noeuds, un jeu d’enfant par tous les temps, rappelle-toi, Barbara, tu en possédais un avant qu’il y ait la guerre, cette connerie infâme.

Et donc, tout rond comme une pomme, possédant à peu près sa taille, mais plus cylindre plat que sphère, le yoyo tient dans la paume d’une main d’enfant.

De l’action ! De l’action ! De l’action Saint-Gobain au portefeuille boursier, qui tire les ficelles du mouvement des valeurs ? Quelle trivialité agite et pour quel gain tous les boursicoteurs ?

Pendant ce temps le yoyo chante, en déroulant régulièrement la note continue de son vrombissement, les valeurs du mouvement.

On pourrait pour conclure poser à son propos trois questions très idiotes :

Est-il normal qu’en grandissant l’être humain l’abandonne, infidèle à son jeu d’ascenseur onaniste, au profit du bilboquet ?

Où se situe la touffe qui sert à yoyoter ?

Pourquoi, au Jeu des 1000 € ou à Questions pour un champion n’offre-t-on plus à la gagnante ou au gagnant un yoyo en bois du Japon avec la ficelle du même métal ?

P.S. Vivons-nous dans un monde de charlots ?
 



Ecrit et réalisé pour le Défi du samedi n° 647 d'après cette consigne : yoyo.

20 janvier 2021

YOLANDE G.

Marie G

Ma cousine Yoyo !

Son papa était coco !

Dansait-elle le french cancan ? Aimait-elle Kiki Caron ? Coco Chanel ? Mimi Mathy ? Zaza Fournier ? Zizi Jeanmaire ? Ou les trouvait-elle cuculs ? Pas futes-futes voire nunuches ?

Quel était son dada ? Portait-elle des bibis ? Dansait-elle en tutu d’insolents entrechats au son des cha cha chas du vieux bal à papa ? Connaissait-elle par cœur tout Nana Mouskouri ? Est-ce qu’elle aimait Gérard Philipe dans le rôle de Fanfan la Tulipe ? Qui est-ce qu’elle préférait ? Anquetil ou Poupou ? A-t-elle vu Jerry Lewis dans « Le Zinzin d’Hollywood » et « Trois bébés sur les bras » ? Rêvait-elle d’être Sissi ?

A-t-elle eu du chagrin quand Lady Di se vianda ou était-ce elle qui conduisait la Fiat Uno dans ce foutu tunnel du pont de l’Alma ?

Est-elle jamais allée au lac Titicaca, au Popocatepetl, a-t-elle ramené de Poméranie un loulou très concon qu’elle a appelé Chouchou ?

Appelait-elle Fifi le petit canari de son mari Roro ? Le rendait-elle gaga la nuit dans leur dodo ? (Ca c’est le pompon, affreux jojo de Joe ! Ca ne se fait pas vraiment de poser des questions sur le zizi-panpan ! Même si c’est très tentant !). Qui des deux « ronron ronron » ron-ronflait le plus fort ?

Est-ce que leur fils Thierry qu’on surnommait Titi a eu beaucoup de bébés qui promenaient leur doudou et f’saient pipi partout, qu’on couvrait de joujoux et à qui on offrait des albums de Tintin, de Bibi Fricotin et Razibus Zouzou, le journal de Mickey avec Geo Trouvetou et les Castors juniors, Riri, Fifi, Loulou, qui trouvait grand plaisir à dire « caca-boudin » à l’époque de Mimi Cracra ?

Ils tenaient un bistrot quelque part dans le Gard. Est-ce qu’on y dévalait du whisky à gogo ? Du jaja de là-bas ? Tonton René, Tata Lulu y chantaient-ils «Nini peau d’chien» quand ils y allaient ou «Lily» de Pierre Perret ? Est-ce que Pépé chantait «Le chapeau de Zozo» ou «Frou-Frou» lorsqu'on passait les voir, leur faire un petit coucou ?

Ca fait bien trente-six ans que je ne l’ai pas revue ! Je ne devrais pas avouer ça, je vais passer dare-dare pour l’espèce de sauvage que j’ai toujours été !

