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Mots et images de Joe Krapov
texte d'atelier d'ecriture
22 juin 2014

Cadavres exquis à la Maison de quartier de Villejean le 20 juin 2014 (4)

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Quand arrive la période de Noël, Rahan, fils de Crao mastique une sarbacane céleste perché sur le dos d’un lion faramineux.

Tous les samedis François Hollande essaie d’enfiler un pantalon ridicule à un chat bleu marine.

Ces cadavres exquis ont été concoctés par des dames à cheveux plus ou moins blancs et par leur-votre serviteur lors d'un atelier d'écriture précédant le repas partagé de la Maison de quartier de Villejean (encore en train de manger et boire, Joe Krapov ?) où avaient lieu ce mois de juin une exposition et des animations sur le thème des super-héros.

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15 juin 2014

HALLUCINATION AUDITIVE

J'hallucine ou quoi ? Je le croate pas, ça !!!

Voilà que je chante en serbo-croate ? en bosniaque ?  en yougoslave !

Et ces bâtiments aux formes bizarres qui m'entourent ? Où suis-je ? 

Qu'est-ce qu'on a renversé sur ma moquette ? Au secours, j'hallucine !

 

Ecrit pour le Défi du samedi n° 302 à partir de cette consigne.

15 juin 2014

BIENVENUE A NEW-YORK, MARCEL S. !

J’ai passé une excellente soirée mais ce n’était pas celle-ci. Et pour cause !


Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Je vais vous dire : c’était que du bonheur ! C’était comme de gagner un match à la maison. En effet, parfois, à peine ma bougie éteinte, - merci infiniment, Mââm Bougie ! - mes yeux se fermaient si vite que je n'avais pas le temps de rebondir et de me dire : « On vient de l’apprendre, les paupières du petit Marcel étaient lourdes, j’ai le sentiment que ça vient de tomber et même que, trop fort, ne bougez pas, le voilà qui s’endort ! ».


Et, une demi-heure après, vraiment du grand n’importe quoi, la pensée improbable qu'il était temps de chercher le sommeil, ou pas, m'éveillait. Surréaliste de chez surréaliste.


Je voulais poser le volume que je croyais avoir dans les mains et j’étais plutôt d’accord pour souffler ma lumière. Voilà, quoi. Mais c’était énorme comme je n'avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que je venais de lire, trop de la balle, mais ces réflexions avaient pris un tour un peu particulier, tout à fait même. Enfin un vrai couac, le fameux truc décalé qui permet de revisiter grave le difficile quotidien, ou pas.


J’hallucinais. Il me semblait que j'étais moi-même ce dont parlait l'ouvrage : le très attendu jeune loup de la politique qui viendrait à bout du vieux lion, ou pas, l’église incontournable qui nécessitait l’arrêt sur la route des vacances car c’est dans l’ADN du photographe, c’est clair, de ne pas respecter la moyenne, le dernier des grands quatuors d’Arnold Schönberg, la rivalité au bras de fer de François Ier et de Charles-Quint. Fallait-il avoir peur de ce coup de calcaire ?


Cette croyance improbable survivait pendant quelques secondes à mon réveil. Elle était comme une jeune femme pleine de fraîcheur qui donnait le la aux musiciens et au chef d’orchestre du très attendu sommeil. Elle ne choquait pas ma raison, mais voilà, quoi : elle pesait comme des écailles sur mes yeux. C’était trop too much. Elle les empêchait de se rendre compte que le bougeoir n'était plus allumé. Puis dans l’entourage du metteur en scène de « Revoir sa copie » elle commençait à me devenir tout à fait inintelligible, comme après la métempsycose les pensées d'une existence antérieure se posent là où j’ai mon doigt, ou pas.


Au chevet de Bouddha où une foule anonyme, on vient de l’apprendre, se pressait, le sujet du livre se détachait de moi, j'étais libre de m'y appliquer ou non, ou pas. J’adorais ce côté décalé et en même temps je sentais monter la grogne au créneau. Aussitôt je recouvrais la vue et j'étais bien étonné de trouver autour de moi la fameuse obscurité qui reprenait la main, douce et reposante, c’est clair, pour mes yeux, mais voilà quoi, peut-être plus encore, j’ai envie de vous demander si vous vous en doutiez, pour mon esprit.


Faut-il avoir peur de l’écrire ? L’obscurité apparaissait pianissimo comme une chose sans cause, incompréhensible, surréaliste, du grand n’importe quoi, voilà, en effet, comme une chose vraiment obscure. Bref, un vrai no man’s land.

Je me demandais quelle heure il pouvait être, ou pas. J'entendais grave le sifflement des trains – Merci infiniment, le sifflement ! - qui, plus ou moins éloigné, - c’est dans son ADN, ne bougez pas ! - comme le chant d'un oiseau dans une forêt tout à fait revisitée à la maison, relevant les distances, me décrivait l'étendue incontournable de la campagne trop déserte de chez Yapersonne où le très attendu voyageur se hâte comme le dernier des grands explorateurs vers la station prochaine, pleine de fraîcheur et le petit chemin qu'il suit va être gravé grave dans son souvenir par l'excitation qu'il doit, comme vous le savez, à des lieux nouveaux – enfin un vrai endroit qui me botte depuis Sète !- , à des actes, voilà quoi, c’est clair, inaccoutumés, j’ai envie de dire aussi à la causerie récente et aux adieux trop glauques sous la fameuse lampe étrangère qui le suivent encore dans l’entourage de la lune et dans le silence de la nuit, à la douceur prochaine du très attendu retour qui, on vient de l’apprendre, est éternel, ou pas.

