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Mots et images de Joe Krapov
1 février 2015

PROTESTATION-PROVOCATION

Dans le fond du jardin
Je sculpte du rondin
A la hache, au couteau,
Au ciseau,
Au burin ;
Plus entêté que Tartarin
Je me défonce, en bon gredin,
Sur mon « dépenseur » de Rodin 

IL 15 01 26 penseur (tisseuse)
Photo de  Tisseuse

Baladin, muscadin
Et momentanément badaud périgourdin,
Il a claqué tout son pognon
Pour une dernière tarte à l’oignon
Dans un restaurant de Sarlat.
Il s’est aussi un peu soûlé
En arrosant son cassoulet
D’un verre de Bergerac qui traînaillait par là
(N’en dites rien surtout à sa femme, Carla,
Qui croit qu’il ne boit pas !)

130726 230

 Il s’est assis, sourire aux lèvres,
Il regarde monter la fièvre,
Le flot des visiteurs hagards
Qui viennent jouer aux médiévistes
Mais ils ne sont que des touristes
Qui font pétiller son regard
De fou assis sur la colline
Dans un monde qui badaudeline.

Dans le fond du jardin où souvent je me casse
Je compresse, je concasse,
J’assemble des carcasses.
Poète ferrailleur du dimanche des ducasses,
Je désarticule,
Je Césarticule,
Je tourne en ridicule
Tout l’acte économique
De production de biens pour le profit des riches :
En taillant dans la friche,
Je fais à l’identique,
Avec le même geste,
Dans un contexte agreste,
En dehors de l’usine
Où c’que Charlot turbine,
Un exemplaire unique,
Invendable, comique,
De mes songes-balivernes
Pour les temps post-modernes.

IL 15 01 26 Claude Ponti (Tisseuse)
Photo de  Tisseuse

Dans le fond du jardin, parfois, à l’occasion,
Je sculpte le gazon,
Je taille dans le buis
Je tire de la glaise
Le poussin Blaise,
Booz endormi,
Et je le plante,
- Drôle de semis ! -
Emmi
Le jardin des plantes
De Nantes.

Ca ravit les enfants
Tout comme Georges Lebanc.
Quand Claude Pontifie
La poésie fructifie !

130716 080

Dans le fond du jardin, promis, juré, craché,
Ma tendresse cachée
Trouve là son refuge
Et ces exhibitions
Ne sont provocations
Qu’à la réflexion.
(Mais qui réfléchit,
Aujourd’hui,
A part les miroirs
Des micro-trottoirs ?)

IL 15 01 26 chat volant (Tisseuse)
Photo de  Tisseuse

Pas la peine de crier au grabuge,
Pas la peine d’en appeler au déluge,
Aux vengeances ni même au montrage du doigt !
Et d’ailleurs, y’a erreur
Sur la notice « auteur » :
Ce n’est pas moi
Qui ai inventé la catapulte à chats :
C’était Royal de Luxe et c’étaient des pianos !

RdL_pianos_33-e1324043026799


Alors s’il te plaît, S.P.A.,
Range ta Kalachnikov et garde tes pruneaux :
Moi aussi j’aime les animaux…
Surtout la maman des poissons…
Avec du citron.

Ecrit pour les Impromptus littéraires du 26 janvier 2015 à partir de cette consigne

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25 janvier 2015

LE CIGALON ET LA FOURMI

- A baguenauder tout l’été, à brader ton bagou de bagad en big band en jouant au biniou des gavottes ou des gwerz, à envoyer bien loin valdinguer le vernis de toute éducation et le sens de l’économie pour leur préférer ton tintouin, eh bien voilà comme on les voit, les beaux dégâts que t’ont causés les bodégas ! T’as les bajoues qui traînent en bas, les badigoinces gercées dégoulinantes de bave, un bec de gaz pour masochiste bas de gamme en guise de système d’allumage ! T’es démonté comme un baudet devenu gaga plus que lady, t’es devenu rien qu’un vieux beau tout flagada, une baderne gâtée, un Bidochon graveleux, un pitoyable Pittre, un Brad gueux, un gargouillis de lavabo gore ! Un bad boy ! Un imbibé de grappa ! Un gros Bouddha, une gouape, plus fainéant encore qu’une bribe de Dagobert sur son bout de galetas ! Un baragouineur dodu qui n’arrive même pas à la cheville du Chimène Badi groove ! Un gras du bide ! Un goinfre hédoniste et imprévoyant ! Un Hannibal sans balle déguisé pour le carnaval ! Un Badinguet !

