1 Je ne fais pas preuve de morgue Car je ne suis pas un cyborg Mais j’ai plus de chaleur humaine Que ce sinistre énergumène : Je veux déclarer en exergue Que je ne suis pas l’iceberg Qui sema jadis la panique Sur le paquebot Titanic
Parmi les voiles que l’on cargue Je suis un peu le subrécargue D’une compagnie de poètes Et de bateaux ivres de fêtes
2 Comme arguments à nos folies Ou même à nos mélancolies Nous n'avons qu'arguties faciles : Notre adoration de Cécile, La patronne des musiciens, L’amour des mots neufs ou anciens, Des maximes de Vauvenargues , Des formules folles qu’on largue.
Parmi les voiles que l’on cargue Je suis un peu le subrécargue D’une compagnie de poètes Et de bateaux ivres de fêtes
3 Je ne monte pas sur les vergues Pour déclamer du Lichtenberg ; Plus qu’un pyrargue sur les voiles Je suis le targui des étoiles, Le flamant rose de Camargue Et dans mes plus beaux jours je nargue Tous ces fiers à bras qui refourguent Leurs devises du Luxembourg
Parmi les voiles que l’on cargue Je suis un peu le subrécargue D’une compagnie de poètes Et de bateaux ivres de fêtes
4 Seule chose dont je me targue Sur les pas de Léon-Paul Fargue, Je suis un piéton de la Terre Abasourdi par ses mystères, Par ses beautés de Sorgue, d’îles, Ses escargots, ses crocodiles, Ses fleuves, ses flots batailleurs, Ses vents qui poussent vers ailleurs
Parmi les voiles que l’on cargue Je suis un peu le subrécargue D’une compagnie de poètes Et de bateaux ivres de fêtes
Les photos de l'Etoile du Roy ont été prises à Saint-Malo le 9 mars 2014
On venait de quitter l’Iowa. Depuis que l’on avait posé des rails sur la prairie, le train traversait d’Est en Ouest les Etats enfin unis d’Amérique, histoire de confirmer ce que cette sentence du Sussex susurre même aux sourds : « Il faut bien que les guerres de succession et de sécession cessent sinon c’est du souci incessant». On était en 1878 et si on ne se battait plus depuis plus de dix ans entre Nordistes et Sudistes, on n’était pas sortis de l’auberge pour autant vu que les guerres indiennes avaient pris le relais. Enfin bon, ça faisait un an que les Sioux et les Cheyennes du Nord s’étaient rendus. On allait pouvoir assister à une autre ruée vers l’or dans les Black Hills.
A l’arrêt de Mitchell, une femme jeune et jolie, vêtue d’une robe mauve, d’une grande capeline assortie et coiffée d’un chapeau à rubans était montée dans le wagon. Elle l’avait balayé du regard, s’était installée sur la banquette vide tournant le dos aux quatre employés de banque qui jouaient aux cartes. Elle avait sorti un livre de son sac et s’était mise à lire.
Johnny Horse était le seul autre occupant du wagon. Il décida de tenter lui aussi sa chance. Il vint s’asseoir en face d’elle et la dévisagea le plus innocemment du monde.
- Bonjour, dit-il. Tu t’appelles comment ? - Je m’appelle Lily Lasouris. En fait non, je m’appelle à nouveau Lily Saint-Georges. - Tu es française ? C’est un pseudonyme ? - Saint-Georges est mon nom de jeune fille mais je suis la veuve du sergent Lasouris. Et toi, beau blond, comment t’appelles-tu ?
(Les Anglais et les Américains en viennent d’autant plus vite au tutoiement que dans leur langue le «vous de politesse" ne les étouffe pas : il n’existe simplement pas. Cela donne de piquants dialogues comme : - Permets que je te baise, baronne, le bout des doigts ? - Fais, Dulogis ! (Car le maréchal se nomme ainsi). - Les yeux dans les yeux, je te jure que je n'ai jamais eu de compte en Suisse ! - Il y en a un peu plus. Je te le laisse ? - Comment as-tu trouvé le Minnesota ? - En remontant le Mississippi !)