J'appuyais tendrement mes joues incontournables contre les belles joues improbables de l'oreiller qui, pleines et fraîches, que du bonheur, sont comme les joues de notre enfance, c’est énorme, à la maison. J’avais envie de demander l’heure, mais j’avais le sentiment que vous n’étiez pas là alors voilà quoi, je frottais une allumette pour reprendre la main et regarder ma montre.

Ne bougez-pas ! Trop nul ! Gravosse de chez gravosse ! J’hallucinais béton ! C’était bientôt juste minuit.

MIC 2014 06 09 New-York

C'était l'instant où le dernier des grands malades, qui a été tout à fait obligé de partir en voyage sur un coup de tête et a dû coucher dans un hôtel inconnu de New-York, réveillé par une crise, se réjouit en apercevant sous la porte une raie de jour. C’est trop de la balle ! Que du bonheur ! C'est déjà, merci infiniment, énorme, le matin !

Dans un moment les domestiques seront levés, c’est clair et il a le sentiment qu’il pourra sonner, et qu’une jeune femme noire viendra lui porter secours. L'espérance d'être soulagé fait qu’il va reprendre la main, lui sauter dessus, ce sera du grand n’importe quoi mais c’est dans son ADN, un coup de sang incontournable.

Faut-il avoir peur de l’improbable ? Bien sûr que non sinon on reverrait tout le temps sa copie et on ne monterait jamais au créneau, c’est clair. Après que j’ai eu rêvé, ou pas, cela, les flics m’ont arrêté à l’aéroport. Trop énorme !

J’ai passé une excellente soirée mais ce n’était pas celle-ci. Là c’est trop un cauchemar sur toute la ligne, foi de Marcel Stroskane ! Proust alors !


Ecrit pour "Un mot, une image, une citation" du 9 juin 2014 à partir de cette consigne :

Un mot : ligne
Une image :
Photo par kconners chez morgueFile

Une citation : J'ai passé une excellente soirée... mais ce n'était pas celle-ci. - Groucho Marx

Et aussi (pardon chère Joye !) d'après celle de l'atelier de Villejean du 10 juin 2014 qui consistait à réécrire le début de "Du côté de chez Swann", de "Madame Bovary" ou du "Voyage au bout de la nuit" en y insérant les mots évoqués dans le livre de Frédéric Pommier "Mots en toc et formules en tic".
(J'ajouterai la liste de demain, je ne la retrouve plus !)

8 juin 2014

LA CURE DE REPOS D'ISAURE CHASSERIAU

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Situé en lisière d’un bois, l'hôpital psychiatrique était un vaste complexe gris comme notre immeuble. La procédure d’admission dans l’établissement fut relativement simple. On enregistra son nom et son prénom, Chassériau Isaure, sa date de naissance, 1er avril 1818 et les raisons de son admission pour une cure de repos : « hallucinations inexplicables ». On lui donna une chambre agréable avec une fenêtre sans barreaux. Elle se mit tout de suite à la fenêtre, contempla l'immensité bleue du ciel et ne rêva plus de sortir pour partir à la recherche de « sa ville idéale».

Dans un cahier à petits carreaux, elle se mit à noter ses rêves, à parler de ce monde à elle qui l’avait envahie et lui avait fait perdre le sens des convenances nécessaires à la vie bourgeoise en cet an de grâce 1845. Dans le premier cahier elle parle d’un établissement nommé « Le vieux Saint-Etienne », sis rue de Dinan dans une ville nommée Rennes-en-Délires. Derrière le comptoir de ce mastroquet imaginaire, il y avait le patron, un type nommé Camille Cinq-Sens, son « oncle », chez qui passer un samedi sans rire relevait du défi pur et simple. Là en effet se réunissaient de drôles de clients qui jouaient aux cartes en philosophant à haute voix sous forme de « brèves de comptoir » ou de dialogues plus ou moins absurdes.

- Il ne faut pas oublier que dans « Brèves de comptoir, il y a « toir » !
- Et il faut songer que c’est hasardeux d’aller à Thouars !
- J’y suis allé, moi, l’année où j’ai participé au Festival des jeux de Parthenay. Il y avait une jolie fontaine à laquelle il ne fallait pas dire « je ne boirai pas deux tonneaux ».
- Tout ça, c’est une histoire de capacité. Pour un poète ne pas avoir de capacité en droit est moins gênant qu’avoir une incapacité en vers !
- Et contre tous !

D’autres fois Camille Cinq-Sens, Jacques-Henri Casanova et Jean-Emile Rabatjoie s’asseyaient autour d’une table et découpaient des images dans des magazines illustrés.

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- Encore un que les clients du coiffeur ne liront pas, disait l’un en jetant le périodique désossé dans la grande corbeille amenée à cet effet !
- Ils ne risqueront pas, c’est un « Télérama ». Je l’ai piqué chez le dentiste.
- Dis donc, il y a longtemps qu’on n’a rien découpé avec les carrés verts ?
- Ah oui, le jeu des douze images en 4x4 ! Mais ça c’est pour écrire et là vous découpez pour que je puisse faire des collages.

D’autres jours, il y avait des animations musicales dans l’établissement. Un guitariste et un accordéoniste venaient s’exciter sur « La Java bleue », « Tel qu’il est » ou « Quitte-moi pendant la coupe du monde » et sur leurs instruments respectifs tandis que deux chanteuses blondes et une rousse papotaient plus qu’elles ne vocalisaient. De toute façon les deux musiciens russes, Krapov et Kaïrakovsky, n’en finissaient jamais de ne pas se mettre d’accord sur la tonalité du morceau, le nombre de croches que le pianiste à bretelles modifiait sur la partition commise par le gratteux à ceinture sur Noteworthy Composer.
- C’est des noires ! Rechante- le pour voir!
- Chanter c’est pour écouter, c’est pas pour voir !