- Va donc, eh, toi même ! Bourdaloue au guano ! Bimbo dégueu ! Bug de Google ! Morue à deux thunes dans l’bastringue du boxon de Garges-Lès-Gonesse ! Badigeon de gargote à deux sous ! Banane de Guadeloupe ! Blague de Gad Elmaleh ! Discuteuse de bout de gras avec Jean-Marc Sylvestre ! Tête d’antisociale à gueuler « in bouledogue we trust » ! Botticelli de garrigue après passage des Canadairs ! Marie Douche-toi-là ! Ancienne cocotte de Bois d’Enghien ! Pieds nickelés ! Croquignole ! Filocharde ! Ribouldingue ! Boudiou de garce à bottines de grue ! Harpagonne de Neuilly blues à bader aux gogues ! Bas de guêtre maculé de boue de Guéret ! Tête creuse ! Pieds plats ! Danseuse de branle de Gascogne ! Paltoquette du Bas-Dijon ! Va donc prendre un brin de gomina, mal coiffée !

- Madame, Monsieur ! Je vous en prie !

Le conseiller conjugal eut un mal fou à arrêter le flot d’insultes en provenance des deux parties. Comment il s’y prendrait pour rabibocher ce couple si irréconciliable, c’était encore pour lui mystère et… boule de gomme !

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Ecrit pour les Impromptus littéraires du 19 janvier d'après cette consigne

17 janvier 2015

SOUVENIRS DE BAOBABOS

Quand on se rendait chez Lorette, au sortir du court de violong, on savait que ce serais chouette de boire des coups près du poêlong où c’que mijotaient des courgettes et d’ailleurs c’n’était jamais long : Notre-Dame du Bon Secourt se delpéchait d’aligner des verres ballong, les rempliçait et nous laiçait tenir discourt dans c’qui nous tenait lieu d’salong. Ils étaient beaux nos intercourt au royaume de la Madelong !

On discutait courtoisement des longueurs au sein de la messe du couronement de Mozart sans nous soucier des notres ou en faisant semblant : oui, dans nos pantalongs, pâtes d’ef’ évidemment, des élans courroussés tendaient un gonfalong au Mistral du dehors et à la sirène du dedans. Comme on lorgnait ses mamelongs, à la sovette, à la Lorette ! Comme il nous courait sur l’échine ce désir de jouer au grand, de se prendre pour Alain Delong et d'aparettre entreprenant. Tant de vaillants coursiers couraient dans les vallongs de nos inconscients fous qui misaient sur le court du mouflet, du mouflong en quête de l’orijine du monde courbé sous l’Aquilon de la limonadversité ! Nous étions les courriers d’Apollong mais manquions de courage pour jouer les aiglongs ! Ce que la vie rosse tend aux jeunes comme pièges ! Quelquefois le soleil s’éclipse et c’est la Lune qui rejette dans l’ombre les sidéroxylongs qu’ourle un halo saumattre. C’étaient jours gris de nos jeunesses.

Et, spécialement ceux-là, on était tout courbaturés mais quand même beaux d’avoir allongé sous le zef nos pas sur le Court Mirabeau sans écouter les cigalongs qui serinaient du Moustaki – "Voilà c’que c’est mon vieux Joseph !" - pour le concourt du Provençal sponsorisé par une marque de hamacs ! Heureux d’avoir joué une nouvelle fois cette petite fugue – "c'était toujours la même mais on l'aimait quand même" pour son parcourt de chasse à coure avec jalongs du violongcelle, pour ses paçages félongs dans le mode mineur qui nous couraient sur l’haricot Macias, comme on disait aussi par jeu.

Je ne sais plus ce que sont devenus ces jours anciens, ces musiciens, ni même trop si le bistrot existe encore. Sur ces routes courbes où nous filongs, de Courchevel à Lons-le-Saunier, dans ces trains à la Courteline – il est déjà twitter 47 ! - quelque fois nous nous affolongs d’avoir pris autant de galong, d’avoir oublié Laureline, Laurette, les autres court-vêtues de ces temps de répétitions. C’est tout juste si nous ne disons pas désormais « Le Concerto n° 1 en fa hashtag mineur » de Rachmaninov !

