MOI, MES AMOURS D'ANTAN. 3
Comme elle sent bon cette lettre !
Le thym et la farigoulette ? Non, là c'est autre chose. Quelque chose de plus fruité, de plus doux. Plus du côté du dessert, vous voyez ?
Je ne sais pas pourquoi, moi qui ai le nez pour ça, je ne subodore pas une relation amoureuse entre deux personnes.
Elles sent bon la passion pourtant, cette missive ! Une passion contenue, réfrénée, comme par peur de commettre un péché.
Et justement la lecture du nom du destinataire confirme mon intuition :
Boutique d'artisanat monastique, 40 rue d'Antrain 35000 Rennes
Elle aurait fait un béguin dans le Sud la petite vendeuse qui tient la caisse et relève le courrier dans ce magasin ?
Mais pourquoi ne lui écrit-il pas directement, Roger-Paul Gaucher, enfin R.P. Gaucher - c'est moi qui extrarogerpole le développement des initiales.
Elle ne lui a pas donné son 06 la Niçoise exilée en Bretagne pour qu’il la relance ainsi à l’ancienne ?
Allez zou, je me la garde celle-là ! Je la décollerai à la vapeur ce soir chez moi et je la remettrai dans ma sacoche pour la tournée de demain.
De toute façon le timbre est vert, J+2 et jamais deux sans trois ! Et en plus, à œuvrer dans le monastique elle doit avoir une patience d'ange !
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Scrongneugneu ! s'écria le facteur en sortant ceci de l'enveloppe !
Ecrit pour le jeu n° 81 de Filigrane d'après cette consigne
MOI, MES AMOURS D'ANTAN. 4
Comme elle sent bon cette lettre !
Elle sent... Elle sent les marchés de Provence, le bagou des commerçants, le voleur à la tire, le garde-champêtre, le gendarme à rouflaquettes et à moustache, l'escapade du forçat enfermé, l'arrière-pays du Cap Ferrat, la montagne mon Dieu qu'elle est belle !
Qu’est-ce qu’elle sent encore ?
Elle a un goût de liberté, une pointe de passion animale aussi. S'il y a une femme là-dessous, elle tient plus de la sauvageonne que de celles qu'on appelle Bichette!
Elle est sûrement du genre à promettre de belles nuits... et à assurer jusqu'au petit matin !
Allez trêve de supputations, examinons le nom inscrit sur l'enveloppe :
Yves Leloup, grossiste, rue Le Bastard, 35000 Rennes
Voilà ! J'ai gagné ! C'est bien une femme qui écrit à son chevalier servant !
Et comme elle est discrète et modeste malgré tout, elle n'a pas inscrit son nom au dos de l'enveloppe. Allez zou ! Je me la garde aussi, celle-là ! Je la décollerai à la vapeur ce soir chez moi et je la remettrai dans ma sacoche pour ma tournée de demain. Le marchand de crayons en gros l'attendra bien un jour de plus, sa carte postale !
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Scrongneugneu ! s'écria le facteur en sortant ceci de l'enveloppe :
Ecrit pour le Défi du samedi n° 736 d'après cette consigne : Scrongneugneu
et d'après celle du jeu n° 81 de Filigrane
Chez les Canonniers, rue de la Monnaie à Rennes le dimanche 2 octobre 2022
Je ne suis pas là pour raconter ma vie mais ce dimanche-là, j'ai réalisé une économie de trente euros !
J'ai raconté quelque part par ici que j'avais retrouvé ma collection de timbres "de quand j'étais enfant". Je conseille vivement d'ailleurs aux parents d'intéresser leur turbulente progéniture à la philatélie ! J'ai constaté que ça demande un soin, une attention, un boulot pointilleux et pendant que le môme s'occupe à ça, il vous fout une paix royale !
J'avais donc des enveloppes pleines de timbres, des timbres sur des enveloppes qu'il fallait décoller, mettre à sécher, puis à aplatir. J'avais fait tout ça et logiquement je me suis mis ensuite en quête d'un album pour les ranger. Au Forum du livre, une vendeuse que visiblement j'enquiquinais avec ma question polie pendant qu'elle rangeait ses agendas m'a montré un grand album à 33,70 € !
C'est pas que je sois radin - si, un peu, quand même ! - mais je vais me le fabriquer sous forme d'un classeur avec des bandes de rhodoïd, ai-je pensé.
Pas besoin ! A la brocante du Secours populaire, ce dimanche-là, j'ai trouvé deux albums quasi neufs au prix de 1,50 € chaque !
***
C'était un dimanche matin et avant d'aller faire mes petites affaires, je me suis arrêté devant la vitrine des Canonniers, un marchand de vin dont j'ai photographié les échantillons sans qu'on vienne me chercher noise. Le magasin est fermé le dimanche.
