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Mots et images de Joe Krapov
1 mai 2021

LA DURE VIE DES ACTEURS

Si tu t’imagines – Juliette Gréco
(Raymond Queneau ; Joseph Kosma) 

1 Pont
Si tu t'imajine Fiyète fiyète
Si tu t'imajine Se ke tu te goure
Fiyète fiyète  
Si tu t'imajine Lé bo jour s'en von
  Lé bo jour de fète
K’ sa va k’sa va k’sa Soley z’et planète
Va duré toujour Tourne tous en ron
La sézon dé z’a  
La sézon dé z’a Mais twa ma petite
  Tu marche tou drwa
Sézon dé z’amour Vèr s’ ke tu n’vwa pas
Se ke tu te goure  
Fiyète fiyète Trè
Se ke tu te goure Sournwa s'aproche
  La ride vélose
2 La pezante grèsee
Si tu krwa petite Le menton triplé
Si tu krwa a a Le muskl avachi
Ke ton tin de rose  
Ta taye de guèpe 3
  Alon keuye keuy
Té minyon bisèps Lé roze lé roze
Tes ongle d'émay Roze de la vie
Ta kuise de ninfe Roze de la vie
Et ton pié léjé  
  Et que leurs pétals
Si tu krwa petite Soi la mer étale
K’ sa va k’sa va k’sa De tou les boneurs
Va duré toujour De tou les boneurs
Se ke tu te goure  
  Alon keuye keuy
  Si tu le fè pa
  Se ke tu te goure
  Fiyète fiyète
  Se ke tu te goure

- Mais qu'est-ce qu'elle t'a fait, Joe Krapov, l'orthographe, pour que tu la maltraites comme ça aujourd'hui ? T'es devenu misogyne ou quoi ?

- A moi rien ! Je la maîtrise très bien, je suis très correct avec elle, je respecte ses règles, je pense avec Aragon que la femme est l'avenir de l'homme et avec Renaud que l'homme n'est l'avenir de rien.

- Alors ?

- Alors les temps sont durs ! Avec le confinement ça fait un an que je n'ai pas tourné alors j'ai accepté le premier scénario qu'on m'a proposé, même si c'est un rôle de composition et que je suis, c'est vrai, à contre-emploi.


- C'est qui le producteur de ce film ?


- Harvey W. !


- Ho ? Ils l'ont libéré ?


- Non, celui-là c'est Harvey Walrus ! Lui il court toujours ! Plus vaillant et provocateur que jamais !

Ecrit pour le Défi du samedi n° 661 d'après cette consigne : Misogyne.

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24 avril 2021

BOMBINETTE OU CHANSONNETTE ?

Oui, je sais, je ne me renouvelle pas !

Dans mon laboratoire rennais, vous ne voudriez tout de même pas que j'y fabrique des bombes atomiques, tout de même ? 
Ne vous inquiétez pas, d'autres s'en chargent ailleurs.

Non. Moi, je préfère pousser la chansonnette que de moccuper de l'élevage de champignons nucléaires !

Et donc, en compagnie de Boris Vian, celle-ci est en guise de remerciements  à ce cher oncle Walrus, notre tenancier  de boutique préféré !

 



Réalisé pour le Défi du samedi n° 660 d'après cette consigne : Laboratoire.

21 avril 2021

La Randonnée périphérique rennaise. 3, De la porte de Lorient à la route de Vezin, le 8 avril 2021 (7)

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De mémoire de fan de S.F. qui n'a pas vu le film ni lu le livre : Solaris : un film d'Andreï Tarkovski d'après Arkadi et Boris Strougatski ?
Perdu : le roman est de Stanislas Lem !

17 avril 2021

LE PARTI PRIS DU KLAXON

A mi-chemin de la poire et du fromage, la langue française a «klaxon», mot qui claque et qui sonne et qui rapporte au moins 24 points au jeu de Scrabble.

Agencé de façon qu’il se fixe au guidon du vélo de l’enfant comme on fait d’une sonnette, il n’a pas fait d’émules dans le monde animal. Ainsi nous reste-t-il des serpents à sonnettes mais aucun reptile, même subrepticement, n’a muté au point d’être appelé « serpent à klaxon ».

A tous les coins de rues je me pose la question : pourquoi dans l’expression «entre la poire et le fromage» a-t-on choisi la poire plutôt que l’ananas ou la pomme ? Je ne sais, ça reste un clystère.

