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Mots et images de Joe Krapov
99 dragons
14 octobre 2020

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 58, Pandémique avec mots en toc et formules en tic

wizard 06

C’est le roi, perché en haut de son donjon, qui s’adresse à la foule de ses sujets.

« Mes chers compatriotes

Ce qui nous arrive, c’est tellement décalé que c’est énorme ! C’est clair que c’est du grand n’importe quoi ! Pour autant, faut-il avoir peur de ce dragon qui vient de franchir nos frontières ? Ou pas ? Faut-il céder à la récrimination, à la grogne ? Ou pas ?

J’entends mugir dans nos campagnes les paysans qui donnent de la voix. Une foule d’anonymes fait entendre un concert de protestations. Comme vous le savez, il est normal que le citoyen tire la sonnette d’alarme en cas de danger. Vous êtes en train de me dire que vous souffrez mais je sais aussi qu’être plus réfractaire qu’une brique, défiler en fanfare, émettre un autre son de cloche c’est dans notre ADN commun.

wizard 03J’ai quand même le sentiment que certains parmi vous vont plus vite que la musique, c’est clair, et j’ai envie de vous demander de mettre un bémol à cette monstrueuse cacophonie. Quand j’entends dire ici ou là que certains parmi nous risquent de perdre la vie, j’hallucine ! C’est vrai, c’est du grand n’importe quoi ! Aussi est-il l’heure d’accorder nos violons. Reconnaissez-le : jusqu’à présent le dragon ne dévore que de vieux moutons blancs ! Il n’y a pas mort d’homme que je sache ! C’est finalement quelque chose de très attendu de la part d’un animal carnivore. Il faut manger pour vivre, c’est incontournable. L’estomac de ce larron a, il faut le reconnaître, une régularité et précision de métronome et je vous entends bien quand vous nous accusez d’aborder ce problème nouveau en faisant preuve d’une totale improvisation. C’est pas faux quelque part mais j’ai envie de rebondir.

wizard 01
C’est vrai, nos frontières auraient dû être placées sous haute surveillance. Tout à fait. Une fois le jeune loup entré dans la bergerie, notre chevalerie, nos fameux chevaliers, auraient dû monter au créneau, engager un bras de fer avec la bête féroce. J’adore pour ma part le cliquetis des colichemardes, les coups d’estoc et de taille, l’escrime et le châtiment, les duels au couteau avec du vrai sang qui gicle hors de vraies entrailles. Ou pas. De plus quand le combat se passe à la maison, c’est que du bonheur ! Un bon bourre-pif des familles, c’est frais, c’est revigorant. Sauf qu’il y a eu un couac, juste un petit couac mais un couac quand même : dans l’entourage de votre roi la panique a battu son plein, la trouille est allée crescendo. C’est clair, ce fut surréaliste et lamentable. J’ai beau être le chef d’orchestre de cette bande de clampins, je n’ai ouï que des fausses notes. Au jeu de chaises musicales de la débine ils ont tous gagné… le large ! Ces gougnafiers se sont entendus comme larrons en foire pour s’esbigner devant le péril. Voilà, c’est comme ça. Cela a fait dire à mon bouffon « Chevalerie de me faire la belle en ce mouroir », un jeux de mots que je n’ai pas bien compris parce qu’il l’a sorti un jour qu’il jouait du pipeau, une chose que je ne fais pas aujourd’hui en m’adressant à vous, je vous l’assure.


Bien sûr, j’aurais pu dans ces conditions, pour nous sauver la mise, convoquer les services d’un ténor de la castagne, d’un cador, d’un Terminator, d’un matador capable de buter ce butor qui est entré dans le décor pour piller nos trésors. Mais nous avons rechigné à faire appel aux Dératiseurs de Saint-Georges. S’en remettre à un mercenaire étranger, qui plus est chrétien et prosélyte, merci infiniment mais, sans jouer sur la corde sensible d’un nationalisme suranné, c’eût été comme revisiter les fondements de notre pacte social, culturel, cultuel et éthique – et toc !

wizard 04C’était juste improbable. J’ai refusé qu’un soldat de Dioclétien vienne jouer sa partition au chevet de notre royaume.
Et en même temps, je m’en doute bien, ce cochon de croisé aurait été capable, en négociant pianissimo, de vouloir nous convertir à sa foi voire de nous demander, en échange de ses services, la main et le reste de cette jeune femme qui m’est si chère, la princesse Léïla, ma fille unique et préférée. Plutôt crever ! 

