Les Têtes d'atmosphère au Festival des Affranchis à La Flèche (Sarthe) en juillet 2012
J'ai mis en ligne vendredi cette vidéo qui dormait dans un de mes disques durs externes.
On aurait presque envie de chanter avec eux : "Jésus, reviens ! Ton candidat est devenu fou !"
CINQ NOUVELLES INJURES HADDOCKIENNES
On fait généralement la connaissance du mot «iconoclaste» et de la Belgique réunis lorsque, enfant, on lit les aventures de Tintin. C’est en arrivant à la page 37 du «Crabe aux pinces d’or» qu’on découvre ce mot tonitruant dans la bouche du capitaine Haddock balançant une de ses premières bordées d’injures.
C’est pourquoi, de manière, je l’avoue, parfaitement iconoclaste, je me permets d’ajouter ce jour cinq injures belges à son répertoire déjà très fourni et de les traduire ou expliquer. Cela grâce à l'aide très précieuse de ce livre iconoclaste de Philippe Genion dont je vous recommande la lecture.
ESSUIE D’APRÈS DUCASSE !
La fête foraine (ducasse) est arrivée. Les barakis ont installé les carrousels, les manèges d’autos-tamponneuses, les loteries, les baraques à frites. On mangera ces dernières – les frites, pas les baraques – bien grasses, bien charnues, façon Jacques Brel chez Eugène, avec les doigts, à même le cornet en papier.
Dans la cuisine familiale on a préparé force carbonnades, tartes au sucre – en fait c’est de la cassonade -, cramiques ou craquelins.
La cuisinière a fait sa vaisselle et l’essuie est tout imbibée d’avoir séché assiettes, plats et couverts.
Le soir, quand l’homme rentre de la ducasse, il est imbibé lui aussi : il a bu quelques chopes, des demis et son penchant pour la Gueuze l’a même fait tomber à un moment dans la gadoue (berdouille). C’est pourquoi il se fait agonir par Madame, l’essuie d’après ducasse !
PETITE TCHOLLE !
C’est la nouvelle année. On se la souhaite « bonne et heureuse » et, en souriant sous cape, entre hommes, « longue et vigoureuse », référence à la tcholle qu’on a entre les jambes.
C’est là oublier que parfois, tout comme les plaisanteries, « les plus courtes sont les meilleures » : celle du Manneken Pis est un modèle de régularité et d’efficacité dans l’irrigation des fontaines et le gonflement de sa propre renommée.
Mais il y a un effet « testostérone » ou une légende urbaine qui incite l’être humain de sexe masculin à rêver toujours de posséder la plus grosse : la plus grosse voiture, fortune, muraille, envie réformatrice ou bitte d’amarrage dans le port de Trébeurden. Petites tcholles, va !
CRAPULEUX DE MA STROTJE !
Si vous allez chez Maman, rue du Midi à Bruxelles, et que pour cela vous enfilez des bas, des talons aiguilles et mettez une robe et un chapeau alors que vous êtes détenteur d’une tcholle, vous êtes en droit de traiter de « crapuleux de ma strotje » tout Hercule rencontré en chemin qui se permettrait de lancer à votre endroit – ou à votre envers - le mot «travelo».
Qu’il s’appelle Bossemans ou Coppenolle ne change rien à l’affaire.
TCHESSE PÉLETTE !
«Tchesse pélette qui peut» ne fait rire personne en Belgique où l’on se fiche comme de sa première fricadelle d’appliquer l’épithète (pelée) «crâne d’œuf» à Valéry Giscard d’Estaing ou à Laurent Fabius. Aucun roi de Belgique ne s’appela jamais Charles le Chauve. Notons que bien souvent le tchesse pélette enfant était doué d’une crolle spectaculaire. Entre nous, ou presque, on a même vu sur Internet de surprenantes photos d’un crolé aussi notoire qu’iconoclaste qui fréquenterait même, paraît-il, cette strotje-ci !
FOUCHNIN DE JARDIN !
Genre d’épluchure de légume ou de fond de paquet de chips invendable… quoique !
Résidu de fausse ou vraie couche de mulch qui ne vaut cependant pas grand-chose.
Attention : si vous avez affaire à quelqu’un du genre «Va donc, eh, patate !» il ne faut pas dire «fouchnin de jardin» mais «kikitte».
Ce nom-là viendrait du chanteur Jacques Brel qui exigeait toudi (toujours) qu’on lui servît des frites bien longues et surtout très parallélépipédiques. Il le répétait souvent à sa compagne du moment, Suzanne Gabriello :
- Ne me kikitte pas !
Ca l’énervait trop d’entendre ça tout le temps alors elle a pris le tram 33 et elle est partie manger des madeleines chez Marcel, au grand dam de Jean-Claude (Van Damme) qui en pinçait aussi pour elle.
