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Mots et images de Joe Krapov
diaporama chante
16 septembre 2023

PAS TOUT A FAIT ENCORE AMNÉSIQUE. 10, Gabiers, moussaillons et marins d'eau douce, salée ou dessalée

Qu’on habite ou pas au bord de la mer, tout commence avec « Maman, les petits bateaux qui vont sur l'eau ont-ils des jambes ? Mais oui mon gros bêta : s'ils n'en n'avaient pas ils ne marcheraient pas ! ».

On vous fait très vite enchaîner avec « Ohé ohé matelot ! Matelot navigue sur les flots » et son terrifiant « on tira’z’a la courte paille pour savoir qui serait mangé (sur le gril ?) ». Celle-là, « Il était un petit navire », vous fait bien piger que vous êtes dans la même galère qu’Obélix et que si vous tombez petit dans la marmite des liaisons mal-t-à propos il n'y a pas de raison pour que vous soyez premier prix d'orthographe quelques années plus tard.

DDS 785 Haddock

On le comprend très vite que la mer est dangereuse et que le métier de marin n'est pas une sinécure. Il n'est que de voir Archibald Haddock lors de sa première apparition dans "Le crabe au pinces d'or" : l'alcool a fait de lui un homme fini, un gabier de potence : il ne cesse et ne cessera jamais d’injurier à tout va tous ceux qui se mettent en travers de son chemin. On apprendra plus tard qu'il tient ça de son ancêtre François de Hadoque et ce n’est un secret de polichinelle dans le tiroir pour personne : c'est juste un secret de la Licorne.

DDS 785 Le Vasseau fantôme 2

Les gabiers de l'Antiquité n'étaient pas mal non plus dans le genre grossiers personnages fort peu fréquentables. Les compagnons d'Ulysse sont plus du genre Wagner dirigé par Évguéni Prigogine dans le Vaisseau fantôme que Bateau ivre dirigé par Arthur (Rimbaud ou le fantôme justicier, je vous laisse le choix) : les guerriers de Sparte ou d'Athènes trempaient pas leur épée dans l'eau et avant l'Odyssée il y avait eu « l’Iliade, fais les valises, les partisans d'un Giro dur prétendent que la guerre de Troie à bien eu lieu ! ».

Mis à part l'univers rondouillard de Pépito et Ventempoupe de Bottaro, tout ce que la mer a porté comme navigateurs, explorateurs, Corsaires, pirates, flibustiers, négriers et amiraux de bateaux lavoir, de Cortez (the killer) à Long John Silver (and gold), est si peu admirable que quand la mer monte j'ai honte.

DDS 785 Pepito

Oui, j'avoue, j'ai honte d'avoir mis dans ma guitare autant de ces chants de marins qu'on vénère en Bretagne au point de leur consacrer des festivals comme à Paimpol, Cancale ou Ploumanac'h.

Bien sûr qu'il y en a de très chouettes, des chansons, et de très jolies comme « Brave marin », « Loguivy de la mer » « Les Roses d'Ouessant » « Le Mariage secret de la mer et du vent ».

Bien sûr que j'adore « Mon petit garçon » « Le Vieux », « Satanicles », « Quinze marins » et les autres pépites de Michel Tonnerre. Mais quand même, quel sexisme dans ce folklore maritime en chansons !

« Pour nous sont les garces des quais qui volent, qui mentent, qui font tuer » ! Les plus belles servantes emmènent Jean-François de Nantes, gabier de la Fringante dans leur soupente. Plus tard – je raccourcis très vite ;-) car il y a trop de couplets - il se lamentera à l'hôpital (de Nantua ? ) où c’que c'est qu'on lui demandera : « Est-ce que ça vous chtouille ou est ce que ça vous grttouille ? ».

Quel programme dans « Le Forban » : «  Je bois, je chante et je tue tour à tour », « Vivre d'orgies est ma seule espérance ».

