TOUT CA, C'EST PEANUTS. 2, Pluie de notes
Pluie de notes
Aujourd’hui, il pleut des notes.
Ce n’est pas qu’on soit fatigué des hallebardes, des cordes ou de la simple pluie bretonne. Ce n’est pas que l’institutrice restitue les copies de la composition d’histoire ou la dictée corrigée. C’est que le petit garçon au maillot rayé jaune et noir est encore en train de balancer des barcaroles over Beethoven sur son piano-jouet. Il joue cela magnifiquement.
Comment fait-il, du haut de ses sept ans, pour s’y retrouver parmi les bémols à la clé, les triolets, les doubles croches, les bécarres, les demi-soupirs, la clé de fa, la clé de sol ?
Comment fait-il pour rester concentré dans ce monde où tout le monde jacasse, crie, s’agite et où finalement, au bout de la portée restée ouverte, ses notes se fracassent ?
Même le chien du voisin qui n’est pourtant pas le dernier à l’écouter et à le soutenir en brandissant la pancarte « C’est, aujourd’hui 16 septembre, l’anniversaire de Beethoven » s’est protégé de cette cataracte, de cette chute de scansion, de cette pluie de notes avec un parapluie rouge.
Et Schroeder – c’est le nom du gamin – continue de jouer, imperturbable, comme si lui aussi, tel son idole, était sourd à tous les aléas de son environnement.
J’envie sa foi en la musique, j’admire sa ténacité, je le remercie d’exister.