DICTIONNAIRE DE LA BONNE HUMEUR : CHANSON STUPIDE OU AUTRE
Je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais il se trouve que mon épouse bien-aimée, Marina Bourgeoizovna, m'a ramené de chez son popa, qu'elle voit tous les jeudis, une boîte d'archives "que ça t'intéressera !".
Et de fait je n'ai pas sauté au plafond en hurlant - je ne hurle jamais - "Encore des cochonneries sur papier qu'il va falloir que je scanne parce que dans cette famille, comme dans beaucoup d'autres en Ille-et-Vilaine, on ne jette jamais rien parce que ça peut toujours servir !"
Et de fait, ça m'intéressa comme on dit chez Montalbano. Il s'agissait de ce qu'on appelle des petits formats. Vous avez certainement déjà vu, dans des braderies où ailleurs, de ces partitions musicales de chansons éditées sur quatre pages, bien souvent par Monsieur Salabert, vente en gros 22, rue Chauchat Paris 9e et 14 rue de Loxum Bruxelles.
Prenons l'exemple de celle-ci qui se trouve dans le lot, "Les Gars de la marine", musique de W.R. Heymann et paroles de Jean Boyer. Vous le saviez, vous, que ce tube était extrait d'un film de H. Schwarz dont le titre était "Le Capitaine Craddock" ?
Aussitôt en tintinophile éclairé, vous vous mettez en demeure de téléphoner à la Fondation M**l*ns*rt pour dénoncer ce nouveau crime de lèse-majesté. Comment ? On ose voler ses répliques et ses bafouillages à Mme Bianca ?
Eh bien, voyez-vous pas du tout ! C'est l'inverse ! Madame Wikipe, grâces lui soient rendues une fois de plus, nous apprend que le sieur "Hergé, qui vit le film avec sa fiancée Germaine Kieckens en février 1932, s'inspira plus tard de son titre pour créer le capitaine Haddock".
Déjà, ça, ça nous amuse bien ! Le plagié plagieur, c'est comme l'arroseur arrosé !
- Mais tu nous parlais de chanson stupide, oncle Joe ?
- J'y viens, mes nièces et mes cousines, sans t'oublier cher oncle W. à qui je destine une belle image un de ces jours si tu es sage ! C'est que j'ai commencé à les trier, ces partitions. Je les ai mises à aplatir dans une encyclopédie, j'ai ôté leurs cornes, je les ai mises sous plastique et elles tiennent toutes désormais dans un énorme classeur mauve qu'il me faudra scanner un de ces quatre matins.
L'air de rien, ce grand-père de Marina B., quoi qu'il n'en montrât jamais rien sur les photos qu'on a de lui, était peut-être un rigolo. "Il jouait de la mandoline", m'a confié depuis M. Bourgeoizov à qui j'ai demandé les petits secrets de ces archives que lui-même avait oubliées. Il achetait donc ces partitions conservées depuis le décès du musicien dans un coin du grenier familial.
Mais ne nous étalons pas ! Scannons, publions et écoutons la première d'entre elle qui s'intitule "Elle nettoyit sa petite chemisette". Tout un programme, déjà, non, que ce titre ? On n'est pas très loin ici de "Elle lisait le P'tit Parisien" et le finale entre Pierre Repp et Boby Lapointe me fait un bien fou : je n'aurai pas été tout seul à écire des stupidités sur cette planète !
Evidemment, par là-dessus, M. Youtube vient parfaire ma mise en joie en nous fournissant un enregistrement sonore de cette chose par Ouvrard ! Merci surtout à M. David Silvestre qui partage ses nombreux trésors musicaux !