Des années durant nous avons fait le trajet en voiture de Sablé-sur-Sarthe à Redon en passant par Craon, Renazé, Pouancé et Châteaubriant. Nous ne nous sommes jamais arrêtés dans cette localité et j'ignorais même qu'il y eût là un château.
Grâce à mon boulot de "groupie de conteuse" j'ai pu le découvrir hier soir. Très intéressant !
Cette séance de contes avait lieu dans le cadre de l'exposition "Loire-Atlantique, terres de trésors". Je peux témoigner que cela a été un très joli moment.
Tout a sans doute commencé à cause de l’accordéoniste. Il s’est incrusté dans une discussion entre Nathalie et Monique dans la salle des périodiques de la Bibliothèque universitaire où je venais d’atterrir. Dans toute la joyeuse bande de mes collègues d’alors j’avais réussi à en embarquer trois dans ce projet musical totalement au diapason du Jack Lang de 1981 : descendre dans la rue le jour de la Fête de la musique et donner à entendre et à voir son savoir-faire de tapeur de casseroles, de frotteur de violon ou d’élytres, de joueur de piano debout ou de chanteur de salle de bains.
Ce n’est pas pour embêter la fourmi mais moi je suis du signe de la cigale et mon instrument c’est la gratte, la guitare. Je souffle également dans des harmonicas et mon inspiration pour ce jeu de souffler-aspirer dans un « ruine-babines » vient de Neil Young plus que de Bob Dylan. Encore que les modèles français que j’ai eus dans l’enfance s’appelaient plutôt Albert Raisner ou Antoine. Ce dernier, dans ses « Elucubrations » de 1965 ou 66 nous gratifiait de deux petites notes par-dessus ses chemises à fleurs à la fin desquelles il proclamait : « Oh ! Yeah ! ».
A l’époque Sheila chantait « Le kilt », « Petite fille de Français moyen » et « Le Folklore américain ». Il y avait plein de joyeux loustics qui avaient débarqué avec des guitares électriques et il fallait choisir son camp entre Beatles et Rolling Stones. Mais on pouvait aussi préférer la guitare sèche du moustachu de Sète, l’oncle Georges B. avec son « plonk plonk » régulier qu’on appelle la pompe.
Mais je m’égare. Tout ça c’était bien avant qu’on fasse la connaissance de ce pharmacien à thèse tardive – il ne l’a toujours pas soutenue - qui jouait de l’accordéon. Il m’est arrivé plus tard de chanter avec lui du Bruce Springsteen (« Pay me my money down ») mais jamais de morceaux de Neil Young.
Donc l’accordéoniste, Hervé, s’est joint à nous, a tenté de se mettre en osmose avec notre répertoire de javas folles et de tangos stupéfiants pour que finalement, sur la petite place derrière chez nous, nous produisions sans recevoir top de quolibets la première prestation des « Rats déridés » ce 21 juin 1998 dans la bonne ville de Rennes.
Vingt ans ont passé depuis, la chorale a grossi puis s’est éteinte, puis s’est transformée en Club des 5 et j’en ai à nouveau deux autres sur les bras. Grâce à l’informatique et à cause de la nécessité de transposer la tonalité des partitions pour les joueurs de piano à bretelles sans capodastre, j’ai fait d’énormes progrès en solfège. Mais franchement, être accordeur de cigales, quel turbin ! Que devrait dire vrai un chef de chœur, quel enfer vit-il, le roi de la polyphonie ? Parce que moi, mes cigales chantent à l’unisson. Une fois sur deux j’oublie de leur faire faire des vocalises mais il me semble bien que le quart d’heure qu’elles passent à bavasser entre elles avant de pousser la moindre note est un exercice de mise en voix bien plus efficace que les « Rheu Keuh Tseuh Keuh », le « Chênehutte-les-Tuffaut » ou le « La belle eau, la belle eau, la belle eau » que j’ai pratiqué en tant que choriste de 2008 à 2018 au sein de la Chorale Héloïse, le lundi soir, rue de Redon.
Quand je jette un œil sur cette activité musicale continue je me questionne cependant. Ne serais-je pas plutôt une très patiente et très utopique fourmi rêvant que de ces gosiers de bavardes sortent des watts Castafioriens, des habaneras de Carmen bien en place, des « Eaux vives » habitées ou des « Emmène-moi » chavirants ?
Je réussis désormais à accompagner deux accordéonistes tatillons, un violoniste souple et des joueurs de ukulélé de rencontre. Personne ne joue du xylophone avec moi et Jean-Luc Godard a encore oublié son ocarina – pardon, son Anna Karina – dans les limbes des années soixante évoquées plus haut.
Mais toutes ces prestations déjantées, du « Meuh Meuh Meuh font les vaches » donné sur la place de la Mairie de Rennes au « Yoga de la narine » balancé sur la scène du « Diapason », du « Galette saucisse je t’aime » envoyé à l’A.G. de la Maison de quartier de Villejean à cet « Homme debout » qui ne doit rien évoquer du tout aux pensionnaires des deux EHPADS où l’on me traîne, tout ce travail d’accordeur improbable n’a-t-il pas pour objectif de réconcilier les cigales et les fourmis dans un même éclatement jovial des muscles zygomatiques ?
Faut-il que j’ajoute « J’ai usé cinq culottes » à la liste de ces gentilles provocations pour me persuader que « Tant que je chanterai, nous serons en été et la vie sera belle » ?
