Choses vues à Rennes le 11 février 2017 (1)
DRÔLES D’OISEAUX !
Citation non tronquée :
Les hobereauxet les gentillâtres de province parlant toujours de fumées et de laisses, de ragots et d’andouillers, d’hallali et de cerfs dix cors, et entremêlant le tout de charades d’almanach et de madrigaux moisis de vétusté, n’étaient assurément guère faits pour lui convenir, et sa vertu n’avait pas eu beaucoup à se débattre pour ne leur point céder.
Théophile Gautier
Aberration du hobereau ! Inanité de la campagne !
Comment prétendre à la hauteur avec de la boue sous les bottes ?
Devenir aigle fin ? Oiseau de proie ? Ou « gypoète » ?
Mais Théophile nous prétend que ses madrigaux sont moisis
Et que parfois le capitaine se fracasse !
« Mr and Mrs Andrews » de Thomas Gainsborough
Hobereau, obéré, aberrant, mal barré,
Sur les bords désolés de la Bérézina,
Qui nous jette à nouveau ce froid de Sibérie ?
Envolez-vous, faucons, passereaux et faisans !
Paradeurs, paroliers, jacasseurs, étourneaux !
Quand la trompe de chasse entoure le manoir,
Quand la meute des chiens s’excite dans les bois,
Je n’entends plus sonner la musique des vers
Dans mon gueuloir intime.
Ah vivement, grands dieux, que s’en vienne l’été !
Je prendrai mes vacances à la plus proche ville,
Loin de vous, hobereaux, rapaces, volatiles
Et j’écrirai des chants plus grands que le silence.
Ecrit pour le Défi du samedi n°441 à partir de cette consigne
INVENTAIRE DES FÉES ET SORCIÈRES (4)
La fée ultime
Isaure Chassériau !
Je crois que dans le tableau où on l’avait enfermée au Musée des Beaux-arts de Rennes elle attendait quelqu’un. Quelqu’un qui viendrait la délivrer de cette famille bourgeoise du XIXe siècle pas insupportable mais quand même un peu. Je crois qu’elle m’attendait, moi, et j’espère qu’elle est ravie des nouvelles aventures que je lui ai inventées, de cette vie plus libre et des nouveaux métiers que je lui ai fait exercer : journaliste, guide touristique déjantée, exploratrice spatio-temporelle…
En même temps, comme tous les écrits produits ce soir à l’atelier d’écriture, tout cela est resté et reste si discret, souterrain, parallèle que cela relève de la prestidigitation de salon ou de la magie noire.
Cette salle Mandoline dans laquelle nous nous réunissons le mardi, c’est un cirque ambulant qui ira demain poser son chapiteau dans une autre petite ville ?
Ou bien c’est une cabane au fond des bois où d’horribles Carabosses et deux vilains Gargamels jettent leurs maléfices pour faire disparaître, un temps, le monde dans lequel des hommes politiques tout-à-fait honorables vendent à qui en veut des armes, des avions, des tanks et des missiles pour qu’au Sud de la Loire où les esprits sont plus chauds on puisse se dézinguer à tout va ?
Finalement, les fées, les sorcières, c’est bien gentil tout ça à côté de ces hommes de pouvoir de pays civilisés qui livrent les clés de la planète aux tyrans, qui mettent la paix et l’humanité « aux monstres » *.
* C’est ainsi que l’on nomme, dans certains coins de France, la collecte des encombrants.
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 17 juin 2017 d'après cette consigne entendue aux "Papous dans la tête" sur France-Culture dimanche dernier :
Pour inventaire : fées et sorcières
Nos fées et nos sorcières dans la vie, héroïnes réelles ou de fiction que nous aimons, craignons ou haïssons.
Nos magiciens et nos sorciers dans la vie, héros réels ou de fiction que nous aimons, craignons ou haïssons.
Faites la liste de qui vous aimez ou haïssez et expliquez en deux ou trois phrases pourquoi.
SOUK AU GYNÉCÉE !
Acte III, Scène 3
La scène représente une plage : parasols, 1 cabine de bain, serviettes, transats de « Transat en ville » empruntés à la ville de Rennes. Les dames du harem, les disparues, les évadées en fait, sont assises ici et là, en maillot ou peignoir de bain, se passent de la crème solaire sur les bras, lisent "Biba", font des mots fléchés, papotent ou glandent comme on le fait tous dans ce genre d’endroit.
RUADE – Alors ? Bonne baignade, chère Daurade ?
DAURADE – L’eau était excellente ! Quelle merveille ! Quelle lumière ! Quand je pense qu’il y a trois jours encore, nous étions confinées dans l’ombre du harem !
ORANGEADE – C’est une honte ! La pire des brimades ! Le sultan devrait savoir que la beauté ne se mange pas en salade ! Mais que nous avons besoin d’autant de soins et de lumières qu’elles ! Nous sommes faites pour resplendir au soleil, nous, pas pour moisir dans le bac à légumes de son réfrigérateur !
MASCARADE – Et puis quelle façon riquiqui de nous rendre hommage ! On enferme 365 femmes dans le gynécée et elles n’ont droit qu’à une seule sortie dans l’année. Et quelle sortie : juste une nuit de roucoulade avec ce gros cochon de Haroun Zeclock !