Les capitaines au long court songent-ils encore parfois aux courtisanes qu’ils ont connues à Mourmelong-le-Grand ? Vieux tromblongs à pilongs, ne partent-ils pas couramment en courant – tip top tip top ! - sur les coursives glissantes du temps titaniquesque quand leur passé les interroge ? Moi-même, aujourd’hui je me demande bien sur ce cours de tennis où mon souffle est coupé : plutôt que des court de violong n’eussé je pas mieux fait d’apprendre l’ortograffe ?

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Ecrit pour les Impromptus littéraires du 12 janvier 2015 d'après l'incipit : "Quand on allait chez... à la sortie du cours de..."

N.B. C'est aussi un babobab en "long-court" !

P.S. La photo a été prise à Arcachon le 19 juillet 2014

6 octobre 2013

COMMENT ON EST VITE AMENÉ A BAISSER D’UN PLATON


- Je sais dire : « Je ne sais pas » en anglais. C’est : « I don’t know ».
- …
- Je sais dire : « Je ne sais pas » en allemand. C’est : « Ich weiss nicht».
- …
- Je sais dire : « Je ne sais pas » en russe. C’est, phonétiquement : « Ia nié znaïou ».
- …
- Je sais dire : « Je ne sais pas » en italien. C’est : « Non so ».
- …
- Je sais dire : « Je ne sais pas » en espagnol. C’est : « No sé ».
- …
- Je crois qu’avec tout ce savoir, je puis sortir et m’en aller affronter le monde !
- Commence d’abord par changer l’ampoule à l’entrée de la caverne !
- Ah désolé ! Ça, je ne sais pas faire !

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Photo prise aux Eyzies (Dordogne) le 25 juillet 2013

Texte écrit pour les Impromptus littéraires du 30 septembre 2013 d'après la consigne "Ignorance"

29 septembre 2013

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 15, BALLADE CINÉMATOGRAPHIQUE À « HAPPY END » ANACHRONIQUE

Medieval

1
Le dragon, maître du donjon,
Souhaita changer son régime
De brebis et d’œufs d’esturgeon.
La croisée des chemins du crime
Fit qu’il ordonna pour repas
Des jeunes gens à sot-l’y-laisse.
O sort cruel ! Royaux abats !
Qui délivrera la princesse ?

2
Car le roi, trop démocratique,
A fait désigner la victime
Par un tirage au sort… critique.
Qui fut désigné ? Une intime :
La chair de la chair du pauvre homme
Livrée au monstre du Loch Ness !
N’est-il personne en ce royaume
Qui délivrera la princesse ?

3
Dédaigneux de tout fifrelin,
Lui s’approche du château fort :
Soutien de veuve et d’orphelin,
Avec son Dieu pour seul renfort,
Accourt Georges, chevalier saint,
Qui n’accomplit que des prouesses.
C’est lui, marqué par le destin,
Qui délivrera la princesse

4
Mais à la croisée des chemins
Son cheval, trop fourbu, rend l’âme.
Georges prend son épée en main,
Vise le cœur et, de sa lame
Abrège l’horrible souffrance
De Stewball. Le cœur en détresse
Il hurle ensuite, en déshérence :
« Qui délivrera la princesse ? »

le-signe-de-zorro

Envoi
Prince noir surgi de la nuit
Sur son Tornado au galop
Voici Zorro et c’est à lui,
- Violons, baiser, et trémolos -
Que se livrera la princesse !

 

Ecrit pour les Impromptus littéraires du 23-09-2013 à partir de la consigne "A la croisée des chemins" et à partir de la photo du haut qui est de Tisseuse, ma voisine nantaise.

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21 septembre 2013

AH VRAIMENT QUEL PLAISIR D’ÉPÉDALER DANS LA CHOUCROUTE !

1
Il était un p’tit multispires
Il était un p’tit multispires
Qui n'avait ja, ja, jamais fatigué
Qui n'avait ja, ja, jamais fatigué
Ohé, ohé...

Ohé, ohé Matelas
Matelas emmèn’ moi chez les fées !
Ohé, ohé Matelas
Matelas emmène-moi ronfler !

2
Tu nous fais faire de longs voyages
Tu nous fais faire de longs voyages
Sur la mer de, de, de Tranquillité
Sur la mer de, de, de Tranquillité
Ohé, ohé...