wizard 07Et de fait, ce faisant, nous n’avons pas pour autant pissé dans un violon car notre positive attitude vient de trouver son point d’orgue. J’ai le bonheur ce soir de siffler la fin de la récréation, de reprendre la main sur le cours des événements. En effet, on vient de l’apprendre, le quotidien, votre quotidien va évoluer. Nous avons trouvé le remède qui coche toutes les cases ! Le dragon va devoir revoir sa copie ! Voilà, je vous donne le la, appuyé en cela par le conseil scientifique. Ecoutez-moi bien !

Pour lutter contre le dragon, ne bougez pas, restez chez vous ! Les tavernes seront toutes fermées à partir de demain et si vous devez sortir remplissez une autorisation dérogatoire de déplacement ! Et surtout portez un masque ! »

wizard 02

Illustrations empruntées à Brant et Parker "The Wizard of Id"

 Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 13 octobre 2020

d'après la consigne n° 2021-05 ci-dessous.

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3 octobre 2020

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 61, Récit de rêve

Saint-georges par Baden Powell (communiqué par Baden Powell le 27-09-2020) 127705243

Ah la la ! Quel imbroglio ! Je me suis réveillé ce matin dans un état proche de l’Ohio ! Quelle belle série de rêves idiots !

Primo, j’étais attelé à un chariot et j’allais dire des fabliaux à la Taverne d’Attilio – où était-ce le Don Camillo ? – pour un public de gens spéciaux, drôles de zoziaux par trop joviaux tous venus de Bonifacio ou d’Ajaccio où souffle ce vent de folie qu’on appelle le Libeccio. On me dételait du chariot, on me poussait sur les tréteaux et mon impresario me lançait depuis les coulisses :

- Vas-y ! Chante leur « O sole mio » ! Tu enchaîneras ensuite avec « Si tu vas à Rio » de Dario Moreno puis « Le petit joueur de flutiau » de Brassens.

J’étais tétanisé, sans voix, agonisant, bon pour un passage en cardio. Il est vrai que les dragons ne chantent pas ce genre d’airs familiaux que l’on entend à la radio ou qu’on joue sur l’autoradio. Ils n’ont pas la voix d’un loriot ni celle de Don Juan Tenorio. Je n’ai rien d’un griot et s’il me fallait un jour fréquenter la musique, je préférerais de loin l’adagio d’Albinoni ou le Juditha triumphans, ce bel oratorio de Vivaldi, voire les Capriccios de Paganini.

Bref je restais muet devant le micro et les Corses, peu conviviaux au naturel, devinrent bientôt antisociaux voire triviaux puis vipériaux, me balançant des noms d’oiseaux et des glaviots. Le calme s’en revint lorsque j’ouvris la gueule et que d’une flamme puissante je mis le feu à tout le patio ! Houla ! Comme ils sont redevenus cordiaux ! Seulement, la tronche du proprio !

Ayant fait place clarinette je jouai alors le trio des quilles de Mozart et des flûtes pour aller dans des lieux plus enchantés.

Deuzio, rêve encore plus dingo : au bout du viaduc de Millau je rencontre un autre barjo avec des habits ecclésiaux, des affûtiaux de nobliau, monté sur un bidet tout blanc et ses grands chevaux qui me demande mes fafiots (si vous n’avez pas votre Gaffiot, je vous traduis : les fafiots ce sont les papiers).

Il me questionne :

- D’où c’est que vous venez ?

- De la station Campo–Formio, c’est direct avec le métro !

- Où qu’vous allez ?

- C’te question ! A Mogadiscio, San-Antonio, en Ontario ou aux pays équatoriaux ! A Quimper, aux faïences Henriot ou à Baguio 78 voir jouer Tolia Carpovio contre Victor Kotchnio !

- D’après ce que j’vois d’écrit ici, vous vous appelez Marcel Petiot ? qu’il continue, le Fantasio.

- Jamais d’la vie ! C’est quoi, ce nouveau scénario ? Tu vois bien qu’je suis un bestiau ! J’m’appelle Elliott ou Emilio, je suis de la classe des marsupiaux et champion de France des arts martiaux. Et toi, t’es qui, Super Mario ?

