Il y a des masques d’oiseaux, un guitalélé de championne, des plumes, un panier plein de terre, le «Raconte-moi la mer» de Jean Ferrat arrangé pour deux voix et, au finale, une reprise très gaie d’une chanson sur Christophe Colomb écrite par Charles Trénet, «Terre-chanson». Une découverte pour moi qui ne la connaissais pas.
C’est peu de dire que ce spectacle était captivant. Tout l’Ubuntu café s’était fait silencieux. Un moment poétique et théâtral d’une rare originalité, une construction bien rythmée et superbement maîtrisée.
On crie bravo et on s’étonne une fois rentré à la maison : cela a déjà été joué, paraît-il, à l’Adec mais on ne trouve rien sur Internet. Allez Joe Krapov, fais ton job de petit reporter. Que le poète à ses heures et photographe à seize heures trente se joigne à celles et ceux qui oeuvrent à pleine voix pour la poésie dans la ville et les glorifie !
La vie est la farce à mener par tous Alors déguisez vous En clown, En Superman, En drag-queen ou en Jupiter Puisque je est un autre !
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Le monde a soif d’amour. Tu viendras l’apaiser. Garde-toi cependant une poire pour la soif, Une poire à lavement pour noyer ses laideurs.
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Le chant des cieux, la marche des peuples ! Esclaves ne maudissons pas la vie ! La mort aura vite fait de ployer à genoux Le poète qui maudit !
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Mais que salubre est le vent Qui sème tout à la fois Les graines d’avenir Et l’engrais de l’oubli !
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Je me crois en enfer, donc j’y suis. Pour combien de saisons ? Pour quel crime commis ? C’est de ne pas savoir qui fait que l’on y est Sans même pouvoir y croire.
C’est un trou de verdure où chante une rivière Et la Nature, idiote, y berce un militaire !
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Les inventions d’inconnu réclament des formes nouvelles : Soufflons le verre de la cornue inusitée D’où sortiront les germes de la vie éternelle !
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J’écrivais des silences, des nuits. Je notais l’inexprimable, je fixais des vertiges. Sous ce que j’ai écrit ils ont posé leurs mots Et c’était détestable ; Sur ce que j’ai écrit ils ont posé leurs culs Et c’était lamentable !
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Oh la la ! Que d’amours splendides j’ai rêvées Mais chaque fois ma mère entrait et me disait : « Boug’ toi donc, fainéant ! Il est l’heure de t’lever !
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Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir : Un homme qui aurait vu l’ours qui aurait vu le loir.
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C’est faux de dire : je pense. On devrait dire : on me pense. Couteau planté dans le ventre, Balle perdue dans le poignet, Pour que tout ce raisiné S’arrête enfin de couler On me panse, on me panse !
Il faut être absolument moderne ! Il y a tant de vieilles badernes, Il y a tant de vieilles casernes Et si peu qui me concerne Dans vos étendards en berne.
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Ô justes, nous chierons dans vos ventres de grès, Dans la colle du progrès, Dans la quille et dans les agrès Et dans les pantalons des paléontogogues.
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J’ai avalé une fameuse gorgée de poison Et j’aurais préféré qu’on ait Sur ma table posé Bière crémeuse ou, à foison, Lumineux cruchons de gorgeon. Où se trouve l’eau de la Meuse Que j’y recrache mes misères D’auteur « malgré lui » qu’il en ait De best-sellers pour les liseuses !
Elle est retrouvée. Quoi ? L’éternité : c’est la mer allée avec le soleil Jouer à saute-nuages et à change-couleurs dans le ciel de Barfleur
Je m’entête affreusement à adorer la liberté libre A en perdre la raison Mais une chambre d’hôpital Sera ma dernière prison. Dis-moi, à quoi tout cela rime ? Et, ma sœur, quel était mon crime ?
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Ô saisons ! Ô châteaux ! Quelle âme est sans défaut ? O cuisine ! Ô restau ! Quel cuistot sans couteaux ?
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Oisive jeunesse à tout asservie ! Par délicatesse j’ai perdu ma vie
Si vous la retrouvez Envoyez-moi un mot :
Cimetière de Charleville, Boîte aux lettres Rimbaud.
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 3 octobre 2017 à partir de la consigne ci-dessous
A Charleville-Mézières, à l’entrée du musée Rimbaud, sur le quai de la Meuse, sont posées dix-huit chaises métalliques. Il s'agit d'une oeuvre d'art intitulée "Alchimie des ailleurs". Sur le siège de ces chaises des vers du poète ont été inscrits... et complétés d'une phrase par des poètes contemporains. A vous de les remplacer ce jour pour écrire derrière Rimbaud. Soit vous écrivez une seule phrase, commençant ou pas par le premier mot de ces poètes, soit vous écrivez un ou plusieurs poèmes, en vers ou en prose, dont la phrase de Rimbaud sera l’incipit.
La vie est la farce à mener par tous. Alors…
Le monde a soif d’amour. Tu viendras l’apaiser. Tes yeux…
Le chant des cieux, la marche des peuples ! Esclaves ne maudissons pas la vie ! J’établis…
Mais que salubre est le vent ! Au…
Je me crois en enfer, donc j’y suis. J’ai…
C’est un trou de verdure où chante une rivière. Ceux…
Les inventions d’inconnu réclament des formes nouvelles. Une …
J’écrivais des silences, des nuits. Je notais l’inexprimable, je fixais des vertiges. Je ne sais…
Oh la la ! Que d’amours splendides j’ai rêvées. Mon…
Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir. Ne…
C’est faux de dire : je pense. On devrait dire : on me pense. Personne…
Il faut être absolument moderne. L’homme...
Ô justes, nous chierons dans vos ventres de grès. Oui…
J’ai avalé une fameuse gorgée de poison. Je suis…
Elle est retrouvée. Quoi ? L’éternité : c’est la mer allée avec le soleil. Patiemment…
Je m’entête affreusement à adorer la liberté libre. La parole…
Ô saisons ! Ô châteaux ! Quelle âme est sans défaut ? Bien…
Oisive jeunesse à tout asservie ! Par délicatesse j’ai perdu ma vie. Jeunesse...
L'Alchimie des ailleurs est une oeuvre de l’artiste Québécois Michel Goulet. Certains croquis réalisés lors de la Nuit blanche 2010 «Dessine moi une chaise» ont servi de modèle aux dossiers. Figurent également 18 extraits de l’oeuvre d’Arthur Rimbaud ainsi que de poèmes inédits commandés à 18 poètes contemporains issus de la francophonie invités dans le cadre de résidences ou de lectures.
Si vous souhaitez en savoir plus sur cette oeuvre, voyez ici.
Peut-être, ainsi que moi, êtes-vous interrogé par le fait d'écrire "derrière Rimbaud" ? Si les dossiers de ces chaises sont magnifique, il y aurait peut-être à redire sur l'écriture à quatre mains ici présentée ? J'ai choisi d'être positif, de ne rien dire et de conserver le principe utilisé pour en faire... un exercice d'atelier d'écriture ! A vous de jouer ! Je publierai la consigne et le résultat de mes propres élucubrations demain.
Joe Krapov est poète, humoriste (?), musicien à ses heures et photographe à seize heures trente. On trouvera ici un choix de ses productions dans ces différents domaines.