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Mots et images de Joe Krapov
logorallye
5 novembre 2018

IL N’Y A PAS D’AMOUR HEUREUX MAIS C’EST NOTRE AMOUR À TOUS DEUX

Lakévio 128 Norman Rockwell 121717782

- Mon grand chêne ! Mon bel amandier !

- Ma petite marguerite ! Mon myosotis ! Mon petit cheval dans le mauvais temps !

- Mon petit joueur de flûteau ! Mon croque-notes !

- Ma brave Margot ! Ma princesse !

- Mon mécréant d’amour ! Mon roi boiteux !

- Ma religieuse au chocolat ! Ma tempête dans un bénitier !

- Mon amoureux des bancs publics !

- Mon Hélène aux sabots crottés ! Ma nymphomane !

- Mon philistin ! Mon épicier ! Mon pornographe !

- Ma Lanturlurette !

- Mon Lanturlu !

- Rien à jeter chez toi, ma Pénélope chérie !

- Je bivouaque au pays de cocagne avec toi, mon Dom Juan fougueux !

- Ma Bécassine aux yeux pervenche !

- Mon Auvergnat ! Mon bricoleur ! Mon Trompe-la-mort !

- Mon revenant ! Mon fantôme !

- Mon vieux fossile ! Mon Moyenâgeux !

- Ma douce ancêtre ! Mon amour d’antan ! Ma grisette !

- Mon sale petit bonhomme ! Mon épave !

- Ma traîtresse ! Mon cauchemar ! Ma maîtresse d’école donneuse de fessée !

- Mon cocu préféré !

- Ma corne d’aurochs ! Ma dame du temps jadis en balade !

- Mon rat de cave ! Mon fossoyeur !

- Je sais, je sais, je suis un voyou mais… que je t’aime, que je t’aime, que je t’aime, Gabrielle, quand tu brosses mon épaule !

- M’enfin ?! Edmond ! Tu confonds !

- Quoi ? Ce n’est pas de Brassens, ça ?

- Ce n’est pas ça ! C’est que je ne m’appelle pas Gabrielle ou Charlotte ou Sarah ! Je suis Anna !

- C’est vrai, j’oubliais ! J’ai la mémoire qui flanche, je ne me souviens plus très bien ! Bon, allons quand même la faire auprès de nos enfants, notre non-demande en mariage !

Ecrit pour le jeu de Lakévio n° 128 d'après cette consigne

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10 octobre 2018

HIER ENCORE

AEV 1819-05 Aznavour

Hier encore Charles Aznavour était vivant. Plus trop en état de jouer au jeu de trousse-chemise avec une quelconque gaudeluronne bien sûr, vu qu’il n’existe pas de féminin à «godelureau» à part ce néologisme-ci, mais assez jeune encore pour avoir des projets stupides : faire un selfie avec Macron en Arménie, mourir sur scène comme Molière, se faire souhaiter, à cent ans, un bon anniversaire par le Carnegie Hall bondé jusqu’à la gueule, réenregistrer ses titres en rap «qu’est le dernier refuge de la poésie vraie» et tout ça et tout ça. «For me formidable !» le félicitait-on à la façon de Valentine qui les avait jolis d’après ce que disait Maurice Chevalier.

Hier encore Charles Aznavour était vivant. Et pourtant, quand il s’est allongé dans sa baignoire une petite voix intérieure lui a dit :

- Ne résiste pas, Charlie ! Ceci est un hold-up ! A partir de maint’nant tu m’obéis, tu t’laisses aller ! Je suis l’Ankou du lapin, celui contre lequel on ne peut rien. Je te le jure, sur ma vie et sur celle de Sainte-Anne, la patronne des Bretons, je ne suis qu’un exécutant. C’est Sainte-Maryvonne, ma patronne, qui a décidé pérempétoirement que t’as dépassé la date de péremption. Il faut savoir faire une fin. Vous les vieux vous coûtez un pognon de dingue à soigner, comme ils disent dans le nouveau monde, vous polluez l’air avec vos déplacements en avion et les plaisirs démodés qui sont les vôtres sont désormais insupportables aux oreilles de la jeunesse. Franchement, t’arrives à les réécouter, toi, les orchestrations de tes chansonnettes ? Allez zou, Papy, c’est l’heure de faire un œdème pulmonaire !