Ohé, ohé Matelas
Matelas je veux en écraser !
Ohé, ohé Matelas
Matelas qu’est-ce que j’aime roupiller !

3
Au bout de cinq à six minutes
Au bout de cinq à six minutes
Je tombe dans, dans, dans les bras d’ Morphée
Je tombe dans, dans, dans les bras d’ Morphée
Ohé, ohé…

Ohé, ohé Matelas
Si Bison futé donne des conseils
Ohé, ohé Matelas
Futon avisé aide au sommeil !

130720 022

 

15 septembre 2013

SLAM DU DÉSIR EN AVANT TOUTE

Sur mon calame un slam mité, calamiteux, silex frotté plein d’assurance et d’assonances si ça me tente ?

Bien sûr, mon oncle, un peu mon n’veu et je l’entame comme un rubis, je le sertis comme s’il était destiné à une sommité grandiloquente ou éloquente, une playmate de Sumatra ou une mousmé en mal d’amour et de mots tendres venue se glisser sous ma tente ou dans mon havresac (en scène-maritime).

Freud

Somme toute, que veut-on de nous ? Quel est donc le plan de Sa Majesté ? Que nous dit la voix de Son Maître ? Sommes-nous de simples matous, soyeux, silencieux et doux dont le sommeil tentaculaire ferait naître des désirs fous, des listes de souhaits mal tus sur le divan de l’analyste ? Des rêves si mal fagotés qu’ils auraient l’air de simagrées plus ou moins testostéronées comme Mickey ? Des mots qu’on lancerait d’une voix de Stentor quand la sapine mouille dans l’île de la Tortue ? Bref, t’en veux, Sigmund, des tartines ?

L’homme de l’art sourit et sait bien que derrière ces phrases de mystère il y a de l’inconscient, qu’il y a de la matière et qu’une fois lancée la chenille des mots plus grand chose ne stoppe ma logorrhée de myope.

Car manifestement un sit-in sur matelas avec six militantes à huis-clos mais sans Sartre, tope-là, topless, oui ça me tente, je suis partant et même sans réclamer qu’on reste, sans demander mon reste, je n’en laisserai pas !

MaSorciereBienAimee-MEA

Un slow avec Satan qui se serait immiscé dans l’âme d’une sorcière prénommée Samantha et jouerait du ballet, très smart dans son tutu, oui, cela m’intéresse.

Au sommet de la tête de Samia ma maîtresse déposer une tiare, un diadème de star ou toute autre coiffure qui la rendrait plus grande aux yeux de ces miteux qui parfois nous regardent en sidérés mateurs jaloux de son manteau d’hermine et de candeur, de ses yeux couleur menthe, de ses seins monstrueusement parfaits et de tous ces trésors qui me soutiennent le moral, oui, ça, je le veux fort, moi y’en a vouloir toi pour couvrir ma raison, être à l’abri des tuiles que sème l’existence.

Couronner cette reine, cette sirène généreuse, ce fleuve impétueux, ce Mississipi blanc qui fait la roue à l’aube pour que de ma satire il naisse un grand dieu Pan et que l’on joue des flûtes ou pique des fuseaux vers un monde meilleur, pensez si j’ai envie de le suivre l’alezan qui me tente et me fait d’une détente bondir sur ma moto, faire vrombir le moteur et laisser mal finir le slow de Marylou : j’ai toujours mal aimé le passage à Nivôse après les étés chaud qui vous ont mis en train.

Quetzal

Mais quoi ? Ce monde tarte est-il voué toujours à emplir cimetière ? Au théâtre simiesque d’Hermès et de Pluton, à l’envers du mirliton, aux hécatombes militaires, pourquoi faut-il toujours que nous nous limitions ?

Ce qui nous tente, faisons le : relevons les défis et réalisons-nous, posons sur le muret ce qui plombe nos vies et partons conquérir comme l’oiseau Quetzal l’épanouissement total !

 

Ecrit pour les Impromptus littéraires du 9 septembre 2013 d'après cette consigne.

8 septembre 2013

GEOLOCALISÉ ? ESPIONNÉ D’EST EN OUEST ?

