Or donc voici officialisée l'interdiction préfectorale d'aller courir ou pédaler sur les chemins de halage d'Ille-et-Vilaine. Cela englobe même, au vu des barrières posées en travers du chemin, la passerelle de Moulin-du-Comte et le bord de Vilaine goudronné à l'arrière du stade !
Heureusement l'arpenteur rennais est un homme de ressources et de mémoire. Je me suis donc souvenu de ce petit square, pas loin de là, où j'avais mis les pieds juste une fois il y a longtemps. Coup de bol, il n'est pas encore interdit au public ! La petite allée qui fait le tour des jeux d'enfants et de la pateaugeoire mesure 220 pas soit un peu plus de 150 mètres. Six fois le tour et on a fait un kilomètre.
Voilà ! Du coup j'ai un endroit pour tourner comme un lion dans sa cage !
- Vous aussi, vous faites du jogging ? - Non moi je sors mon chien. Depuis le début du confinement il manque de ressort.
C'est criminel ce beau temps et ces fleurs alors qu'on est interdits de séjour dehors !
A la maison, en ce temps-là, il n’y avait que le grand-père pour manger du poisson.
C’est peut-être parce qu’il était lui-même un grand pêcheur devant l’éternel. A revoir les albums et les boîtes de photos que j’ai récupérés récemment on pourrait croire qu’il a passé sa vie à accrocher des vers au bout de son hameçon, à monter des lignes avec des petiti plombs, à amorcer, à surveiller son bouchon, à se faire photographier avec de jolies prises.
C’est peut-être cela, le secret du bonheur : être pêcheur au bord de l’eau.
Tout ça pour dire que Maman, qui faisait les courses des deux familles, s’arrêtait parfois « au Saumon d’or », chez Jules Turbiez, le poissonnier de la grand’rue, et qu’elle ramenait des rollmops ou des harengs saurs qu’on appelait des saurets. Je n’ai pas souvenir qu’elle ou grand-mère aient jamais cuisiné du cabillaud, du thon, du lieu ou du sabre comme je le fais très souvent maintenant.
Photo d'un "mariach' à sabots" extraite du calendrier 2017 de la ville de L.
Alors vous pensez bien, le hareng à la japonaise, ça a été un grand moment de drôlerie dans notre histoire commune !
C’était en 1980, à Cracovie, je crois. Il nous avait emmenés, ma grand-mère, mon frère et moi, passer des vacances en Pologne et en Tchécoslovaquie où il avait des connaissances et des points de chute pour le logement.
Vous-ai-je déjà dit qu'il était un espion du KGB ? Oui, je l'ai dit et ceci explique cela.
Ce jour-là, on était entrés, tous les quatre, sans accompagnateur autochtone, dans un restaurant.
On a regardé la liste des plats sur le menu mais tout était écrit en polonais et uniquement en polonais. Pour demander des explications en allemand ou en russe, les deux langues dans lesquelles, avant même d’être devenu Breton, je pouvais baragouiner quelque peu, c’était compliqué : les Polonais, pour des raisons d’envahissements intempestifs de leur territoire que l’on sait, détestent entendre le sabir de leurs voisins de droite comme de gauche. Tout ce qu’on savait c’est que les knedliky, ces boulettes de farine qu’on vous servait trempées dans une espèce de soupe, c’était pas top.
Alors on s’est lancés au hasard et moi, comme entrée, j’ai pris « Śledź po japońsku ». C’était d’autant plus gonflé qu’à l’époque on avait encore moins idée de ce que pouvait être la cuisine japonaise mais on ne se faisait pas de sushi pour si peu. On verrait bien !
Eh bien figurez-vous que c’est très bon, « Śledź po japońsku » ! C’est du hareng fumé mélangé avec des pommes, des cornichons et de la crème fraîche !J’ai fait goûter le plat à mon grand-père. Tout le restant de sa vie il a regretté de ne pas avoir fait le même choix que moi !
Finalement, la cuisine, c’est comme le jeu d’échecs ! Ce n’est pas vous qui gagnez, c’est l’autre qui fait le premier une erreur dans son choix !