Cette équipe-là, plus jeune, avait un travail et de ce fait ils semblaient plus épuisés et épuisants que les papys découpeurs et fendeurs de cœur.
- Un jour, je serai libre à jamais ! lançait parfois Joe Krapov. J'ai fait tout le chemin qui va de l'école au collège, du collège au lycée, du lycée à la fac, de la fac au travail, j'ai changé plusieurs fois de boîte et pour la première fois on me laissera sortir pour ne plus revenir. Je ne sais pas ce que j'aurai gagné. Un aller simple pour un voyage chez Kirikou l'Ankou ? Le droit de réécrire en phrases courtes la « Recherche du Temps perdu » ? Ou le plaisir du temps retrouvé et des apprentissages aussi tardifs que les vendanges ? Apprendre la sculpture, le dessin animé image par image avec des statuettes en pâte à modeler, faire du théâtre et jouer avec une robe et des chaussures à talons hauts un rôle travesti ? J’ai toujours rêvé d’interpréter le répertoire de Fréhel avec une perruque de Sabine Azéma, un collier de perles et du rouge aux lèvres !
- Maintenant que ce sont des femmes à barbe qui remportent le concours de chant de l’Eurovision, tu peux faire ce que tu veux, tu ne surprendras plus personne ! De toute façon, en Ille-et-Vilaine, tout le monde s’en fout de la musique. Le plus important, c’est de bagouler avec sa voisine et avec une galette-saucisse à la main !
- Je sais ! Je sais ! Je sais que je ne suis pas là pour surprendre le monde mais j’avoue que le monde, lui, me surprend ! Avant on avait le droit de cracher dans la soupe : elle était vraiment mauvaise. Maintenant il n’y en a plus assez pour tout le monde et plus personne ne dit rien. Pire que ça, les gens s’en vont élire des cracheurs professionnels qui seront payés onze mille euros par mois pour foutre le feu à la cuisine !
- Arrête donc de parler de tes glaires, Krapov, on va passer à table d’ici peu, nous ! l’interrompt Camille.
- C’est sûr qu’avant, c’était mieux, commente Kaïrakovsky. Je me souviens que Gabriel, mon frère, piquait des pinces à linge à maman. Il s'en servait pour attacher un bout de carton sur le cadre de son vélo. A chaque tour de roue, cela faisait un bruit de pétarade. Il jouait à faire de la mobylette en gueulant par-dessus ça comme un Apache jusqu'au carrefour. Mais c'est vrai qu'on est devenus tous un peu fous depuis la disparition d'Isaure Chassériau.
- La dernière fois qu'on a eu de ses nouvelles elle était dans le petit village de pêcheurs de Trentemoult, près de Nantes.
- Est-ce qu’elle s’habillait toujours en rose ?
- Paraîtrait que non.

L’oncle Camille s’immisçait volontiers dans la conversation du Club des cinq.

- Avant ça, il y a d'abord eu un autre événement, majeur, primordial en ce qui nous concerne. Nous avons refusé de lire « La Bicyclette bleue » et nous avons préféré fréquenter les filles des forges, dont la fameuse Régine, celle qui avait un boa. Il faut toujours préférer la vie aux livres car les jouissances sont plus diverses et l’exercice ça ne fait pas plus de mal aux gens que de manger cinq fruits ou légumes par jour, même si chez nous c’était plutôt bidoche, patates et charcutaille, histoire d’alimenter sans le savoir notre taux de cholestérock’n’roll !
- Moi je n’en ai pas eu longtemps de cette maladie-là ! répond Krapov. J’ai supprimé le beurre et l’argent du beurre c’est Marina B. qui le dépense quand elle promène son QI sur les remparts de Varsovie ou son quant-à-soi sur les ramblas de Barcelone. Mais c’est vrai, quand Isaure est partie de chez nous, j’ai bien profité de ses archives pour alimenter un site web nommé Rennes-en-Délires. Il fallait faire montre de fantaisie, visiter la cité avec un regard neuf, y piocher de quoi rire ou sourire, réécrire l'histoire de cette ville d'art et de bizarre qu’est Rennes.

***

Isaure neige

Elle prit vite ses habitudes à l’hôpital. Le personnel était gentil et l’effet des cachets qu’on lui donnait ne se faisait sentir que le soir. Comme si, dans la journée, les infirmières s’étaient trompées de médicament. Ou bien, comme quand, après une longue marche, on a les endorphines qui travaillent encore et on se sent prêt à embrayer sur un autre exercice physique.

Comment se faisait-il qu’elle soit autant inspirée ? Au fil des jours les cahiers, car il lui en fallut plusieurs, se remplissaient. D’où venaient tous ces personnages bavards qui coupaient la parole à sa plume, avec lesquels elle semblait tout à fait complice alors que d’habitude, le regard presque éteint, l’apparence toujours réservée, elle semblait posée là, discrète et immobile, comme une cousine de province en visite à Paris, comme si elle était habitée par la peur de déranger un grain de poussière de la surface du monde, comme si elle veillait à ce que, du bouquet d’églantines de sa coiffure, aucune fleur ne tombât jamais ?