C'est devenu très curieux, le commerce oenologique, de nos jours. On n'achète plus un vin d'un certain terroir, d'une certaine marque, d'une certaine année de récolte, d'un certain cépage...
On achète un vin qui doit être naturel ou bio, qui doit avoir une belle étiquette qui ne dit rien sur sa provenance et surtout qui offre à votre jubilation un jeu de mots parfois même pas digne de figurer dans les titres des pages intérieures du "Canard enchaîné" ! Souvent, c'est assez cher, du moins pour un simili-radin qui préfère boire de l'eau et du jus de pomme.
Je consomme très peu de ces boissons alcoolisées mais je dois reconnaître qu'on aurait assez envie de goûter à tout ça quand même. De temps en temps d'ailleurs, je craque sur un vin de la Biocoop de Redon et certains sont très bons et descendent bien. La bonne compagnie aide à les apprécier.
Ici, ma curiosité porte sur "Archibald" ! Est-ce que ça titre autant sinon plus que le fameux Loch Lomond du capitaine Hadd*ck ?
J'espère surtout que les pirates de M**l*ns*rt ne viendront pas chercher des noises aux Canonniers ! ;-)
DEUX LETTRES DE PROVENCE = MOI MES AMOURS D'ANTAN. 1 et 2
Comme elle sent bon, cette lettre, le thym et la farigoulette, la lavande et le romarin ! Elle donne envie de sourire, d'être toujours de bonne humeur. Cela me fait le cœur joyeux de lui venir en aide, de la transporter à son destinataire, en toute simplicité.
Bienvenue à toi, lettre de Provence, pays qui dans mon souvenir est naturel et généreux ! Les passionnés de la pétanque profitent du soleil et de l'ombre sous les platanes de la place, l’Issole, rivière indolente, coule sous le pont de Cabasse dans la direction du lac de Carcès. Il y a la magie des vacances, l'apéro dont on profite sur la petite place près de la fontaine, le restaurant de Jean Dotto. Il y a la créativité rythmique des cigales heureuses tout l'été de faire partie de l'élitre et qui ne réalisent pas qu'il vaudrait mieux parfois suivre les conseils de Dame fourmi. Il y a ce vin, divine surprise pour le palais, du domaine de Campdumy cultivé par la famille de Bernard Gavoty.
Merci, merci à toi, la lettre de Provence, d'avoir créé en moi ce moment de rêverie spontanée mais le service public m'appelle. J'ai pris la liberté de m'arrêter un temps mais je reprends mes esprits. Je m'en voudrais beaucoup de ne pas transmettre l'invitation que tu contiens : un séjour d’un week-end pour vivre une aventure dans la garrigue et concrétiser une liaison naissante ? Répondra-t-il positivement à Dulcinée ? Ou bien se fait-elle des idées ? Je ne saurai jamais, hélas, ce qu'elle lui propose, la petite ! C'est quoi son nom à l'expéditrice ? Mireille Mathieu. Et lui, le destinataire ? Yves Mourousi.
Oh merci les amoureux de m'avoir mis des petites fleurs bleues dans la tête et rappelé l'accent qu'on attrape en naissant du côté de Marseille !
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Comme elle sent bon, cette lettre ! Un parfum de femme, une lettre d'amoureuse à tous les coups !
Et il dit quoi, le cachet de la poste faisant foi ? Arles ! L’Arlésienne de Bizet qui fait suite à celle d'Alphonse Daudet ! C’est dans quoi, déjà, ce récit ? Dans les "Lettres de mon moulin", peut-être. Je ne sais même plus de quoi ça parle, cette nouvelle, tellement l'autre œuvre de Bizet, Carmen d'après Mérimée, a joué au cannibale avec ce morceau-là ! Un monument chasse l’autre ! On a tous en tête le toréador Escamillo, le regard noir du taureau qui craint un peu pour ses oreilles et pour sa queue, la passion de Don José pour la belle cigarière. En même temps, tout ce brouhaha musical, tout cet opéra en fanfare, ce meurtre au milieu de la foule pendant la corrida, c'est juste une histoire de cœur un peu vide, des mots de folie d'un brigadier génialement doué pour le sabotage ! Parce que Mickaëla, là quand même ! Il faut vraiment ne penser à rien et ne rien avoir dans la coucourde pour ne pas voir qu'il est là, le bonheur ! Bonheur certes tranquille, pépère, peinard où les jours se suivent et se ressemblent comme marabout et bout de ficelle mais quoi ? T'es pas Don Quichotte, Don José ! Tu n'es pas le « Fool on the hill » et ton enfermement quasi insulaire dans le mirador du désir jaloux, si tu savais comme il nous escagasse les esgourdes ! D'ailleurs c'est simple : moi, le dernier acte de cet opéra, je ne l'écoute jamais tellement ça me les brise menu, ta bêtise !