Le maigriot, sur ses ergots, prend des airs inquisitoriaux, aérospatiaux, comme Blériot chez Latécoère, et manche à balai dans le derrière, mordant comme un chiot en colère, d’humeur guerrière, décline son identité :

- Tout le monde m’appelle San Giorgio. J’suis c’qu’ on appelle un estradiot ou un stradiot, un éclaireur qui vend du bio aux provinciaux. J’ suis envoyé par le daïmio pour retrouver le salopiot qui boulotte toutes les côtes d’agneau et qui a foutu l’feu au studio ! Numérote tes abbatiaux ! Prépare ta tête pour le billot, docteur Petiot !

Voilà-t-y pas que ce salopiot m’balance un chtard dans les tuyaux ! Oh la la ! Ca va être sa fête ! J’vais lui réclamer des agios, au loupiot ! Tu vas voir, tristesse d’Olympio, qu’t’eusses mieux fait d’choper la polio ! J’vais t’soigner ton compère-Loriot ! J’vais t’transformer en carpaccio ! En atriaux, eh, Pieds nickelés !

Y eut-il massacre à l’île de Scio ? Si le viaduc était un bateau, lequel des deux chut du rafiot ? Se battit-on (Oh chou ! Ma chère !) avec brio ?. (Oui je sais Battiston-Schumacher, c’est nul, mais, à contrario, c’était aussi dans le rêve !). Je ne sais plus : c’est à ce moment-là que je me suis réveillé pour aller pisser.

Tertio : une fois que j’ai eu replongé, je me suis retrouvé dans le bus n° 11 dans une ville nommée Rennes avec un masque sur le visage et je lisais un in-folio sur le catalogage des fonds patrimoniaux. Il y avait plus loin une fille en robe rose, masquée elle aussi, qui appuyait sur le bitoniot pour demander l’arrêt du char à la station Charles Géniaux. Je l’ai bien reconnue la fille ! Elle s’appelait Isaure Chassériau. C’était la belle-fille du député Guyot-Desfontaines ! Mais après elle a disparu et j’ai fini ma nuit tranquille en censurant tout le restant du matériau.

***

Bon, c’est pas le tout ça. Qu’est-ce que j’ai sur mon agenda aujourd’hui ? Ah oui. « Aller bouffer des brebis en Libye ». Pourvu que je ne tombe pas là-bas sur un de ces frappadingues adverbiaux d’ces bas du Front Police à Rio !

St-Georges patron de Cacéres par Walrus 127705049

Illustrations aimablement fournies par notre bien-aimé oncle Walrus
que je remercie de son soutien à l'entreprise Nonante-neuf !


Ecrit pour le Défi du samedi n° 631 d'après cette consigne : Imbroglio.

28 septembre 2020

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 60, San Antoniesque 01

N.B. Cette version est composée de dix chapitres plus ou moins longs,
l'ensemble représentant une longueur de six pages et demie au format A4.

01 Ne mangez pas la consigne

1. Ne mangez pas la consigne !

Quand des gens passablement évolués te donnent pour vérité des abracadabrances, c’est que ces abracadabrances se sont bel et bien produites. Et je ne fermente pas de la calbombe, les potes !

Ce à quoi j’allusionne est une vieille histoire mais vieilles marmites, vieux pétomanes, vieux chanteurs, tout vaut toujours mieux que les nouveaux cons, quoi qu’il advalsedevienne ! Même si, comme disait Kermit la grenouille, « Autre étang, autre nurse ».

Bref nous voilà réunis pour un nouvel épisode de « Georges Dalida contre Lubrizolle la bestiole». Un de ces jours, ce polar, je le téléviserai, c’est sûr. Force m’est, en attendant, de balzacer pour vous permettre de comprendre que si on remet le couvert c’est parce qu’il ne faut jamais perdre une occasion de nous fendre le pébroque quand l’occasion se présente. Alors je vous raconte tout ce blaud pour bien vous camper le paysage où je te vais dérouler une action pas dégueu, tu te doutes bien !