 

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A l’époque de la Guerre froide, c’est-à-dire quand le bloc des pays de l’Est avec l’URSS à sa tête et les Etats-Unis d’Amérique avec l’île d’Hawaï à leur queue jouaient à qui aurait la plus grosse force de frappe en envoyant des tas de ferraille appelés Spoutnik, Vostok (mot qui veut dire l’Est en russe) ou Apollo dans une stratosphère encore vierge de satellites-espions malgré la présence lancinante de James Bond, d’OSS 117 (pas encore la mort en ce Dujardin !) et du chat siamois de Walt Disney qui avait des pattes de velours et qu’il ne fallait pas confondre avec la belle de Cadix dont c’étaient les yeux, un citoyen qui habitait le Nord de l’Ossétie du Sud réussit à passer à l’Ouest.

Il s’appelait Pavel Viktorovitch Krapov et n’était autre que mon grand-père putatif mais il avait par nature, quand il allait au lupanar, une prédilection pour les prostituées lentes auxquelles il cherchait des poux dans la tête. Oui, je sais, c’est nul !

800px-Libercourt_-_Fosse_n°_5_des_mines_d'Ostricourt_(A)

Car, je ne vous l’ai pas dit encore, mais vous ne m’avez pas laissé le temps, non plus, mon grand-père courait tout autant la gueuse que l’alambic. A l’issue de sa folle cavale, il avait débarqué gare de l’Est à Paris et pour fêter sa fuite, histoire de s’en boucher un coin, il était entré dans tous les bistrots qu’il trouvait sur son chemin. Il en avait écumé un bon nombre, à la louche disons quinze, quand un patron de café que ses divagations soûlaient lui conseilla d’aller dégoiser ses bêtises à Cambrai. Ça tombait bien, Papy était justement arrivé gare du Nord. Vu qu’il était un peu gris il prit bien le train pour le Nord, alors pays des gueules noires, mais il descendit dans le Pas-de-Calais. Et comme il avait bon fond il y devint mineur. C’était à la compagnie des mines d’Ostricourt, à la fosse n°5 et il fut vite surnommé l’Ossète du 5 parce qu’il s’était mis à courtiser Cléo, l’institutrice qui lui apprenait le français et qu’il finit par épouser, dans les orties, afin qu’ elle devînt ma mémé. Faut toujours épouser Mémé dans les orties, malgré ce qu’en dit le proverbe. Ça pique mais c’est bon. Quand ça s’arrête.
Elle s’appelait Cléo Cardinal ; à l’époque elle était belle comme Claudia mais sans « e » et Grand-père disait souvent : « Dans famille moi point de cardinaux en nombre mais maintenant Cardinal pas ordinaire. Très orignal ! C.C. plus jolie que B.B. !».

Comme on dit dans le Nord, mon grand-père « saqua vite ses oches » c’est à dire qu’il sauva sa peau (et ses os) en se sortant très vite de sa situation de prolétaire au charbon pour devenir finalement démineur de fonds à la bibliothèque municipale de Carvin. Ce métier consistait alors à retirer des collections les ouvrages passés de mode pour les remplacer par d’autres plus inté-récents. On appelle ça désherber aujourd’hui et ça concerne surtout les livres de la bibliothèque verte. La rose aussi, surtout depuis que les gamins ne lisent plus qu’Harry Potter et embrayent très vite sur Michel Houellebecq et la fille de Madame Angot.

nord

C’est mon grand-père qui mit au pilon « A l’Est d’Eden » de John Steinbeck, « Nord contre Sud » de Jules Verne, « A l’Ouest rien de nouveau » d’E.M. Remarque, les romans de Pierre Nord, « Croix du Sud » de Joseph Peyré et plein d’autres nanars des quatre coins du monde ou plutôt des six coins de l’hexagone . Quand je dis « mettre au pilon », ça ne veut pas dire qu’il les fourguait à un mutilé de guerre à jambe de bois, laissez-lui la place réservée, s’il vous plaît, ça veut dire qu’il était censé les éliminer mais qu’en fait il les ramenait à la maison. Moi je me jetais dessus car on mourait de faim encore à cette époque et j’ai toujours aimé dévorer les bouquins. Même encore maintenant à l’époque des liseuses, des écrans, des tablettes, je vénère le papier, surtout dans les toilettes.