Oui, je l'avoue, j’ai tellement honte de réclamer « Du rhum, des femmes et de la bière nom de Dieu » que je n'interprète même pas un des couplets de la chanson de Soldat Louis !  

DDS 785 Pogues

Je me souviens qu’un des premiers albums des Pogues s'intitule « Rhum, sodomy and the lash » ! Bonjour l'ambiance du genre « Vous avez eu mon pucelage et je n'ai pas eu votre argent » !

Chère Agrippine de Bretécher, ô gente dame, prenez peine et prenez vapeur : je vais lever le voile sur une culture masculine bien animale, sur des hommes qui vivent en mer entre eux et s’en viennent tirer des bordées et pisser comme je pleure dans le port d’Amsterdam en traitant les femmes d'infidèles avant de repartir à l'autre bout du monde faire la même chose.

Non finalement, je ne vais pas lever le voile sur ma honte : je vais surtout avouer qu’elle est avant toute chose celle d'un opportuniste ! Si je chante ces chansons, c’est parce que ces dames de par ici me les demandent : « Allez Joe, joue-nous l'Irlandais !» « Balance ton port, souffle la voile à l’harmonica, fais danser Fanny de Laninon que les joueurs de boules embrassent !".

Ce dont j'ai honte, comme Louis Aragon, c’est de n’y comprendre rien, aux termes de marine ! Qu'est-ce que c'est un gabier ? Un hunier ? Que signifie « prendre un ris » ? Une garcette, une grande vergue, une bitte d'amarrage, un nœud marin, un cacatois, tout cela est-il quelque chose de cochon ? C'est quoi un cabestan ? Et un câble qui se détend ? Quelle différence entre misaine et artimon ? Est-ce que bâbord est côté cour et tribord côté jardin ? Pourquoi y a-t-il une figure de proue et pas de figure de poupe ? Est-ce qu'on peut mettre un gabier à bord d’un sous-marin jaune qui devient vert lorsqu'il pénètre dans les eaux territoriales françaises ? 

DDS 785 Barbe-rouge

Est-ce que je n'ai pas trop jeté l'encre encore une fois aujourd'hui ?

N'est-il pas temps de chanter la nouvelle chanson que j'ai ajoutée à mon répertoire pour l'occasion ? Ça va, rassurez-vous, celle-ci est tout à fait convenable !

P.S. J'aurais pu aussi bien travailler « Le Gabier noir » du même auteur, Michel Tonnerre. Ce sera pour une autre fois ! 

 

Réalisé pour le Défi du samedi n° 785 d'après cette consigne : gabier

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12 août 2023

PAS ENCORE TOUT A FAIT AMNÉSIQUE. 6, Faire le Jacques

DDS 780 Jackie la photo de départ

On a beau raconter sa vie sur Internet, les un·e·s et les autres, on se connaît très mal finalement. Ainsi ce chien qui est une chienne, quel est son nom exact ? Peut-être Jackie (Russell) ? Peut-être pas !

J’aurais pu me contenter de chanter la chanson homonyme de Jacques Brel, d’abord parce que j’ai noté jadis ses accords pour ma guitare et ensuite parce que j’ai eu l’idée de l’interpréter à la douze cordes et à l’harmonica à la façon de Neil Young. Or je repars ce vendredi camper pour une petite semaine et je n’ai plus que ce mardi pour l’enregistrer.

Mais comme l’heure n’est peut-être plus à « faire le Jacques », je m’en vais jouer à nouveau pour vous au jeu du Bistrot mémoire. Je me souviens en effet d’avoir vu il y a quelques années, au festival Quartiers en scène à Rennes, un excellent spectacle dans lequel les interprètes avaient choisi de ne chanter que des chansons écrites par des prénommés Jacques ! Intéressant concept, amusant programme. Déclinons-le, recomposons-le ! 

