Je le confirme ici aux divines soeurs P. qui nous ont divinement reçus à Fougères : les mosaïques de l'ancienne usine Morel et Gaté sont bien d'Isidore Odorico.
J'en profite pour signaler à M. Macron et à ses sbires qui nous énervent un peu les nerfs avec leur "nouveau monde" que je préfère à cette pantalonnade de communicants les beautés de l'art nouveau auxquelles ils ne parviendront jamais, malgré qu'ils en aient (sous la semelle ?) ! ;-)
Nous voici de retour à Bécherel pour notre pèlerinage annuel à la Fête du livre. Je ne me lasse pas de ce petit village dans lequel bon nombre de libraires d'occasion tiennent boutique.
Combien pour ce chien dans la vitrine ?
Lecteurs, lectrices ! Attention la tête !
J'aime beaucoup cette police de lettres qui fait très 1900 ! Elle s'appelle Böcklin ! Merci, Madame Wikipe !
Chaque fois qu’elle revient à Rennes-en-Délires, la toujours pétulante Isaure Chassériau va saluer rue de Dinan son oncle Camille Cinq-Sens. L’oncle Camille tient, en face de l’église du vieux Saint-Etienne transformée en théâtre, un bistrot à l’ancienne baptisé « Au Vieux Saint-Etienne ».
Autrefois, en des temps hélas révolus, on pouvait lire sur la vitrine quelque chose comme « Ici on peut apporter son manger » mais les temps sont devenus durs et depuis que l’oncle a épousé la belle Agata aux talents culinaires si incontestables qu’ils sont mesurables à l’embonpoint du patron, le bistrot fait restaurant et on ne peut plus apporter que son franc-parler, son goût de la rigolade et ses cris du cœur.
Le cœur n’apparaît pas que dans les cartes des joueurs de belote qui viennent là taper le carton l’après-midi. Lorsque la nuit est tombée ou le matin, avant que le café n’ouvre, quand les volets sont fermés, on en voit quatre qui sont percés en haut des panneaux de bois.
Même si la rue semble déserte il vient beaucoup de monde dans ce café : le public et les artistes du théâtre situé en face, les gens du quartier, les Rennais qui font leur marché sur la place des Lices le samedi. Car la rue de Dinan prend naissance au bas de celle-ci, dans le prolongement de la rue de Juillet. Le mardi après-midi, maintenant, il y a Joe Krapov et ses potes qui viennent pousser du bois sur leurs jeux d’échecs Kasparov sans lettres ni chiffres sur le côté ! On ne sait pas comment ils font mais ils ont beau être huit inscrits ils sont toujours en nombre impair pour jouer et le dernier arrivé est obligé dekib(b)itzer. Ce jour-là, ça carbure en silence, chez Camille. Et pas qu’un peu.
Parfois l’après-midi, aux heures creuses, Camille vient s’asseoir avec ses vieux potes Jacques-Henri Casanova et Jean-Emile Rabatjoie. Ils ont tous les trois des ciseaux et découpent des vieux numéros de Télérama « le journal qui ne jure plus que par Harvey Weinstein pour pouvoir parler de sexe à tous les étages et même sur la couverture». De ces découpages collectifs, Jean-Emile réalisera ensuite des collages surréalistes qui n’ont rien à envier à ceux de Jacques Prévert qui est leur maître à panser les plaies de l’existence. Encore que ces trois-là n’ont rien de grand blessés : ils se marrent tout le temps. Et pas qu’un peu !
Sauf aujourd’hui où, après avoir embrassé Isaure, Camille est obligé de répondre à la question « Et à part ça, la santé ? ».
- Ah ! Ne m’en parle pas ! Les médecins me font chier ! Et pas qu’un peu ! Tu veux que je te raconte la dernière ?
- Peut-être pas, Camille, intervient tante Agathe, on va bientôt passer à table !
- Si, si ! Raconte, Camille ! protestent Petitprince et Lemouton, les techniciens régie de l’église-théâtre d’en face. Tu es inénarrable quand tu narres !
- Rigolez, rigolez, les jeunes ! Un jour ça vous arrivera aussi, même si vous n’êtes pas malades ! Et d’ailleurs, pour répondre à Isaure, je suis en parfaite santé ! Simplement, comme tout le monde, j’ai l’ADECI au cul !
- C’est quoi ? Un genre d’hémorroïdes ?
- Pire que ça ! Une secte de dingues du principe de précaution ! Dès que tu as cinquante piges ils te sautent dessus ! Ils t’emmerdent tous les deux ans en t’envoyant un courrier pour que tu participes à leur jeu-concours de merde !
- Sois moins grossier, mon oncle ! Tu sembles bien énervé aujourd’hui ! Et pas qu’un peu !
- Il y a de quoi ! Non seulement je perds toujours à leur jeu à la con mais en plus cette année j’ai été disqualifié ! Et c’était même pas de ma faute !