- OK, je ne discute pas, a répondu Charles, philosophe. Emmenez-moi voir la Mamma, Edith Piaf et les comédiens qui m’ont précédé au paradis des artistes. Je dois avouer qu’à certains moments de fatigue, je m’y voyais déjà.

- Le paradis ? Tu n’y penses pas ! a dit l’Ankou en partant d’un grand éclat de rire. Tu n’y penses pas sérieusement tout de même ? Ah le naïf, lui eh !

Hier encore Charles Aznavour était vivant et tout de suite après les deux guitares sur lesquelles il avait composé «Que c’est triste Venise» et ses mille autres titres ont fait «Plonk» et «Replonk» ! Elles se sont désaccordées d’un seul coup, elles ont sonné le glas, Aglagla, il y a eu un grand froid et Charles fut mouru.

***

Comme annoncé par l’Ankou il s’est retrouvé d’un seul coup dans cet univers-ci :

Plonk et Replonk - Le plumage des anges fermiers (réduite)

illustration de Plonk et Replonk

Ca pourrait être une ferme dans la Bohème des années 1900 ou dans son Arménie natale avant que la Turquie ne montre qu’elle peut être aussi forte et sinistre que son café amer.

En fait c’est la ferme de la Harpe à Rennes-Villejean en 1946.

Les damnés sont tout juste sortis de l’occupation, de la guerre et de ses horreurs. Ils sont condamnés à plumer les anges fermiers. Ils ont le regard triste des migrants de la jugeote qui rêvaient de mondes meilleurs, de paradis sur Terre, d’Amérique, de lendemains qui chantent. Ce sont les premières victimes du plan Marshall de Lucifer.

Remballée la marche des anges ! On les attrape, on les zigouille, on les plume et on les fait griller comme des poulets ! Les plumes sont envoyées à Hollywood où elles agrémentent les costumes et les postérieurs des danseuses de Busby Berkeley. Les girls du Lido et Zizi Jeanmaire adopteront elles aussi ce truc en plumes.

- Et les auréoles ? demande Charles, toujours curieux.
- On en fait des hula hoops pour les poupées Barbie !

Pauvre Charles ! Quel enfer ! Comme si sa simple mort n’était pas déjà une punition suffisante : il voulait mourir sur scène comme Molière et il meurt dans sa baignoire comme Charlotte Corday ! *


* Ou Jean-Paul Marat ? Ou Claude François ? Je ne me souviens plus des noms du coupable et de la victime dans cet épisode-là des « Petits meurtres d’Agatha Christie » !

 

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 9 octobre 2018


à partir de la consigne des Impromptus littéraires du 8-10-2018

1 février 2018

SALUT LA COMPAGNIE CRÉOLE !

170708 Nikon 131Famille décomposée, famille recomposée… va, je ne te hais point !

- Célimène ! C’est l’hymen ! » hurlait la foule en liesse.

Au mariage de ma femme, j’ai un peu forcé sur le ti-punch ! Comme on dit aux Antilles « A fos makak karésé ich li, i tjwé li ! ». A trop vouloir bien faire, à trop vouloir caresser la famille dans le sens du poil, le singe qui est en nous en arrive à faire des conneries irrémédiables ! Vaste kouyonad !

De fait, ça m’a fait chaud au cœur de revoir Simone, la jolie cousine de ma femme.

- Invite-la à zouker ! m’a dit celle-ci. Elle sort d’un tourment d’amour. Danser, c’est bon pour le moral !

- Allez, en voiture, Simone ! ai-je dit à la cousine en engouffrant mon sixième planteur. Ne restons pas plantés là, viens pleurer contre mon épaule, on va danser collé-collé !

- Kolé séré, on dit, Arthur ! T’as raison ! Amba latè pa ni pléji. Sous terre il n’y a pas de plaisir ! Je ne vais pas me laisser abattre par la maladie d’amour !

Je me suis mis en position, j’ai posé mes mains sur son pétard et j’ai tout de suite senti que sous cette robe de satin il y avait le 14 juillet garanti, du feu d’artifice pour toute la nuit, la machine à danser au top dans le Ghetto  du Gotha !

- Il y a le diable dans la maison ! m’a glissé Simone à l’oreille.

- Ca veut dire quoi, ce proverbe-là ?