On pourrait commencer avec les tubes des années 60 et 70 des deux Jacques associés, Lanzmann et Dutronc : « Et moi et moi », « Les Cactus », « L’Opportuniste », « J’aime les filles », « Sur une nappe de restaurant », « La Fille du père Noël », « Il est cinq heures Paris s’éveille », « J’ai tout vu, tout lu, tout bu », « Fais pas ci, fais pas ça », « Le Petit jardin » etc. D’autres chansons de Dutronc sans Lanzmann : « Gentleman cambrioleur », « Merde in France »… 

Jack l'éventreur

On pourrait enchaîner avec quelques tubes de Jacques Higelin : « Champagne », « Tombé du ciel », « Poil dans la main », « Je suis mort, qui qui dit mieux ? », « La Croisade des enfants », « Pars », « Encore une journée de foutue »…

On ajouterait Jacques Prévert : « Barbara », « En sortant de l’école », « La Pêche à la baleine », « Chanson pour les enfants l’hiver »…

J’aimerais y mettre aussi, dans cette compilation, l’orchestre de Jacques Hélian mais comme je suis plus adepte de Ray Ventura aucun titre ne me revient en mémoire, sauf, vaguement, une histoire de petit train…

On pourrait faire un sketch de Philibert à l’entracte : ils étaient écrits et interprétés par Jacques Bodoin : « La Table de multiplication », « La Leçon d’anglais » (aïe go tou the bla-keu-bo-ar-de), « La Panse de brebis farcie » ou une imitation du chien Pollux auquel il prêtait sa voix dans « Le Manège enchanté ».

De Jacques Douai je n’ai dans ma guitare que « File la laine » sans doute parce que je ne suis pas assez rouet pour me frotter sans me piquer à la quenouille.

BossuetPour Jacques Brel, c’est compliqué. J’ai une telle admiration pour cet auteur-interprète que cela m’a longtemps semblé un crime qu’on reprenne son répertoire. « Amsterdam » par David Bowie, ça n’a quand même pas très grande allure ! J’ai quand même accepté d’interpréter « Il peut pleuvoir » dans un spectacle de chansons « météorologiques » et aussi « Vesoul », « Rosa » et « La Chanson de Jackie ».

Je ferai l’impasse sur Jacques Lantier puisqu’il n’est qu’interprète de ce répertoire ancien où j’ai moi-même beaucoup pioché. Et encore plus sur Jack Lang dont la tournée d’adieux à l’Institut du monde arabe traîne tellement en longueur qu’elle vire au pathétique.

AlixJe me souviens bien sûr de Jacques Grello, chansonnier qui offrit une guitare à Georges Brassens et de sa chouette chanson « Il fait bon » interprétée par… les Frères Jacques !

Bien évidemment, ceux-là, je les inscris d’office même si eux aussi ne sont que des interprètes. On cite, on re-cite, on récite « La Queue du chat », « La Confiture », « La Chanson sans calcium », « La Marie-Joseph », « Le Complexe de la truite », « Fredo », « Les Tics », « Monsieur Lepetit le chasseur », « C’est ça l’rugby », « Général à vendre », « Don Léon », « Le Cirque », « La Lune est morte », « Le Général Castagnetas », « La Violoncelliste »…

On pourrait évoquer aussi Jacques Demy et chanter « Nous sommes deux soeurs jumelles » des « Demoiselles de Rochefort ». N’oublions pas Jacques Martin avec sa « Pêche aux moules » et son « Je frappe au n° 1 » !

Je vous fais grâce de Jackie Sardou et de sa progéniture lacustre du Connemara ! Dans le genre capillotracté on peut se lancer dans « Les Dalton » de Joe Dassin. D’après René Goscinny les cousins s’appelaient Joe, Jack, William et Averell mais quels étaient les prénoms des vrais frères ?

Faut-il compter Jean-Jacques Goldman parmi les Jacques et Jacquouille parmi les fripouilles ? Est-ce la faute à Rousseau s’ils tombent au ruisseau ?

