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Mots et images de Joe Krapov
12 août 2017

ECRIRE A RIMBAUD ? 3, Drôles d'oiseaux

Monsieur Arthur Rimbaud
B.P. 01 au vieux cimetière
08000 Charleville-Mézières

 

Mon cher Arthur

« Like a bird on the wire
Like a drunk in a midnight choir
I have tried on my way to be free »

Quand on a une cervelle de piaf, tout se bouscule au portillon !

Posons d’abord que cet extrait de chanson est de Léonard Cohen, un autre poète voyageur qui sema quelques perles de poésie et de musique avant de, récemment, disparaître vers un monde de plus en plus noir. 

170804 265 010

« Des Ardennes au désert », le recueil de tes œuvres chez l’éditeur « Pocket » m’accompagne encore, même ici chez moi où je suis rentré après une autre semaine de marche dans un autre pays de nuages, de semelles et de vent. A croiser tes mots avec des paysages nouveaux, des idées me viennent en nombre. Les quatre moineaux de la photo m’invitent à te parler ce jour de Twitter, le réseau de l’oiseau bleu, et de l’Angleterre où tu es allé traîner tes guêtres avec Verlaine d’abord puis avec Germain Nouveau.

Comment t’expliquer le principe idiot et la vogue paradoxale de Twitter à toi qui as fait dans le « tout ou rien » ? Arthur Rimbaud ? 230 pages de poésie écrites en même pas cinq ans puis le silence total pendant vingt ans après (comme aurait dit Alexandre Dumas). Il paraît que le top du top en notre XXIe siècle pour l’être humain est d’émettre des gazouillis à tous vents. Des messages limités à 140 caractères typographiques. Difficile d’installer un bateau ivre dans ce Port-Racine où tout le monde s’engouffre cependant. 

DDS 467 twitter

 

J’ai moi-même ouvert jadis un compte sur ce « réseau social » où l’on discute, de fait, avec zéro zoziaux ! J’y ai publié des haïkus à la petite semaine. J’ai le sentiment que l’on pourrait faire encore plus court, encore plus ludique avec tes poèmes. En résumant par exemple le premier vers de chacun de ceux-ci par les initiales des mots qui le composent. 

 

J’adore inventer des jeux pour mes blogami(e)s. Ils et elles devineront peut-être ceux-là :

CJDDFI
CEUTDVOCUR
ONEPSQOADSA
JMEALPDMPC
HLTTCLM

Le dernier est un piège : c’est un vers de Baudelaire !

DDS 467 So irresistible

 

Mais cessons de divaguer, fermons les yeux, repensons à l’Angleterre et revenons à la chansonnette du début. Un usage intéressant de Twitter consisterait à y publier des aphorismes anglo-saxons. Je viens justement de lire cet été deux recueils de Jean-Loup Chiflet, « So irresistible ! » et « So incredible ! ». J’en conseille vivement la lecture à qui souhaite se dilater la rate.

Quelques exemples ?  En voici :

L’autre jour j’étais tranquillement chez moi en train d’écouter un disque de Leonard Cohen et quelqu’un a sonné à la porte alors j’ai retiré le revolver de ma bouche. (Vernon Chatman)

Je ne me considère pas comme un pessimiste. Pour moi un pessimiste c’est celui qui attend qu’il pleuve. Moi je suis tout le temps trempé. (Leonard Cohen)

Quand Bob Dylan a chanté pour lui le pape a dit « Je parle pourtant plus de huit langues mais je n’ai rien compris. » (Conan O’Brien)

Le flamand n’est pas vraiment une langue, c’est plutôt une maladie de la gorge. (Mark Twain)

L’hiver anglais se termine en juillet et recommence en août. (George Gordon)

L’Enfer : un chauffeur français, un flic allemand, un cuisinier anglais, un amant suisse, le tout dirigé par des Italiens (John Elliott)


Un qui me fait beaucoup rire aussi ces temps-ci c’est le philosophe Michel Onfray dont on peut entendre les conférences sur le Cosmos chaque après-midi à 16 heures sur France-Culture. En voilà un qui n’entrera jamais, lui non plus, dans le cadre très limité de Twitter ! Entre les 28 minutes qu’il met à répondre à une Québécoise pour lui dire qu’il n’a pas de réponse à sa question et les 23 minutes de bla-bla qui précèdent la réponse "oui" à la demande « Est-ce que vous croyez à l’amour ? », cet homme est dans le hors cadre total ! Mais, sans être un voyou dans ton genre, je pense que c’est ce qu’il faut être et je trouve passionnant et amusant d’écouter ses dissertations.

Voilà, mon cher Arthur, les autres drôles d’oiseaux en compagnie desquels je passe mon été. Désolé de ne pouvoir pas mieux partager avec toi ces gouttes de rosée, ou plutôt ce « vin de vigueur » qui permet de faire front.

Amitiés et bon vent à toi, Arthur, qui as cessé de battre la semelle !