En voici la recette qui est devenu un plat traditionnel de la maison Krapov :
Vous prenez un paquet de filets de harengs fumés doux. Vous les passez sous le robinet histoire de les dessaler un peu, même si, en argot, le hareng est toujours dessalé. Vous coupez les filets en morceaux d’un centimètres. Vous les mettez dans un grand saladier. Vous épluchez un oignon et le coupez en fines lamelles. Vous ajoutez trois ou quatre petits cornichons coupés en tronçons. Puis deux cuillères à café de câpres. Un piment de Cayenne séché que vous découpez très (con)finement. Puis trois pommes fruit que vous pelez, épépinez et coupez en demi-quartiers. Vous versez là-dessus deux cuillères à café de jus de citron, une cuillère d’huile d'olive, du poivre et un pot de dix centilitres de crème fraîche. Vous mélangez et servez frais.
Bon appétit !
Pardon : Smacznego !
Pondu pour l'atelier d'écriture de Villejean le mercredi 25 mars 2020 d'après la consigne ci-dessous
Que faire quand on est confiné chez soi, avec interdiction de sortir faire du sport, pour continuer à rester en forme ? Deux solutions : soit jeûner, soit bien manger !
Vous avez certainement par-devers vous une recette (de cuisine, de santé, de zénitude, etc.). Partagez-la avec nous et surtout dites-nous de qui vous la tenez et quels sont les souvenirs qui lui sont attachés.
Vous pourrez aussi si vous le voulez insérer cinq expressions de cette liste dans votre texte :
à la noix de coco aux petits oignons beurré comme un petit Lu boire du petit lait chacun son pain et son hérin (hareng) confit en dévotion courir sur le haricot donner de la confiture à des cochons en avoir gros sur la patate engueuler comme du poisson pourri être bon comme la romaine finir en queue de poisson grand dépendeur d’andouille il ne faut pas s’endormir sur le rôti l’avoir dans le baba la fin des haricots les carottes sont cuites manger de la vache enragée mi-figue mi-raisin pédaler dans la choucroute sucrer les fraises tailler une bavette tomber dans les pommes
Vous aussi vous êtes confiné·e. Confiné·e mais envahi·e.
Tous les Alain et les Françoise que vous connaissez vous envoient des documents humoristiques glanés sur Internet. C'est très drôle mais vous n'en pouvez plus d'entendre parler encore et toujours de votre enfermement !
Pas grave. Ici on partage tout, même les ennuis. Sachant que le plus drôle, à Rennes où il fait un temps superbe, s'est produit ce matin. Marina B. avait décidé d'aller faire du vélo, seule, sur le halage. Bien sûr, l'étang d'Apigné est à quatre kilomètres de la maison et c'est donc illégal (LOL jaune). Mais c'est le seul endroit de Rennes où on est sûr de ne contaminer personne : il n'y a même pas un chat, là-bas ! Un héron, quelques foulques, des canards, des poules d'eau, trois ou quatre joggueurs maximum.
Dix minutes après son départ, j'entends la porte qui s'ouvre : retour à la case départ ! L'agent 212 et l'agent Longtarin ont barré la passerelle vers l'écluse de Moulin du comte et aussi le chemin qui passe derrière le stade pour rejoindre le centre commercial et rattraper le halage dont il est à peu près certain qu'il est condamné lui aussi !
J'irai voir demain si je peux courir sur la promenade Madeleine Desrosiers ou si l'agent Bodart y attend Corinne et Jeannot !
Sinon, jouer aux échecs avec un ami sur Lichess.org, j'ai testé ce matin : c'est possible. Je recommence demain après-midi !
En attendant voici donc le meilleur et le pire de ce que j'ai reçu ces jours-ci !
Si nous sommes véritablement en guerre, il est tout à fait juste et justifié que les "planqués de l'arrière" dont nous sommes participent à l'effort de la nation d'une façon ou d'une autre. C'est ce que nous faisons ici avec cet hymne guerrier autant que religieux. Nous l'avons ressorti de la naphtaline et des camps scouts où il dormait depuis 1921. Merci au père Jacques Sevin et, plus sérieusement, merci au personnel soignant qui lutte contre la pandémie.
Joe Krapov est poète, humoriste (?), musicien à ses heures et photographe à seize heures trente. On trouvera ici un choix de ses productions dans ces différents domaines.