Laissez-passer accordé à « Hit the road, Jack » de Ray Charles et à « La Légende » de Jacques Faizant. Aussi à la musique de « Vol au-dessus d’un nid de coucou » (avec Jack Nicholson !) car elle est de Jack Nietzsche, producteur de l’album « Harvest » de Neil Young mais pas de « Ainsi parlait Zarathoustra » qui est de Richard Strauss sans entrer dans la catégorie « valse de Vienne » ! A celle des films de Jacques Tati également !

A ma connaissance Jacques Anquetil, Jacques Rivette, Jacques Doniol-Valcroze, Jack Kerouac, Jacques Ralite, Jacques Attali, Jacques Audiberti, Jacques Villeret, Jacques Charrier, Jacques Chaban-Delmas, Jacques Canetti, Jacques Perrin, Jacques Perret, Giacomo Casanova, Jacques Audiberti, Jacques Charon, Jacques Chirac, Jack Daniels, Jacques Audiard, Jacques Lacan, Jacques Mesrine, Jacques Siclier, Jacques Ferrandez, Jacques Tardi, Jacques Séguéla, Jacques Chancel, Jacques Célère, Jacques Cident et « Jack court sur le haricot magique » n’ont pas écrit de tube inoubliable. 

Jack_Sparrow 2

Ce n’est pas le cas non plus de Jack Baron et l’éternité, Jacky Twitter, non, Jacky Ickx, Jacques Laffite, Jacques Borel, Jacques Flash l’homme invisible de « Vaillant » et Pif-gadget », Jacques 1er d’Angleterre, Jackie Kennedy, Jack Vance, Jacques Vendroux, Jacques Balutin, Jacques Rouland, Jacques le fataliste qui prenait le métro à Reuilly-Diderot, Saint-Jacques de Compostelle qui ne faisait le plein que dans des stations Shell, tous les Jacolandins – Saint-Jacques de la Lande est à deux pas de Rennes – qui viennent jouer au blackjack ou au jacquet dans la rue du Champ-Jacquet pour décrocher le jackpot. Il n’y a pas à dire, quand Jacques cumule, Jacques cumule !

J’ai oublié ce que chantait Jakie Quartz mais je sais encore que le bassiste du groupe Hot Tuna était Jack Cassady. Par contre nous devons à Jacques Offenbach un certain nombre d’airs fabuleux et réjouissants tirés de ses opérettes comme « Votre habit  a craqué dans le dos » « Je suis Brésilien » «  Il nous faut de l’amour » « La Marche des rois »… Il y a aussi Giacomo Puccini mais lui, c’est moins ma tasse de chianti ! Trop bourgeois bohème !

Frère Jacques, Soeur Jak, dormez vous ? D’habitude je ne sais pas comment arrêter ces trop longues énumérations qui naissent dans mon bistrot mémoire mais aujourd’hui, grâce à ce jeu enfantin que tout le monde connaît, c’est plutôt facile :

- Jacques a dit « Posez les crayons ! »

Et il a ajouté :

- Sortez les micros !

 

Réalisé pour le Défi du samedi n° 780 d'après cette consigne

(la photo au début du texte)

23 juillet 2023

Comment vas-tu ? / Ray Ventura et ses collégiens

Nous voilà repartis de chez nous depuis vendredi matin pour un week-end de retrouvailles familiales du côté de Lille (Nord). Ce qui expliquera que je n'ai pas eu le temps de déchiffrer les paroles de ce chef d'oeuvre d'intellectualité qui m'est arrivé via les suggestions de M. Youtube. Pour une fois l'algorithme (dans la peau ?) ne s'est pas fichu de moi. J'ai toujours adoré Ray Ventura, je possède de nombreuses compilations de ses oeuvres mais j'ignorais l'existence de ce titre-là dont on ne trouve pas les paroles sur Internet. Je reviendrai donc la semaine prochaine pour un partage avant mise de l'objet dans ma guitare !

Et peut-être bien d'autres choses vu qu'il y a un compte "Ray Ventura et ses collégiens" avec plus de 200 chansons sur Youtube ! 