28 septembre 2020

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 60, San Antoniesque 02

2. Les cochons sont lâchés

02 Les-cochons-sont-laches

Lubrizolle le Dragon vient de franchir le seuil de la caverne alibabesque et s’en vient attiliser ce petit paradis sur terre qu’est la Libye. En boulottant sa première brebis du jour, il lui explique :

- Je sais ! Je sais ! Je franchis des Himalaya de réprobation, j’annapurnise dans le désenchantement à chaque fois que je pointe mon museau quelque part mais il faut bien que j’assure ma becquetance, mon ami Shaun ! C’est vraiment con, c’est sur toi que ça tombe mais vois-tu j’aime pas toucher la viandasse de mes temporains. Surtout la bidoche de bonhomme, surtout lorsqu’elle a cette apparence dégodante de tes propriétaires loqueteux. Seulement sous toutes les latitudes, la bouffe c’est sacré, non ? L’heure du combustible, qu’on soit en Gaule, en Libye, en Chine ou chez Plumeau, elle régit le temps. C’est pas que j’aie le culte de la tortore mais j’ai horreur de rester longtemps sans morganer car après on a le prosper qui s’exclame or le borborygme, ça fait négligé ! C’est qu’il réclame, Prosper ! Faut le calorifuger au moins deux fois par jour sinon la boyasse fait des nœuds ! ».

Que voulez-vous que lui répondent les moutons à ce pas tibulaire mais presque et à son argumentaire à la con ? Lubrizolle crache de la fumée, il empuantit l’atmosphère et, qui plus est, il a vraiment une sale gueule. Un qui souhaiterait malgré tout l’embrasser aurait du mal à trouver un emplacement disponible tellement que ça bubonne sur sa frime.

28 septembre 2020

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 60, San Antoniesque 03

3. La fin des haricots

03 La-fin-des-haricots

Mais voilà que ça se met à brouhahater ferme : normal c’est une troupe de pagants qui ramène sa fraise pour émettre de la protestance. Ca hulule dans la broussecaille, on dirait !

- Eh dis donc l’incendiaire ! Les temps sont difficiles pour les petzouilles ; chacun écrème son lait comme il peut, non ? Nous si on élève des moutons, c’est pas pour que tu nous les boulottes, vois-tu ! Alors tu vas arrêter tes façons d’agir à la mords-mon-paf ! On calamite dans la patouille, nous, on morfle avec ta goinfrerie ! Sans compter que ta gueule ressemble à ton foie ! Tu fouettes du couloir pire qu’un scatophage T’es maousse comme polluance, gars ! Faudrait quoi pour t’calmer, saleté ? Qu’on t’enfourne un tomb’reau d’betteraves sucrières dans l’fion ? On te prévient : Bien que n’ayant pas une adoration pour les poulets on va les appeler bel et bien si tu ne décanilles pas vite fait bien fait, compris !

- Soit dix ans passants, vous commencez à me bassiner avec vos jérémiades ! Mais je comprends votre nervouze alors causez, mes drôles et quérez donc votre maréchaussée, convoquez vos chaussettes à clous, prévenez votre pote en tas, je ne vous écoute plus, tant il Eve raie que ventre affamé n’a pas de portugaises !

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28 septembre 2020

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 60, San Antoniesque 04

4. Réglez-lui son compte !

Ce qui réconforte avec les pagants, c’est qu’ils ont le culte de l’oseille. Bientôt le barouf se déplace jusqu’à la porte du château. Ca gueule à gorge d’employé si bien que le grand chambellan, le sire Akachté, est obligé de descendre s’entretenir avec les agités.

- Cette fois tu ne nous enverras pas nous faire beurrer la prostate, Akachté ! Imagine une grosse bête de trois mètres cinquante de haut, large comme deux vaisseliers, ventrue, maffue, bouddhique ! Ce monstre-là vient de débarquer dans la zone ! Il boulotte tout ! C’est la confusion, la grande pagaille, le toutim des toutims, le chabanais du diable, le grand bidule. Il est un peu gonflaga, l’autre brindzingue de venir prendre son brique-feust chez nous gratos, tu trouves pas ?

- Je ne demande qu’à vous tirer du bousin, les bouseux mais arrêtez de bragueuler d’abord ! C’est quoi le problème ?

- Qu’on briffe du caviar, du foie gras ou du riz à l’eau, la pause bouftance est inévitable. Seulement si vous ne flinguez pas l’autre tartignole qui boulote nos troupeaux, vous allez faire balpeau autant que nous, côté tortore !