Ecrit pour le Défi du samedi n° 442 d'après cette consigne
LES PAYS QUE PARCOURT LE VENT (renku du pays de Lannion)
Dans le forum Télérama Lartigue de fin 1998, les choses sont un peu plus compliquées : il faut partir d'une première photo de Jacques-Henri Lartigue et arriver dans la deuxième ou, plus largement, passer de l'une à l'autre.
Dans le petit recueil que j'avais tiré de mes contributions j'avais fait l'exercice trois ou quatre fois à partir de deux couples de photos. Mais j'ai retrouvé hier les séries 3, 4 et 5 que je n'avais pas imprimées et que j'avais quasiment oubliées. Ce texte-ci est ma contribution à la troisième série.
N.B. En poésie japonaise un renku est une suite de tankas, le tanka étant lui même un haïku suivi de deux vers de sept syllabes.
Sur la grande plage,
Beg Leger, près de Lannion,
Nous allions, enfants.
Papa nous photographiait :
C'est un homme de mémoire.
Nous écrivait-il
Déjà ses poèmes fous
Qui nous font tant rire ?
Nous y allions en hiver,
A Toussaint ou bien à Pâques.
A la Sabotière,
Une bonne crêperie,
Nous nous endormions !
Il avait beau mitrailler,
Je fuyais son objectif
Fort distraitement
J'écoutai plus tard ses oeuvres
Franco-japonaises
J'étais la fille de l'air,
Lui l'amoureux de la mer
"Le vent entre dans
Le détroit de Gibraltar
Toujours par la gauche"
Il n'aimait pas les avions :
Il avait trop le vertige !
"Le vent examine
La rue des amours perdues
Sans rien y chercher"
J'étais faite pour les airs
Lui, amoureux de ma mère
"Le vent s'emplafonne
La nuit contre ce pilier
Où le zouave attend"
C'était quand l'inondation ?
Mil' neuf cent six ? ou bien dix ?
"Le vent parcourra-
-t-il, sous les jupes des filles
Un pays interdit ?"
Plus tard j'ai quitté le nid
J'ai pris un splendide envol
"Le vent fait frémir
La surface des rizières
Mais le grain germera"
L'aviatrice a fui au loin
Ils sont restés seuls sur terre
"Le vent qui parcourt
Mes souvenirs en tous sens
Ne m'y trouve pas !"
Retiens ton chapeau, mon père !
J'ai pris la fille de l'air !
"Crayon et papier
Pour écrire aux enfants, loin,
Des mots de tendresse
Quand nous serons vieux, penchés,
Saules pleureurs, éplorés"
6-01-1999
A Bruges (Belgique) le 30 avril 1993 (1)
Quel bosseur, ce chameau de Joe Krapov ! A peine sorti du forum Cartier-Bresson, j'ai scanné le dossier du forum Lartigue, retrouvé le contenu de textes sur disquettes au format WPS (Works !) puis j'ai repris la numérisation de mes diapositives de 1993 avec la boîte D 93/10. Nous voici donc de retour à Bruges-la-Printanière le 30 avril 1993.
C'est donc cela, une bière triple ?!
Pour prendre le frais,
Le soir, près de la fontaine,
Au jardin : les chaises.
A Bruges (Belgique) le 30 avril 1993 (2)
Roule ma poule ou foulque macroule ?
Peu avare, sans savoir : ornitho ric-rac !
Prendre le soleil
Ou, au moins, s'en trouver bien
Chaque fois qu'il vient.
A Bruges (Belgique) le 30 avril 1993 (4)
La maison près de la fontaine.
Oyez ! Oyez !
Bientôt, ici, un festival de rock'n'crolle !
Ici, tous les jours de petits bonheurs sont marqués d'une pierre blanche.
M... A DISPARU !
- Ricky, voilà encore une autre voiture qui s'arrête !
- Ne t'inquiète pas, Maria, ils doivent venir rejoindre les deux autres flics là-bas au bout.
- Quand même, Ricky, tu n'es pas prudent d'avoir servi le Joop avec tous ces policiers dans le secteur.
***
Janssens arrêta la traction avant sur l'espèce de parking face au Rhin. Maigret s'extirpa avec difficulté du siège arrière où il avait commencé à somnoler.
- Arrête-toi près de ces deux-là, avait-il ordonné au chauffeur. Tu les connais, Janssens ?
- Oui, ce sont les Van Looy, ils tiennent une espèce d'épicerie-bar pour les mariniers qui descendent le Rhin.
***
- Ricky, il va falloir assurer !
- Laisse-moi faire, Maria, je m'occupe de tout.
***
- Bonjour monsieur Van Looy. Bonjour Maria. Le commissaire français enquête sur deux... disparitions survenues dans notre village.
- Vous n'avez rien remarqué de bizarre dans le coin, ces temps-ci ? » questionna Maigret.
- Bizarre ? Disparitions ? Non.
- Il y avait des péniches arrimées ici dernièrement ?
- Des péniches ? Non.