Parti comme je suis, il va falloir que je m’arrête car je pourrais vous parler aussi de mon père que Papy Pavel et Mamy Cléo, avec beaucoup d’humour, avaient prénommé Ilarion Pavlovitch. Lui c’était le chanteur de la famille. Toute mon enfance j’ai eu droit au « Sud » de Nino Ferrer, à « La foire de l’Est » d’Angelo Branduardi, aux « Gens du Nord » d’Enrico Macias et au motif d’harmonica d’ « Il était une fois dans l’Ouest » d’Ennio Morricone. Sans oublier le « I wanna live in America » de « West Side story » par Trini Lopez ni “It’s only a Northern song” des Beatles qu’il avait traduite en français sous le titre “Ce n’est rien qu’une chanson à l’Ouest”.

Il chantait égalementi « Ch’est mi Louis ch’bochu, Roubaix-Tourcoing m’a vu Dins ché cafés-concerts Euch sifflos des grands airs »... et des grands verres aussi car lui aussi courait la Lambic autant que la Gueuze. En réalité, le personnage central de cette chanson reprise par les Capenoules s’appelait Charlot ch’bochu. Mais bon Louis, Charles, François, le roi de cœur et les Capet-nuls qui nous ont fait l’histoire de France, c’était bien au-dessus de leur tête, ils avaient le droit de confondre, surtout qu’ils étaient eux-mêmes confondus de boisson et pris de fou-rire ou l’inverse.

Avec de tels ascendants hélas aujourd’hui disparus, on comprend que je sois moi-même parfois un peu déboussolé. A vrai dire, parmi ces comiques il était dur de se faire une situation et je crois que justement je chercherai toute ma vie, à l’Est, à l’Ouest, au Sud ou au Nord, une situation de comique qui me les rappelle ou les rende fiers de voir, s’ils peuvent, de là-haut ou de là-dessous, que je suis resté bien quand même dans la ligne du parti de rien qui est revenu de tout. Cependant je ne sais pas si c’est un bon plan au moment où la guerre froide ressort des plats mal réchauffés et des road-movies pour les drones qui ne me semblent pas très drôles.

Peut-être que je ferais mieux de devenir mythomane pour embrouiller la NSA ?! Maintenant que tout le monde sait tout sur tout et sur mes trans-parents, ce serait peut-être trans-marrant ?

En attendant la rose des vents, longue vie et bonheur à vous, ami(e)s transfuges !

Ecrit pour les Impromptus littéraires du 2 septembre 2013 d'après la consigne "Points cardinaux".