Dans une automobile, autrefois actionné par appui sur une tige à droite du volant il est aujourd’hui intégré à celui-ci et actionné avec la paume paume paume paume de la main. Le klaxon fait toujours sursauter le compositeur presque sourd dont le destin n’est pas de mourir, composant symphonie, sur un passage ardu et clouté, écrasé par un nain siphonné au volant d’un camion. Ce serait par trop, comme la mort de Coluche et la sixième de Tchaïkovski, pathétique.

Le klaxon !

Actionné en saccades et en signe de joie malgré l’interdiction municipale lors des mariages gays ou hétérosexuels il prouve que la sexualité n’a absolument rien à voir avec l’intelligence. « Quand on est con on est con » a dit Brassens et encore plus quand on a décidé de l’être ou de jouer au.

En ce sens on comprend mieux ici la présence du fromage dans l’expression du début. Le klaxon relevant quelque peu des farces et attrapes ne peut que s’associer… au camembert à musique.

Quod erat demonstrandum… de Vire !

Place à celle-ci (la musique, pas l’andouille… quoique…) !



Réalisé pour le Défi du samedi n° 659 d'après cette consigne : klaxon.

3 avril 2021

DANS LES VIEILLES MARMITES

Qui j'idolâtre en ce moment ?

Le grand Charles !

Vive le québec libre

Non, pas celui-là, l'autre : Charles Trénet !

 


Écrit et réalisé pour le Défi du samedi n° 657

à partir de cette consigne : idole

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27 mars 2021

AU CHARBON, JOE KRAPOV !

Je suis prescient ou quoi ? Dans mon insomnie du 19 mars, vers les 4 heures ou 6 heures du matin, j’ai écrit cette krapoverie-ci, qui peut se chanter sur l’air de cette publicité :


L’HOMME D’AUJOURD’HUI, CE RENÉGAT !

On oublie vite comme hier
On vécut d’industrie charbonnière

On a oublié pour de bon
Qu’il y eut une bataille du charbon

On passe le chiffon du malheur
Sur le destin de Jean l’mineur

Qui descendait chaque jour au fond
Pour qu’vous vous chauffassiez au charbon

Songez-y donc la prochaine fois
Que vous irez au cinéma !

Le lendemain, sur le Défi du samedi, qu’est-ce qui sort du dictionnaire Walrussien ?

«Houille» !

Une occasion en or de rendre hommage à mes ancêtres mineurs avec cette chanson accentuée «comme là-bas, dis !».

 



Ecrit et enregistré pour le Défi du samedi n° 656

d'après cette consigne : Houille.

20 mars 2021

PROJET D'ARCHITECTE

G      rossièrement taillé dans la pierre, noirci
A      force de toujours représenter le mal,
R      egardez tout là haut cet étrange animal :
G      argouille ! C’est le nom du monstre par ici.
O      n aurait pu bien sûr représenter aussi
U      n enfançon joufflu urinant sur la foule.
I      l convient avant tout que l’eau de pluie s’écoule.
L      a gouttière choisie eût été plus jolie.
    ’archevêque écarta cette idée trop nouvelle.
E      lle revint, plus tard, moins grandiose, à Bruxelles ! 

Webp

Webp

Gargouilles photographiées à Nantes, Loc-Envel, Barcelone et Arques-la-Bataille.

 

Ecrit pour le Défi du samedi n° 655 d'après cette consigne : gargouille

13 mars 2021

UN FRIDOLIN NOMMÉ FIFRELIN !

DDS 654 Vide-poche

C’est comme les vide-poches fluorescents que les imprimeurs déposaient à la Bibliothèque Nationale en 1929. Qui pourrait imaginer que ça a bel et bien existé, que les gens avaient ça chez eux ? On a tellement d’images en noir et blanc de cet entre-deux guerres, sans doute parce que la couleur coûtait un pognon de dingue, qu’on croit que les gens eux-mêmes vivaient en noir et blanc !

Et justement, il y a eu aussi une période, à la fin de 1920, où l’expression «Ça ne vaut pas un Fifrelin» ne signifiait en rien que le Fifrelin fût une quantité négligeable. Bien au contraire. Mais on parle de Fifrefin, non de fifrelin. La majuscule ici est capitale.

Ce fut même un phénomène artistique majeur que le Fifrelinisme. On sortait de la grande guerre, c’étaient les années folles, l’arrivée du jazz, on dansait le charleston et le shimmy, il y avait eu Dada, il y aurait Picasso, Braque et peut-être le Surréalisme… ou peut-être pas.

