Finalement, après avoir opéré quelques coupes, j'obtiens une version sympathique de la prestation de Rond d'iao. Enfin, pas sympathique pour tout le monde : on entend à certains moments un bébé qui manifeste sa mélophobie (ou sa faim ou son envie d'être ailleurs !). Je publie les paroles originales de la chanson à la suite.
1 What's the spring-breathing jas'mine and rose, What's the summer, with all its gay train, Or the splendour of autumn, to those Who've barter'd their freedom for gain?
Refrain Let the love of our land's sacred rights, To the love of our country succeed; Let friendship and honour unite, And flourish on both sides the Tweed.
2 No sweetness the senses can cheer, Which corruption and bribery blind; No brightness that gloom can e'er clear, For honour's the sun of the mind.
3 Let virtue distinguish the brave, Place riches in lowest degree; Think him poorest who can be a slave, Him richest who dares to be free.
4 Let us think how our ancestors rose, Let us think how our ancestors fell, The rights they defended, and those They bought with their blood we'll ne'er sell.
- De l’anamnèse avunculaire ? C’est nouveau, ça, Monsieur Krapov ! Ca vient de sortir ?
- Tout à fait, Docteur ! Ca m’est venu la semaine dernière ! Si je suis comme je suis, un vrai malade de la chanson, c’est la faute de mes oncles. Et ça remonte à loin.
- Racontez-moi ça un peu !
- Mon oncle Roland jouait du cor et déjà pour lui le phénomène marchait. S’il jouait du cor dans la montagne c’est parce que son oncle Charles avait inventé les cols.
- Son oncle Charles ? Ce sacré Charlemagne ? Celui qui mettait des fleurs dans sa barbe et sur sa chemise avant même le flower power, les élucubrations d’Antoine et le mauvais goût de Carlos?
- Plus près de nous c’est mon oncle Léon qui m’a offert ma première guitare. Lui chantait « Riquita », « Ramona », « La Baya » et « Les jolis soirs dans les Jardins de l’Alhambra » en se rasant le matin. Après j’ai hérité de toutes les chansons de l’oncle Georges : que des gauloiseries, des histoires de Germaine, Margot, Marinette, de gorilles en rut et de femelles qui matraquent les gendarmes à grands coups de mamelles. Dans le même genre il y avait l’oncle Bernard qui écrivait des chansons dans les cafés de Montmartre et Pigalle où il passait ses nuits à pitancher et pondre des chefs-d’œuvre.
- J’aimerais tant voir Syracuse plutôt que d’écouter les inepties de mes malades, songe le toubib qui se pose un peu las.
- Il y avait aussi l’oncle Boris, l’oncle Francis, l’oncle André, l’oncle Georgius, l’oncle Pierrot, Tonton Ricet, l’oncle Renaud, la tante Juliette et des tas d’autres. Bref, si je souffre aujourd’hui, docteur, c’est à cause de tous ces oncles qui se sont incarnés en moi.
- Pour les oncles incarnés il n’y a qu’un remède : il faut se gratter la guitare matin, midi et soir !
- Je voudrais bien ! C’est ce que je fais à longueur de temps mais depuis la semaine dernière j’ai un problème : j’voudrais bien mais j’peux point, Docteur ! J’peux plus !
- Ah bon, et pourquoi donc ?
- Je me suis découvert un nouvel oncle. Un furieux ! Un tonton farceur, un malade de la rumba du pinceau.
- Et c’est dérangeant ?
- Un peu, mon neveu ! L’oncle Eustache a tout repeint, les meubles en pichpin, la cabane à lapins et tout mon saint-frusquin ! Je suis obligé d’attendre que ma guitare sèche !
- Bon. Ne vous inquiétez pas. Je vais vous prescrire une laryngite, un gros rhume, une extinction de voix. Vous prendrez du Acapella en gélules et vous éviterez d’aller découvrir Marc Aryan ou d’autres bêtises comme ça chez votre oncle Walrus. Je crois que je vais finir par y croire vraiment à votre « anamnèse avunculaire » !