- Je m’appelle Johnny Horse. Je reviens d’un stage de pâtisserie orientale que j’ai effectué à Davenport dans l’Iowa. J’ai pris ce train pour rejoindre mon salon de thé à Rapid City. C’est quand même super le train ! Autrefois on était obligés de prendre la diligence pour faire ce trajet. Et toi, Lily, où vas-tu ? - Je vais derrière les Collines noires, à Gilette. C’est là que mon mari a rendu l’âme. Je vais me recueillir sur sa tombe et après je m’installerai là-bas pour évangéliser les Cheyennes. - Evangéliser les Cheyennes ? Après qu’on les a exterminés et parqués dans des réserves ? Je trouve ça un peu Sioux, comme démarche, pour ma part.
Lily ne répondit pas.
- Tu n’as donc peur de rien ? Ne sais-tu pas que plus on va vers l’Ouest, plus il y a de dangers ? Il y a sans cesse du grabuge à Pancake Valley : quand ce ne sont pas des voleurs de chevaux, c’est une alerte aux Pieds bleus ! Et puis toute cette lignée de hors-la-loi, Jesse James, Billy the Kid… sans compter que les Dalton courent toujours ! - J’ai une lettre de recommandation pour le lieutenant Chicken au 20e de cavalerie. Il était sous les ordres de Custer avec mon mari à Little Big Horn. Il pourra me protéger, m’offrir une escorte en cas de besoin. - En tout cas, tu n’es pas rendue, le voyage est encore long. Sans compter qu’il y a un passage dangereux après Canyon Apache. Et puis… il y a Gulliver. - Gulliver ? Qui est-ce ? - C’est une espèce de dragon, un monstre sanguinaire qui dévore tout ce qui s’aventure sur la voie ferrée. - Tu racontes des bêtises, Johnny ! Tu essaies de me faire peur pour me détourner de mon projet, de ma mission. Je parie que tu es célibataire et que tu rêves de te trouver une bonne petite épouse bien soumise pour tenir ton saloon ! - C’est un salon de thé, Lily, tout ce qu’il y a de plus honorable, destiné aux dames de la ville et pas un abreuvoir à cow-boys. - Ta ta ta ta ta ! C’était bien essayé mais n’y songe pas, même en rêve ! Et à part ça, à quoi il ressemble ce Gulliver ?
- C’est un chat sauvage du Kansas. Un chat géant qui a la particularité d’être tigré et omnivore. - N’importe quoi ! Un chat omnivore ! Pourquoi pas un cochon avec des bottes rouges pendant qu’on y est ? Que veux-tu qu’un chat, même géant, puisse faire à un train lancé à toute vapeur sur ses rails vers les promesses de l’Ouest ? Un chat sauvage du Kansas ! Many Dick Rivers to cross ? C'est pas sérieux ! Tiens, je veux bien parier avec toi, Johnny Horse ! Si un jour je rencontre ce Gulliver, je reviendrai m’engager comme femme de mauvaise vie dans ton saloon, foi de Lily Saint-Georges ! - C’est un salon de thé, mais pari tenu, je t’engagerai comme cuisinière pour faire des gâteaux. - Maintenant, si tu veux bien me laisser lire ma bible, Johnny, je t’en serai reconnaissant. Au moins, là-dedans, il n’y a pas d’histoires aussi abracadabrantesques ! - Mais certainement. Lis, Lily !
Un peu dépité, Johnny retourna s’asseoir à sa place initiale, il posa son front contre la vitre et regarda défiler le paysage.
Plusieurs heures après le train s’arrêta à Rapid city. Johnny prit sa valise et en passant au niveau de Mme Lasouris qui lisait toujours, au lieu de soulever son chapeau, de lui souhaiter bonne route, d’échanger un mot d’adieu avec elle ou de lui reparler de leur pari, il se contenta de faire un signe de croix.
Ce geste, bien que discret, n’échappa pas au regard de la jeune femme. Elle eut un regret. Il était mignon, ce beau blond mais un peu trop craintif, un peu trop crédule et finalement très, très voire beaucoup trop popote. Elle avait besoin d’aventure pour sa part, sans cela elle n’aurait pas épousé un militaire. Et si c’était pour ouvrir un salon de thé, elle pouvait tout aussi bien faire ça sur la côte l’Est.
La souris bibliophile se replongea dans son livre sacré. Le train se remit en marche. Vers la fin de l’après-midi on atteignit les premiers contreforts montagneux des Collines noires. Cela faisait déjà très longtemps qu’on ne voyait plus ni fermes ni barbelés sur la prairie. Un peu avant Sundance, comme le soir tombait, le train pénétra dans un tunnel.