 

DDS 467 moineaux MAP

P.S. Les réponses du petit jeu :

Comme Je Descendais Des Fleuves Impassibles

C’Est Un Trou De Verdure Où Coule Une Rivière

On N’Est Pas Sérieux Quand On A Dix Sept Ans


Je M’En Allais Les Poings Dans Mes Poches Crevées


Homme Libre Toujours Tu Chériras La Mer

 

Ecrit pour le Défi du samedi n° 467 à partir de cette consigne (la photo ci-dessus)

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5 août 2017

ECRIRE A RIMBAUD ? 2, Marionnettes

DDS 466 cardinal

Monsieur Arthur Rimbaud
B.P. 01 au vieux cimetière 
08000 Charleville-Mézières

Mon cher Arthur

« Moi je construis des marionnettes
Avec de la ficelle et du papier »

Je te fais grâce de cette chansonnette d’un chanteur pré-nommé Christophe. Celles et ceux qui l’aiment prendront le train de M. Youtube pour aller l’écouter si ça leur chante.

Cette semaine, l’image de départ me ferait dire plutôt ceci : Après «Fanfan la Tulipe», «Les Trois mousquetaires» ?

170712 265 106

Il faudrait que je le revoie ce film de Bertrand Tavernier, «La Fille de D’Artagnan». C’est Sophie Marceau qui tenait le rôle. Est-ce-là que Claude Rich jouait Mazarin ? Y était-il un « cardinal bien tapé » comme le dit la légende de la photo ci-dessus ? Un coup d’œil à Wikipédia me répond que non, que c’est au théâtre dans « Le Diable rouge » qu’il a tenu ce rôle et y a excellé.

Mais revenons à la « superbement idiote entre les petites villes de province », Charleville-Mézières ou Charlestown comme tu la nommais toi-même sans prévoir que tu reviendrais y danser de douleur un autre charleston beaucoup moins drôle pour ton chant du départ.

Il y avait de très beaux mousquetaires au Musée de l’Ardenne dans l’exposition temporaire consacrée aux marionnettes du Nord de la France et de la Belgique proche. Il y avait aussi de magnifiques trésors théâtraux dans les deux salles dédiées de la collection permanente.

Je sais, personnellement, de longue date, les liens de Charleville avec ces figurines dont on tire les ficelles – ou dans lesquelles on met les doigts, ce qui est, avouons-le un peu dégoûtant (ou pas) -. J’ai connu au début des années 1980 une dame qui occupait son temps libre à dresser la liste de tout ce qui avait été écrit de par le monde concernant Pinocchio, Guignol, le Gendarme et consorts pour les montrer dans le petit castelet. C’est elle qui m’a appris l’existence du Festival mondial des théâtres de marionnettes. Peut-être viendrons-nous y assister un jour de folie !

170710 Nikon 039

Le temps me manque ce jour pour explorer plus avant les liens potentiels entre tes œuvres et cette spécificité festivalière locale. A part le fait que pour une marionnette aussi « je est un autre », que, pour la faire parler et bouger il faut être résolument ventriloque plutôt que absolument moderne, habile manipulateur plutôt que fleuve impassible, à part ta phrase disant que «la vie est la farce à mener par tous» je ne vois rien qui te lie plus que ça, mon cher Arthur, au théâtre et aux figurines à bouche immobile, même si tu as dû, comme tout le monde, croiser des pantins à Pantruche et des guignols à Charlestown !

Mais revenons au cardinal tapé qui m’interrompt. « Et Dieu dans tout ça ? » me demande-t-il en s’étonnant que je n’ai pas encore écrit les deux mots « pourpre cardinalice » qui brûlent le bout de mon stylo depuis que j’ai entamé l’écriture de cette deuxième lettre. J’adore connaître des mots qu’on n’utilise jamais !

Eh bien, Dieu… Mon Dieu, comme c’est drôle ! C’est Isabelle la catholique… (Si, si, Dieu est une femme !)… Excusez-moi, cardinal, je vous réponds mais en m’adressant à Arthur !

C’est Isabelle Rimbaud, ta très catholique sœur, qui t’a, paraît-il ramené à lui ou L’a ramené vers toi dans tes derniers moments. Tout cela est décrit en long et en large dans l’exposition au 2e étage de ton musée dans le vieux moulin sur la Meuse. On voit même des photos d’elle et des portraits réalisés par son mari, le peintre Paterne Berrichon. Paterne Berrichon ! Tu parles d’un blaze ! Pourquoi pas Baderne Perrichon comme tu aurais pu le rebaptiser avec insolence.

- Qui vous êtes, vous ?
- Baderne Perrichon, je suis le beauf d’Arthur.
- Avec un nom pareil, vous devez beaucoup voyager, non ?
- Non, c’est lui, surtout, qui marche ! Enfin, qui marchait !

170712 265 012

Mais ne soyons pas méchants. Ce couple n’est pas pour rien dans ta célébrité et ta gloire posthumes.