- J’ai la réponse, ricanait l’oncle Camille. C’est comme quand ils m’ont donné du Fludex pour mon hypertension. C’était marqué sur la notice ! Ca faisait le même effet que l’EPO en intraveineuse à un cycliste qui planque du fric en Suisse et qui regarde le Tourmalet et Isaac et l’Aubisque de homard les yeux dans les yeux en disant que, sans mentir, c’est Zigomar et Pussomar qui m’ont tuer ! Tes cachets, ma pauvre Isaure, ce sont eux qui font tout le boulot ! Comme le chapeau d’Amélie Nothomb. Retire-le lui et il n’y a plus d’écrivaine. Ou comme celui de Neil Young ! A croire qu’ils dorment avec la nuit ! Des chapeaux de magiciens dont il sort des lapins à profusion et certains ne valent pas un pet.
- Putain ! Et il s’y connaît l’oncle en cuniculiculture !
- En même temps, dit une des deux blondes, ca doit pas être top d’épouser un presti-digi-tâteur ! On ne doit avoir droit qu’à des coïts furtifs !

Fallait-il y voir un signe du destin? Lorsque la nuit tombait les nuages s'assombrissaient, leurs formes devenaient inquiétantes et un enfant apeuré ou un être trop imaginatif y auraient vu peut-être 99 dragons aux aguets attendant Saint-Georges de pied ferme, la gueule prête à cracher le feu. Quand ses paupières devenaient lourdes, Isaure, apaisée, sereine, reposait la plume dans l’encrier et allait se mettre au lit. Elle s’endormait alors très vite et toutes les nuits, elle rêvait qu’elle allait visiter un musée. Elle passait devant une chasse au tigre, des oiseaux hollandais, une jeune mère et son nouveau-né, une scène biblique et lorsqu’elle arrivait devant le tableau ovale avec le magasin de magie, elle entrait dans le tableau, poussait la porte  et elle oubliait tout.

 

DDS 301 isaure et la boutique de magie

Ecrit pour le Défi du samedi n° 301 d'après cette consigne
et aussi à l'Atelier d'écriture de Villejean du 27 mai 2014 d'après la consigne n° 1 de l'Atelier de Zulma

8 juin 2014

AH ! DIEU, VEAUX, VACHES, COCHONS LIBERES QUI S'ENVOLENT !

Lorsque les vaches volent, Djamel se gare des bouses. Elles pleuvent par douze, s’amassent en monceaux, atterrissent en rond et dans le saint des saints de ce cercle d’initiées les nouveaux religieux de l’ordre du Tartuffe viennent caresser l’espoir que poussera ici l’aiguille du Midi.

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L’aiguille du midi, c’est l’heure du maçon. J’écris alors au fil à plomb, avec un vil aplomb, des histoires verticales sur les murs de la ville. Le passant peu pressé s’arrête, lit mes bêtises et se gondole comme Sheila et Ringo à Venise. Il lui pousse au thorax un maillot à rayures et, sur sa tête hilare, un beau chapeau de paille avec un ruban rouge. L’Eglise Notre-Dame devient un campanile qui penche pour la solution de faciliftée et la Vilaine se refait une beauté en détournant son cours vers celui de la lyre ou plutôt de la lire car on y est revenus depuis que la nymphe Europe fait de l’œil aux taureaux de son beau regard franc aux lignes bleues des Vosges. Midi c’est l’heure de casser la croûte pour le maçon mais pour cent bricks, tu n’as plus rien comme bateau sinon ceux de papier que tu peux fabriquer si tu as retenu les schémas de l’enfance.

Justement, la vieillesse c’est quand tu t’aperçois que tes souvenirs d’enfance n’intéressent plus personne, que Cyrille Guimard n’a jamais décroché son doctorat d’espoir et qu’on ne te volera pas le vélo à son nom, pas plus qu’un Poulidor, car il ne fait pas bon arriver en second au pays où les loups portent des masques d’homme, voyagent en avion, abattent des forêts pour pousser leurs camions. Les arbres explosent en silence, tous les Chinois rêvent d’un carrosse à défaut de trouver une Chinoise à leurs pieds car ils ont trop serré le numérus clausus et ne croient pas au Père Noël.

Le temps s’arrache, inexorable, de la machine à lover et le tambour s’attache à délaver l’inessorable, à blanchir le persil des narines, à coller des pains à l’azyme glouton, à réduire les bonus sans nous faire de cadeaux sauf à Arielle Dombasle que j’échangerais bien contre deux barils de poudre d’escampette quand elle chante ou quand BHL trompette. Direction un pays de cathédrales folles, de vaisselle cassée, de montres molles, de maisons sans lignes droites, de fenêtres monstrueuses pour dévorer l’ado qui ne sort plus de sa turne.

Thabor compo

Direction le parc du Thabor ! Je promène un jardin au bout d’un baluchon, je capture des ailes d’anges tatouées sur des blousons, je regarde bronzer les dernières liseuses même pas numériques, j’envie les affalées aux âmes d’azalées, le nez dans le soleil, les pieds dans la fontaine. Je me nourris des roses, de ces monceaux de roses qui parfument la ville et je pourrais mourir avec la bouche bée pour peu que les abeilles viennent butiner ma luette, ma gentille luette et je me plumerais avec tout le Québec en ces temps de Canada dry et de sécheresse de ton des chenilles qui disent « Minute » aux papillons.

trois boutons de rose

  La postière est enceinte et ça n’est pas de moi de m’en aller ainsi, de la vieille sacoche du facteur suicidé que chantait Moustaki vers la boîte timbrée du village de Trentemoult : je ne me poste pas sur le pas de la porte pour qu’on m’enveloppe du regard ou pour qu’on m’affranchisse du cachet des vedettes ou de leurs secrets d’alcôves . Je me tamponne de certaines flammes. Si mon timbre résonne, c’est que sur le chemin, escarpe de Paulette, je m’apprête à rouler de nouveau, narquois, la société qui m’offre des vacances. Quand la vie m’enchante, je chante !

boîte

La postière est en sainte. Le bébé qui naîtra sera sain d’esprit et de corpore sano. Il aura Vénus en lion et la laine en mouton dont il suivra le fil afin de découvrir au bout de son chemin l’étoile du Berger. Moi, de toute façon, je suis comme Maryvonne, je ne sais plus où j’habite. Je lui laisse les pépins, au mouflet. Qu’il renaisse en pommier, moi je garde la cerise, je continue d’écrire sans trop savoir pourquoi, sans trop savoir comment, les mêmes cartes postales qui font plaisir aux gens même s’ils les reçoivent après que je suis revenu mettre un coup de soufflet dans l’anus des cochons afin qu’ils volent vers Monterfil pour y jouer du biniou. C’est quand même grâce à moi, à mon souffle magique, à mes fausses notes de rêve, qu’il pleut de la saucisse sur toute l’Ille-et-Vilaine, non ?

