L'ORIGINE DU MONDE
L’origine du monde ! Gustave Courbet ! Qu’aurait-il pensé et dit, le peintre, en apprenant que le psych-anal-liste Jacques Lacan posséda un certain temps ce tableau mais qu'il le tenait bien caché à l'abri des regards ?
Dans nos imaginaires – je ne sais pas pour vous, mais moi de plus en plus ! – on a tendance à voir dans les psy-canal-ystes et chez les autres médecins des âmes des espèces de confesseurs très détachés des choses du sexe. Ces hommes de l’art ne seraient pas des cochons, mesdames ! Ils ne seraient pas obsédés pour deux ronds sauf par le nombre des euros que le client leur laisse à la fin de la séance.
Et pourtant, si j’en crois Etienne Klein, une anagramme possible de « l’origine du monde » est « religion du démon ». J’en déduis que le psychanalyste n’aime pas tirer le diable par la queue. Il craint sans doute que celle-ci lui reste dans la main. Et vous l’imaginez, Lacan, avec l’appendice caudal à la main dans le petit cabinet où s’allongent les patients ?
Les patients… Savez-vous qu’on les nomme ainsi parce que la guérison arrive très tard, ce qui permet de rapporter plus gros au soignant ? Celui-ci, devenu riche, peut alors chiner les Courbet aux puces à saint-Ouen tandis que nous continuons de courber l’échine sans faire de tintouin pour gagner plus modestement notre croûte.
Et donc une fois en possession de ce trésor, notre Jacques s’empressa de le cacher. Longtemps je crus que c’était derrière un rideau noir mais madame Wikipe m’a appris que l’œuvre était dissimulée derrière un tableau surréaliste plus présentable d’André Masson, beau-frère du praticien. Acheter cher un tableau pour le tenir caché à l’abri du monde, c’est honteux !
Dans le même ordre d’idées, pour confirmer mes dires sur l’asexualité des disciples de Siegmund, Freud aurait déclaré : « Quelquefois un cigare est juste un cigare ».
Du reste, pour un peu, à cause de Fabrice Luchini, j’aurais confondu Jacques Lacan avec Roland Barthes et j’étais à deux doigts de penser que cela correspondait à des cachotteries d’homosexuels. Notez que je n'ai pas écrit cachochotteries. Je ne suis ni homophobe ni homophile, bien au contraire !
Peu importe. Je continue et je crois que je continuerai encore longtemps à me demander ce que faisait chez Lacan « L’origine du monde », ce vagin où goutte l’ombre du désir.
Ecrit pour l'atelier d'écriture de Villejean le 10 septembre 2013 d'après la consigne : écrire le texte entre l'incipit "L'origine du monde, Gustave Courbet" et "ce vagin où goutte l'ombre du désir" qui en est l'anagramme tirée de ce livre.