Quand la locomotive et les wagons furent ressortis à l’air libre, le chat géant donna un coup de patte qui fit dérailler le convoi. Puis Gulliver croqua Lasouris, les employés de banque, le jeu de carte, la bible, le wagon, la loco et même le tender avec la réserve de bois et de charbon. A quoi ça servirait sinon, d’être Chat sauvage du Kansas, omnivore et tout le temps affamé ?
Puis il s’en alla ronronner d’aise ailleurs et l’auteur posa sa plume. Lui aussi était satisfait de cette variante dans laquelle le dragon n’a rien d’effrayant, Saint-Georges ne remporte pas la victoire, les animaux ne se font pas bouffer, enfin si mais pas tous et pas comme on s’y attend, et la population autochtone qui n’a rien demandé à personne peut continuer à fumer son calumet électronique (ou pas) en paix.
Comment ? 23 lignes pour faire le tour de cet animal qui se vautre dans la fange comme Christine, Frigide et Ludovine dans la Manif pour tous ? Mais c’est ridicule ! Pire, c’est un tour de cochon qu’on me joue là !
Impose-t-on la même limite à ce mammifère omnivore de Philippe Meyer ? Et en plus, cette semaine, il faut faire rire les petits mômes ! Mais enfin ! Jamais aucun(e) de vos porcelets de petits-enfants barbouillés de Nutella ne sourira jamais à l’énoncé « Qui vivra verrat » sur lequel je ne saurais faire l’impasse ni à ce petit jeu des suppositions que j’adore : suppose que tu t’appelles A et que tu veuilles importer dans la Sarthe les méthodes d’élevage du Périgord. Alors je te dirai : « Ne fais pas, A, aux truies ce que tu n’aurais pas voulu qu’on fît d’oie ! ». Caca boudin !
Du coup je suis à peu près sûr que même à Pau ce défi gave ! Caca boudin !
Le cochon est un animal qui pond des œufs quand on tire sur sa queue. Encore faut-il qu’auparavant on ait pris soin de le suspendre au plafond. Les œufs du cochon ont ceci de particulier qu’une fois cassés dans votre poêle ils se transforment en omelette aux lardons. Caca boudin !
Le cochon est tellement synonyme de richesse que les Italiens ont toujours placé en lui leur confiance et leurs économies : en italien, cochon se disait autrefois « tire-lires ». L’usage s’en est répandu jusqu’en Bretagne où le summum du luxe est de passer ses vacances en compagnie de Peggy la cochonne à la pointe du Grouin ou à Porc-Navalho. Caca boudin !
Je connais au moins trois chansons consacrées aux cochons : « Piggies » des Beatles, « Tout est bon dans le cochon » de Juliette et « Pork’n’roll » des Nonnes troppo. Je ne sais pas encore laquelle des trois je vais interpréter en complément de programme de ce billet. J’ai lu « La Stratégie pour deux jambons » de Raymond Cousse mais ça non plus, ça ne fera pas rire autant les enfants que la formule ajoutée depuis quatre paragraphes à la phrase de fin de ceux-ci.
Bon j’aurais pu chanter aussi, c’est vrai, « un été de porcelet-ne » de Mort Shuman. Sans compter que je suis aussi l’auteur de ce couplet détourné et ajouté au chef d’œuvre des Charlots :
« On a parlé d'amour et de violettes, Mais jamais d'amour et de rillettes Pourtant je connais tout près d’Allonnes Un hidalgo qui chante à sa bonne, Tous les jours à l'heure du dîner Ce chant d'amour bien tartiné :
Paulette, Paulette tu es la reine des rillettes Notre amour ne serait pas si grand Si je n’aimais pas les rillettes Les rillettes du Mans ! »
S’il y a un Edmond le cochon en bande dessinée (Veyron/Rochette) et si Obélix tombe sur ceux de son temps sanglier gare, nous avons à Rennes un Léon le cochon qui est un restaurant non-végétarien dans lequel je n’ai jamais les pieds, fussent-ils panés ou pas !
Au cinéma il y a bien sûr « Le porc de l’angoisse », « Babe », les aventures de Lemmy Cochon avec Eddy Constantine, « POUR qui CEAUnne le glas » d’après Hemingway et, paradoxalement, « La guerre des moutons » pour sa célèbre réplique « Si goret su j’aurais pas venu ».