Et puisque c'est comme ça, la lettre de Mickaëla, je me la garde ! Je ne la dépose pas dans ta boîte aux lettres ! Et puis même je vais lui répondre à l'Arlésienne, lui dire que tu ne vaux pas un clou, que tu as des aventures avec des messieurs, que tu as entrepris une psychanalyse même et que si elle veut faire un petit transfert tranquille je suis là, moi !
En reprenant ma tournée je la lui écris dans ma tête la lettre que je lui ferai ce soir.
"Ma chère petite Mireille
Patati patata... Don José... Bouh le vilain... Patati patata…
Et je signe, très affectueusement :
Joe Nistarque
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 4 octobre 2022
d'après la consigne AEV 2122-04 ci-dessous.
CONSIGNE D'ÉCRITURE 2223-04 DU 4 OCTOBRE 2022 A L'ATELIER DE VILLEJEAN
Les Deux listes du facteur
1. Inspirez-vous de cette photo pour écrire un texte dans lequel vous insérerez un maximum des mots d’une seule des deux listes ci-dessous. Ne mélangez surtout pas !
Liste 1 : aide -liberté – réaliser – bienvenue – conseil – souvenir – généreux – naturel – baie de Somme – idées – spontané – surprise – esprit – passionné – magie – profiter – joie – bonne humeur - être – simplicité – ami – aventure – créer – joyeux – sourire - vivre – créativité – concrétiser – séjour - week-end
Liste 2 : sabotage – insulaire – penser à rien – vide – monument – oreilles – Arles – fanfare – foule – fool – regard – marabout – ficelle – triste – passion – des mots – brouhaha – mirador – amoureux – coeur – cannibale
Il y aura un deuxième temps d’écriture ensuite !
2. Pour découvrir le deuxième temps d'écriture, cliquez ci-dessous sur le mot ici, maintenez la souris enfoncée et déplacez là vers le bas et la droite
Ici ! Lorsque vous pensez avoir terminé votre texte, réécrivez-le ou écrivez en un autre sur le même sujet en utilisant les mots de l'autre liste !
N.B. La photographie est empruntée à dame Licorne et à son jeu de Filigrane n° 81
Les deux listes ont été photographiées cet été à La Flèche (Sarthe) et à Abbeville (Somme) :
DICTIONNAIRE DE LA BONNE HUMEUR : CHANSON STUPIDE OU AUTRE
Je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais il se trouve que mon épouse bien-aimée, Marina Bourgeoizovna, m'a ramené de chez son popa, qu'elle voit tous les jeudis, une boîte d'archives "que ça t'intéressera !".
Et de fait je n'ai pas sauté au plafond en hurlant - je ne hurle jamais - "Encore des cochonneries sur papier qu'il va falloir que je scanne parce que dans cette famille, comme dans beaucoup d'autres en Ille-et-Vilaine, on ne jette jamais rien parce que ça peut toujours servir !"
Et de fait, ça m'intéressa comme on dit chez Montalbano. Il s'agissait de ce qu'on appelle des petits formats. Vous avez certainement déjà vu, dans des braderies où ailleurs, de ces partitions musicales de chansons éditées sur quatre pages, bien souvent par Monsieur Salabert, vente en gros 22, rue Chauchat Paris 9e et 14 rue de Loxum Bruxelles.
Prenons l'exemple de celle-ci qui se trouve dans le lot, "Les Gars de la marine", musique de W.R. Heymann et paroles de Jean Boyer. Vous le saviez, vous, que ce tube était extrait d'un film de H. Schwarz dont le titre était "Le Capitaine Craddock" ?
Aussitôt en tintinophile éclairé, vous vous mettez en demeure de téléphoner à la Fondation M**l*ns*rt pour dénoncer ce nouveau crime de lèse-majesté. Comment ? On ose voler ses répliques et ses bafouillages à Mme Bianca ?
Eh bien, voyez-vous pas du tout ! C'est l'inverse ! Madame Wikipe, grâces lui soient rendues une fois de plus, nous apprend que le sieur "Hergé, qui vit le film avec sa fiancée Germaine Kieckens en février 1932, s'inspira plus tard de son titre pour créer le capitaine Haddock".
Déjà, ça, ça nous amuse bien ! Le plagié plagieur, c'est comme l'arroseur arrosé !
- Mais tu nous parlais de chanson stupide, oncle Joe ?
