LES FORTIFS RENNAISES
Qui t’invite à ce rêve de beaux instants, de campagne, de barrières abrogées, de voiture, de train ? Ce fou de Rimbaud ? C’est Charles Cros qui projette une route d’extases, des vécus arc-en-ciel, une atmosphère de château en poésie ?
Au vrai, si je les aime bien ces deux rigolos-là, si j’ai chaussé mes pompes de marche ces jours-ci, c’est juste pour m’arrêter à la douane ! Afin d’oublier une bonne fois les orages sanitaires, ce virus qui nous pompe, ces gendarmes qui nous gavent, j’ai quitté mon logis et ma chambre et j’ai repris ma route d’arpenteur rennais intra-muros !
Au Latourex, le Laboratoire de Tourisme Expérimental, chez Joël Henry à Strasbourg, ils appellent ça « la randonnée périphérique ». Elle consiste à aller marcher sur les limites administratives du lieu où vous séjournez.
J’ai adapté un peu la chose et nommé cela le circuit des fortifs. Le périphérique, à Rennes, s’appelle la rocade. Un flot incessant d’automobiles et de camions nous tourne autour jour et nuit en l’empruntant à tombeaux presque ouverts. Je m’interdis donc de dépasser cette limite mais entreprends de faire le tour de la ville en longeant au plus près, par les rues et les chemins que tout le monde peut emprunter sans danger, ces fortifications au travers desquelles nul, à pied, ne peut passer.
J’ai emmené avec moi mes deux appareils photographiques. Il fait beau, le ciel est bleu, nuageux, un peu couvert mais sans gouttes de pluie – il ne pleut jamais à Rennes -, et me voilà soudain à me remuer les côtelettes hors de chez moi, là où mes certitudes et mes connaissances sur la ville s’achèvent.
Et savez-vous ce que j’apporte de mes deux premières étapes ? Quelque chose de très étonnant ! Des arbres ! Une montagne d’arbres de toutes sortes et de toutes essences. Arbres de jardins privés, arbres du parc de Cleunay, arbres en fleurs de cette zone d’activité autour de la Chambre d’agriculture, le no man’s land rennais est peut-être bien, là où on ne l’attend pas, une seconde coulée verte dans la ville.
Bien sûr, il faut aimer aussi traverser le parking et la station-service du magasin Leclerc, les chantiers de construction du côté du Crédit agricole ou de la voie ferrée et revenir complètement perdu par la ville neuve de La Courrouze où l’on se sent d’une autre époque. Peut-être bien même de ces années 1960 au cours desquelles Isaure Chassériau proposait des circuits de visite originaux dans son Agence de Flânerie Amoureuse de Rennes.
- A l’époque, il y avait des arbres, disait-elle souvent.
- C’est bon, Isaure, il y en a encore. C’est comme tout : il suffit de ne pas les chercher pour les trouver !
Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean du mardi 6 avril 2021
d'après la consigne AEV 2021-25 ci-dessous.
PAS TRANSFORMÉ EN CAUSTIQUE
A quoi bon cirer le parquet
Puisque d’autres dents ambitieuses
Vont venir le rayer ?
Un lavage à grande eau suffit.
A quoi bon cirer le parquet
Si c’est pour n’y plus voir
La joliesse des nœuds du bois
Mais, courbé, les pompes du prince ?
Un lavage à grande eau suffit.
A quoi bon cirer les pompes du prince ?
Toute sa science est ambition,
Apprêts, pommade, maquillage
Et toute sa force est de police.
Un lavage à grande eau suffit.
Un lavage à grande eau suffit
Pour qu’à la plage de Trestel
Tout resplendisse et tout reluise.
Et, par compensation sans doute
De nos derniers aveuglements,
Le sable lui-même y dessine
La forêt initiale,
Les arbres grands et beaux
Qui ne finiront pas en parquet de Versailles.
Ecrit pour le Défi du samedi n° 653 d'après cette consigne : encaustique
Photos un poil givrées prises à Rennes le 10 janvier 2021 (3)
Encore un tour de l'Île-Grande (Côtes d'Armor) le 19 juin 2020 (1)
Les quinze photos qui suivent ont été prises avec le Canon Ixus 265 HS qui arrive en bout de course. Je l'ai mis en mode 16-9. Ca m'évite de faire des photos verticales qu'il faut toujours faire pivoter sur l'ordi ! Un joli ciel bien couvert nous a accompagné·e·s tout le long de cette balade mais il n'a pas vraiment plu. C'est dommage parce qu'elle est belle, paraît-il, la Bretagne quand elle pleut ! ;-)