Est-elle devenue une grosse dondon ? Se gave-t-elle de babas, de bonbons ? Porte-t-elle quelquefois un boubou africain ? Aime-t-elle Lady Gaga, le steak tartare, l’agar-agar, la tortore de barbare ou la popote pépère ? Son médecin lui donne-t-il pour soigner ses bobos de la poudre de Perlimpimpin ?

Comment c’est désormais, son train-train quotidien ?

Dans mon souvenir à moi c’était une chouette nana, ma cousine Yoyo, et je l’aimais beaucoup cette famille de Guesnain, une petite ville du Nord où tout le monde sait par cœur les paroles du «Petit Quinquin» !
 



Ceci n'est pas ma contribution au Défi du samedi n° 647 sur le thème : yoyo !

Les explications arriveront demain !

17 janvier 2021

FINIR EN QUEUE DE POISSON

AEV 2021-14 JK - kiraz

Les Parisiennes vont 
A Saint-Trop’ en été
Oublier qu’elles ont
Confiné au printemps
Dans un gîte en Bretagne.

Elles y font voir leur beau derrière
Sans respect des gestes barrières
Et connaissent des jours meilleurs
En s’envoyant l’maître-baigneur.

Rentrées, elles rêvaient de montagne
Chamonix, Megève ou La Plagne.

Les Parisiennes l’ont mauvaise
De remettre ça à l’hiver,
De faire une croix sur l’Alpe-d’Huez :
Plus de plaisir et plus de braise
Pour cause d’arrêt des tire-fesses,
D’absence de lieux ou boire un verre,
De couvre-feu trop sanitaire !

Les moniteurs de La Clusaz
Pour eux non plus c’n’est pas la joie :
Ils vont draguer à la piscine
Les copines de leurs cousines
Celles qui traînent toujours en fuseau
Et qui sont raides comme des poteaux
Les trop connues sirènes alpines.


AEV 2021-14 JK - toile-sur-chassis-skieuse-vintage

 Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean du mardi 12 janvier 2021 

d'après la consigne 2021-14 ci-dessous.

17 janvier 2021

MIROIR, MON BEAU MIROIR

AEV_2021_14_Jean_Paul___Snow_White_Mirror_3

- Et dis-moi qui est la plus belle d’entre toutes ?

- Ce n’est pas toi, jalouse ! C’est celle qui, la nuit des étoiles filantes, voit les feux de l’amour. C’est celle dont le cœur et la raison, lucides, savent distinguer le véritable gentleman de l’homme idéal et du mufle qui s’endort. C’est celle que la flûte, le vent galant des poètes, fera toujours danser, légère à l’infini. C’est la fille des rues qui cueille la fleur des îles dans le roman du large de Verlaine et Rimbaud. C’est celle qui court, curieuse, derrière le lapin blanc au rendez-vous galant du bon valet de cœur quand le bonheur est dans le pré et le vin tellement agréable qu’un décolleté plongeant dans l’éther glacial de Venise transporte les amoureux de Peynet sur de lointains satellites de feu…

- OK, OK, arrête ! Je l’imagine très bien ta Dulcinée bimbo ! Elle aime la lingerie fine, elle a les renflements qu’il faut là où il faut et le sourire à la con des morues de la pub ! Elle bacchanale avec le dieu Bacchus, succube dans les allées du bois de Boulogne et manigance ailleurs avec Rocco ou les sept nains. Elle a le cul si débauché qu’on organise des battues de police outre-Manche pour mettre la main dessus et l’enfermer dans les fumets des grands orages d’été de Georges Sand et Alfred de Musset. Tu me rends folle, miroir magique ! Ça me troue le derrière de savoir que la plus belle d’entre toutes c’est la p’tite obsédée qui méduse trolls et lutins !

AEV 2021-14 JK - Blanche-neige pin-up


Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean du mardi 12 janvier 2021 

d'après la consigne 2021-14 ci-dessous

Publicité
Publicité
Mots et images de Joe Krapov
Publicité
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 788 885
Archives
Newsletter
Publicité