Avant que nous ne parvenions à la vingt-troisième ligne de cette chronique ou peu de temps après l’avoir dépassée, afin de vous éviter à vous aussi de prononcer cette dernière phrase, je crois qu’il est temps que je m’arrête. C’est vrai qu’une réponse négative à la question « Cela sert-il à quelque chose que je m’échine ? » me resterait en travers (de porc) de la gorge. Et je protesterais alors : Caca boudin !
Aussi évitons de pousser des cris d’Hugues orfraie, l’heure est venue de nous saigner d’une petite chanson. Sortez vos tire-bouchons !
La pirogue glissait rapidement sur l'eau. Ils entrèrent dans un canal qui débouchait de l'autre côté de la rivière. Il était très étroit et l'embarcation y passait de justesse. Ils pointèrent la pirogue vers le canal. Ils avançaient lentement, tête baissée, à cause des branches qui pendaient au-dessus de l'eau. Après avoir fait une centaine de mètres, ils aperçurent le fleuve, négocièrent le virage et prirent la direction de Davenport où ils avaient l’intention de faire escale.
Il y avait là, sur la rive droite du Mississippi, l’auberge de Big John Crosby et l’habitation de Scott Young le trappeur à qui ils livraient eux aussi à l’occasion le produit de leur chasse. Big John n’était plus le même depuis que la rivière avait emporté sa petite Emmylou. Il s’adonnait à l’eau de feu plus que de raison pour y noyer son chagrin. Scott Young était un homme honnête mais les trois Cherokees se demandaient si ses deux fils seraient à la hauteur pour reprendre l’affaire de leur père. Le deuxième surtout n’avait rien de guerrier, frêle, souvent malade lorsqu’il était enfant, avec un regard noir et torturé, toujours fourré dans les bouquins, à lire tout ce qui lui tombait sous la main. - Qu’est-ce que tu fous, Dragging Canoe ? Tu as failli nous faire chavirer ! - Désolé ! On vire à droite, Sequoyah ! Il y a un bateau en face ! - Qu’est-ce que c’est que cet engin ? Une canonnière ? - Mettons-nous à couvert sous les lianes et observons. Regarde m’man, il y a un bateau blanc sur la rivière ! Il a une cheminée rouge, il arbore un drapeau,et il y a un homme sur le pont. Tu f’rais bien d’appeler Big John ! Je n’pense pas que ce raffiot-là vienne pour nous distribuer des lettres ! Il est à moins d’un mile maintenant. J’espère qu’il ne va pas s’arrêter ! Il a des numéros inscrits sur sa coque. Il porte un grand canon et il déplace de grosses vagues !
C’était effectivement un grand bateau blanc, avec une cheminée rouge et un long canon à l’avant. Il remontait silencieusement le fleuve et d’ici trois ou quatre minutes il serait à hauteur des deux bâtiments en rondins de bois de Davenport. Sur le quai, le deuxième fils de Scott avait aperçu lui aussi le navire. Il semblait hésiter sur ce qu’il devait faire. Il cria en direction de quelqu’un à l’intérieur de la maison mais ni son père, ni son grand frère ne sortirent pour le rejoindre. Sans doute étaient-ils partis chasser ou relever leurs pièges ? Papa est parti et mon frère chasse dans la montagne. Big John serait-il de bon secours ? Il boit trop depuis qu’Emmylou s’est noyée dans la rivière. Du coup c’est moi qui représente l’autorité mais j’ai bien trop souvent tendance à tergiverser. Je viens juste d’avoir 22 ans. Je me demande bien quoi faire face à ce truc. Et plus elle se rapproche, cette canonnière, plus l’hésitation en moi augmente !
Le gamin entra dans sa demeure et en sortit avec une carabine presque aussi grande que lui. Il demeura en retrait du quai de débarquement, posté derrière un tonneau. Avec le fusil de mon père entre les mains, je me sens plus rassuré. Papa m’a toujours dit : «Si tu vois rouge mets-toi à courir ! Ne te soucie pas des chiffres ! ». Qu’est-ce qu’il a bien pu vouloir dire ? Quand le premier coup de feu a frappé le quai, j’ai vu arriver mon destin en même temps que la réponse ! J’ai ajusté le fusil tout en me demandant pourquoi je faisais cela, pourquoi ils nous tiraient dessus. Et puis il y a eu un grand trou noir, mon visage a éclaboussé le ciel, et je suis tombé à la renverse.