22 juillet 2023

PAS ENCORE TOUT A FAIT AMNÉSIQUE. 3, Granit rose

DDS 777 Aquarelle de Bugueles

Buguélès !

Ce n’est pas là le nom d’une ville espagnole ni celui du groupe qui interpréta jadis le tube « Video killed the radio star » dont j’avais acheté le 45 tours : eux, c’étaient les Buggles.

C’est juste un nom sur une carte de Bretagne, un souvenir de l’époque toujours bénie où je vivais – j’y vis encore – au paradis.

Ce fut en fait, pendant longtemps, une aquarelle mystérieuse, réalisée, à l’époque où j’en peignais, - 1992 ! - d’après une photographie prise lors d’une randonnée en pays de Trégor.

Vu que je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais que, en gros, c’est ce que tout le monde fait sur le web, posons en préambule que cela fait quarante ans cette année que nous rendons visite, une ou deux fois par an, à notre amie Anita qui réside à Lannion et que nous allons marcher avec elle sur le sentier des douaniers – où l’on n’en rencontre guère – et admirer la mer qui vient se jeter ou se fracasser parfois, sur la côte de granit rose.

Je ne sais pas combien de fois nous avons fait, par tous les temps excepté celui de neige, le tour de l’Île Renote ou celui de l’Île grande ! Ce ne sont en fait que des presqu’îles où l’on croise quelquefois, sur l’étroit chemin de la dernière, le PPDA qui fait son jogging, information inintéressante au possible, j’en conviens, mais ça nous est arrivé au moins une fois.

DDS 777 210516 Nikon 093Quelle fortune n’avons nous pas laissée à la librairie Gwalarn de Lannion et au Restaurant des Rochers à Ploumanac’h ? Combien de photos ai-je prises du phare de Mean Ruz, du château de Costaeres où fut écrit le roman « Quo vadis » par l’auteur Henryk Sienkiewicz que je n’ai toujours pas lu ? Combien de fois ai-je photographié l’oratoire de Saint-Guirec où le pauvre religieux se fait piquer le nez plutôt que la ruche par de sadiques épingleuses qui rêvent de trouver mari ? Quelle idée idiote, ces jeux de l’amour et du hasard, quand on sait ce qu’un mari vaut !

Je partage avec le bien-aimé oncle Walrus le privilège d’avoir posé mes fesses sur la plage de Trestel à Trévou-Tréguignec. J’y ai joué du ukulélé rose et du jeu d’échecs électronique chinois sous le regard ébahi ou indifférent des baigneuses et des longe-côteuses qui s’échauffent au soleil en écoutant les ordres du bruyant Valentin, maître-nageur animateur de la séance d’aquagym tonique. Les mamy-boomeuses découvrent là ce qui leur a manqué tout au long des "Trente glorieuses" pour que leur bonheur de snober Greta Thunberg et Adele Van Reeth soit parfait : les aboiements d’un adjudant-chef ! 

DDS 777 200617 Nikon 045

C’est pourquoi je n’ai pas été étonné de voir proposée à notre écriture cette photographie de la guérite de Penvénan à Port-Blanc où le roi des gastronomes belges a certainement dégoté un restaurant de luxe qui n’a rien d’une gargote !

Et c’est là où la boucle se boucle. C’est en posant la voiture à Penvénan qu’on a fini par retrouver la maison de Buguélès qui avait fait l’objet de mon aquarelle.

Entre temps, exactement comme le disait Madame Raymonde à La Flèche la semaine dernière, on s’est pris trente ans dans la gueule ! Je n’ai même pas pu rephotographier la maison, toute masquée qu’elle est maintenant par la végétation qui a poussé devant.

C’est ça le problème, avec les religions : même au paradis, les choses changent tout le temps. C’est pourquoi il faut fabriquer nous-mêmes notre bonheur avec notre regard, nos sensations et les fabuleux trésors du Trégor et d’ailleurs qu’ont conservés notre mémoire et notre propension à accumuler des images et des noms dans notre poussiéreux grenier.