Parce que soudain Adolphe Fifrelin était apparu, en provenance directe de l’Allemagne battue et qu’il avait lancé la vogue du Fifrelinisme.

***

- Tout ça, c’est de l’art dégénéré, disait Adolphe en parlant du cubisme et de l’art déco. Ca ne vaut pas un pfennig !

Et pour montrer son dégoût de la chose, il ne prononçait même pas la majuscule de Pfennig et il écrivait le mot sans la mettre alors qu’en allemand tous les noms communs en comportent une à leur initiale.

C’était un homme d’emportements que ce Fifrelin et c’était là monnaie courante à l’époque où le ressentiment était partagé par une grand partie du peuple allemand dépité d’avoir dû rendre l’Alsace et la Lorraine. Mais ses jugements à l’emporte-pièces ne dépassaient pas jusque-là le cadre agréable et bavarois en diable de la bonne cité de München (Munich für die Franzosen !) où il exerçait la profession de militaire, très petit gradé puisque seulement soldat de 1ère classe mais dans les tavernes qu’il fréquentait on l’appelait "Le Caporal".

Tout aurait pu aller à peu près bien pour lui s’il ne s’était pas mis en tête de devenir un peintre reconnu. Il avait depuis toujours un talent certain de dessinateur et il l’exerçait dans le temps libre que l’armée lui laissait. Il composait de jolies toiles figuratives mais… Comment dire ? De même que chez Mozart il y a parfois «too many notes», trop de notes, il y avait chez Adolphe Fifrelin trop de réalité dans ses représentations.

Dans sa dernière toile, une nature morte intitulée «La banane et le rouleau de papier adhésif» «Die Banane und das Klebeband» on était saisi autant par l’hyperréalisme de la représentation que par l’originalité de la composition, un gros plan d’une toile vierge dans l’atelier de l’artiste sur laquelle la banane était fixée avec de l’adhésif brillant.

Casting Tintin 06

Ses portraits de pirates des mers du Sud sentaient la poudre, la sueur, le sang, le rhum, le fouet et la sodomie et fichaient la trouille aux mômes. Mais quelle ressemblance avec le modèle une fois que le tableau était achevé. On n’avait jamais vu ça ! Seulement…

Seulement les marchands de tableaux juifs se marraient quand il venait leur proposer sa production.

- Au cas où vous ne sauriez pas, Monsieur le militaire, il y a un truc qui s’appelle la photographie. Ça donne des résultats similaires à ce que vous faites mais ça n’est pas ça que les gens veulent, voyez-vous. Ça ne se vendra jamais, vos marins d’eau douce ! Croyez-moi, cré tonnerre de Brest-Litovsk ! Trop ressemblants !

Adolphe ne disait rien, remballait ses toiles mais intérieurement il les envoyait se faire foutre en songeant : «Je me vengerai, un jour !».

***

Et il semble bien que le jour est venu. Hier soir un couple d’aristocrates français est venu frapper à sa porte. Très jeunes tous les deux, lui belle prestance de petit ambitieux de province, elle très gouailleuse et jolie comme un cœur. Ils avaient avec eux un interprète polonais, sans doute un youpin, qu’ils ont présenté comme Maurice Mendjizki. Ils ont regardé toutes ses toiles, en ont acheté deux, un paysage et un portrait – "Die alte Mühle an der Saar" (Le vieux moulin de la Sarre) et "Der Ritter Franz von Schellfisch" (le chevalier François d’Aiglefin). Et surtout ils lui ont promis la fortune et la gloire s’il acceptait de venir s’installer à Paris, tous frais payés, pendant un mois, atelier personnel à Montparnasse. Principale obligation en retour : faire le portrait de Mme de McMacron, Kiki, qui adore poser nue pour les peintres. Et aussi : changer de nom.

- Wo ist der Haken ? a demandé Adolf à l’interprète.

- Je ne sais pas où elle est, l’entourloupe, a répondu celui-ci. Ils demandent juste que tu signes tes toiles du pseudonyme de Fifrelin et que ton prénom devienne Adolphe. Je serais toi j’accepterais. Le type a ses entrées partout au ministère de l’Intérieur, plein de pognon et des certitudes sur tout. Et Kiki, c’est la reine de Montparnasse. Pas encore mais presque !

