Choses vues à Dieppe le 26 août 2017 (1)
Canalblog vient de faire descendre de 5 à 1 le nombre d'images que l'on peut transférer simultanément sur son blog. Qui plus est, l'affichage d'une photo transférée prend des plombes. J'espère qu'il s'agit d'un problème technique momentané... Je vais peut-être bien faire une sauvegarde, déjà ! Allez ! Un autre disque dur externe ? ;-)
Un spectacle captivant !
Choses vues à Dieppe le 26 août 2017 (3)
J'ai terminé ma relecture de "L'homme de Londres de Simenon. C'est un roman "dur" qui se passe dans le brouillard de Dieppe et me laisse la même impression décevante et prégnante qu'à la première découverte au siècle dernier. Le "Deus ex machina" belge se balade à partir d'une situation de comédie dans une noirceur injustifiée et cruelle tant pour ses personnages que pour le lecteur. Fripouille, va ! ;-)
ECRIRE A RIMBAUD ? 7, Extase
Monsieur Arthur Rimbaud
B.P. 01 au vieux cimetière
08000 Charleville-Mézières
Mon cher Arthur
«Il y avait un jardin qu’on appelait la Terre
Il brillait au soleil comme un fruit défendu
Non ce n’était pas le paradis ni l’enfer
Ni rien de déjà vu ou déjà entendu»
Georges Moustaki
Cette semaine on me demande de parler d’extase. Et mon commanditaire de préciser : « Et ne levez pas les yeux au Ciel, hein ! ».
Dans ce cas c’est tant pis pour les nuages de Barfleur, pour ceux du Cul-de-loup à Morsalines qu’Eugène Boudin chérissait, tant pis pour les vitraux de la basilique de Mézières, ceux de Dieppe ou Varengeville et basta pour le partage de la meilleure des journées, celle des 32 kilomètres de marche sous la pluie de Saint-Vaast-La-Hougue, exit la merveilleuse étape au restaurant « La Bisquine » qui entrecoupa cette randonnée. Je ne parlerai pas non plus de l’étrange grenier de ton musée à Charleville, de ses chaises grises et des enceintes suspendues d’où sort l’étrange musique de tes mots traduits et emmêlés en différentes langues.
L’extase, dont Madame Wikipe nous dit qu’elle désigne un état où l'individu se ressent comme « transporté hors de lui-même », caractérisé par un ravissement, une vision, une jouissance ou une joie extrême, n’a pas grand-chose à voir avec l’exorcisme qui consiste à faire sortir de soi le je qui est un autre.
Mon extase principale de cet été est et restera bien longtemps encore la découverte de cette boîte à lettres fantastique, posée dans le cimetière de Charleville-Mézières, sans mention des heures de levées – tu ne te lèveras plus pour lire mes bêtises – à destination unique : Arthur Rimbaud.
Arthur Rimbaud ! Arthur Rimbaud ! Vous êtes arrivés à Arthur Rimbaud, terminus de la ligne ! Assurez-vous que vous n’avez rien oublié avant de descendre du véhicule !
L’été de Rimbaud ! Extase de la marche autour du lac des Vieilles forges, au-dessus de la Meuse à Monthermé, sur le chemin d’Hautot-sur-Mer à Dieppe ou le long de la mer au phare de Gatteville !
S’il y a bien quelque chose qui nous unit, toi et moi, quelque part, c’est bien ce goût pour la musique des mots, pour ce qui sort de soi et fait qu’un auditeur cesse d’être lui-même pour écouter, entendre ce parler différent, découvrir un coin nouveau de ce jardin humain que chante Moustaki.
Celles et ceux qui pratiquent la musique et la poésie savent le temps que cela prend et le travail qu’il faut fournir avant de parvenir à ces quelques secondes du bonheur de chanter ou d’entendre chanter.
Nous aurons ajouté, cet été de Rimbaud, à notre phonothèque et à nos souvenirs les aventures de Marina B. et Gisèle C. qui s’étaient inscrites à un stage de chant en quatuor et qui, tous les soirs, me contaient les pérégrinations de leur bateau ivre au pays du diapason 415, du canon à 24 voix, des montées de pression entre les voyageurs de ce projet étrange. C’est tout juste si on ne se tira pas dessus au revolver, cette année-là, au conservatoire de Dieppe et à l’Académie Bach ! Normal, on était à Arques-la-Bataille !
Mais au moment du concert, le vendredi soir, silence, admiration, extase : finies, les discussions de spécialistes, les pinaillages sur la prononciation, les fous-rires en cherchant la voiture ou la sortie dans le parking souterrain. Autant en emporte le vent !
A l’écoute de ces dames j’eus presque des frissons. Comment ? La divine mélodie de la Renaissance sortait vraiment de cette même bouche qui me dit quelquefois « T’as mal fermé le frigo » ou « Ca manque de poivre à mon goût » ? – Oui, ne t’inquiète pas, Arthur, chez moi l’extase ne dure jamais très longtemps. Mais, heureusement, ses effets sont impérissables –.
J’ai failli ajouter que la voix me susurrait aussi « Chéri fais-moi l’amour, fous ce réveil en l’air et fais-moi du café brûlant comme tes lèvres » mais de fait, je confonds : c’est la copine de Pierre Perret qui lui dit ça quand le soleil entre dans sa maison et en plus j’ai toujours des doutes sur l’orthographe de « susurrer » qui me fait d’ailleurs plus penser à Ferdinand le linguiste qu’à une fièvre érotique.