- Ce n’est pas un proverbe. Ca veut dire que je sens ton revolver !

- Ce n’est pas un revolver, c’est une banane !

- Ca s’épluche pareil !

170708 Nikon 127

Oui, ça m’a fait chaud au cœur de revoir Simone d’aussi près mais on était au mariage de ma femme et je n’allais pas entrer à nouveau dans la famille quand même, qui plus est à la mode de Bretagne ! Sauf qu’en Bretagne ce n’est pas une banane, c’est une andouille de Guémené. Heureusement la musique s’est arrêtée.

- Depuis le temps qu’il tape sur des bambous le musicien n'est pas loin d'en attraper un coup ! Donne-lui tout de même à boire, dit mon beau-père en me tapant sur l’épaule. Alors je suis allé au bar avec les musiciens.

Leur chanteuse s’appelait Amélia.

- Viens donc prendre le frais dehors, beau blond ! m’a-t-elle susurré en me prenant par le bras.

Je ne suis pas ce qu’on peut appeler le tombeur de ces dames mais à ce moment-là, avec le rhum que j’avais rajouté au bar avec les musicos, j’étais prêt à « fè an pat chat mawon » ! (faire un pas de chat sauvage).

- Je connais de bons baisers de Fort-de-France, m’a-t-elle dit en me caressant l’arrière de la nuque dans un coin d’ombre. Viens donc un peu sous les palétuviers !

Heureusement pour moi, avant que je n’aie vu les laitues et l’évier, ma belle-mère est venue battre le rappel des musiciens. La fiesta a repris de plus belle.

J’aurais pu garder de très bons souvenirs du mariage de ma femme mais j’ai encore bu du rhum avec Brigitte qui m’a proposé une soca-party sur la plage. J’aurais pu accepter le marché de Marie-Galante (Shala shala, Arthur ?) mais j’ai prié pour rester intègre, pour que toute la désirade qui montait dans cette ambiance débridée s’éteigne dans le trémoussement des corps sur la musique. Bien sûr c’était dur parce qu’il ne faut pas laisser l’amour s’enfuir mais j’étais quand même au mariage de ma femme ! Yaka danser, comme on dit, pour évacuer l’énergie, fût-elle sexuelle, de ces jolies filles de couleur café.

Quelques ti-punchs encore et voilà que m’alpague la tante Rosalie. Bon ça va avec elle j’étais à l’abri ! Merci, Seigneur, de ne pas m’induire perpétuellement en tentation !

- Arthur, m’a-t-elle demandé, toi qui as été commissaire-priseur à Pointe-à-Pitre, est-ce que tu veux bien venir voir là-haut ? Il y a là une toile de petit maître que j’aime à la folie, j’aimerais avoir ton avis sur son origine.

Enfin un peu de sérieux dans ce monde en chaleur animale ! J’ai suivi la tante Rosalie au grenier. Elle m’a montré le tableau. Aïe ! Quelle vieillerie ! J’ai soufflé sur la poussière, déniché la signature. Instant de stupeur. Incrédulité. Oh la bonne aventure, ô gué ! Petit maître, petit maître ? Attends Rosalie, c’est le bal masqué ici ! Henri Rousseau ! Henri Rousseau !

J’ai voulu révéler la chose à la tante mais c’était trop tard ! Elle m’avait déjà poussé sur un vieux matelas et s’activait sur ma canne à sucre. Au secours, Alice ! Ca glisse au pays des merveilles ! Sans que j’aie rien vu venir je me suis retrouvé sans chemise, sans pantalon, chevauché sauvagement comme un petit maître-étalon, fruit de la passion ravageuse et ravagée de la tantine Rosalie ! Je peux vous dire que dans ce genre de situation, si ça fait rire les oiseaux de passage, ça ne détend pas le perchoir où elle est juchée pour autant !

Là-dessus ma femme est arrivée avec toute la noce derrière elle ! Bonjour le scandale dans la famille !


170708 Nikon 148

Après fèt se graté tèt : après la fête on se gratte la tête. Le lendemain je me suis souvenu que ce n’était pas le remariage de ma femme mais son premier mariage et que j’étais moi-même le marié, l’heureux élu. Et l’élu ramassait une veste, sa veste.

- Tout est rompu, mon gendre !

On m’a demandé de divorcer, de prendre mes cliques et mes claques et de retourner en métropole, ce que j’ai fait sans barguigner.