Et tant pis pour ceusses-là qui n’ont pas de galette. Comme a écrit Jules Verne « Seul est vraiment libre l'homme qui ne possède rien ».
- Justement , répond l’oiseau-Bakounine, ma propriété, c’est le vol !

S’il n’y avait pas ces faillies vaches qui planent, nous étonnent et nous tannent d’explosions de méthane, on serait au paradis, non ? 

Bien sûr que si, et cela même dans une Bretagne à quatre départements !

MIC 2014 06 02 cochon gallésie

Ecrit à l'Atelier d'écriture de Villejan pour "Un mot, une image, une citation" du 2 juin 2014 d'après cette consigne :

Un mot : monceau
Une image :

Une citation : Seul est vraiment libre l'homme qui ne possède rien. - Jules Verne

et en s'inspirant de ce texte de Jean-Marc La Frenière

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31 mai 2014

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 27, VILLANELLE

Galopez dans le ciel, blancs chevaux des cortèges !
Une rose a mis fin au règne de l’hiver,
Une rose a percé la pierre de la neige !

Nous voici libérés de l’affreux sacrilège,
Du monstre qui sema ici un bel enfer !
Galopez dans le ciel, blancs chevaux des cortèges !

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Répandez la nouvelle en délicieux arpèges !
Notre libérateur nous a sauvés hier :
Une rose a percé la pierre de la neige !

Il s’appelle Saint-Georges et son Dieu le protège.
Dans l’infâme dragon il a planté son fer.
Galopez dans le ciel, blancs chevaux des cortèges !

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Dîtes à l’étonné l’étrange sortilège :
Des entrailles glacées, de ce frigo ouvert,
Une rose a percé la pierre de la neige !

Clamez-le haut et fort, plus rien ne nous assiège !
Portez la foi nouvelle aux bornes d’Univers !
Galopez dans le ciel, blancs chevaux des cortèges !
Une rose a percé la pierre de la neige !

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N.B. Les trois photos qui illustrent cette villanelle
ont été prises à Barcelone en avril et mai 2014

Ecrit pour le Défi du samedi n° 300 à partir de cette consigne

31 mai 2014

TOUT PART EN FUMEE ?

C’est naturellement que tout part en fumée
Mais j’ai préféré perdre
Le goût du risque (d’un cancer ?)
Plutôt que me perdre à jamais.

MIC 2014 05 26 cigare

C’est naturellement que tout part en fumée
Mais moi, perdu dans les détails,
Je ne perds pas de vue cet essentiel de taille
Que je continue de t’aimer.

MIC 2014 05 26 Feu

C’est naturellement que tout part en fumée
Mais c’est quand même Néron qui met le feu à Rome.
Ayant perdu tout sens de ce qu’est Dignité
Il s’est perdu lui-même.

MIC 2014 05 26 incendie

C’est naturellement que tout part en fumée
Le Vésuve et l’Etna, la ville de Saint-Pierre…
Avec le temps va tout volcan !
Parmi les fumerolles
Des montagnes pelées
Ne survit que le rock’n’ roll.

MIC 2014 05 26 Fumée

C’est naturellement que tout part en fumée
Mais je ne veux connaître que les bonheurs anthumes
Des fumets que je hume
Quand je fais la cuisine,
Du parfum des frangines
Qui m’allument,
De l’odeur des matins dans la fraîcheur des brumes,
De la fragrance
Des vacances
Et des mots en costume
De carnaval de Rio
Qui dansent sous ma plume
En sortant du chapeau.

MIC 2014 05 26 feu d'artifice

C’est naturellement que tout part en fumée
Sauf cette inspiration aux sources de la vie,
Incandescente,
Force incessante,
Inextinguible,
Flamme rasante
Ou étincelle risible,
Feu d’artifices parfois bon teint,
Feu de Bengale jamais éteint

MIC 2014 05 26 Fumée St-Vincent

Pour le plus grand malheur
De mes quelques lecteurs,
Pour le plus grand supplice
De mes quelques lectrices.

Ecrit pour "Un mot, une image, une citation" du 26 mai 2014 d'après cette consigne :

Un mot : naturellement
Une image :

Image retrouvée chez MorgueFiles

Une citation : Il est moins grave de perdre que de se perdre. - Romain Gary

25 mai 2014

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 26, PREDICTION DE CHIROMANCIENNE

DDS 299 - Le_Caravage_-_Diseuse_de_bonne_aventure

La jeune gitane a pris la main gauche du bonhomme entre les siennes. Elle lui a dit de bien écarter les pouces et de serrer les autres doigts. Elle a maintenu immobiles le majeur et l’annulaire de l’inconnu et a commencé à lire les lignes de la main.