C’est sans doute là une philosophie un peu trop concon pour les concompliqué·e·s de France-Culture mais, comme disaient Bourvil et Laetitia Bonaparte : « Je suis content, je suis content, ça marche ! » et « Pourvou qué ça doure ! ». 

Ecrit pour le Défi du samedi n° 777 d'après cette consigne (la photo ci-dessous)

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2 juillet 2023

TOUJOURS EN MARCHE !

 1
Je ne sais pas ce qu’il avait !
Dans son plafond une araignée ?
Jeune garçon – graine de voyou ? -
Il faisait les quatre-cent coups.
Sa mère, profondément catho
Disait que c’était la faute de ce Victor "Hugot".
« Si tu recommences à faire le mur,
Jean-Arthur, tu recevras des coups de ceinture !»

Toujours en marche
Toujours en marche
Toujours en marche

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 2

Purée ! Misère !
C’est la Commune et c’est la guerre !
Ça désespère
Rimbaud à Charleville-Mézières !
A Charleroi, première fugue : une escale au Cabaret vert
Où il mange des tartines et se régale de bière !
Et Vitalie en grand pétard
S’en va engueuler Izambard !

Toujours en marche
Toujours en marche
Toujours en marche

 3

Escapades à Paris, à Londres et à Bruxelles :
Il mène avec Verlaine une vie de patachon, de fouteur de bordel,
Dirige un cirque à Prague et part pour Sumatra :
Engagé dans l’armée, il encaissera la prime et il désertera !
A croire que riment avec "Ardennes"
"Fredaines" et "calembredaines" !
Pour effacer toutes ses « rinçures »
Part pour l’Afrique à l’aventure !

Toujours en marche
Toujours en marche
Toujours en marche

rimbaud-warriors 

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4

Tout droit sur son cheval comme sur ses ergots
Il s’en va vendre des flingots
Aux tribus noires d’Abyssinie
De Ménélik mais n’en tire que quelques radis.
Il vend des casseroles, du café, des cafetières
Bien loin des saisons en enfer.
En excentrique illuminé
On raconte qu’il a terminé

Tout dépité d’être amputé
Et plus en marche, plus en marche,
Plus du tout en état de marche.

 

 5

A force d’aller faire le mariolle
Il est devenu un cas d’école !
Pas facile de devenir un bon vieillard ingambe
Quand on vous a coupé la jambe !
S'il avait trouvé une louloute,
Si on l’avait appelé « Biloute »,
Si on l’avait mis chez les scouts
Peut-être serait-il encore sur la route

Toujours en marche
Toujours en marche
Toujours en marche ?

Rimbaud-marche 

 ***

Ceci est la traduction en français soutenu de "Toudis in route !", l'adapatation-traduction-trahison en ch'ti de la chanson en wallon (vous suivez toujours ?)  "Toudi sul voye" de William Dunker que Walrus m'a fait découvrir récemment. Grand merci encore à lui !

P.S. Ça vaudrait le coup de se refaire une recherche iconographique sur Jean-Arthur R. Les images que j'ai choisies pour illustrer ce texte ne figuraient pas encore dans ma collection ! 

 

 

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1 juillet 2023

TOUDIS IN ROUTE !

Nous autres, par ici, au Défi du samedi, nous constituons, l’air de rien, une belle bande d’excentriques.

Lorsqu’il y a une bavure policière, par exemple, nous n’allons pas, pour protester, mettre le feu à une médiathèque.

Plutôt que d’aller répandre de la haine et des insultes sur le site de l’oiseau bleu, nous tâchons, chaque semaine, de poser les pièces d’un puzzle écrit qui constituent, l’air de rien, une œuvre littéraire.

Portrait chinois de Rimbaud

Comme on dit maintenant, « C’est pas n’importe qui qui fait ça ! ». Je me demande même quelquefois si cette excentricité ne confine pas au snobisme !