J’ai bien sûr emporté dans ma valise le cadeau du ciel. Mais non, pas la tante Rosalie, la toile de petit-maître ! Je l’ai revendue et j’en ai tiré quelques millions de francs. Pendant quelques temps ma vie a ressemblé à celle des rois de Byzance à Belle-île-en-Mer.

Vive Souchon et Voulzy ! Vive le douanier Rousseau !

(Extrait des « Souvenirs d’un explorateur heureux » d’Arthur Rimbaine
à paraître aux éditions Paul Verlaud en mars 2018).

 

Pondu à l'atelier d'écriture de Villejean le mardi 30 janvier 2018
d'après la consigne ci-dessous.
 

8 novembre 2017

BARDAMU ET LANERVURE

171026 Nikon 008

C’est l’histoire de deux mecs. Je sais, chères amies du mardi, ce n’est pas idéal pour faire rêver, un incipit pareil !

Les deux mecs, le délabré et le baladin, quand le videur les amène dans le rond de lumière, on voit bien qu’ils n’ont pas bu que de l’eau minérale !

Le premier s’appelle Bardamu. Il a une tête de bedeau livide, pâle d’avoir dansé le laridé jusqu’à épuisement. Il a l’air de ruminer sa vengeance car quelqu’un lui a délivré un méchant gnon et il saigne de la lèvre.

Au fest-noz par ici, avec ou sans sosie d’Assurancetourix, ça barde ! Le nervi ne badine pas avec le blaireau, surtout s’il est aviné et taquin. Ici, sans vouloir médire, on cogne assez facilement sur le blair du débile en bermuda mauve !

Le deuxième s’appelle Merlin Lanervure. C’est autre chose comme vermine ! Un mineur de seize ou dix-sept ans, une espèce d’Aladin qui se fait reluire à la moindre occasion, un petit branleur, quoi ! On ne se lasserait pas d’admirer son œil bleu et gaulois, sa livrée idéale d’amiral en goguette, son air madré de type imbu qui a déjà avalé plus d’une brimade et culbuté maintes ribaudes en buanderie. S’il n’était pas accompagné de l’autre endive à barbe folle, on l’imaginerait bien en chef de bande malin à la tête d’une armée de ramiers veules prêts à partir en live, à libérer du délire vil, viril et velu, à mouliner à vent et à coups de chaînes de vélo au moindre signal du jeune merle.

Mais pour l’heure le videur reste calme sous son luminaire. On ne sait lequel des deux buveurs est le plus abîmé, le plus barré. Bardamu est parti éliminer sa bière : il urine contre la rambarde du pont sur la Vilaine. Lanervure brame des balivernes aux étoiles comme quoi un navire enivré ne se sent plus bridé par les valeurs.

Bref c’est l’histoire de deux mecs qui terminent leur nuit débridée en virade au drame ordinaire. Rien d’exceptionnel à mettre dans l’album cette nuit. Et zut !

171026 Nikon 081

Le lendemain matin, à onze heures, Bardamu se sent comme enfermé dans une armure de plomb au réveil ! Il se lève, tire le rideau et la tronche. Une brume épaisse a envahi la ville. Pas moyen de trier le bon grain et l’ivraie. Ah la débine ! Il s’aperçoit qu’il a vomi sur la moquette vert amande de la chambre.

Merlin Lanervure pionce encore parmi ses livres et ses revues, le visage raviné et le sexe raide, en train de bander, au milieu de cette animalerie qu’est devenu leur gourbi.

Bardamu aimerait bien se libérer de l’emprise de Merlin. Ne ferait-il pas mieux de se barrer, d’aller se balader le long de la rivière, de mettre un terme à cette braderie sans rime ni raison de leurs jeunes années ? Après tout, n’est-il pas le mari d’une jeune femme, enceinte, un peu sotte, très bavarde, certes, mais qui pourrait dire, elle, où se trouvent le Mir laine et l’Alka-Seltzer ?

Bardamu et Lanervure…

Quelqu’un leur a jeté un sort à ces deux mecs. Ils sont les victimes d’un maléfice puissant.

Un peu comme Verlaine et Rimbaud, si vous voyez ce que je veux dire !