- Alors là mes gueux on vadrouille en plein cibroque. Je doute de tout !

- Mais y sont devenus dingues dans cette branche de la famille ! Complètement carbonisés de la coiffe ! Vas-tu comprendre qu’il y a péristyle en la demeure même pour tézigue ? Le maintien de l’ordre c’est pas nos oignes ! Aux roycos d’ici de se casser le chou. D’habitude ça nous reste sur la patate, la façon qu’on nous traite au château. Mais là c’est carrément de l’agri-bashing. Alors là vous allez vous secouer sinon vous allez tâter de la fourche dans vos dargifs d’aristograttes de mes deux en plus du chalumeau de l’autre guignol !

Akachté calte penaud faire son rapport à qui de droit.

28 septembre 2020

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 60, San Antoniesque 05

5. Du mouron à se faire

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- Majesté ! Majesté ! Y’a les paysans qui bélochent à la porte comme quoi y’a un gazier loufdingue qui barbote leurs brebis !

- Faites pas l’oiseau d’mauvais Auguste, je vous en prie, Akachté ! Un dragon chez nos pégreleux ? Vous pédalez dans le pop-corn, chambellan ?

Le vieux avait la tête de l’emploi royal avec sa casquette en peau de fesse luisante comme une engelure et sa p’tite couronne posée dessus. Sans parler de sa bouille de casse-noisette man !

- Il s’agit de Lubrizolle la Défouraille, un loustic pas fréquentable, condamné à mort par accoutumance je crois bien, et qu’on m’avait dit espadrillé en Amérique latoche. Je ne voudrais pas infecter votre beau moral, Sire, mais j’ai idée qu’on tient une période de cerise tout ce qu’il y a de piqué des vers !

- Quelle avanille ! s’exclama le Roi. Mes forces ont mis les adjas. J’ai du carat et mes muscles ressemblent à des souvenirs !

C’est vrai qu’il semble s’affaisser des méninges, le birbe. Se débattre dans le yaourt, amertumer, anxieuser.

- Je me livre à une étude rigide de notre situation, Majesté : elle ne vaut pas un pellos !

- C’est sûr qu’il y a de quoi pessimister vilain mais avant de furaxer ou de déprimer grave vous allez me convoquer nos officiers de la garde.

28 septembre 2020

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 60, San Antoniesque 06

6. Messieurs les hommes

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- Vous êtes toujours là à vous branler les cloches en pleurant sur vos canassons fourbus ! C’est le moment de caracoler des meules, de vous cloquer un Clémenceau dans le moteur ! C’est l’heure d’homicider, de cocoriquer, de dessouder, de désastriser, d’en avoir ou pas comme que disait l’Ernest aux mines gaies !

Ils s’étalaient sur leur trente et un, bioutifoules comme des pissotières repeintes. On ne leur avait pas astiqué les tympans au sirop d’chef depuis longtemps à la fine équipe ! Tirer des coups de pétard dans les glaces, briser les boutanches du bar, bref déclencher un western de bistrot corse un soir d’autonomisation, ça ils savaient faire, ces clowns ! Mais dès que ça devenait dangereux, ils fermaient les yeux, ils autruchisaient à outrance comme s’ils entravaient ballepeau à l’injonction « Au turf ! ». C’est sûr qu’il fait meilleur barbecuter le soir au photophore tandis que le rosé de Provence froidit dans le bac à glaçons plutôt que d’aller tailler des rumsteacks dans la barbaque de Casimir le dinosaure !

Alors oui, les implacables, les décideurs d’exécutions, ceux qui ont fait périr tant et tant de gens… ils ont les flubes, les jetons, les copeaux, les foies, la chiasse noire, les grelots, le traczir, les boules à zéro, les chaleurs, le taf, la mouillette, les chocottes ! Moi ça me foutrait le bourdiche de mater ces illustres messieurs blêmes et pétrifiés.

- Ca vous défrise, ce dragon, Majesté ? Nous, les problèmes de décolorants des perruquiers on n’en a rien à cirer. Les croquants…

- Nous on belliqueuse pas ! On vient ici en touristes !

- Je me sens fichtralement marri (et même Joseph) de ce coup du sort !

- Vous avez remarqué comme il fait un temps à se barrer à la cambrousse, manière d’aller se traîner le dargiflard sur les belles fourmilières ?