***

Casting Tintin 14Hitler n’a pas hésité longtemps. Une semaine après, il avait obtenu sa permission de s’absenter un mois de la caserne, ses bagages étaient prêts ; il avait pris le train avec l’acompte fabuleux qu’ils lui avaient laissé.

- Qu’est-ce que je leur dis à vos copains du DAP s'ils viennent prendre vos ordres ? lui avait demandé sa concierge.

- Dites-leur que je suis parti envahir la France !


N.B. Les deux dernières illustrations sont dues au talent de M. Ludo D. Rodriguez



Ecrit pour le Défi du samedi n° 654

d'après cette consigne : fifrelin

6 mars 2021

PAS TRANSFORMÉ EN CAUSTIQUE

A quoi bon cirer le parquet
Puisque d’autres dents ambitieuses
Vont venir le rayer ?

Un lavage à grande eau suffit.


A quoi bon cirer le parquet

Si c’est pour n’y plus voir
La joliesse des nœuds du bois
Mais, courbé, les pompes du prince ?

Un lavage à grande eau suffit.


A quoi bon cirer les pompes du prince ?

Toute sa science est ambition,
Apprêts, pommade, maquillage
Et toute sa force est de police.

Un lavage à grande eau suffit.


Un lavage à grande eau suffit
Pour qu’à la plage de Trestel

Tout resplendisse et tout reluise.

Et, par compensation sans doute
De nos derniers aveuglements,
Le sable lui-même y dessine
La forêt initiale,
Les arbres grands et beaux
Qui ne finiront pas en parquet de Versailles.


210302 Arbres de Trstel gif horizontal

210302 Arbres de Trstel gif vertical

Ecrit pour le Défi du samedi n° 653 d'après cette consigne : encaustique

27 février 2021

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 63, Volubile

METTRE LE D.J. EN RIDEAU

Albrecht Dürer - Saint-Georges à cheval tuant le dragon 2

- Alors comme ça c’est vous le représentant de l’ordre public ? Eh bien dites donc vous en avez mis du temps pour arriver ! Vous faites partie des carabiniers d’Offenbach ou quoi ? Je suis enchanté de faire votre connaissance, Messire de La Croix rouge. Vous avez une bien belle épée, un bien bel écu mais la fatigue de votre haridelle laisse à penser qu’on est allé vous chercher un peu loin. Ne seriez-vous pas, par hasard, un mercenaire étranger ? Ceci expliquerait cela. De fait il ne fallait pas vous déranger pour si peu. A mon humble avis vous avez fait ce long voyage pour des prunes. Si vous voulez on va reconsidérer la situation. Elle n’a rien d’exceptionnel. Il se trouve, voyez-vous, que le Dieu que vous servez m’a créé carnivore ainsi que vous et que, tout bien considéré, du fait de ma grande taille, de mon surpoids, de mon système de cuisson intégré au palais, je puis paraître terrifiant au commun des mortels, voire vorace à outrance. Mais quoi ! Un mouton par jour, ça équivaut à quoi à votre échelle ? Un plat de lentilles pour Esaü ! Le pain béni du repas quotidien ! Notez de plus que je ne reproche rien à ces pauvres ovins. Je pourrais, tel un loup, et je vous rappelle que l’homme est un loup pour l’homme, reprocher à l’agneau de troubler mon breuvage ou me jeter avec méchanceté sur la chèvre de M. Seguin. Eh bien pas du tout ! Ça me chagrine même de mettre fin à l’existence de ces pauvres bêtes. Mais quoi, il faut être raisonnable. Si le monde entier devenait végétarien par exemple les espèces animales n’en prolifèreraient pas moins ! Vous seriez très vite encombrés par les sangliers bretons, les chats sauvages, les chaussettes noires, les chiens errants, les vaches sacrées, les bœufs, les moutons à cinq pattes, les canards boiteux, les poulets ripoux, les ânes bâtés, les pangolins, les chauves-souris, les virus couronnés, les cochons de payants, les truies qui filent, les requins de la finance, les chevaux de retour et tous ces drôles de zèbres que votre Créateur a lâchés dans la nature ! Tout de même, vous serez d’accord avec moi : un peu d’ordre et d’équilibre s’imposent. Et puis, voyez-vous, j’ai quand même l’impression que le problème n’est pas tout à fait là. Si j’étais un dinosaure herbivore ou un Martien tout juste débarqué de sa soucoupe volante, eh bien, je vais vous dire, on aurait quand même fait appel à vous ! J’ai comme l’impression qu’ils n’aiment pas beaucoup les étrangers par ici. Alors moi du coup, en tant que vagabond, pas du coin, manouche, saltimbanque et cracheur de feu, je coche toutes les cases. On ne dira jamais assez les méfaits de la sédentarisation. Déjà qu’ils ne parlent plus le même langage les uns et les autres, ils sont toujours en conflit pour l’appropriation des richesses du sol et du sous-sol. Et pourtant la culture, plus que le remplacement de la forêt par des plantations d’huile de palme ou par la construction de bateaux qui vont faire du commerce triangulaire, ça consiste bien en une ouverture aux autres, non, en une curiosité, en un dialogue permanent ? Enrichissez-vous, certes, mais surtout apprenez à vous aimer les uns les autres ! Nous avons la chance de vivre dans une époque prospère : l’abondance des ressources de la planète permettrait que chacun mange à sa faim, se déplace ciomme il le souhaite pour ses loisirs et développe en lui le petit Mozart qu’il a forcément. Alors pourquoi confiner les uns et les autres dans des tâches rébarbatives ? Au profit de qui et dans quel but ? Pourquoi ne pas songer plus à l’égalité, à la fraternité, à la liberté ?