AEV 1718-07 Henri_Fantin-Latour_-_By_the_Table_-_Google_Art_Project

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean du mardi 7 novembre 2017

d'après la consigne ci-dessous

2 octobre 2017

LE GIBIER MANQUE ET LES FEMMES SONT RARES

LE GIBIER MANQUE ET LES FEMMES SONT RARES :
Supplique pour être opéré à l'Hôpital de la Timone à Marseille

se chante sur l'air de la "Supplique pour être enterré sur la plage de Sète" de Georges Brassens

1
Vous n’imaginez pas c’que j’ai fait comm’ boulots !
Explorateur d’enfers, métallo-mégalo
Marchand de casseroles au Harar(e)

J’ai vendu des télés aux paysans d’Ardenne
Mais dans ce grand désert où mon âme se traîne
Le gibier manque, les femmes sont rares.

01 Le gibier manque

2
L’amour c’est aussi con que le chant des oiseaux :
On n’prévoit pas le jour où l’on deviendra gros
Quand on est ivre en la gabare.

J’ai descendu des fleuves absolument grotesques
Et j’ai vu des pays abracadabrantesques
Où l’gibier manque, la femme est rare.

3
Dans les cabarets verts j’ai vu bière et Fräulein,
Ses bourrelets d’antan, muss es sein ? Es muss sein !
Ell’ me surnommait « Ringard Star ».

02 Biere_et_fraulein-1

La danse du balai, la danse du tapis…
Elle s’est envolée, eh bien, ma foi, tant pis !
Le gibier manque, les femmes sont rares

4
Si t’as levé le coude, alors lève le pied,
Rimbaud pas vraiment beau - poète, vos papiers ! -
J’étais vraiment un type bizarre.

Puis la mer a bercé tant d’amours cet été
Que dans le creux des vagues où j’étais balloté
J’ai rencontré la femme-cougar.

5
Ancienne jeune fille qui faisait des pâtés,
Belles jamb’s mais alors quell’ tête ! Mocheté !
Avais-je le choix dans la date ?

03 sacha-distel-le-bateau-blanc-1980-2

Je me suis retrouvé en tutu sur le pont
- O Bwana Missié blanc ! Pauvre zombi Dupont ! -
Avec la chtouille entre les pattes.

6
Ses lèvres avaient le goût du beaujolais nouveau ;
Tous les dauphins dansaient avec ce cachalot
Le dernier tango à la mode.

Tu as beau bronzer beau, t’as la marqu’ du maillot
Aux Ménuires elle était barmaid dans le restau
J’aimai son cul sur la commode.

7
Ma civière est posée sur le pont du bateau
Enivré de douleur, je file, pas vraimambeau,
En direction de la Timone.

Je ne danserai plus, pas même comme un pingouin
Je n’suis jamais allé aux am-putes à Saint-Ouen
Mais maint’nant, en voitur’ Simone !

8
Avion, bête, camion, j’en passe et des meilleures,
Je pourrais porter plainte, au fond, contre mon cœur
Mais je délire et je m’égare.

Antoto Akali Abitchou Chankora
Mindjar Cassam Rouella Hawache et Fil-Ouaha
Le gibier manque, les femmes sont rares.

9
Careyon et Gallas et guerre aux Aroussis
Le chirurgien découpe et ça sent le roussi
Ma sœur prie Dieu dans le couloir.

Galansa ! Boroma ! P’tits roberts ! Burkini !
Choux cailloux et genoux, époux d’Abyssinie,
Le cœur me manque les jambes sont rares.

04 1510619558-3

10
Si vous me confisquez mes membres inférieurs
Vos villes deviendront des cloaqu’s en chaleur
Vous ne trouverez plus d’ivoire.

Comm’ j’hippopotaimais cette amante irascible
Verlaine me hurla dessus – j’étais sa cible –
« Pwète à la manque ! Faiseur d’histoire ! »

05 je t'hippopotaime 4800

11
Ô Terre du Harar ! O portes de l’Eden !
Misères de ma vie finies à l’Est d’Aden !
On a trop fait l’amour ensemble !

Quoi de plus redoutable, au fond, qu’un pet sonore ?
Langage, emporte-moi, tue-moi ou baise m’encore !
Ô tant je t’aime que j’en tremble !