Celle de ce dimanche 10 septembre, d’extase, me marquera aussi. Nous nous produisions en concert privé avec mes ami(e)s du groupe Am’nez zique et les Biches aux jardins Rocambole à Bourgbarré (Tu parles d’un blaze ! Tout est annoncé dès que tu tombes dans le panneau !). Un jardin extraordinaire qui aurait plu à Moustaki comme à Trénet.
Vers la fin de ce concert de rengaines « métézorrologiques » nous avons interprété cette chanson plombante, « Nantes » de Barbara, dont je n’aurais jamais cru que j’aurais à la chanter un jour mais, vois-tu, tout arrive, qu'est-ce que je ne ferais pas pour faire plaisir aux copines ! Je crois que nous ne l’avions jamais aussi bien interprétée que ce jour-là. Je la dédie, a posteriori, à toutes les filles qui ont perdu leur père et plus particulièrement à cette semeuse d’étoiles de ma famille à qui c’est arrivé récemment.
Dommage que tu ne puisses pas entendre ces documents sonores, cher semeur d’étoiles des Ardennes !
A ce jour, même mal, le monde continue de tourner et nous, en avançant, de chasser sa folie, les ennuis et l’ennui, tant que faire se peut. De façon extatique et sans besoin du Ciel mais, comme dit la chanson, « Chacun fait, fait, fait, c’qui lui plaît, plaît, plaît ».
A un de ces samedis, cher Arthur !
P.S. Histoire de rigoler un peu après cette lettre tout compte fait assez sérieuse je te livre une des krapoveries que j’avais pondues comme premier jet d’une participation possible à ce Défi « extase » :
« L’extase du navigateur, c’est quand son sextant. ».
Ecrit pour le Défi du samedi n° 472 à partir de cette consigne : Extase
Le tour du lac des Vieilles forges (Ardennes) le 13 juillet 2017 (1)
Notes du voyage à Charleville-Mézières
13 juillet 2017
Et donc, ce jeudi, nous revenons d'être allés faire le tour, à pied, du Lac des Vieilles forges situé au-dessus de Renwez. 13, 37 kilomètres au podomètre. Plein de photos de vieilles souches sur les berges du lac. Peu de randonneurs, quelques pêcheurs, ni tiques ni sangliers.
Pour la première fois depuis que nous sommes ici il n'y a pas de pluie. Un grand ciel bleu avec quelques nuages par-ci par-là, un grand soleil mais un sous-bois humide où il fait bon marcher dans ce silence des lacs où le bruit des baigneurs sur la rive d'en face semble glisser comme un écho lointain sur la surface plane des eaux.
Le tour du lac des Vieilles forges (Ardennes) le 13 juillet 2017 (2)
Je recueille ici en trois billets les photos des souches évoquées ci-dessus. Vous pourrez vous livrer à vos exercices de paréidolie habituels : la nature est un temple ou de vivants piliers... se sont quelque peu transformés en formes ou visages d'animaux !
Je leur adjoins un "texte d'atelier d'écriture" éclaté sous forme de "légendes collées façon surréaliste".
EXTIRPATION D’EXTASES.
L’extase du cambrioleur c’est quand sa dextérité lui permet de dérober un César sans se faire gauler.
L’extase de la groupie c’est quand elle assiste au concert backstage.
L’extase du gars qui se fait balader par son chien c’est quand le véto lui annonce que son fox-terrier a la grippe et qu’il doit rester au chaud à la maison (Désolé, cher oncle, ça ne marche pas avec les Jack Russell !).
L’extase du mélophobe c’est quand le fox-trot s’arrête.
L’extase du jusqu’au-boutiste c’est quand il en arrive aux dernières extrémités.
Le tour du lac des Vieilles forges (Ardennes) le 13 juillet 2017 (3)
L’extase des hétérosexuel(le)s c’est quand le lycée est mixte.
L’extase du tireur à la ligne c’est quand il peut tirer prétexte du contexte pour en remettre une couche et rallonger son texte.
L’extase du P’tit Quinquin si cher aux gens du Nord c’est quand il découvre que son prénom est Sixte. Heureux comme un pape il est !
L’extase de l’anachorète agoraphobe, c’est quand l’extérieur nuit.
L’extase de M. et Mme Fourchon, c’est quand ils ont prénommé leur fils Calixte.
Le tour du lac des Vieilles forges (Ardennes) le 13 juillet 2017 (4)
L’extase de l’érotomane c’est quand le magasin de sex-toys jouxte son domicile.
L’extase du mélomane drogué c’est quand sort un nouveau disque d’XTC.
L’extase de la morue c’est quand elle avale cette formidable mixture : de l’extrait d’huile de foie d’homme.
L’extase du convalescent c’est lorsque s’atténue avec continuité son exténuation.
L’extase du navigateur c’est quand son sextant.
P.S. Ces aphorismes-virelangues autour du son "XT" étaient bien entendu destinés au Défi du samedi n° 472 dont la consigne était "extase". Pas d'inquiétude , les Défiant(e)s (ou tant pis pour vous !) ! J'ai une deuxième contribution en réserve pour demain !