Parce que de toute façon, si on me demande à l’hiver de « danser maintenant », La Fontaine ne sera pas déçu du voyage : la danse et moi, ça fait deux ! Plus que deux, même !
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 4 juin 2019 d'après la consigne ci-dessous
Quarante titres (et un abécédaire) pour mille et une fictions (1)
Voici quarante titres proposés par Hubert Haddad à la page 245 de son "Nouveau magasin d'écriture" :
Le corbeau sentimental - Ultimes confidences d’un Dom Juan de basse-cour - Le chat qui se promenait dans un rêve - La transparence des loups - Le marionnettiste ficelé - Le manège noir - Et voilà les parents de Dieu - Le chirurgien des ombres - Le paysan photographe - Paysage à la pointe de diamant - Meurtre sous une ombrelle - Les trois vies de l’apprenti veil homme - Le charbonnier, le nègre et la pleine lune - Le sculpteur de larmes - L’énigme du somnambule ou les rendez-vous de la bohémienne - L’inconnu de chaque instant - L’abîme derrière la porte - Narcisse et le crâne - Déjeuner de Newton avec un pendu - Le bourreau amoureux - Crime en deux nuits et une messe - Monsieur chez les femmes - D’Oedipe à Daisy - La statue de pluie - Le pêcheur de corail qui plongeait au fond des mers pour raconter sa vie à la sirène aux yeux d’oubli - Le roseau funèbre - Des rats dans les Dolomites - Flânerie de l’apocalypse - Le voleur sans nom poursuivi par son ombre - L’infini quelquefois - L’industriel et ses amulettes - L’assassin et son double - Nuit blanche à l’hôtel de la Courte paille - Le grenier de l’amnésique - Chronique de la canicule - Un hiver à Pékin - Tancrède ou l’Art d’aimer - Le singe et la prisonnière - L’accordeur de cigales - La véritable histoire de Dieu –
Vous choisissez un titre dans cette liste. Puis vous listez 26 mots qui vous serviront à écrire votre histoire : chaque mot commence par une lettre différente de l’alphabet (anacoluthe – bachi-bouzouk – cornichon - dinosaure etc.)
Si possible, vous insérez les 26 mots dans l'ordre alphabétique au sein de votre texte.
Ses fluctuat nec mergitur C'était pas d'la litteratur', N'en déplaise aux jeteurs de sort, Aux jeteurs de sort, Son capitaine et ses mat'lots N'étaient pas des enfants d'salauds, Mais des amis franco de port, Des copains d'abord.
Et quand, prenant ma butte en guise d'oreiller, Une ondine viendra gentiment sommeiller Avec moins que rien de costume, J'en demande pardon par avance à Jésus Si l'ombre de ma croix s'y couche un peu dessus Pour un petit bonheur posthume.
Le petit joueur de flûteau Menait la musique au château. Pour la grâce de ses chansons Le roi lui offrit un blason. "Je ne veux pas être noble, Répondit le croque-note, Avec un blason à la clé, Mon "la" se mettrait à gonfler, On dirait, par tout le pays, Le joueur de flûte a trahi"
" Si tu te couches dans, mes bras, Alors la vi' te semblera Plus facile...
Tu y seras hors de portée Des chiens, des loups, des homm's et des Imbéciles... (bis)
Nul n'y contestera tes droits, Tu pourras crier : Viv' le roi! Sans intrigue... é
On les r'trouve en raccourci, Dans nos ptit's amours d'un jour Toutes les joies, tous les soucis Des amours qui durent toujours !
C'est là l'sort de la marine Et de tout's nos petit's chéries. On accoste, vite un bec, Pour nos baisers, l'corps avec !
Un champ de blé prenait racine Sous la coiffe de Bécassine, Ceux qui cherchaient la toison d'or Ailleurs avaient bigrement tort. Tous les seigneurs du voisinage, Les gros bonnets, grands personnages, Rêvaient de joindre à leur blason Une boucle de sa toison. Un champ de blé prenait racine Sous la coiffe de Bécassine.
Le géographe était pris de folie, Quand il imagina de tendre, Tout juste entre l'Espagne et l'Italie, Ma carte du Tendre.
Au bois d'Clamart y'a des petit's fleurs, Y'a des petit's fleurs Y' a des copains au, au bois d' mon cœur, Au, au bois d' mon cœur.
Cette bouteille était tombé' De la soutane d'un abbé Sortant de la messe ivre mort. Une bouteille de vin fin Millésimé, béni, divin, Je la recueillis sans remords.
Dans un coin pourri Du pauvre Paris, Sur un' place, L'est un vieux bistrot Tenu pas un gros Dégueulasse.
L'herbe est douce à Pâques fleuri's... Jetons mes sabots, tes galoches, Et, légers comme des cabris, Courons après les sons de cloches ! Dinn din don ! les matines sonnent En l'honneur de notre bonheur, Ding ding dong ! faut l' dire à personne : J'ai graissé la patte au sonneur.
Il est morne, il est taciturne, Il préside aux choses du temps, Il porte un joli nom, "Saturne", Mais c'est un dieu fort inquiétant.
Joe Krapov est poète, humoriste (?), musicien à ses heures et photographe à seize heures trente. On trouvera ici un choix de ses productions dans ces différents domaines.