Il dut y avoir une mésentente de part et d’autre. Ou alors les occupants du navire n’étaient pas des représentants des autorités américaines. Toujours est-il qu’un type en maillot rayé et en casquette tira deux coups de fusil en direction de Davenport. Ses balles ricochèrent sur le quai de débarquement. Qu’est-ce qui se passa dans la tête du gamin ? Il épaula son fusil, mit son doigt sur la gâchette mais avant que la poudre ne parle, une balle mortelle l’atteignit. Le bateau ne s’est pas arrêté. Quand il est passé près de nous notre canoë s’est soulevé comme poussé par un raz-de-marée puis le fleuve s’est calmé et le troisième d’entre nous, un vieux chaman qui avait pour nom Cheval fou se mit à psalmodier dans notre langue quelque chose qui signifiait : Eloigne de moi la poudre à fusil, le doigt trop leste ! Empêche-moi d’appuyer sur la gâchette du bâton de feu ! Pense à moi comme à quelqu’un dont tu n’aurais jamais cru qu’il se serait effacé si jeune avec tant de choses non finies, non vécues. Rappelle-toi de mon amour pour toi car déjà tu me manques.
Nous avons traversé le fleuve redevenu calme et nous sommes allés consoler la mère du jeune Neil et Big John qui était enfin sorti de sa taverne en claudiquant. Puis nous avons repris notre route. Ce n’étaient pas nos affaires. Depuis que les visages pâles ont envahi nos vallées et nos prairies, ils sèment la violence, la mort et la désolation autour d’eux. Quelque chose de grand en naîtra, sans doute aucun, mais comme dit Cheval fou : « De transformation en transformation, de paysage en paysage, nul ne sait où conduit le chemin des humains ni ce que nous récolterons sous la lune des moissons. De l’homme mort naîtra la poésie de l’homme qui rêve. Pour celui-là, il faudra simplement qu’il troque son fusil contre une guitare dans sa prochaine vie».
Librement adapté du texte de la chanson "Powderfinger"de Neil Young :
Je ne sais pas ce que raconte cette forêt de signes. Je ne sais pas ce que dit l’arbre à son voisin. Je ne sais pas ce qu’il y a derrière la porte. Je ne sais pas pourquoi on abat l’arbre afin de faire du papier. Je ne sais pas si ce qu’on écrit sur le papier mérite qu’on abatte des arbres.
Je sais que c’est ton jardin secret et que tu as toutes les réponses à mes questions Puisque tu es la réponse.
Je sais que mon manuel d’arboriculture était un incunable qui valait une fortune Mais je te pardonne car ce que tu en as fait est très beau.
Tu voulais peut-être savoir de quel bois je me chauffe ?
La réponse est classique autant que décevante : Je me réchauffe le cœur à la guitare de Georges.
Si j’étais un animal… Je serais le lion de la Métro Goldwyn Meyer qui a ouvert sa gueule une fois et a gagné la célébrité à jamais alors que moi, pauvre mortel, cent fois sur la table du bout de la salle Mandoline je dois remettre mon ouvrage ! Quel métier !
Si j’étais un animal… Plutôt que l’alligator qui verse des larmes de crocodile, je serais caïrrément l’ara qui rit
Si j’étais un animal… Je serais cette cigale qui joue à fendre l’âme sur son violon pourri des morceaux à vous briser l’ouïe
Si j’étais un animal… Je serais le lapin qui épouse une carpe pour voir ce que ça fait et je serais sans doute déçu car aucune carpe ne chante aussi bien qu’Isabelle Adjani «l’histoire dans le fond de la piscine de la copule marine... »
Si j’étais un animal… Je serais un hybride entre le chat siamois et le lapin : je serais le lapin Turalo et le lapin Turaluile
Si j’étais un animal… Je serais une fourmi de dix-huit mètres avec un chapeau sur la tête
Si j’étais un animal rennais… Je serais le chameau à trois bosses du restaurant le Khalifa
Si j’étais un animal rennais disparu… Je serais « Le Chat qui pêche »
Si j’étais un animal… Je serais un hérisson intermittent : je ne me rase que tous les deux jours
Si j’étais un animal… Je serais une araignée malade qui en aurait une autre accrochée à son plafond
Ecrit à l'Atelier de Villejean le 18 février 2014 à partir de cette consigne : "La rencontre de l'animal" d'après le texte "La panthère" de Rainer Maria Rilke
Joe Krapov est poète, humoriste (?), musicien à ses heures et photographe à seize heures trente. On trouvera ici un choix de ses productions dans ces différents domaines.