DDS 652 Volubilis
C’est à ce moment-là du discours que Saint-Georges a coupé la parole et la tête au dragon. Le sang du monstre s’est répandu sur le sol et comme par miracle on a vu pousser instantanément de jolies fleurs bleues de la famille des Convolvulaceae, principalement dans le genre Ipomoea, plus communément appelées volubilis. Puis le chevalier s’est remis en selle et a éperonné son cheval blanc, lequel n’a pas tardé à prendre la parole.

DDS 652 Lucky-luke-jolly-jumper-ne-repond-plus-9782884713702_0- En même temps, c’est pas faux, ce que racontait ce dragon ! Je me mets à sa place ! Ça ne me plaîrait pas vraiment qu’on vienne faire du foin ou me brouiller l’écoute à propos de ma nourriture ! Après tout, on ne fait qu’assumer une fonction de combustion, d’absorption d’énergie pour assurer notre survie. Bien sûr qu’il ne faut pas vivre pour manger mais il faut manger pour vivre ! Quant au mouton, à la brebis ou à l’agneau qu’il dérobe aux agriculteurs ou plutôt aux éleveurs, enfin bon aux deux en un puisque bien souvent ils cumulent les emplois, c’est un peu comme le renard dans le poulailler. C’est la nature certes, mais si on y réfléchit bien, c’est le mot « poulailler » qui pose problème. En quoi une poule, une vache ou un cochon ont-ils vocation à devenir la propriété d’autrui ? Et quand je dis autrui, bien sûr je pense aux hommes ! Je ne pense pas être un mauvais cheval mais vous avez quand même, outre une propension assez nombrilique, un sacré culot à vous accaparer tout ce qui se trouve sur cette planète, y compris les êtres vivants, et vous allez même jusqu’à réduire vos pareils en esclavage ! Si mes renseignements sont exacts, et justement ce ne sont pas des fake news, je n’ai pas d’œillères, je m’en remets à ce que j’ai vu de mes propres yeux, le marché aux esclaves, à Rome, ça existe bel et bien et un mercenaire, ça s’achète comme le reste…

C’est à ce moment-là que Saint-Georges a coupé la parole et la tête à son cheval. Il est rentré à pied de cette mission-là mais cette marche silencieuse lui a fait des vacances. C’est un peu, toutes proportions gardées, comme quand on éteint Olivia Gesbert, qu’on coupe le sifflet à Adèle Van Reetha-Kouchovski ou qu’on fait cesser le bagou d’Ali Badou sur France-Culture ou qu’on zappe d’autres baratineurs de la télé pour se mettre à table en vue de déguster une bonne côtelette d’agneau.

Ou lorsque, dans le bush australien, cesse le son du didgeridoo et que le kangourou remet dans sa poche ventrale ses gants de boxe rouges, cadeau de Georges Carpentier ou de Mohamed Ali, il ne se souvient plus très bien. A force de se prendre des coups dans la gueule, on a la mémoire qui flanche.

DDS 652 gotlib_kangourou18

 

 

Ecrit pour le Défi du samedi n° 652 d'après cette consigne : didgeridoo.

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