- Mais la semaine dernière, ajouta Maria, nous avons vu un remorqueur qui tirait quatre barques avec des gens dedans.
- Ils se sont arrêtés chez vous ?
- Non.
- Est-ce qu'on peut entrer dans votre mastroquet pour boire un coup ? J'ai de nouveau très soif.
- Mais bien sûr, commissaire. Après vous.
En entrant dans la boutique, Maigret fut saisi à la gorge par les odeurs mélangées du camphre, des épices, de la bière et du café qui bouillait sur un coin du poêle dans une vieille cafetière émaillée.
- Une bière, Janssens ?
- Vous ne voulez pas plutôt goûter le schnaps, commissaire ?
- Va pour le schnaps. Dîtes moi, monsieur Van Looy, il est là depuis longtemps le petit trou dans le mur au-dessus de cette porte ?
- Ah ça, ça date de la guerre, commissaire. C'est qu'on n'a pas rigolé par ici, vous savez.
- Va donc me chercher les autres, Janssens. Nous allons perquisitionner dans votre remise, M. Van Looy. Si vous voulez bien nous donner la clé.
***
- On a trouvé deux corps, commissaire. Enterrés à la va vite. Chacun d'eux a une balle dans la peau.
- Les armes ?
- Chacun des deux hommes avait la sienne dans la poche de sa veste. Deux petits calibres de marque différente. Et...
- Et ?
- Chacun avait une balle de l'autre dans le corps. D'après les Van Looy, il s'agit d'un règlement de comptes qui a eu lieu chez eux entre deux consommateurs. Mais le plus bizarre, c'est que...
- Accouchez, Janssens ! Ou plutôt non. Le plus bizarre c'est l'identité des deux hommes. L'un s'appelle Jules Maigret, il est petit, un peu large d'épaules, il a des favoris, une tête de directeur de cirque et une carte de commissaire de la P.J. dans son portefeuille. L'autre s'appelle Bruno Maigret, il a les cheveux gras, des points noirs sur le nez. Je peux vous dire qu'il exerce la profession de restaurateur. Je peux même vous donner le nom de sa gargote : le Tord-boyaux. Un boui-boui bien crado à ce qu'on m'a dit !
- Alors là, vous m'épatez, commissaire ! Ce sont les deux hommes que vous recherchiez ?
- Oui.
Maigret bourra sa pipe et l'alluma. Dehors le ciel était resté du même gris plombé que depuis son arrivée aux Pays-Bas.
- Qu'est-ce que je fais pour les Van Looy, commissaire ? Leur version tient la route. Ils n'ont fait que dissimuler les corps.
- Tu me les embarques pour trafic d'EPO. C'est chez eux que le gars Bruno venait se fournir. Quand Maigret est venu l'alpaguer en flagrant délit, il lui a tiré dessus et ils ont été aussi rapides et adroits l'un que l'autre.
Le commissaire se leva et s'étira. Il était grand, trapu, le visage presque toujours immobile, la pipe plus souvent à la main qu'à la bouche.
***
- Avant que vous ne partiez, commissaire, j'aimerais comprendre comment vous pouvez être encore vivant après avoir été tué par Bruno ?
- Mais c'est parce que je suis immortel, mon petit Janssens ! On me remplace, mon vieux ! C'est du cinéma, tout ça ! Un même rôle peut être tenu par plusieurs acteurs différents.
- Mais au départ pourtant, c'est de la littérature ?
- Bien sûr, Janssens. Mais là aussi, il y a un Maigret par livre. Avec tout ce que je bois au long d'un roman, avec tous les mélanges que je fais au cours d'une enquête, j'ai eu de quoi crever d'une cirrhose je ne sais combien de fois dans ma vie !
***
- Ricky ?
- Oui Maria ?
- La prochaine fois que tu fais de la figuration dans Télérama...
- Eh bien, Maria ?
- Juste un conseil : choisis donc une B.D. de Margerin plutôt qu'une nouvelle de Simenon !
P.S. Mes premiers écrits "internautiques" dont ce texte fait partie datent de 1998. J'ai participé alors aux forums-ateliers d'écriture de Télérama. Le premier de ceux-ci était consacré à Henri Cartier-Bresson. Il fallait écrire un texte de moins de 4000 caractères à partir d'un cliché du célèbre photographe. Il y a eu huit photos publiées au fil des semaines. Celle-ci était la cinquième et représentait "Les rives du Rhin dans la province de Gueldre (Pays-Bas) en 1956. Certains de ces textes ont vieilli mais certains me font bien rire. J'entreprends de les republier ici, les forums anciens de Télérama ayant disparu du web.
Choses vues à Rennes le 11 février 2017 (1)
Si vous trouvez quelque chose sur le web concernant Bouchon, prévenez-moi !
J'ai fait chou blanc !
Choses vues à Rennes le 11 février 2017 (2)
Et maintenant ? Comment aller de l'avant ?
Comment s'arrêter sans freins ?