12
Ô Dieu ! Mon Chinois vert, passe-moi donc le ciel !
J’écouterai pousser les fleurs du violoncelle,
Mettrai les bigoudis par douze

Aux cheveux du Destin, aux chercheuses de poux
Et je te scanderai les chansons des Papous
Pour que se termine… ce blues !

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 26  octobre 2017
à partir de la consigne ci-dessous

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16 mars 2017

Consigne d'écriture 1617-21 du 14 mars 2017 de l'Atelier d'écriture de Villejean

Logorallye des 18 mots du scrabble

L'animateur distribue à chaque membre de l'atelier sept lettres du jeu de scrabble.
Chacun(e) doit composer avec elles le mot le plus long possible. 
On procède ensuite à une deuxième distribution.

Les mots composés par les neuf personnes présentes ce soir-là sont :

vertu -  dit - haie - ski - nodale - ligue - rang - Louisa - relise - 

arène - coi - media -  gaies - soûler - visa - boxa - sisal -  eau

 

On essaie ensuite d'introduire un maximum de ces mots dans un texte sur un sujet de son choix.

scrabble 78403111_o

Image empruntée... au Défi du samedi ! 

7 janvier 2017

DES ANGES AU GRENIER ?

Qu’ai-je fait de ma vie privée ?
Je l’ai gardée pour moi, pour nous.

Une partie est au grenier,
Tout le reste aujourd’hui se joue

Car nous n’avons rien achevé :
Nous continuons d’être fous !

Chaque jour, c’est à l’encrier
Que je trempais ma plume d’oie ;

Sur le déclencheur, j’appuyais :
Je n'eus jamais d'ampoule au doigt !

Ah j’en ai rempli, des cahiers !
J’en ai pris, des photographies !

Avoir la passion du passé
A ce point, c’est de la folie !

Sous ce toit pentu, bleu ardoise,
Le grenier des anges fourmille

Des couleurs du Temps qui nous toise
Mais que malgré tout j’entortille

Dans mon lasso. Je les capture,
Je les enferme dans des boîtes.

De cette vie grandeur nature
J’ai fait une planète coite :

Tout est en ordre, bien rangé,
Pas de bordel – je suis trop prude ! -.

Traces d’étrange voyager :
Rien n’y vient d’hémisphère Sud,

Rien d’Irlandais, pas d’oranger
- Le climat là-bas est trop rude –

Ce sont des trésors tempérés :
Rien qui mérite qu’on le brûle,

Rien qui vaille d’être publié.
C’est notre vie, dans notre bulle :

Jamais nous n’avons habité
De maison bleue peuplée de fous ;

Une vie simple, en vérité,
Un « toi », un « moi » et voilà « nous ».

Ces morceaux de réalité,
A vous confiés, qu’en feriez-vous ?

Que vous dirait-il, ce viager,
Qui ne soit déjà obsolète ?

Ce sont des moments partagés
D’un bonheur tranquille et honnête,

Du théâtre jamais joué
Et nombre d’images de fêtes,

Des mots écrits en atelier :
Avec ça, on joue au poète !

On l’est peut-être bien, qui sait ?
Personne ne vient le dénier !

D’ailleurs, les anges archivistes
Qui farfouillent dans nos cartons

Si nous n’étions un peu artistes
Que feraient-ils à la maison ?

Et pourquoi sèmeraient-ils donc
Sur mes rimes, et ce, sans raison,

Ces Pénélopes sans galons,
Ces innombrables araignées

Qui tissent des toiles à foison
Par-dessus nos jeunes années ?

DDS 436 enseignes poétiques rennaises

 
P.S. Je suis ravi que ces enseignes rennaises photographiées autrefois aient pu servir de support à cet atelier d'écriture. J'en remercie Miss Map et je souhaite une excellente année 2017 avec plein de bonheurs d'écriture, de réussite et de santé à toutes et à tous !


Ecrit pour le Défi du samedi n° 436 d'après cette consigne

23 mars 2014

SOUVENIRS DE SCHILTIGHEIM

Une fois qu’ils avaient touché leur solde, les bidasses, munis d’une permission en bonne et due forme signée du Feldmaréchal des Logis Guillaume allaient s’agglutiner en troupeau à l’arrière des camions. « Pète la ridelle ! » entendait-on. A Strasbourg, ils envahissaient le hall de la gare pour s’entasser ensuite dans les wagons du train pour Paris. Cela constituait un joyeux melting-pot, un tumulte plein d’insultes venues « des quatre coins de l’hexagone ». Les Bretons s’en retournaient retrouver leur celtitude vers Le Pouldu ou Saint-Cast-le-Guildo, les Normands bouffer de la crème fraîche et des « p’têt’ben qu’oui p’têt’ben qu non » à Villedieu-les Poêles. Je ne me souviens plus si le train traversait ou pas Sainte-Menehould mais ça n’a pas d’importance.