- Ta ligne de coeur est très courte et très hachurée. Je vois des croix partout. Les femmes ne comptent pas pour toi. Tu places tes idéaux bien au-dessus de la rencontre de tes congénères. Tu dois être une espèce d’artiste du meurtre passionnel. Si tu tues, c’est pour asseoir la puissance de ton Seigneur, la droiture de tes conceptions. Tu veux élever ton prochain vers le beau, l’éduquer au bien dans lequel tu crois. Et pourtant, on va t’offrir une princesse, de la richesse, un terrain pour bâtir ce monde idéal… mais tu n’accepteras pas. Tu préfères t’éparpiller, papillonner, ramasser la vaisselle cassée, unifier toujours. Et pourtant, ça c’est très bizarre : la famille est sacrée pour toi !

DDS 299 Main de Gaudi

L’homme n’a pas répondu. Il a juste acquiescé d’un hochement de tête. Carmen a hésité avant de continuer. C’était la première fois qu’elle découvrait un tel lacis de lignes emmêlées dans la paume d’une main. La promesse d’un être d’exception, d’un héros, d’un génie à venir. Un grand homme assurément. Ou alors… un serial killer ! Mais pourquoi tant d’ébouriffantes perspectives alors, que, vu de près, le type était commun, avec plein de poils blancs dans sa barbe, des habits usagés qu’il n’avait pas dû quitter depuis un mois, une dégaine de clochard un peu aristocratique. Cependant, son regard semblait survoler tout le petit monde du parvis de l'église de Saint-Philippe Néri sans y prêter autrement attention. Un géant parmi les nains.

- Ta ligne de chance est toute droite elle aussi. Tu traces ton chemin en toute continuité. La place sur laquelle tu te meus est nette, ornée de lampadaires, de lumières qui t’accompagnent tout au long du chemin. C’est pourquoi ta voie est royale. Quelqu’un de très puissant va t’aider à faire preuve de tes talents. On va te dérouler un tapis rouge pour que tu deviennes célèbre jusqu’à la fin des temps mais tu ne devras pas craindre de surprendre, de désarçonner les autorités dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles sont à cheval sur les principes. Tu feras preuve d’anticonformisme, tu arrondiras les angles mais sur la fin, il y aura un accident. Es-tu prêt à entendre quelque chose à propos de ta propre mort ?

- Je suis prêt, dit l’homme. Mes grands amis sont morts. Je n'ai pas de famille, ni de client, ni de fortune, ni rien. Donc, je peux me livrer entièrement au Temple.

- Ta ligne de vie s’arrête brutalement. Tu mourras renversé par la méchanceté, victime d’une vengeance. Il y aura un temps où tu seras peu reconnu malgré tes exploits et ton beau parcours. Par contre ta gloire posthume sera mondiale. Tu seras le patron de cette ville, de cette région même et ton œuvre sera admirée par l’Eglise tout entière et cela sur toute la planète. Mais le dragon sera vengé de toi par une dernière plaisanterie du destin à ton égard.

La petite gitane a lâché la main du vieil homme. Elle a tendu sa paume et tandis que le vieillard sortait d’un porte-monnaie usé quelques pesetas qui avaient bien bourlingué et lui en faisait cadeau, elle se demanda s’il n’y avait pas maldonne. Etait-ce vraiment là Saint-Georges ? Que faisait-il en Espagne en 1926 sous les traits d’un vieux clodo ? Toutes ces lignes et tous ces points qu’elle avait interprétés comme il convenait, elle en était certaine, lui avaient donné le tournis. Elle rangea les pièces dans sa poche et regarda le vieil homme qui, plongé dans ses pensées, s’appuyant sur sa canne, s’éloignait vers le haut de la ville où il avait peut-être sa maison.

DDS 299 tram

Et puis un grand fracas se fit entendre au bout de la rue. Le monstre de ferraille, le dragon cracheur d’étincelles, négocia son virage et s’élança dans la dernière ligne droite, celle de sa revanche fatale. C’est à ce moment-là qu’elle comprit son erreur. Tout ce qu’elle avait dit était juste mais se trouvait déjà derrière cet homme. Tout s’était précipité, aggloméré, les temps s’étaient mélangés mais il y avait une espèce d’unicité, de présence continue de l’audace, du danger, du drame, de la folie qui s’était transmises du héros à l’homme de la rue, du soldat d’hier à l’architecte d’aujourd’hui. C’était la même ligne, les mêmes lignes.

- Hombre ! Hombre ! appela-telle

Le vieil homme sortit des pensées qu’elle avait fait naître en lui, il se tourna vers celle qui l’appelait et c’est à ce moment-là que le tramway rancunier le percuta de plein fouet.

***

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Parce qu’elle était le seul témoin de l’accident, on avait accordé à la petite Bohémienne le droit d’accompagner le mourant jusqu’à l’hôpital et pour l’heure, sagement assise sur une chaise à côté du lit, elle dessinait.

Le vieil Antoni agonisait. Il voyait un dragon immense, une sculpture tout aussi baroque et effrayante que certaines des ornementations qu’il avait lui-même inventées comme les guerriers sur le toit de la Pedrera ou le G du Palais Güell. Et le dragon lui parlait, méchamment mais sereinement.

- Tu n’as jamais voulu que je monte jusqu’à ton parc à la con, avec ses maisons pour aristocrates, ses colonnades penchées et ses décorations de trencadis. J’aurais pourtant été ravi de la voir, moi, la maison d’Hansel et Gretel ! J’adore les légendes. J’ai beau être une machine, j’ai une âme, je carbure à la poésie autant qu’à l’électricité. Moi aussi j’aurais désiré quitter les rails du quotidien, de la réalité et de la fonctionnalité. J’aurais voulu être ce chemin de fer qui emmène les enfants sur la colline du Carmel en sortant de l’école. Désolé, Gaudi, tout a une fin et je suis bien content de ne pas t’avoir raté. Je n’avais que le crime comme moyen de communication avec toi. Pour dialoguer avec un type comme toi qui a toujours la tête dans les étoiles, ce n’était pas facile. Par certains côtés, tu me rappelles Saint-Georges, le patron de la Catalogne qu’un de mes ancêtres a bien connu.