- Il n’est pas question de se pieuter dans l’immédiat. C’est un conseil de guerre ici, s’énerve le chamballan.

- Ah mais c’est qu’on est des bonshommes à solde, nous autres : la pagouze en fin de mois, les primes, les notes de frais. Du surnaturel mythologique genre cracheurs de feu à écailles, c’est pas inscrit dans les statuts du fonctionnaire médiéval qu’on doive frayer avec ! C’est effrayant, votre truc !

- Ca vous paraît pas un peu louftingue a vous autres, une branquignolade pareille ?

- Heureusement que l’honneur est en voie de disparition sinon avec la pléthore d’individus en grouillance sur le globe ça serait la bigorne permanente

- Vot’ conduite est inqualifiable, vitupère le monarque. J’devrais dores et n’avant en informer l’bâtonneux, l’garde des sottes, le suce-titube, le pauv’ cureur d’la République mais vu qu’on est encore un royaume je n’en f’rai rien et je vous mets juste au coin avec le bonnet d’âne sur la tête. Sans compter que vous êtes tous dégradés et priés, messieurs les anciens combattants d’enlever la batterie de cuisine en vitrine sur vos poitraux d’Hercules de foire. Oui, j’ai bien dit un poitrail, des poitreaux. Bande de beaufs ! Addicts au beaujolpif ! Bons qu’à becter la paillasse jusqu’à midi !

- Vous permettez , nous on déclare forfaiture : une rixe dans laquelle y a des coups à prendre, c’est du suicide ! Si vous décrétez le branle-con de baba ne vous étonnez pas de voir les œufs-nuques pétocher !

- C’est vrai, Il commence à nous cavaler sur le haricot le seul métrabord-à-prédieu !

- C’est ça, caltez si vous voudriez pas que je fisse un malheur ! Blêmit le roi.

- Mais, nom de fichtre ! Qu’est-ce qu’il débloque ce vieux schnock ? Y se prend pour le grand chandelier du Rèche ou quoi ?

Et là-dessus les empaffés se cassent !

28 septembre 2020

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 60, San Antoniesque 07

7. Mon culte sur la commode

07 Mon culte sur la commode 51MGBJRMAPL

- Oh cette panade ! Cette soupe de merde ! Un schprountz pareil, y’avait lurette, non ?! se lamente le chambellan une fois qu’ils ne sont plus que deux dans la pièce.

- Vous voyez, Akachté, à force de rien glander, ils se sont mis à arpenter dans le goudron. C’est cache-cache jambonneau pour les faire bosser, ces gluants du bulbe ! Le dragon chouraveur, c’est le caddie de leur saucisses ! De toutes les façons ils l’ont toujours eu bonne pour courir s’barricader aux cagoinces quand ça bastonnait trop fortement ! Ah les pleutres ! Ils ont les ratiches qui jouent le concerto pour dominos et castagnettes en pétoche majeure de J. Glaglate ! Atrophiés de la coiffe, pis qu’un ministre de l’intérieur !

- Les temps ont changé, se sont durcis. Autrefois Majesté vous n’auriez jamais toléré ce genre de pirouette arnaqueuse.

- Cessez de Monamantdesaint-jeantiser, voulez-vous ? Si c’est du passé, n’en parlons plus. Quoi qu’il en soit on est dans la bistouille alors on ne chipote pas sur les moyens d’en sortir. Une autre idée derrière le bulbe, mec ? Allez-y ! Accouchez ! Je suis prêt à tout entendre.

- Bon je crois qu’il est impossible de nettoyer les écuries d’Audiard en deux coups d’écuyère à Pau ; on va devoir faire appel aux travelos de recul de chez Vatican S.A. J’aime pas la façon qu’ils ont d’être enchastés dans leurs idéaux mais y’a pas d’autre moyen de régler ce problo que de faire appel à leurs sévices !

Ca le cloue un brin le roi que le sire Akachté ait autant de ressources.

- Vous avez des nouvelles du pape Aguenot III ?

- M’est avis qu’il doit rester en marge des affaires et cancreler béatement du bourbon en faisant friser ses poils de bide au soleil. Mais je connais un de ses sous-traitants.

- Vous voulez bien me torcher une babille bien sentie à ce zigue ?