J’ai quand même des doutes, Monsieur le cardinal dont j’ai toujours garde, sur le sens de tout cela. Un musée consacré à un ado fugueur, à un poète génial, à un marchand d’armes et à un moribond unijambiste ? Et un autre où l’on trouve deux pièces pleines de vitrines emplies de marionnettes ? Quel rapport entre les deux sinon que pour un prix modique, 5 euros en 2017, on peut entrer dans les deux ainsi que dans la maison des Ailleurs où Arthur a vécu de 1869 à 1875 et passer quelques heures à être émerveillé par le passage des hommes dans le travers du temps, par ce qu’il en reste après coup, un plan de Vienne déchiré, un portrait du roi Ménélik, une lance mérovingienne, une légende du temps de Charlemagne, celle des quatre Fils Aymon, racontée par un grand automate, place Winston Churchill à chaque heure que Dieu fait sonner en posant la grande aiguille sur le douze.

Aucun rapport, entre tout ça. Ou si, un seul : Charleville-Mézières, c’est comme le Harrar, il faut le voir pour le croire

***

Et puis ce matin au réveil, illumination ! Illumination !

Je l’ai retrouvé dans mon hypermnésie galopante le lien entre la famille Rimbaud et le théâtre ! Je viens de scanner l’image pour la partager. Riez, amies lectrices ! Préparez-vous à rire, amis lecteurs. A Riez, charmant village de Provence où nous avons passé nos vacances à l’été de 1987, j’avais photographié, dans le paisible et joli cimetière cette tombe-ci, celle de Hamlet Rimbaud !
Etonnant, non ?

Amitiés et bon vent à toi, Arthur qui as cessé de battre la semelle !

DDS 466 Hamlet Rimbaud

Ecrit pour le Défi du samedi n° 466 à partir de cette consigne (la première photo)

29 juillet 2017

ECRIRE A RIMBAUD ? 1, Tulipes

170715 Nikon B 012

Monsieur Arthur Rimbaud
B.P. 01 au vieux cimetière 
08000 Charleville-Mézières

Mon cher Arthur

«En avant Fanfan la Tulipe
En avant, La Tulipe, en avant !»

Comment puis-je nommer autrement que «Poésie» ce dérèglement de tous mes sens qui va me faire écrire, partant d’une photo de tulipes, sur Gérard Philipe, les Choeurs de l’Armée rouge et le cimetière marin de Sète ?

«Alchimie du verbe » ? Le Défi du samedi, depuis de nombreuses années déjà, nous incite à mélanger les nôtres avec des adjectifs et des noms propres (ou pas), ce sous la houlette d’un chimiste en chef promu depuis peu expert en «éprouvettes» (ou alors c’est moi qui fatigue !).

DDS 465 affiche Fanfan la tulipe

«Yoyotage de la touffe» ou «Alzheimer précoce» ? Peut-être ! Ces résurgences de  «pop culture» qui me taraudent et qui m’occupent te feront, sans doute aucun, une belle jambe à toi qui dors sans l’une et même sans étoiles sous la terre de Charleville.

C’est donc bien l’interprète du «Fanfan la Tulipe» de Christian-Jacque, le sieur Gérard Philipe, que cette photo de tulipes m’évoque en passant par le biais de la chansonnette introductive d’Emile Debraux, pondue en 1819.

J’ai dû voir ce film quand j’étais enfant et cela ne rajeunit personne. La télé était en noir et blanc, le film aussi et la vie en sépia ou, au mieux, en couleurs de Polaroïd. Pour les gens de ma famille ce Gérard Philipe était déjà une icône de la même manière que toi, mon Arthur sans saisons ni châteaux, tu en es une pour moi.

Il y avait à la maison le disque 33 tours du «Petit prince» sur lequel le plus admirable des acteurs prénommés Gérard prêtait sa voix à l’avia-narra-teur tombé en panne dans le désert et à qui Georges Poujouly demandait : «S’il vous plaît, dessine-moi un mouton ?».

DDS 465 Le Cid

Quelques années plus tard nous l’avons retrouvé en Cid campeador dans le Petit classique Larousse de la classe de 6e ou 5e et son portrait dans ce costume positionnait beaucoup plus haut dans nos esprits, par-dessus la guerre froide et les «Ôte-moi d’un doute », la grandeur de la littérature et du théâtre classiques.

On aurait sans doute pu nous donner encore à voir «Le Rouge et le noir» et «Le Diable au corps» mais entre-temps la musique yéyé, les duels Anquetil-Poulidor, la rivalité Stones-Beatles, Astérix et les héros de«Pilote mâtin quel journal» étaient arrivés et ça nous intéressait aussi. C’est ça, la pop culture : c’est ce qui te détourne de la littérature et de la réflexiture.

Chez nous Gérard Philipe était surtout «un camarade». Un des «copains» de mon grand-père à l’instar d’Aragon, Picasso et Jean Ferrat et de ceux qui ont suivi, comme tu le fis toi-même pendant la Commune de Paris, le rêve d’un Homme résolument moderne voire nouveau. Pour ma part je ne mets pas de majuscule à «homme» et j’ai toujours préféré l’antique !