Mais je ne suis pas ici pour raconter ma vie ni la vôtre. C’est pourquoi j’ai choisi d’évoquer à nouveau, en chanson, le plus grand excentrique de la poésie française.

Voilà un garçon qui avait toutes les qualités pour entrer dans le moule de la société absolument moderne du XIXe siècle occidental et qui a préféré s’excentrer totalement pour faire toutes les conneries possibles aux quatre coins du monde. Si tant est que le monde a des coins.

Sacré Rimbaud ! On n’est vraiment pas sérieux quand on a dix-sept ans ! Et encore moins après !

 

Écrit pour le Défi du samedi n° 744 d'après cette consigne : excentrique.

17 juin 2023

PLUS PRES DELAPORTE, ROGER, QUE DE L'AUGMENTATION !

Moi, vous ne me connaissez pas mais je peux vous affirmer que je suis le plus doux des perdreaux de l’année qui viennent de naître. Je ne frappe jamais une fleur, même avec une femme !

Et donc si j’avais pu prévoir que de poser une question à joye sur ses récriminations récurrentes à propos des mots choisis par Walrus déclencherait une telle ire de sa part je me serais bien gardé de suggérer qu’on a le droit, lorsque l’alphabet arrive à sa fin et ne propose plus que des mots d’un usage peu courant, de botter en touche ou de passer son tour sans prendre à partie systématiquement l’animateur de cet atelier d’écriture qui n’en peut mais si les xiphophores ne viennent jamais à bout de la ziggourat, même en usant d’un yatagan.

C’est vrai, quoi : je ne l’ai pas écrit mais je l’ai pensé, chercher des poux dans la tête d’un presque chauve, c’est trop facile !

Mais voilà-t-il pas, - Noméo ! - que l’oncle W. nous propose de régler tout ça cette semaine sur un ring de catch ! Ça va pas, la tête, lui ?

Est-ce bien raisonnable de susciter/ressusciter des combats homériques entre l’Ange blanc et le Bourreau de Béthune ? D’appeler à la castagne, d’attendre des clés, des prises, des empoignades, des muscles, de la testostérone, des mandales au sparring partner, du lourd, du balourd, du punch et pourquoi pas du lancer de punching-balls à l’adversaire ?

Et puis d’où il sort encore tout ce vocabulaire ? Je ne l’ai pas trouvé dans le Gaffiot alors qu’il s’agit bien d’un genre de lutte gréco-romaine, non ? Est-il labellisé « made in France » quelque part ?

Tu as raison de protester, joye ! L’oncle W. n’est qu’un vil agitateur (d’éprouvettes) qui se paie notre fiole et ne fait rien qu’à nous provoquer en allumant le feu, comme l’autre Belge célèbre : après bachi-bouzouk, mousquetaire, hoqueton, kung fu, trophée (de chasse), xiphos, manifestation, Knock Out, polochon (bataille de), baston, rebelle, misogyne, imbroglio, joute, dynamite, etc. tu vas voir qu’il va nous proposer défourailler, étendard, fumerolles, guerre, horions, incendie et autres joyeusetés bellicistes dont il a le sac à malice plein.

J’en suis soufflé ! Hè quoi ? Jamais l’homme n’est las du pugilat ?

La femme non plus, du reste si j’en crois cette chanson de Dame Fréhel que je viens de mettre dans ma guitare.

P.S. Merci quand même, cher oncle ! Grâce à ce mot j’ai découvert qu’il y avait un troisième couplet, jamais entendu auparavant, à cette chanson drôle. 

 

Ecrit pour le Défi du samedi n° 772 d'après cette consigne : catch

7 juin 2023

CAHIER

J'ai endossé ce soir ma tenue d’été pour venir à l'atelier d'écriture : casquette de golfeur, sandalettes, lunettes noires. Les vacances arrivent à grand pas.