CANTONADE – Il paraît que le changement d’herbage réjouit les veaux ! Il y avait là de quoi pousser des jérémiades ! Les 364 autres jours, en attendant, on devait se farcir la chanson de l’eunuque. Tu parles d’une sérénade, toi !
SÉRÉNADE – Hého, doucement, les filles ! Je n’y suis pour rien, moi ! C’est vrai que je m’appelle Sérénade mais ce n’est pas moi qui les ai chantés ni pondus, les couplets de l’Hannibal sans ses balles !
Elles entament "La chanson de l’Eunuque" :
Croé moé, croé moé pas
Quèqu’part en Alaska
Un sal’ jour qu’y neigeait des glaçons
J’ai eu comme une envie
D’soulager ma vessie
Comme un con j’ai baissé mon caleçon
Ca m’a mis en peine
De quitter mes gégènes
Mes jolis génitoires
Ah vraiment quelle histoire !
Ca n’dure jamais longtemps
Quand il gèle à pierre fendre
Tu vois tes gosses descendre
Tu deviens un transgenre
Quel beau dommage ! Tu t’retrouves au chômage !
AILLEPADE – N’empêche on a bien rigolé ! Le pauvre n’a jamais su qu’on l’avait surnommé Débandade !
BALADE – En tout cas, c’est un vrai plaisir d’avoir mis les voiles ! Enfin, de les avoir enlevés ! On est quand même mieux à poil au soleil que sous ces épaisseurs de tissu cossu qu’on ne pouvait enlever qu’une seule fois dans l’année !
EMBRASSADE – Et encore ! Si vous saviez ! Moi je m’appelle Embrassade et je suis celle qui officiait le dernier jour de l’année. Eh bien il y a des années où il était tellement gavé de loukoums et de liqueurs qu’il ne me déshabillait même pas !
CAVALCADE – C’est ce qu’on appelle « p’end'e à la hussa’de » !
EMBRASSADE – Attends, Cavalcade ! Il y a même une année où il ne m’a même pas honorée !
CAVALCADE – C’est ce qu’on appelle êt'e « Schokolade » !
COUILLONNADE (sortant de la cabine de bains en combinaison d’homme-grenouille) – Eh dites donc les filles ? Comment vous trouvez mon nouveau maillot de bains !
TOUTES – Nul à chier, Couillonnade ! C’est quoi ce truc ?
COUILLONNADE – Ca s’appelle un burkini ! Je laisse tomber, alors ?
TOUTES – Oui ! Ôte le haut et demain tu enlèveras le bas ! Et le tuba aussi !
Entrent Shéhérazade et ses suivantes. Toutes l’applaudissent et la saluent de « hip hip hip hourra »
SHÉHÉRAZADE – Mes chères amies, un peu de calme, je vous prie. Je sais bien que vous me devez la liberté. Mes servantes ont soudoyé les gardiens du palais pour qu’ils vous laissent partir une à une puis quatre par quatre. Mais vous savez que j’ai un objectif beaucoup plus important. Je veux vous apprendre à devenir maîtresses de vos destins. Je veux que vous sachiez désormais tenir les hommes à distance, les faire tourner en bourrique pour finalement les mener par le bout du nez… ou par le bout du bout !
Elles éclatent de rire.
SOUTIFDAUBADE – Oui, camarade Shéhérazade ! Conte-nous tes odes et tes méthodes ! C’est pour t’entendre les conter que nous avons fui ce palais où nous étions réduites à l’état d’esclaves sexuelles. Apprends nous à faire languir l’émir, à serrer la haire du janissaire, à mettre le souk chez le mamelouk, à enfiler le caoutchouc au bachi-bouzouk, à tenir à distance son éminence, à mettre en chaleur sa sérénissime splendeur, à rendre flamboyant le commandeur des croyants, à l'étreindre puis à l'éteindre et le faire geindre. Qu'ils deviennent fous de nous et se traînent à nos genoux ! Dis-nous comment on fait enfler leur désir, comment on leur flanque le tracsir, comment on renverse la vapeur, il faut que ce soient eux qui aient peur de ne pas être à la hauteur, il faut que nous soyons actrices et qu’ils cèdent à tous nos caprices. Comment emberlificoter, bécoter, fricoter, tripoter, les transformer en empotés et faire que nous soyons maîtresses de leurs altesses ?
SHÉHÉRAZADE – C’est simple ma chère Soutifdaubade ! Pour commencer, interrogation orale ! Vous allez me chanter la chanson que je vous ai apprise hier !
Elles se regroupent comme une chorale et entonnent « Déshabillez-moi » de Juliette Gréco.
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 22-11-2016 d'après la consigne ci-dessous.
VRAIMENT PAS RAFFINÉ !
Mettre un cautère sur une jambe de bois, c'est un peu comme panser un rondin !
- Je ne me rappelle plus. C'est à lui ou c'est à moi de jouer ?
- Je ne me souviens plus. J'ai les blancs ou les noirs ?
- Jamais moyen d'être tranquille, par ici !
- S'il frappe encore une troisième fois, ça va ch...
A tous les oiseaux de passage qui me demandent
ce que je fais là je réponds : "Je médite, piaf !".
Photos empruntées sur le web et détournées par mes soins.
Ecrit pour le Défi du samedi n° 430 d'après cette consigne