Même quand nous n’étions pas de garde ou consignés Aldebert et moi restions à Schiltigheim. Dans la caserne enfin calme, dans la piaule dortoir vidée de ses exaltés, nous sortions du placard une bouteille de Rivesaltes et c’était un bol d’air que d’opérer cette halte œnologique et de prendre ainsi de l’altitude par rapport aux théories de Paul Déroulède.

- Le malthusianisme est le mal du siècle, disait souvent Aldebert. Les militaires pratiquent cette criminelle doctrine en ôtant la vie des enfants des autres.
- Et éventuellement les nôtres ! ajoutais-je alors.

Après le repas du soir, Aldebert m’empruntait mon gel douche, allait se laver, se shampouiner puis il revenait vêtu de son peignoir en éponge blanc, roulant des épaules comme Aldo Maccione, une vedette italienne des nanars de l’époque qu’il imitait à la perfection. Il s’allongeait ensuite sur sa paillasse et lisait « Vol de nuit » de Saint-Exupéry ou l’intégrale des œuvres du natif de Ville d’Avray, Boris Vian, que je chérissais moi aussi. Je ne manquais jamais, d’ailleurs, ces fins de soirée-là, d’entonner sur ma guitare la « Java des bombes atomiques » et, en sourdine quand même, « Le Déserteur » et « Le Joyeux tango des bouchers de la Villette ».

MIC 2014 03 17 Schiltigheim

Le samedi après-midi, nous rendions visite aux filles des deux maisons. Il y avait encore à Schiltigheim, à l’époque, des maisons colorées comme on en voit dans le quartier de la vieille France à Strasbourg : garnies de couleur bleu cobalt, rose,  moutarde, vert olive, elles mettaient dans la ville « de garnison » autant de gaîté qu’à Burano près de Venise les pêcheurs en ont mis ou qu’à l’île de Groix en Morbihan où les maçons italiens ont aussi œuvré au bonheur des yeux.

Dans la maison rose sévissait – mais quels doux sévices c’étaient ! – la blonde Brunehilde. C’était notre chèvre Amalthée, notre Paris Hilton, un Val de grâce à elle-toute seule que cette belle dame. Entourée d’un cénacle de poètes disparates, elle était la maîtresse d’œuvre de ces matinées littéraires au cours desquelles elle-même jouait de l’alto entre deux déclamations. De vieux émules rimbaldiens se lançaient dans « Le bateau ivre », des dames à chignon exultaient de contentement en susurrant du Paul Géraldy. Dans cette guilde de vieillards accros à la Boldoflorine, Aldebert et moi n’avions aucun mal à surprendre et à détendre l’auditoire avec nos interprétations de Boby Lapointe et nos reprises de stupidités de Georges Milton : « Je t’attendrai sous l’Obélisque » « On se fait pouêt pouêt » ou « C’est pour mon papa ». Autant d’appels cachés ou de déclarations d’amour subliminales à la « golden hair lady of the pink house ». Notre désir le plus fou relevait de l’héraldique : nous rêvions de lui interpréter un jour « Le blason » de Georges Brassens !

MIC 2014 03 17 Maison blanche et maison rose

Sur le coup de cinq heures nous remettions nos paletots et nous nous transportions dans la maison voisine dont la forme identique et le pignon blanc pimpant évoquaient le palais de « Dame Tartine » ou la maison d’Hansel et Gretel – Hansel et Bretzel comme disait Georges W. Bush avant de s’étouffer avec -. Nous passions justement en quelques mètres d’un univers artistiquement altruiste à un monde plus sombre et sauvage, romantique, germanique et gothique, des pages « culture » du « Monde » à celles de « Die Welt der Geister ». Ce journal trônait dans l’entrée avec « Bild » et Hildegarde nous accueillait avec cordialité mais distance. Sa chevelure aile de corbeau, son teint pâle, son regard noir et froid comme un hiver moldave, ses pulls en mohair et ses jupes écossaises plissées comme des kilts nous faisaient rêver à moult flambées dans la cheminée et de whisky pur malt mais avant la séance on n’avait droit qu’à de l’Ovomaltine au goûter.