J’ai bien repensé à cette époque-là l’autre jour en cherchant sur Internet les paroles forcément bretonnes et les accords heureusement simples du premier tube d’Alan Stivell, «Tri Martolod yaouank». C’est que je suis tombé alors sur cette vidéo-ci et je me suis trouvé très heureux de ce partage inattendu de langues, de musiques et de culture populaire entre ces Russes et ces Bretons-là, réunis pour le plus grand plaisir de mon seul et unique neurone. 

 La vidéo est visible ici : https://www.dailymotion.com/video/x16d2ol

DDS 465 fanfan

De la même manière ce sont des camarades roumains qui m’ont permis de remettre la main sur cette bande dessinée-là, qui paraissait dans un journal de la même famille d’utopistes, où Gaty et Nortier avaient redonné à Fanfan la Tulipe les traits de Gérard Philipe.

Comme je pense tout à coup à Claude Rich qui vient de disparaître et que j’aimais bien aussi depuis «Je t’aime, je t’aime» d’Alain Resnais, et en me rappelant également une autre icône de ce temps-là, le cosmonaute Youri Gagarine, j’en viens à me demander comment il se fait que certaines personnes ont cette aura si particulière, cette humanité sans fanfaronnade, ce sourire charmant et ce pétillement dans le regard qui nous les rendent si proches de nous et, à jamais, aimables ?

Je suis retourné récemment dans le village où tous ces souvenirs d’enfance avaient, autrefois, statut de réalité ambiante. Comme je m’y adonnais à des travaux de peinture de porte et que dans la pièce à côté un reportage télévisé sur la ville de Sète était diffusé, je me suis interrompu pour aller admirer des images paisibles du cimetière marin de cette cité. Je me suis dit que j’irai un jour saluer l’oncle Georges qui chantait à l’époque de «Fanfan» et de «Lorenzaccio» ses gaudrioles uniques, poétiques et essentielles.

Si je passe un jour à Ramatuelle, j’irai saluer Gérard Philipe. Je déposerai peut-être une tulipe sur sa tombe ? Pas sûr. C’est que je ne suis pas très doué en matière de recueillement mélancolique. A ce propos d’ailleurs, mon cher Arthur, je suis désolé de n’avoir pas fleuri ta demeure dernière. Je ne suis pas du genre à jeter des fleurs aux gens qui sont toujours vivants en moi.

Mais le cœur y est !

DDS 465 gerard-philipe-le-cid-1305Bon vent à toi !

 

P.S. 1 : Réponse supposée d’Arthur :

- Et la tombe de Gina Lollobrigida, Joe Krapov, elle sent la mozzarella ?
- Désolé, Arthur, cette dame est toujours vivante !

P.S. 2 :

Dérèglement de tous les sens ? Dérèglement de tous les sens ? En consultant Wikipédia je découvre un autre lien surprenant entre Arthur Rimbaud et Gérard Philipe : tous les deux sont décédés à l’âge de 37 ans !

 

Ecrit pour le Défi du samedi n° 465 d'après cette consigne (la photo de MAP ci-dessous)

 

DDS 465 MAP - Tulipes de Grand-Bigard avril 2011

 

22 juillet 2017

LE MYSTÈRE DE LA SPHINGE À BARBE

DDS 464 sphinge à barbe

Nous n’aurions pas dû être surpris. Les temps sont jupitériens, les foudres de guerre courent les rues et nous avions planté notre tente au pied du mont Olympe.

Pas étonnant dès lors que nous fussions arrêtés chaque jour, au bout de la passerelle qui mène à la ville, près du vieux moulin à eau, par cette créature mythologique bigrement questionnante. Par référence à l’histoire complexe d’Œdipe et du fait que ce bestiau nous posait chaque jour une énigme différente autant que stupide, nous l’avions baptisé « sphynge à barbe ».

Comme aurait dit Totor Hugo :
« C’était un haut-relief de l’armée en déroute,
Corps de chien, tête d’homme, allure de douanier
Il piochait sa question dans un petit panier
Et au retour, cruel, il nous barrait la route
Pour obtenir réponse à ses absurdités.

Si l’on répondait faux, avec des crudités
Et d’autres condiments, la bête promettait
- Tous les voleurs de feu font ainsi des serments -
De nous avaler goulûment ».

 

170715 265 051

1er jour, 1ère question :

- Comment appelle-ton les habitants de Charleville-Mézières ?

Ça, je m’en souvenais pour avoir déliré récemment sur ces noms improbables que l’on nous fait porter du fait de la naissance ou de la domiciliation :

- Les Carolomacériens !

- C’est bon, passez ! a dit la bête.

 

170713 265 0412e jour, 2e question :

- Pourquoi n’y a-t-il que dix bateaux dans le port de plaisance de Charleville-Mézières ?