140501 040

On a mis du temps avant d’identifier Antoni Gaudi. Il se promenait sans papiers, ressemblait à un traîne-misère alors que dans sa jeunesse il avait été un dandy. Et c’est vrai que ça ressemblait à une plaisanterie du destin. Il avait refusé que les tramways puissent accéder au parc Güell et c’est justement une de ces machines infernales qui avait causé sa mort.


La Petite gitane a vécu fort vieille. Elle a toujours gardé chez elle le dessin qu’elle avait tracé, à la va-vite, pendant qu’elle le veillait, des lignes de la main de Gaudi, l’architecte fou des Catalans, le génial concepteur de la Sagrada familia, du parc Güell et de la casa Batlo. Elle a même fini par faire encadrer ce croquis d’un moment de confusion mentale qui a lancé sa carrière de diseuse de bonne aventure. A sa mort, elle en a fait don à la maison-musée de Gaudi où il est exposé.

Aujourd’hui où l’on parle de faire passer d’autres dragons sous la plus folle des cathédrales, à savoir une ligne de TGV souterraine en plein centre de Barcelone, celui qui regarde la paume de la main de Gaudi n’en revient toujours pas. Toutes ces lignes emmêlées représentent le réseau actuel du métro de Barcelone !

DDS 299 Main de GaudiDDS 299 plan du métro de Barcelone

 

Ecrit pour le Défi du samedi n° 299 à partir de cette consigne

25 mai 2014

OUBLIER, KRAPOV ? MISSION IMPOSSIBLE !

Affirmons-le tout net : la mémoire est un truc de con ! Je ne sais vraiment pas pourquoi, en effet, j’ai retenu le nom de ce groupe pop des années 60-70, Jethro Tull, dont je n’ai jamais écouté aucun disque ni même pourquoi j’ai encombré ma petite cervelle avec le nom de son « leader », M. Ian Anderson. Lui par contre fait une apparition en tant que joueur de flûte invité sur le dévédé d’Uriah Heep « Acoustically driven ».



Affirmons-le tout de suite : la culture est un truc de con ! Tu tires sur un fil, et il y a tout le peloton qui vient ! Voilà qu’on me parle aujourd’hui des filles de Jethro. Elles auraient été peintes sur les murs d’une chapelle dite « sixteen » à Rome par un nommé Sandro Botticelli, peintre en coquillages de la planète Vénus. Il les a représentées à l’époque où elles s’occupaient de garder les moutons et ron et ron petit pataton dans une ferme bio près de Silène en Lybie, là ou Saint-Georges affronta et vainquit le dragon.

MIC 2014 05 19 Les filles de Jethro

 

Affirmons-le tout de go : la réputation de M. Botticelli comme peintre-photographe de naissances et de mariages est largement surfaite. C’est même, positivement, un attrape-cons ! Outre que sa photo est floue, l’une des sœurs tourne la tête au moment où il déclenche. Ce n’est pourtant pas difficile de demander à ces jeunes filles auxquelles il ne manque pourtant pas grand’ chose pour qu’elles deviennent de vraies poseuses de regarder l’objectif et de dire « Tchiiiiz » ou « Ouistiti ».

Affirmons-le tout penaud : je suis le même genre de con que tout le monde. Puisque ces dames gardent les moutons et que ma dernière devise depuis mon récent voyage à Barcelone est « Panurge everywhere ! And i am from the troupeau too ! », après la découverte du tableau de Sandro j’ai fait comme tout le monde et je suis allé chez Madame Wikipe en apprendre plus sur papa Jethro, dame Sephora sa fille et sieur Moïse qui épousa celle-ci.

140429 614

 

Affirmons-le haut et fort, même si cela perturbe le cours de mon discours, dans toutes les larmes que j’ai versées à Barcelone en constatant la boeufitude de certains de mes contemporains et le côté rudement pimenté des « patatas bravas » s’attarde quand même l’espoir que j’y retournerai un jour « hors saison » afin de profiter plus amplement de cette ville emplie de trésors et peuplée d’hidalgos princiers et de splendides Catalanes.

Et donc, à l’issue de cette lecture studieuse, au terme de tout ce cheminement vers « toujours plus de données inutiles dans les cases de mon petit crâne » je me suis fait une réflexion et je me suis posé plein de questions, ce qui est déjà un beau résultat pour un type qui n’a qu’un seul neurone !
La réflexion, tout d’abord : l’histoire religieuse est pleine de sueur, de larmes et de sang (en anglais, dans le désordre comme le tiercé : blood, sweat and tears). Ce Moïse « qui tue de son épée un Égyptien qui battait un Hébreu, qui fuit dans le désert pour le pays de Madian, prend la défense des filles de Jéthro dont sa future épouse Séphora contre des bergers qui veulent les chasser alors qu'elles tirent de l'eau du puits, reçoit la révélation divine du buisson ardent, conduit le peuple d'Israël hors d'Égypte vers la terre promise, reçoit les tables de la loi » et vit encore sa vie de super-héros jusqu’à 120 ans, je m’étonne qu’Hollywood n’ait jamais songé à tirer un film de sa vie. Comment ? Ca a été fait ? Par Elie Chouraqui et Pascal Obispo ? Oublions !