Même si nous assistons au retour de notre étudiante préférée dans la salle Mandoline je ne jetterai pas au feu, en sa compagnie, mes cahiers à petits carreaux ni la maîtresse qu'on m'a promise à la condition que je conserve ses ovocytes dans mon congélateur !

Plus ça va et plus mes cahiers gardent trace des conversations d'avant l'atelier sur les banquettes centrales et bancales de la Maison de quartier. On y apprend que Dominique appelle Maryvonne pour réparer ses pneus de voiture, que Madame C. va jouer au théâtre dans « Exercices de style » et qu'un professeur de psychiatrie a conservé longtemps un cerveau dans son frigidaire.

Cahier, mon beau cahier, est-ce que d'aligner des mots les uns derrière les autres toutes les semaines va me permettre à moi de conserver quelques neurones ou vais-je débarouler en grand patarou dans un labyrinthe envahi de coquelicots, à me prendre pour un myosotis empli d'espérance folle qui confondrait, parmi ces balivernes et ces billevesées, Guy Béart et Mouloudji ? 


Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 30 mai 2023

d'après la consigne AEV 2223-32 ci-dessous

4 juin 2023

Musiques du Nord (1) : 't Kliekske

2023-04-21 - Nikon 310

2023-04-21 - Nikon 311

2023-04-21 - Nikon 318 B recadrée retouchée

Le musée des Beaux-Arts et d'archéologie de Châlons-en-Champagne abrite un tableau attribué à Joos De Momper, "Paysage d'hiver", daté de 1615, devant lequel je suis tombé en arrêt admiratif. Je n'avais jamais entendu parler de ce peintre auparavant et je ne me savais pas, enfin, si un peu, aussi sensible aux représentations de paysages sous la neige.

Une fois rentré à Rennes je suis allé surfer sur Internet et j'ai découvert que ce monsieur a été très productif dans le genre. J'ai donc enregistré cela et créé un répertoire d'images. Les voici assemblées en un diaporama que j'ai illustré avec un extrait de l'album "Schoon lief" du groupe de folk flamand 't Kliekske. C'est un assemblage d'une chanson et d'un morceau instrumental : "Schoon lief hoe ligt hier en slaapt / Meiboomdans".

Je crois que j'avais acheté ce CD par hasard, "pour voir", chez le soldeur de la rue du Maréchal Joffre à Rennes. Le boîtier de ce disque a la particularité de contenir un petit dé à jouer.

31 mai 2023

Le concert "pochette-surprise" !

Cette année, pour le traditionnel repas des M'A2R1 d'O douce à Saint-Malo, du côté de la pointe de la Varde, j'ai "inventé" le concept de "Concert pochette-surprise" !

Soit un guitariste-accompagnateur et une quinzaine de choristes. Chaque choriste envoie au guitariste et à lui seul le titre d'une chanson, non encore inscrite au répertoire de la chorale, qu'il souhaiterait chanter devant les autres le jour de la réunion amicale.

L'assemblée va donc entendre des chansons choisies par les un·e·s et les autres et le guitariste préparer l'accompagnement musical de la prestation. Il est le seul à connaître "le contenu de la pochette". ;-)

J'en reviens tout juste. Ça s'est très bien passé ! En l'occurrence ça m'a permis de découvrir trois chansons nouvelles dont une - le hasard fait drôlement bien les choses - que j'avais entendue chez les Acolitres anonymes et mise dans ma guitare juste une semaine avant. Le mélange des trois est assez détonant !

1) Les Gitans / Dalida ; Les Compagnons de la chanson ; paroles de Pierre Cour  ; musique de Hubert Giraud - 1958

2) Elles sont libres les pensées = Die Gedanken sind frei / I Muvrini ; auteurs anonymes - 1790 ! 

3) Chacun son truc - Maurice Chevalier - 1926

adaptation par Paul Briquet de "Yes, sir, thats's my baby" ; paroles de Gus Kahn ; musique de Walter Donaldson - 1925

 

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