Pas de bol, ma barbue ! En vacances je lis le quotidien local. Ici il s’appelle « L’Ardennais », il est bien documenté et remonté contre les absurderies de la mairie.

- Pour entrer dans le port les bateaux doivent passer sous une passerelle piétonne. La hauteur maximale des bateaux étant limitée à trois mètres la plupart d’entre eux doivent faire demi-tour et stationner ailleurs que dans le bassin prévu à cet effet.


170712 265 0363e jour, 3e question :

- Quel est le plus célèbre des natifs de Charleville-Mézières ?

- Trop fastoche ! Tu déconnes ou quoi, Madame Sphinge ? Pourquoi crois-tu qu’on soit venus ici ? Pour sea, sex and sun ? Pour le duc de Gonzague ? Pour Boris Ravignon ? C’est bien sûr Jean-Nicolas-Arthur Rimbaud. Son musée est très beau, sa maison des ailleurs très sobre mais alors, le pauvre gars, s’il voyait ce que les marchands du temple ont fait de son effigie ! Entre la Rimbaud’tech, incubateur d’entreprises innovantes, Hair com Rimbaud, coupeur de cheveux et la cuvée d’Arthur, bière et limonade, y’a comme dirait Souchon de la récup’ dans l’air !


4e jour, 4e question :

- Pourquoi Rimbaud est-il parti en abandonnant tout ?


- Parce qu’il est comme nous : il aime bien Charleville mais… z’hier ! Parce qu’à force d’entendre tous les quarts d’heure le carillon de la mairie entonner le « Chant du départ » de Méhul ben ça ne donne pas d’envie de rester, Ursule ! Parce que les fêtes nocturnes des kékés locaux avec musique à fond et claquements de portières jusqu’à cinq heures du matin juste à côté du camping, ça ne donne pas très envie de revenir, Olympe !

 

170713 265 075

5e jour, 5e question :

- A quelle heure sera tiré le feu d’artifice local ?

- A 22 h 40 selon l’Ardennais ; à 23 heures selon le bulletin municipal ; à 10 h 20 selon la police qui divise tout par deux dès qu’il s’agit de compter. C’est l’Ardennais qui a dit vrai mais, en raison de ce je viens de dire au sujet des noctambules carolomacériens, après les Illuminations suit une Saison en enfer !

Je vous fais grâce des autres question de la femme à barbe. Ou pas, tiens !

- Oui c’est bien au Belgium coffee snack qu’on déguste la meilleure carbonade de France et de Navarre.

- Oui, c’est bien un labyrinthe qu’on trouve entre Gernelle et Rumel mais vous vous attendiez à quoi en longeant le ruisseau « L’Infernal » ? A un sentier de randonnée balisé en bonne et due forme ? Ils ne sont pas fous, ces Ardennais ! Ils ne vont quand même pas bosser pour attirer chez eux des touristes autres que les Néerlandais de passage !


170715 265 010

- Oui c’est bien le sanglier qui est l’emblème de la région, enfin, du département !

- Oui, il est bien fait mention d’une partie d’échecs dans la légende des quatre fils Aymon racontée à l’horloge du grand marionnettiste. Mais nous n’y sommes pour rien si elle est restée coincée au tableau douze le samedi soir !


- Oui, il y a bien un comité anti-éoliennes au pays de l’homme aux semelles de vent !

Au bout de la semaine d’interrogation des Krapov, la bête est restée sur sa faim. Nous on avait comblé la nôtre avec bonheur : croisière sur la Meuse, ascension de la crête au-dessus de la boucle de la Meuse à Monthermé, tour du lac des Vieilles forges, dégustation de bières locales, visite du très beau Musée des Ardennes…

Si elle avait voulu, la mystérieuse sphinge à barbe, elle aurait pu nous dévorer dès le premier jour. Il lui suffisait de demander : « Qui suis-je ? ».

A l’heure actuelle, je n’ai toujours pas trouvé, entre gorgone, méduse, phœnix et hydre de Lerne où je pourrais classer cet animal hybride. Sphinx égyptien, peut-être ?

Au secours, Miss Map ! De ne pas savoir me ronge ! Je suis comme ça !

Ô saisons, ô chateaux !
Quelle âme est sans défauts ?

170709 Nikon 066


Ecrit pour le Défi du samedi n° 464 à partir de cette consigne (la 1ère photo)

8 juillet 2017

LA CLEPSYDRE ET LE PHONIATRE : GENRE DE S+7 A MA SAUCE

DDS 462 clepsydreLa Clepsydre, ayant chuinté
Tout l'étiage
Se trouva fort dépitée
Quand la bonde fut venteuse :

Pas un seul petit morceau
De mouillage ou de verseau.

Elle alla crier fatigue
Chez la phoniatre sa dealeuse,
La priant de lui prêter
Quelques gouttes pour susurrer
Jusqu'à la scansion nuptiale.

- Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'aube, foi d'appareil,
Interphone et proverbial.

La phoniatre n'est pas princière ;
C'est là sa morne dégaine.