Les questions : Que devient l’autre sœur ? Comment se prénomme-t-elle ? Que sait-on d’elle ? Pourquoi n’entend-on plus parler d’elle ensuite ? Pourquoi une telle omission ? C’est impossible ! C’est quand même la belle-sœur de Moïse, non ? Ce n’est pas rien, non, comme titre, dans l’Histoire ?

Sur Internet j’ai appris qu’elles étaient sept filles de Jethro, que Sephora a été adoptée, qu’elle était Arabe ou noire et que vas-y que je polémique et que vas-y que je discutaille la bavette… J’ai préféré oublier ces échanges et j’en suis venu à l’essentiel. A l’Essentiel. Il est question là-dedans d’un certain YHWH. « Pour l’accréditer auprès des Hébreux, Dieu lui révèle son nom, en continuité avec la tradition ancestrale : Abraham, Isaac et Jacob. Ce nom est le tétragramme YHWH ». 


Essayez avec moi : YHWH, YHWH ! C’est franchement imprononçable. Il y a là de quoi cracher son dentier si on en a un. Y avait vraiment pas moyen d’intercaler des voyelles dans ce nom-là ?


Car enfin, à quoi ça rime d’omettre des voyelles ou des consonnes. C’est une nouvelle façon de réformer l’orthographe ? De faire des économies d’encre comme en utilisant le caractère Garamond mal de tête ? Certes, on comprend encore, à la limite, des phrases comme « en crosere sur le Mssssp, un Georgen de Tblss a fat la connassnce d’une Amércane ». Déjà plus limite est celle-ci : « Bottcell dt aux sours : dtes Tchz ou Oustt ! ». Mais si on veut sucrer les « s » plutôt que les fraises, que penser de « En croiière ur le Miiippi un Géorgien de Tbilii a fait la connaiance d’une uiee ? » Oui, gagné, dans cet exemple-ci, il s’agissait bien d’une Suissesse !


En conclusion, au vu de la longueur de ce texte à partir d’un sujet si mince, prêt à avouer que « Trop de Krapov tue le Krapov », je dirai que je ne m’économise vraiment pas et que je suis pour le maintien des consonnes dans le mot « strict » et pour le maintien des voyelles dans le mot « oiseau ». Et avant d’aller déguster l’omltt de la mr Poulard, j’ajouterai ceci : de la même manière qu’on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs, on n’écrit pas « omelette » sans caser d’e. Sinon reste plus qu’à aller se faire cuire un œuf. Justement, j’y vais de ce pas.

 

MIC 2014 05 19 mère poulard

 

Ecrit pour "Un mot, une image, une citation" du 19 mai 2014 à partir de cette consigne :

Un mot : omission
Une image :
"Les filles de Jethro" par Botticelli

Une citation : Dans toutes les larmes s'attarde un espoir.  - Simone de Beauvoir

17 mai 2014

NE ME PARLEZ PAS DE CE TRIANGLE : JE SUIS IMMORTEL !

Tout doit disparaître aux Bermudes !

Chopin qui nous pondait nocturnes et préludes,
Don Quichotte et Sancho, leur dissimilitude,
Venise qui moisit dans sa décrépitude,
L’Olympia de Manet, océan de quiétude,
Et Claud’ François qui chante un peu comm’ d’habitude
D’étranges platitudes et va la trouver rude,
La not' bien ampoulée du vol en altitude :
En électricité ? Zéro ! Inaptitude !

Tout doit disparaître aux Bermudes !

De l’horloge parlante, havre d’exactitude
Aux marées d’équinoxe éprises d’amplitude,
Du fumeur opiomane enivré d’hébétude
Au voleur des cités émule de Latude,
De la néologiste en pleine bravitude
Jusqu’au coureur de fond pétri de solitude
Chacun doit le savoir : sous cette latitude
Rien ne subsiste et c’est la seule certitude :

Tout doit disparaître aux Bermudes !

Le procureur peut bien vanter sa rectitude,
L’avocat réclamer de la mansuétude,
L’accusé adopter la plus humble attitude,
Les jurés avouer leur grande incertitude :
Charlot Tanguy a-t-il occis Dame Gertrude ?
L’acquitté dira-t-il son peu de gratitude ?
Si le procès émeut un temps la multitude
On oubliera bientôt toutes ces turpitudes :

Tout doit disparaître aux Bermudes !

MIC 2014 05 12 procureur


Je puis envisager avec béatitude

D’ouvrir un parapluie en guise d’interlude
Et de lire, abrité, de savantes études
Sur la philosophie et ses vicissitudes ;
La mer viendra troubler ma douce plénitude.
Marée ou Tsunami, c’est avec promptitude
Qu’elle s’en vient noyer mon peu de certitudes
Sur la façon d’atteindre enfin la zénitude :

Tout doit disparaître aux Bermudes !

Nature, peu encline à la sollicitude,
Et la fuite des ans, dans leur similitude,
Nous condamnent toujours à cette servitude
Qu’il faut, du lendemain, avoir quelque inquiétude
Mais j’ai, pour le déni, une énorme aptitude
Et ne me résous pas à cette ingratitude.
Que tout doive périr en mer près des Bermudes
C’est inexactitude et pour moi, je l’élude

En n’allant pas traîner sous cette longitude.

Pour m’envoyer en l’air je me la joue très prude :

Je n’ prends jamais l’avion
Et bannis le triangle, amoureux ou bien non,
De ma conversation !

Ecrit pour le Défi du samedi n° 298 d'après cette consigne (à laquelle j'ai rajouté un peu celle de Un mot une image une citation (Cf le texte ci-dessous) et celle de l'atelier d'écriture de Villejean qui incitait à placer dans un texte des rimes en "ude")

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