DEUX LETTRES DE PROVENCE = MOI MES AMOURS D'ANTAN. 1 et 2
Comme elle sent bon, cette lettre, le thym et la farigoulette, la lavande et le romarin ! Elle donne envie de sourire, d'être toujours de bonne humeur. Cela me fait le cœur joyeux de lui venir en aide, de la transporter à son destinataire, en toute simplicité.
Bienvenue à toi, lettre de Provence, pays qui dans mon souvenir est naturel et généreux ! Les passionnés de la pétanque profitent du soleil et de l'ombre sous les platanes de la place, l’Issole, rivière indolente, coule sous le pont de Cabasse dans la direction du lac de Carcès. Il y a la magie des vacances, l'apéro dont on profite sur la petite place près de la fontaine, le restaurant de Jean Dotto. Il y a la créativité rythmique des cigales heureuses tout l'été de faire partie de l'élitre et qui ne réalisent pas qu'il vaudrait mieux parfois suivre les conseils de Dame fourmi. Il y a ce vin, divine surprise pour le palais, du domaine de Campdumy cultivé par la famille de Bernard Gavoty.
Merci, merci à toi, la lettre de Provence, d'avoir créé en moi ce moment de rêverie spontanée mais le service public m'appelle. J'ai pris la liberté de m'arrêter un temps mais je reprends mes esprits. Je m'en voudrais beaucoup de ne pas transmettre l'invitation que tu contiens : un séjour d’un week-end pour vivre une aventure dans la garrigue et concrétiser une liaison naissante ? Répondra-t-il positivement à Dulcinée ? Ou bien se fait-elle des idées ? Je ne saurai jamais, hélas, ce qu'elle lui propose, la petite ! C'est quoi son nom à l'expéditrice ? Mireille Mathieu. Et lui, le destinataire ? Yves Mourousi.
Oh merci les amoureux de m'avoir mis des petites fleurs bleues dans la tête et rappelé l'accent qu'on attrape en naissant du côté de Marseille !
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Comme elle sent bon, cette lettre ! Un parfum de femme, une lettre d'amoureuse à tous les coups !
Et il dit quoi, le cachet de la poste faisant foi ? Arles ! L’Arlésienne de Bizet qui fait suite à celle d'Alphonse Daudet ! C’est dans quoi, déjà, ce récit ? Dans les "Lettres de mon moulin", peut-être. Je ne sais même plus de quoi ça parle, cette nouvelle, tellement l'autre œuvre de Bizet, Carmen d'après Mérimée, a joué au cannibale avec ce morceau-là ! Un monument chasse l’autre ! On a tous en tête le toréador Escamillo, le regard noir du taureau qui craint un peu pour ses oreilles et pour sa queue, la passion de Don José pour la belle cigarière. En même temps, tout ce brouhaha musical, tout cet opéra en fanfare, ce meurtre au milieu de la foule pendant la corrida, c'est juste une histoire de cœur un peu vide, des mots de folie d'un brigadier génialement doué pour le sabotage ! Parce que Mickaëla, là quand même ! Il faut vraiment ne penser à rien et ne rien avoir dans la coucourde pour ne pas voir qu'il est là, le bonheur ! Bonheur certes tranquille, pépère, peinard où les jours se suivent et se ressemblent comme marabout et bout de ficelle mais quoi ? T'es pas Don Quichotte, Don José ! Tu n'es pas le « Fool on the hill » et ton enfermement quasi insulaire dans le mirador du désir jaloux, si tu savais comme il nous escagasse les esgourdes ! D'ailleurs c'est simple : moi, le dernier acte de cet opéra, je ne l'écoute jamais tellement ça me les brise menu, ta bêtise !
Et puisque c'est comme ça, la lettre de Mickaëla, je me la garde ! Je ne la dépose pas dans ta boîte aux lettres ! Et puis même je vais lui répondre à l'Arlésienne, lui dire que tu ne vaux pas un clou, que tu as des aventures avec des messieurs, que tu as entrepris une psychanalyse même et que si elle veut faire un petit transfert tranquille je suis là, moi !
En reprenant ma tournée je la lui écris dans ma tête la lettre que je lui ferai ce soir.
"Ma chère petite Mireille
Patati patata... Don José... Bouh le vilain... Patati patata…
Et je signe, très affectueusement :
Joe Nistarque
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 4 octobre 2022
d'après la consigne AEV 2122-04 ci-dessous.