1 septembre 2013

LES HEUREUX ET LES DAMNES

- C’est l’histoire d’un mec qui est né dans un bled nommé Ascalon. On va l’appeler H. pour faire court. Il est le fils d’Antipater, le bras droit d’un gangster nommé Hyrcan II qui détient le pouvoir sur tout un territoire de l’empire des jeux. A l’époque où commence le périple, H a déjà du sang sur les mains. Il s’est débarrassé d’un concurrent nommé Ezéchias mais grâce à l’intervention de son avocat, Maître Saméas, H. a été relaxé au bénéfice du doute par le juge Sanédrin.
- C’est le scénario du remake du « Parrain » que tu nous amènes-là ? Ou une resucée des « Soprano » ?
- Au début du film, il vient d’être recruté par le boss de la Mafia, Sextus Caesar qui a besoin d’un stratège en Samarie. Mais Sextus Caesar est assassiné.
- D’où la réplique un peu brute « Tu quoque mi fili ! ». Tu nous proposes un péplum ou quoi, là ? Je te signale qu’on n’aura pas le budget de « Cléopâtre » pour ce film !
- Antipater et H. se rallient alors à Cécilien Bass dont la spécialité est le racket des potentats locaux mais Antipater est assassiné par Terence Malik, un notable qui rechignait à casquer et qui rêvait de prendre sa place. H. nommé intendant de Syracuse par Cassius Clay venge son père en faisant assassiner Malik près de Tyr.
- Je rêve ou j’ai enfin entendu le mot « tire » ? Ça manquait cruellement de moyens de locomotion, jusque-là, pour un road-movie !
- Puis il y a une guerre des gangs entre H., son frère Phasaël, Antigonos et Marion. H. soudoie le grand Tonio qui est devenu le patron de la Mafia entre temps. Comme il a versé bonbon, il est nommé tétrarque.
- « Touchez pas au grisbi » ? « L’argent de la vieille » ? Ah non, je confonds avec l’or et Pétrarque !
- Mais bientôt le clan des Siciliens envahit le secteur. Phasaël, Antigonos et Hyrcan II sont pris en otages par leur chef, Balthazar Farnese. H. s’enfuit de Jérusalem avec 9000 hommes.
- 9000 hommes !? Bonjour la facture des figurants ! Tu prends Canal + pour Cecil B. de Mille, le facteur Crésus ou l’abbé Gomme ou quoi ? Et Jérusalem, maintenant ? Tu crois qu’on va pouvoir aller là-bas tourner les lamentations de ton héros qui va droit dans le mur ?
- J’y peux, rien, c’est inspiré de faits réels ! Ils tombent dans une embuscade mais il parvient à mettre sa famille en sécurité à Massada et à aller chercher du renfort à Pétra. Mais le succès des Siciliens est sans lendemain et finalement H. devient le patron de toute la Mafia. Il consolide son pouvoir, fait exécuter 45 notables, il s'allie à la Mafia russe par son mariage avec Mariamne, fait nommer Aristobule III, son beau-frère de 17 ans comme bras droit puis, le jugeant trop populaire, le fait noyer sans tambour ni trompettes dans une piscine près de Jéricho. Plus tard, il fait exécuter son beau-frère Joseph, sa belle-mère, et même sa propre femme à la demande de sa sœur Salomé qui accusait celle-ci d’infidélité. Il devient à moitié fou et la caméra le suit alors qu’il a entrepris de massacrer tous les mômes de moins de deux ans sous prétexte que son successeur à son poste est parmi eux.
- Eh ben ! « Massacre à la tronçonneuse dans la maison Shakespeare», maintenant ! T’as des réductions chez un marchand de ketchup pour l’hémoglobine ? Tu me prends pour Tarantino ? Ecoute, je t’aime bien, Francis Scott, mais il y a un truc qui ne va pas dans ton pitch. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai l’impression que tout est vieux, qu’on a déjà vu ça quelque part, que ça sent le réchauffé. Et il me semble qu’on t’avait demandé un scénario de road movie.
- Mais ça se passe en Syrie, en Judée, à Rome. Ca s’appelle justement « Herod’s movie ». C’est un concept intellectuel post-moderne : j’ai tout plagié sur Wikipédia, juste changé quelques noms, transposé de nos jours…
- Un film historique ! N’importe quoi ! Je crois qu’il vaut mieux que tu renonces. Tiens, je te rends ton dossier.
- Tu refuses de le tourner ? Alors là, tu me déçois. Je ne te reconnais plus, Francis Ford. Et puis on va passer pour des cons : j’avais pressenti Gérard pour le rôle principal et il avait accepté.
- Gérard ? Quel Gérard ?
- Ben, Depardieu, pardi !
- Tu as l’accord de Depardieu pour tourner ça ?
- Il a dit que si c’était toi qui réalisais, il se libérait tout de suite.
- Pourquoi tu ne m’as pas dit ça plus tôt, imbécile d’alcoolique ? Qu’est-ce que tu nous fais perdre comme temps, toi alors ! Rends-moi ce dossier, j’appelle le producteur. Je lui demande un à-valoir maousse pour que tu puisses continuer à te soûler la gueule comme un putain d’Irlandais génial que tu es et on le met en route dès demain.
-Ca roule !

Ecrit pour les Impromptus littéraires du 26 août 2013 sur le thème "road movie".

20 mai 2013

D'YEU QUE LE GUIDE EST BON S'IL EST FERU D'HISTOIRE (S) ! (1)

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L’église Saint-Sauveur était en réfection. Ca nous aurait peut-être fait du bien d’y entrer, de prendre en quelque sorte le chemin de la messe, mais à deux heures de l’après-midi, avec tous ces kilomètres dans les jambes, on cherchait plutôt un bistrot. Hélas, le seul qui existât dans ce village était fermé.

Les deux voyageuses que je cornaquais s’assirent sur un banc et sortirent de leur sac à dos d’anciennes guidouilles scoutes des bouteilles d’eau plus très fraiche. Elles m’offrirent un Figolu sec comme un biscuit de soldat mais quand je dis comme un biscuit de soldat je devrais plutôt dire comme un coup de trique ou un coup de tabac gastrique. Il leur avait permis, du reste, à ce qu’elles disaient, de ne pas vomir dans le bateau à l’aller.

Comme nous étions en face de la petite bibliothèque, je passai à la partie contée de la balade et j’entrepris de leur narrer le meurtre du père Raballand.

- Un meurtre, ici, dans ce paradis insulaire ? s’étonnèrent-elles.

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