- Que feuliez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à l’émulsionneuse.

- Nuit et jour, à tout vibrant,
Je chuintais, ne vous déplaise.

- Vous chuintiez ? J'en suis fort aise !
Et bien ! Dentalisez maintenant !

Plaque_perec (christophe Verdon)
Cette plaque est une oeuvre de Christophe Verdon

Ecrit pour le Défi du samedi n° 462 d'après cette consigne : Clepsydre

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1 juillet 2017

TENTATIVE INABOUTIE DE DÉROUILLAGE DE LA MÉCANIQUE CÉRÉBRALE

Le bidouillage est bien souvent informatique et nécessite de la pratique (ou pas !).

Le tripatouillage est politique, électoral ou financier et nécessite du secret.

Le magouillage est identique et nécessite au moins un François Béranger pour le transformer en blues.

Le lichouillage est érotique et nécessite un consentement mutuel sinon on va tout droit de la case Sofitel à la case prison.

Le trifouillage est narinaire et nécessite de savoir jusqu’où on peut aller trop loin sans que ça ne se transforme en joyeux tango des bouchers de la Villette : faut pas qu’ça saigne !

Le zigouillage est systématique et nécessite un régime dictatorial ou tyrannique ou une misanthropie relevant du cas clinique.

Le cafouillage est endémique et nécessite des rétropédalages, des démissions, des changements de braquet – ou pas !

Le mouillage est à la halte nautique et nécessite une ancre et aussi des amarres. Vous verrez, c’est plus loin, juste à côté du cirque !

Le mâchouillage est l’apanage des boulimiques et nécessite du chewing-gum, des crayons de bois ou n’importe quoi d’un peu mou (chique de tabac, etc.).

Le farfouillage est bordélique et nécessite une galerie La Fayette ou une période de soldes. C’est justement en ce moment !

L’Allelouillage est catholique et nécessite que le Léonard soit Cohen et que la Bigoudène soit coite.

L’agenouillage est malaisé chez l’arthritique et nécessite un bon coussin pour les genoux.

L’épouillage tourne Serge en Gainsbourrique et nécessite une Elisa.

DDS 461 Jan_Siberechts_-Cour_de_ferme-_détail_Scène_d'épouillage

Le verrouillage est aristocratique et nécessite un Fragonard qui ferme la porte. Paradoxalement, dans ce qui suit ce geste, tout reste ouvert !

Le gazouillage est encyclopédique à condition de ne pas dépasser 140 signes. Exemple : «Pourquoi est-ce que tu t’en-quin-tettes à envoyer des tweets, Schubert ?»

Le gribouillage est hiéroglyphique et nécessite parfois de démêler le tien du mien, l’égyptien du mésopotamien et Pierre de Rosette (Pierre et Rosette sont les personnages du « Verrou » de Fragonard évoqué plus haut).

Le scribouillage est la marque de fabrique du prolifique et nécessite un mauvais style. Ici personne ne scribouille, on se livre à des bidouillages esthètes et à des jeux oulipiens. Pour tous ceux qui tiennent à oublier Proust, c’est une nécessité vitale !

Le grattouillage est guitaristique et nécessite qu’on fiche la paix une fois pour toutes à la rengaine « Jeux interdits » qui se joue, elle, en arpèges. Les accords de Do, Fa et Sol 7 devraient suffire à nos bonheurs de jolis chants autour de ce foutu feu de camp qui ne veut pas prendre ! On a des scouts dans l’assistance ?

Le bafouillage est bien comique mais il faut pour cela le talent d’un Pierre Repp ou d’un Francis Perrin pour que ça fasse du bien à nos zygomatiques (voir ce mot).

DDS 461 Peanuts

Emporté par mon élan, j’ai failli ajouter :


L’échouillage est du genre Atlantique et nécessite un Titanic (avec deux glaçons, s’il vous plaît).

La carabistouillage est peut-être lié à la Gueuze Lambic et nécessite de pratiquer les Hauts de France et/ou les Bas de Belgique.

Le cornegidouillage est ubuesque et Jarrythmétique et nécessite un crochet à phynance et un royaume de Pologne.

Le tatouillage n’est pas épisodique et nécessite, - quelle abjection ! - une injection d’encre non sympathique !


Notons que «bidouillage», qui était notre point de départ, a en commun avec «gribouillage», «grattouillage» et «gazouillage» de tolérer un suffixe en «is» : on peut donc dire aussi «bidouillis», «gribouillis», «grattouillis» et «gazouillis». Par contre bigoudi n’a rien à faire dans cette liste, même s’il est porté par la Bigoudène mentionnée sous «Allelouiage».

Mais du coup, comment appelle-t-on l’action de bouillir sans génie ? La «cent degrés y’a» ?

J’ajouterai pour terminer que dans leur chasse aux vocables pour illustrer le «Dictionnaire-bêtisier du Défi du samedi» certaines andouilles ne reviennent jamais bredouilles : c’est le cas pour moi cette semaine. Et je trouve que je l’ai bien bidouillée, cette contribution ! Car «en même temps», comme on dit maintenant, elle ne dit absolument rien de ce que je bidouille dans ma vraie vie !

