La Compagie La boca abierta aux Tombées de la nuit à Rennes le 6 juillet 2014 (4)
Et si l’on se réconcilie, si l’on adopte au finale la tenue qu’avait l’autre, il reste au bout du compte une question typique du théâtre de rue : comment peut-on s’en sortir ? Par le côté cour ou par le côté jardin ? Ici l’enfant sauvage et la maîtresse d’école reviennent ensemble saluer. Mais dans la vie, quelle possibilité de dialogue entre l’Auguste et le clown blanc ?
P.S. Pour un mec qui porte un nez rouge, je suis bien sérieux aujourd’hui ! Pour autant, je ne suis pas forcément blanc !
P.S. J'allais oublier : Bravo Mesdames ! On peut vous voir bouger ici
Boufam caval au fest-deiz des Tombées de la nuit à Rennes le 6 juillet 2014 (2)
Je ne sais pas si "Boufam caval" veut dire en breton "On a bouffé du cheval" mais si c'est ça j'en veux bien dans mes lasagnes ! Ce spectacle de danse sous la pluie ou malgré la pluie a bien été le plus revigorant de ce que j'ai vu des "Tombées" 2014 avec Fred Radix le siffleur dans un autre genre. Ces filles ont des voix qui laissent Vanessi Sparadrap étalée dans la rivière des tribunes ! Pour entendre quatre morceaux de Boufam caval, c'est ici :
Le Siffleur (Fred Radix) aux Tombées de la nuit à Rennes le 4 juillet 2014 (1)
Ca s'annonçait de façon merveilleuse avec ce contraste fabuleux entre les sportifs qui regardaient, en contrebas, au Vieux Saint-Etienne, le match de foot France-Allemagne et les intellos écroulés avec un livre dans des transats en attendant le récital du Siffleur. Il a débuté avec le trio de Schubert de "Péril en la demeure". Je vous le cherche... et je vous le trouve (ci-dessous). Ca devrait plaire à Berthoise la siffleuse !
Le Siffleur (Fred Radix) aux Tombées de la nuit à Rennes le 4 juillet 2014 (4)
Merci au Siffleur qui nous a gratifiés quand même de la habanera de Carmen sous parapluie avant d'interrompre son spectacle. Sûr, je reviendrai demain ! Maintenant, écoutez-le et visionnez sa chaîne sur Youtube !
LE TOUAREG (1)
Il y eut un temps, il y a très longtemps, où la ville de Rennes s'appelait Condate. A cette époque lointaine, ni la tour des Horizons, ni le marché des Lices, ni le métro n'existaient encore. C'est vous dire à quel point c'était il y a longtemps.
En ces temps quasi-immémoriaux le marché des Lices avait lieu place de la Mairie. Il n'était pas rare à l'époque de trouver parmi les vendeurs de galettes-saucisses des marchands venus de plus loin que Betton, que Bécherel ou même que Landerneau. Mais quand Omar le touareg a monté son estrade juste devant la niche où trônait encore une statue de Vercingétorix à genoux devant César, on peut dire qu'il a installé un fameux souk dans le paysage. A vrai dire, c'était la première fois qu'on voyait un touareg à Condate.
Il portait bien sûr un grand turban bleu et une espèce de chasuble aux manches dorées. Il avait de longues mains, curieusement assez blanches et osseuses, dont il jouait abondamment, comme tous les latins et les plus que latins, quand il donnait des ordres à ses aides chameliers en train de déballer des monceaux de marchandises. Tout le monde autour d'eux ouvrait de grands yeux ahuris. Que l'étranger fît halte à Condate, passe encore. Mais surtout qu'il y vînt pour faire du commerce et que l'on ignorât ce qu'il avait à vendre, voilà qui piquait au plus vif la curiosité des autres forains et celle des chalands qui passaient au pied du beffroi.
LE TOUAREG (2)
Quand neuf heures sonnèrent au clocher de la grosse Françoise, deux des aides-chameliers frappèrent sur des tambours et Omar monta sur son estrade. Dans un gallo tout ce qu'il y a de plus correct, avec juste l'accent un peu plus pointu de ceux qui ont grandi dans le quartier Sud gare, il déclara :
- Pas de salamalecs, les mecs ! Pas de salades aux loukoums, les Oum Khalsoums ! Approchez, approchez, Condataises et Condatais. Je m'appelle Omar Mer et je viens de très loin. Nous sommes commerçants de père en fils et ce depuis trente-six générations. Dans notre famille, on a toujours eu la bosse du commerce et avec nos dromadaires et nos chameaux, nous avons parcouru le monde entier pour vous ramener, amies Condatiennnes et amis Condatiens, des plus lointains pays, les plus inattendues, les plus folles, les plus délirantes des marchandises dont vous n'aviez pas forcément besoin mais que vous allez acheter quand même ! Tout pour votre bonheur, messeigneurs. Commençons, si vous le voulez bien par les célibataires. Y a-t-il des célibataires dans l'assistance ?
Quelques index intimidés mais curieux s'élevèrent de ci delà au-dessus des têtes
- Approche, mon ami. Je vois à tes yeux hébétés et à ta langue pendante que tu en as ras la casquette de chercher l'âme sœur sur Internet et de ne tomber que sur des annonces matrimoniales proposées par la maffia russe. Omar Mer t'a apporté la solution à tous tes problèmes. Regarde. 108 écus sonnants et trébuchants pour ce pot de femme-fleur d'oranger. Tu arroses tous les jours pendant quinze jours et regarde ce qui pousse. Regardez, amis Condatifs, amies Condatives. Vous n'allez pas en croire vos yeux.
Les deux assistants écartèrent la tenture aux motifs orientaux et revinrent portant un gigantesque pot de fleur dans lequel était plantée une grosse tige noire. Des "oh" et des "ah" admiratifs s'échappèrent du public. En haut de la tige, une superbe jeune femme vêtue d'une robe orange, avec des cheveux orange, des fleurs jaunes dans les cheveux, des yeux magnifiques, une bouche groseille se mit à se balancer sur la tige au son d'une musique venue d'ailleurs, envoûtante, sirupeuse, abracadabrahatloukoumesque.
- J'achète ! lança le Toine, 43 ans aux fraises et toujours pas marié aux radis.
- Attends, mon brave ! Pas de précipitation. Chez Omar Mer tu as le choix entre plusieurs options. Peut-être préfères-tu la femme rose ou la femme violette ? Ou encore la femme coquelicot ? Assistants ! Montrez l'assortiment !
D'autres femmes fleurs furent amenées sur le devant de l'estrade. Tout le lot de pots de graines de femmes-fleurs partit en un instant.