28 septembre 2020

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 60, San Antoniesque 08

8. Laissez tomber la fille !

08 Laissez tomber la fille

- Si je vous sors de la mistouille, je demande à ce que vous convertissiez vos ouailles à mes croyances, qu’il balance le San Giorgio majoré.

- Vous êtes sûr que la main de la Princesse vous suffirait pas ? La main et le reste, œuf corse, parce que mes croquants, c’est comme mes sbires, rien ne rentre, on peut rien en tirer. Ces salades religieuses ça prend toujours avec les mistonnes du bas peuple mais les gus, c’est plutôt des jambecasseux à béquilles, côté spiritualité. On n’est pas encore rendu au Moyen-âge alors pensez, la Renaissance, c’est loin !

- Vous vous attendez à ce que je vous arrange vos bidons en deux coups les gros, n’est-ce pas ? Seulement voilà, j’ai un tarif spécial. Je réclame pas d’artiche, je convertis en devises ! Celles des dix commandements !

- Regardez là bien encore une fois. Une Libyenne exceptionnelle, couverte de diams, pucelle à n’en plus pouvoir, riche à crever et chiément portée sur la bagatelle. L’genre de personne que son gabarit est certainement conforme à vos aspirateurs. Matez-moi ça !

San G. c’est un type qui fait son blaud et rien de plus. Toujours acharné de pets en câpres et que je te sabre au clair et que je t’allons-z’enfance pour un oui, un niet, une allocution, une allocation…

- Mon gars dans la vie faut toujours voir grand ! lui avait-on appris chez Mercenarium Ltd. Avant de te lancer, fais tes classes ! Tu as choisis « The » bonne école où on t’enseignera le baobab du métier de la manière la plus nec et la plus ultra qui soye. Même si tu es de nature marginale, tu trouveras toujours un petit turbin pour affurer ton minimum vital après être passé chez nous.

Ainsi fut-il élevé. Fuyant la morne bourgeoiseté dans toute sa pompière hideur, il grimpait sur son grand bourrin de bataille et partait à l’aventure. Et ça le branchait bien. Par contre c’était la première fois qu’il voyait deux pelés marchander les prix du marché en lui faisant miroiter un paiement en nature. Et quelle nature !

La frangine est carrossée de première. Quand on est choucarde comme elle pas besoin de savants déshabillés. Quant à l’avant-scène de la demoiselle alors là, bitos ! Waoh ! La Baby-dolleuse ! Elle a un poitrail tel un capot de jeep, deux bacs à lait colossals avec des embouts gros comme des poires vouiliamse. Oh pardon faut voir comment qu’elle y va du balconnet, la pécore ! San-G. ignore si elle s’est fait bricoler les frères Goncourt mais ils planturent vachement et se tiennent parfaitement dans le monde.

Et elle a le baigneur monté sur roulement à billes. Jamais maté un joufflu pareil ! Il a été modelé par un luthier, son balancier arrière ! On a l’impression qu’il fait signe de s’approcher, son bonheur du jour ! Avec ça le plus gracieux sourire que les barbouilleurs de la Renaissance italoche dont on causait juste à l’instant cloqueront jamais sur un visage de madone !

Et ça vous hypnotise depuis les crins jusqu’aux orteil en passant par la membrane médiane, le gros côlon (Christophe pour les dames) et l’artère iliaque interne ! Une capricieuse qui capite de la prunelle comme ça et dont les ondes de choc vous trémulsent le glandulaire, on aimerait la plaquer contre soi, soulever son capot et lui glisser langoureusement son oncle Benjamin entre les cuissettes.

- Je vais réfléchir, dit calmement Saint-Georges. Ca se trouve où, Lubrizolle ?

- Vous suivez le nuage de fumée. En cette saison les barbecues sont interdits chez nous mais il se fiche des couvre-feux comme de l’an 40, cet animal-là !

- Qu’est-ce qu’il y a eu en quarante chez vous ?

- Ben l’assassinat du roi Ptolémée par Caligula, comme partout ailleurs ! Vous ne célébrez pas ça, vous autres, les Chrétiens ?

« Ca m’aurait fait pleurer les fesses de caner avant d’avoir reniflé l’odeur particulière qui flotte sur ce patelin ! » songe San-G. en retour et en y allant.

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