P.S. Si jamais, pour cause de vacances et de vadrouillage, je ne puis être là la semaine prochaine, je vous souhaite à toutes et à tous, pour cet été, un bon et excellent «glandouillage» !


Ecrit pour le Défi du samedi n° 461 à partir de cette consigne : Bidouillage

24 juin 2017

QUATRE AUTEUR(E)S SUR LA HAUTEUR

1

DDS 460 Vargas

Forcément
Retors
Et
Décalé

Voici
Adamsberg de
Retour.
Gare à l’
Araignée
Sournoise !


2

DDS 460 madeleine-proust

Mortifèrement
Affalé,
Reclus,
Cherchant l’
Endormissement
Libérateur, ce

Plumitif
Refile à notre
Oncle
Une allergie au
Snobisme
Terrifiante !


3

DDS 460 molièreJoie 
Baroque !

Médecin
Origénial !
L’
Ironie
Est
Royalement
Envoyée !

 

4

C’est
Hebdomadaire,
Eblouissant,
Roboratif,
Eclatant !

DDS 460 IowaJ’
Ouïs son
Yoddle
Enthousiasmant,

Drôlissime,

Issu
Orgasthmatiquement du Middle-
West
Américain.


Ecrit pour le Défi du samedi n° 460 d'après cette consigne : Acrostiche

17 juin 2017

DRÔLE DE ZIG !

Les zygomatiques ! Ah ! Ah ! Ah ! Laissez moi rire !

J’ai tellement souffert autrefois sur «L’eau et les rêves» de Gaston Bachelard et sur «Le rire» d’Henri Bergson que je n’en conseillerais même pas la lecture à mon pire ennemi. A vrai dire, de pire ennemi, je n’en ai pas, ou alors, si j’en ai, c’est sans le savoir et il n’a sans doute pas survécu à la vague de dégagisme qui vient de déferler sur la France cette année. Le général de Gaulle a tort : les Français ne sont pas des veaux car ils viennent de voter comme un seul mouton pour le chien du berger !

Mais revenons à cette histoire de muscle. A la bibliothèque des Champs libres, tout à l’heure, j’ai trouvé dans le rayon «humour», 847 chez M. Dewey qui classalsifie tout, le «Que sais-je ?» sur l’humour juif. Je me suis bien gardé de l’emprunter. Mieux vaut relire «Plumard de cheval» de Groucho Marx ou regarder une énième fois «La Soupe au canard» du même avec ses frères pour savoir ce que c’est.

Et donc je crains fort qu’une dissertation sur les zygomatiques ne fasse rien d’autre que de vous extirper des bâillements. C’est pourquoi, quitte à être hors sujet, je vous livre une chanson sur le bâillement qui vous décoincera peut-être les zygomatiques ! Allez savoir !

Et j’en ajoute une deuxième inspirée par Joye et son «Witloof frommi tuyau» un peu adapté pour la cirque-constance !

Il y a de drôles de zigs, quand même, sur ce Défi du samedi ! ;-)
 



 

Ecrit pour le Défi du samedi n° 459 à partir de cette consigne : Zygomatiques

10 juin 2017

Jeter l'éponge

Yaka planquer Yoko Tsuno dans le yucca !

Yaka consulter le Yi King !

Yaka demander à Yukong de déplacer les montagnes !

Yaka faire cuire le yack en sukiyaki dans un wok !

Yaka chanter “Yankee doodle”!

Yaka promener le Youki !

Yaka dire que Zola était un yakuza !

Yaka ri chez le dentiste, s’il y a carie !

Yaka tre marins sur la mer, loin de leurs amitiés !

Yaka tre filles du Docteur Marsh sinon crève !

Yaka ry Grant qui pose des charades à Audrey Hepburn !

Yaka lifornie !

Yaka diens, toutes les yakadiennes vont chanter vont danser sur le violon, la faute à qui donc ? La faute à Napoléon !

Yaka pulco !

Yaka faire comme si Yoko Ono se mettait sous un drap et hululait sur scène à Totonto !

Yaka rien !

Yaka Seltzer !

 

Yaka blement terrible et soudain !

Yaka dire qu’après Z et après Keith j’arrête !

 

Ecrit pour le Défi du samedi n° 458 à partir de cette consigne : Yaka-Yakapa

3 juin 2017

LAVRILLETTE, LAVRILLE-ETTE

161029 Nikon 013Un dimanche sur deux les Lavrillette et leurs deux enfants allaient déjeuner chez les Letermitte qui habitaient le bois de Soeuvres et avaient eux aussi deux enfants. L’autre dimanche sur deux, les Letermitte et leurs enfants allaient déjeuner chez les Lavrillette.