- Tu ne m’as toujours pas dit ce que c’était que ton… « indécis » ?
- ADECI ! abrège Agata. C’est pour pister le cancer du colon !
- Et ça marche aussi pour le lieutenant et le sergent-chef ! plaisante Lemouton.
- C’est simple, explique Camille. Enfin non, c’est hyper compliqué. Il faut tu ailles aux toilettes et que tu colles une espèce d’origami sur la lunette. Ensuite tu fais ta grosse commission mais tu ne dois pas mélanger ton pipi et ton caca ni déchirer le papier ni faire tomber ta crotte dans le trou. Quand tu as terminé tu prends la pince à tiercé qui est dans le tube du kit.
- ???
- Tu prélèves dans ton étron, à trois endroits différents, à l’aide de la tige verte, de quoi recouvrir la partie striée. Puis tu remets la tige dans le tube que tu secoues énergiquement.
- Aller aux toilettes pour se secouer la tige, ça n’a rien de l’amour sorcier, en même temps ! commente Agata qui, de temps en temps, – elle est native de Bogota - a des saillies involontaires du fait de sa maîtrise plus ou moins colorée de notre langue. Après reste plus qu’à coller les étiquettes et renvoyer.
- Sans oublier de décoller l’origami et de le vider sans s’en mettre plein les doigts !
- On dirait un rituel de l’église scatologique, ton truc, ajoute Petitprince. C’est qu’un mauvais moment à passer, pourquoi ça te rend vert ?
- Avant ils t’envoyaient le matos pour jouer. Maintenant tu dois aller le chercher chez ton médecin maltraitant. Et regarde le résultat !
L’oncle se retourne et prend parmi les cartes postales accrochées derrière son bar un courrier d’un laboratoire de biologie.
- J’ai été éliminé à cause d’un problème de gestion de stock ! Les touillettes du toubib étaient périmées ! Et pas qu’un peu !
Tout le monde, à l’exception du taulier, est hilare dans le bistrot.
- Alors t’as dû recommencer ?
- Oui mais cette fois je n’avais plus les étiquettes autocollantes du courrier d’invitation. J’ai dû réécrire tous les renseignements à la main sur leur fiche à la con et même sur le tube. Est-ce que je le connais, moi l’organisme de rattachement du médecin traitant ? J’ai laissé la case vide. Si ça se trouve ils vont me disqualifier encore une fois à cause de ça. Le pire c’est que j’ai retrouvé la feuille avec les codes à barre après avoir renvoyé le tout.
- Des codes à bar pour un patron de bistrot, c’est indiqué, non ? en remet une couche Lemouton.
- Je ne sais vraiment pas pourquoi j’y joue encore à leur jeu, je ne gagne jamais ! Ca fait dix ans qu’ils me répondent «résultats négatif» d'un air désolé !
- Oncle Camille, réfléchis ! Il vaut mieux qu’ils ne trouvent rien, tu ne crois pas ? Avoir un cancer, ce n’est pas très drôle !
- En attendant c’est chiant, leur truc. Et pas qu’un peu !
- En même temps, comme on dit maintenant, tu m’as bien cassé mon coup ! ajoute Isaure. Je vous avais amené des cadeaux à la tante et à toi, mais je ne vais pas pouvoir vous les offrir.
- C’est gentil, chère Isaure, remercie Agata. Je suis prendeuse quand même. Ne tiens pas compte des bêtises de ton oncle. On les a déjà oubliées.
Isaure sort alors deux paquets de son grand sac à main rose. Le premier, plus petit, est pour l’oncle. Camille déchire le papier cadeau et découvre le DVD de la saison 3 de « La minute vieille ».
- Trop bien ! apprécie-t-il. Trop bien vu, ça va me plaire ! C’est la seule émission que je trouve regardable sur Arte !
Lorsque Agata déchire le sien tout le monde éclate de rire et pas qu’un peu dans le bistrot : ce sont des crottes en chocolat !
Il y aurait toujours un roman à écrire à partir des expéditions musicales d'Am'nez zique et les Biches. Cette fois-ci, pour notre tournée à Tours, il y a eu un certain nombre de gags autour du matériel à emmener et de l'emplacement du concert. Je raconterai ça à l'occasion ! Pour l'instant je partage quelques images que j'ai pu voler comme j'ai pu malgré mon sac à dos pesant, ma guitare à la main et mes compagnons qui traçaient devant !
"Totototo Qu'est-ce qui frappe à ma porte? Cè moin lanmou Cè moin pain dou sucré. Depuis deux jou La pluie qu'a mouillé moin Par pitié, par humanité Ouvé la porte ba moin. "
Ah non, personne. Mais alors, y'a du monde au balcon ? Roméo ?
Joe Krapov est poète, humoriste (?), musicien à ses heures et photographe à seize heures trente. On trouvera ici un choix de ses productions dans ces différents domaines.