- Posez-là votre guitare, Gerald !" m’ordonnait-elle en nous faisant pénétrer au salon. Comment va ma voisine Brunehilde ? Je voulais aller l’écouter en concert à la cathédrale de Strasbourg mercredi mais c’est sold out.

MIC 2014 03 17 Wild Bill Hickok

Nous étions toujours les premiers. On attendait en caressant le chat noir l’arrivée d’Ysolde Schwarzwald, une demoiselle grassouillette sans laquelle rien n’eût pu se faire car c’était elle la médium. Puis venait Jean-Balthazar Chanal, un type un peu louche qui avait voyagé des Maldives jusqu’au delta du Gange et qui, par sécurité, disait-il, se baladait avec un Colt dans la poche droite de son long manteau à la Sergio Leone qui lui donnait de faux airs de Wild Bill Hickok.

Une fois que le quintette était au complet, on fermait les volets de la maison blanche, et, comme l’appelait Aldebert, la séance de « Spirite in the sky de Norman Greenbaum » commençait. Poltergeist, es-tu là ? 

MIC 2014 03 17 spiritismeEn fîmes-nous tourner, des tables, à cette époque ! Avec quels esprits tordus n’entrâmes-nous pas en communication ! Il y eut un Ildefonse de Tolède dont nul(le) d’entre nous n’avait entendu parler, une Mary Bolduc qui comprenait tout de travers, un esprit voyageur qui nous a contactés depuis l’étoile Aldébaran dans la constellation du Taureau, Harald III de Norvège et puis une Mrs Vanderbilt qui est revenue souvent, vivant dans la jungle, couchant sous une tente avec M. Paul de Liverpool, à ce qu’elle prétendait.

- Hold on baby, hold on ! » conseillait Chanal à Mlle Schwarzwald quand il sentait que la médium était sur le point de défaillir.

Sous la table, souvent un pied frottait le mien. Mais à qui donc pouvait-il bien appartenir ? 

MIC 2014 03 17 faire du pied

Nous en causions parfois avec Aldebert à la pizzeria où, le soir, nous nous reconstituons à coup de platées de spaghetti al dente ou au Balto, plus tard, quand, survoltés, nous jouions au flipper jusqu’à ce que la bécane trop secouée finisse par faire tilt.

- Moi aussi on m’a fait du pied, répondait-il mais en matière de drague, si tu veux bien, chacun se mêle de ses oignons. Socrate a dit : Le secret du changement, c'est de concentrer toute son énergie non pas à lutter contre le passé, mais à construire l'avenir.

Je ne sais pas quel avenir Aldebert s’est construit. Lorsqu’est arrivé le temps de la quille, je l’ai laissé allongé ivre-mort sur un banc de la gare de Strasbourg et je ne l’ai jamais plus revu. Je ne sais pas si Brunehilde n’est pas devenue une « old laughing lady » comme nous en connaissons tous maintenant que les gens vivent plus vieux. Je ne saurai jamais si c’était Hildegarde ou Ysolde qui me faisait du pied sous la table tournante. Ou Aldebert ou Chanal ! Et je me demanderai toujours si ce Chanal-là avait quelque chose à voir avec l’adjudant qui séquestrait des appelés dans sa camionnette à la même époque du côté de Mourmelon-le-Grand. Si c’était le même, alors, malgré les gardes par – 15°, la fraîcheur du Gewürztraminer et la neige dans le paysage d’Alsace, je pourrai dire que j’ai eu chaud à Schiltigheim !


Ecrit pour "
Un mot, une image, une citation" du 17 mars 2014 d'après cette consigne :

 

Un mot : solde 
Une image :

 

Photo par Dasha Malice sur Morgue File.

  Une citation : Le secret du changement, c'est de concentrer toute son énergie non pas à lutter contre le passé, mais à construire l'avenir. - Socrate 

P.S. Je me suis ajouté une surconsigne qui a consisté à insérer dans le texte une soixante de mots ou groupes de mots contenant les sons "ld" et lt".
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