Ce dimanche-là c’était au tour des Letermitte d’être les hôtes des Lavrillette mais comme le mot « hôte » a deux sens cette phrase-ci est peu claire et donc inutile sauf si l’on veut tirer à la ligne. Maintenant que c’est fait remplaçons-la donc avantageusement par : « Reprenez donc de ces délicieux champignons symbiotes, Madame Lavrillette. C’est de la mérule pleureuse. Ça ne fait pas grossir, c’est bon pour la ligne et c’est complètement bio : je les ai achetés chez le scarabée ». Bref on était chez Sabine et Thierry Letermitte, c’est cela, oui.

Leurs enfants s’appelaient Bernard et Tristan.

Il y avait entre les Letermitte et les Lavrillette ce que les philosophes crypto-marxistes et les lectrices de Biba auraient pu appeler une certaine différence de classe. Car il existe deux catégories de xylophages : ceux qui sortent le revolver de leur culture quand ils entendent le mot « parvenu » et ceux qui creusent. Vous, les Lavrillette, vous creusez. Au Creusot plutôt qu’à Palaiseau, c’est ce qu’à choisi le roi. Les Letermitte eux vous bourrent le mou ou bourrent la reine, c’est selon.

Les filles de Paul et Jeanne Lavrillette se prénommaient Françoise et Jeanneton. Comme toutes les midinettes, elles rêvaient d’avoir un jour des faux-cils et du jonc pour couper court à la vie de famille pesante des gens qui ne peuvent pas épater la galerie avec des vers mais qui ont du Kant à soie quand même. Ceux qui friment et ceux qui triment, donc.

161029 Nikon 040Quand les Lavrillette étaient invités chez les Letermitte, le rituel était immanquable. Après le dessert et avant d’aller faire une promenade dans les bois Thierry et Sabine sortaient l’album des photos de famille et s’extasiaient devant la binette de chacun de leurs ancêtres. Et ça durait, ça durait, mes aïeux ! Car les xylophages sont hyper-doués en matière de généalogie. Ils avaient ainsi retrouvé un Cerambix Letermitte qui avait œuvré à la destruction du camp romain de Babaorum, tout près d’Erquy.

Plus loin encore dans le temps il y avait eu cet officier de cavalerie prénommé Nicéphore qui, après la prise de Troie, visa le subterfuge si près de l’estomac que le cheval tomba comme un car en bas d’une montagne. Chapeau, l’ancêtre !

A les entendre, c’est tout juste si ce n’était pas un Letermitte qui avait inventé le feu en frottant deux sirex l’un contre l’autre !

Plus près de nous leur grand oncle Poucet-Phore avait réussi à percer la chaise de Louis XIV.

Et la branche des Cossus-Gâtebois, menée par leur ancêtre Robin, était venue à bout de la forêt de Sherwood.

161029 Nikon 038

A côté d’eux les Lavrillette faisaient pâle figure. Leur famille était rennaise de souche, s’était peu déplacée et tout leur travail de sape des maisons à pans de bois n’avait pu aboutir à cause du grand incendie de 1720 où beaucoup d'entre eux d’ailleurs avaient péri.

Il y avait bien eu leur tante Zeuzère Bostryche qui s’était attaqué à une célébrité dans un atelier italien, chez un dénommé Gepetto. Mais le pantin de bois dont le nez s’allongeait était très vite devenu un gamin de chair humaine et la tante Zeuzère une écharde dans son gros orteil dont l’enfant s’était débarrassé vite fait bien fait.

Lorsque l’album fut enfin refermé on se prépara à aller faire un tour dans le bois. Les filles Lavrillette demandèrent la permission de rester dans la maison pour lire les bandes dessinées des garçons. Cela leur fut accordé car elles étaient des enfants très, très sages, Françoise et Jeanneton Lavrillette.

***

161029 Nikon 074

On ne sait pas ce qui leur prit, ce jour-là, aux deux pucelles. Toujours est-il que depuis ce dimanche-là les Letermitte et les Lavrillette sont fâchés à mort et ne se voient plus. Au retour de la promenade, en constatant les dégâts irrémédiables affligés à son patrimoine, Thierry Letermitte explosa et agonit d’injures les gamines :

- Espèces de tarets ! Mollusques bivalves ! Pyrophiles ! Iconoclastes ! Crustacés ! Bande de capricornes à roulettes ! Coniophores des caves ! Charançons des isbas !

Puis il mit toute la famille dehors en hurlant :

- Disparaissez dans un trou, troglodytes ! Ne revenez plus jamais éroder par ici !

***

161029 Nikon 055Les Lavrillette regagnèrent leur domicile de Saint-Sulpice-La-Forêt. Ni la mère ni le père ne grondèrent les enfants. Au contraire. Tout au long du chemin Paul et Jeanne se jetaient en silence des coups d’œil complices en se retenant de rire des exploits vindicatifs de leurs filles : elles avaient dévoré intégralement l’arbre généalogique des Letermitte.


Ecrit pour le Défi du samedi n° 457 à partir de cette consigne : xylophage

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