1 Si tu vas chez mon oncle Eustache Près des abattoirs de Bezons Je te préviens pour que tu saches Tout est changé dans la maison
Refrain Mon oncle a tout repeint tout repeint tout repeint Le buffet en pichpin la cabane à lapins Mon oncle a tout repeint Tout repeint tout repeint Les meubles en rotin La huche à pain Et la grande armoire en sapin !
2 Un jour les voisins du village L'ont invité pour déjeuner Mon oncle se mit à l'ouvrage Dès qu'ils eurent le dos tourné
Refrain Mon oncle a tout repeint tout repeint tout repeint Leur lit à baldaquin, les touches de leur clavecin Mon oncle a tout repeint Tout repeint tout repeint Leur canapé indien, leur télé, leurs coussins Et l’ portrait de l’oncle Célestin
3 En arrivant à la caserne Pour y faire ses dix-huit mois Mon oncle a dit au capitaine Vous allez voir, comptez sur moi !
Refrain Mon oncle a tout repeint tout repeint tout repeint Du simple fantassin jusqu’au chasseur alpin Mon oncle a tout repeint tout repeint tout repeint Les bazookas en rose, les canons en carmin Et le périscope du sous-marin (en jaune !)
4 Hélas sa manie imbécile Ne lui réussit pas du tout On dut le conduire à l'asile Mais dès qu'il fut avec les fous…
Refrain Mon oncle a tout repeint tout repeint tout repeint Au premier les patients qui ont seulement un grain Au second les foldingues les plus gravement atteints Au troisième les barjos et là-haut tout là-haut Dans son grand bureau le dirlo !
Les paroles originales sont de Jean Nohain. Les refrains 2, 3 et 4 sont de Joe Krapov. Pour entendre la version 2019 chantée c'est ici et pour celle de 1933 c'est ici
C'est bien fait pour moi ! Je n'ai qu'à sortir plus souvent !
Jeudi soir Marina Bourgeoizovna est allé écouter à la Mie mobile, un café à l'autre bout de la ville, un conteur de ses connaissances nommé Philippe Sizaire. Or ce monsieur était accompagné d'un musicien un peu dingue, Laurent Peuzé, dont les chansons, m'a-t-elle dit, m'auraient beaucoup plu.
Comme pour me faire regretter d'avantage d'avoir consacré mon temps à l'analyse d'une partie d'échecs gagnée sur le fil du rasoir, elle a ramené la liste des chansons en question, des vieilleries comme je les adore, écrites entre 1900 et 2000 par des gens éminemment légers et drôles.
Il y en a sept. Je vous publie les vidéos des trois que je ne connaissais pas et des liens vers les quatre autres. Et puis je vous présente le Monsieur, effectivement assez impayable mais que je ne manquerai pas d'aller écouter s'il repasse par ici !
"Mon oncle a tout repeint" par Marianne Oswald. C'est une chanson signée Jean Nohain pour les paroles et Hans Eisler pour la musique. Il en existe une version visuellement très intéressante chantée par Elizabeth Mazev accompagnée de Christian Girardot au piano.
"Evidemment bien sûr" est une chanson de C. Verger et J. Variot. On l'entend ici par Marianne Oswald enregistrée à Paris et accompagnée de l'orchestre dirigé par Wal Berg, le 1er avril 1935.
Il en existe une interprétation plus récente par Barbara à Bruxelles en 1954 :
"Il allait au P.M.U." par Jean Cyrano. D'après Laurent Peuzé les paroles sont de Saint-Granier. C'est vrai et j'ai retrouvé le compositeur : Ch. Borel-Clerc. C'était ici.
Joe Krapov est poète, humoriste (?), musicien à ses heures et photographe à seize heures trente. On trouvera ici un choix de ses productions dans ces différents domaines.