- J'y viens, mes nièces et mes cousines, sans t'oublier cher oncle W. à qui je destine une belle image un de ces jours si tu es sage ! C'est que j'ai commencé à les trier, ces partitions. Je les ai mises à aplatir dans une encyclopédie, j'ai ôté leurs cornes, je les ai mises sous plastique et elles tiennent toutes désormais dans un énorme classeur mauve qu'il me faudra scanner un de ces quatre matins.
L'air de rien, ce grand-père de Marina B., quoi qu'il n'en montrât jamais rien sur les photos qu'on a de lui, était peut-être un rigolo. "Il jouait de la mandoline", m'a confié depuis M. Bourgeoizov à qui j'ai demandé les petits secrets de ces archives que lui-même avait oubliées. Il achetait donc ces partitions conservées depuis le décès du musicien dans un coin du grenier familial.
Mais ne nous étalons pas ! Scannons, publions et écoutons la première d'entre elle qui s'intitule "Elle nettoyit sa petite chemisette". Tout un programme, déjà, non, que ce titre ? On n'est pas très loin ici de "Elle lisait le P'tit Parisien" et le finale entre Pierre Repp et Boby Lapointe me fait un bien fou : je n'aurai pas été tout seul à écire des stupidités sur cette planète !
Evidemment, par là-dessus, M. Youtube vient parfaire ma mise en joie en nous fournissant un enregistrement sonore de cette chose par Ouvrard ! Merci surtout à M. David Silvestre qui partage ses nombreux trésors musicaux !
Collages de Jean-Emile Rabatjoie rassemblés ici le 2 octobre 2022
Est-ce par hasard ou par "manipulation" que je me retrouve en situation de retourner à l'école ? Peu importe, ça me plaît bien. Le mercredi soir désormais je vais prendre des cours d'informatique graphique à la Maison de quartier de Villejean. Depuis deux séances, je travaille sur Photopea, un substitut de Photoshop gratuit, en ligne, sans inscription. Je vais devenir un pro de la retouche stalinienne. Vous pourrez en juger d'après les deux photos au bas de ce billet. J'ai découvert avec gratitude l'outil "tampon" que je n'avais jamais utilisé auparavant !
Il n'en reste pas moins que j'aurai du mal à convaincre Jean-Emile Rabatjoie du bien-fondé de ces gadgets. Il prétend qu'un bon collage est un collage "sur lequel on voit que c'est un collage" !
Voici donc certains de ceux-ci, scannés sur mon disque dur et jamais publiés auparavant. Je suis en retard, je suis en retard, Dame Alice !
LES ROUFLAQUETTES ? POUR CE QUE CA VAUT (A BARBE) !
D’aucuns trouveront ce sujet des rouflaquettes assez barbant. C’est mon cas. D’aucunes apprécieront et le trouveront au poil.
J’ai failli me faire des cheveux toute la semaine en songeant à ce que je pourrais bien écrire sur ce type de pilosité qui ne m’inspire rien du tout, pour ne pas dire qu’il me rase.
J’en étais même à me demander ce matin si les mots que nous suggère semaine après semaine le tenancier de ce salon de coiffure qu’est le Défi du samedi n’étaient pas un brin sexistes. Mais aujourd’hui, hélas, tout l’est !
On ne peut pas proposer bigoudi, choucroute, Wonderbra, oeillade sans recevoir un coup de klaxon et se faire taxer de misogynie de tous les côtés ! Il y a trop de flou dans la raquette !
Bref ! Étant peu inspiré par la façon dont mes congénères gèrent ces poils hirsutes ou pas qui nous jaillissent ici et là et donc sur la tête, sous le menton et sur les joues, j’ai refilé le bébé à mon pote Jean-Emile Rabatjoie qui, un peu fainéant lui aussi sur les bords mais toujours bien féru d’histoire et dégagé sur les oreilles, a bien voulu étudier l’influence du roi Louis Philippe et de son look de roi bonne poire sur nos monarques républicains récents et même sur Mona Lisa.
Vous remarquerez que dans ce texte même pas oulipien, je n’ai pas fait de jeux de mots capillotractés, sauf dans le titre, ni utilisé le mot « blaireau » de peur de susciter des frictions. J'espère juste ne pas avoir été trop rasoir !
Et donc, n’ayant pas fait d’effort particulier cette semaine, et n'étant pas déprimé par le chauve-qui-peut général, même pas victime d’un quelconque vague à lame, je ne m’accorde pas le droit de boire une petite mousse harassé.
Mais ne prends pas ombrage de cette non-participation, cher oncle W. ! Tu restes toujours mon animateur d’atelier d’écriture… favori !
Ecrit pour le Défi du samedi n° 735 d'après cette consigne : rouflaquette(s)