C'est peu de dire que je l'aurai cherché, l'art urbain, à Reims ! Dans cette ville hyper-propre il se cache dans des petits coins, est tout sauf visible et il est même "propre sur lui" : il s'agit le plus souvent de collages sur papier, donc dégradables en cas de pluie, arrachables par les excédés que leur discours dérange et, paradoxalement, le "street art" est beaucoup plus artistique et joli qu'ailleurs. Bravo, artistes de la rue !
J'ai appris hier soir qu'il s'agit ici, visiblement, d'un cyanotype.
Peut-être pas tant que cela, finalement. A voir où pousse le coquelicot, jusque sur l'herbe des chantiers urbains, on se dit que c'est la fleur sauvage par excellence. Si le coquelicot était une femme ce serait Carmen la bohémienne ou Joe la gitane dans « Le Club des cinq en roulotte ».
Si on jouait au jeu du portrait chinois et si j’étais une fleur, moi je serais plutôt un myosotis égaré dans un parterre de muguet. La famille Laclochette serait réquisitionnée pour aller porter bonheur aux manifestants du premier mai.
Et moi on me laisserait dans le jardin où je serais content d'admirer la danse du coquelicot dans le vent.
De l'Alsace on ne sait plus que les noms de ses vins : Sylvaner, Riesling, Gewürztraminer. Les orthographier correctement demande de la discipline, c'est déjà comme si on avait passé le Rhin. Il ne faut sans doute pas se moquer. On a fait la paix avec le méchant voisin qui est venu par trois fois annexer nos cigognes et nos bières de l'Est.
On avait presque oublié Roger Siffer, militant chansonnier de la langue alsacienne dont les albums étaient chroniqués sous l'étiquette « folk » dans les mensuels « Rock and folk » et « Best » autrefois. Eh bien voilà qu'il ressurgit sur cette vidéo avec cette chanson « Die Gedanken sind frei », « Elles sont libres les pensées », chanson que l'on me demande d'interpréter demain dans la version du groupe Corse i Muvrini lors d’un concert pochette-surprise.
C’est une chanson traditionnelle allemande de 1790 qui a été reprise en hommage aux morts de 2015 à Charlie Hebdo. Je reviens justement d’un séjour récent au pays de Cabu à Châlons-en-Champagne au cours duquel j'ai lu « Bête et méchant » de Cavanna. Du coup je me retrouve un peu avec mes souvenirs de trois séjours à Strasbourg au centre névralgique de l'Europe qui est de nouveau en guerre ou presque. Vite, retournons à la mer, c'est moins dangereux !
J'ai endossé ce soir ma tenue d’été pour venir à l'atelier d'écriture : casquette de golfeur, sandalettes, lunettes noires. Les vacances arrivent à grand pas.
Même si nous assistons au retour de notre étudiante préférée dans la salle Mandoline je ne jetterai pas au feu, en sa compagnie, mes cahiers à petits carreaux ni la maîtresse qu'on m'a promise à la condition que je conserve ses ovocytes dans mon congélateur !
Plus ça va et plus mes cahiers gardent trace des conversations d'avant l'atelier sur les banquettes centrales et bancales de la Maison de quartier. On y apprend que Dominique appelle Maryvonne pour réparer ses pneus de voiture, que Madame C. va jouer au théâtre dans « Exercices de style » et qu'un professeur de psychiatrie a conservé longtemps un cerveau dans son frigidaire.
Cahier, mon beau cahier, est-ce que d'aligner des mots les uns derrière les autres toutes les semaines va me permettre à moi de conserver quelques neurones ou vais-je débarouler en grand patarou dans un labyrinthe envahi de coquelicots, à me prendre pour un myosotis empli d'espérance folle qui confondrait, parmi ces balivernes et ces billevesées, Guy Béart et Mouloudji ?
Ils en ont de la chance les Parisiens avec leurs vieilles lignes de métro dont les stations sont très connues ! Ils peuvent jouer au jeu des contrepèteries. La Motte-Piquet devient la pote Mickey ; Montparnasse-Bienvenüe Montparnue bienvenasse. Nous à Rennes avec Via Silva ça ne marche pas. Via Silva ? Via Silva !
Avec quoi jouer alors sans plan de la ville sous la main ? Avec des titres de romans de Balzac ? « La Cousette bine » ? « Splendeur et tisane des court-misère » ? « Le lait dans la valise » ?
Ou alors avec Jules Verne ? « Vingt mille lierres sous l’émeu » ? Ou « De la thune à lalère » ?
N.B. Anne-Françoise a fichu tout mon texte par terre : avec « Via Silva » on peut faire « Va, Sylvia » !
On ne trouve de bonnes lavandières qu’au Portugal. On ne danse la pavane que lorsque l’infante est défunte. On ne joue à la marelle que dans la cour de l'école. On ne mange de frangipane que le dimanche. On n’écrit sur le cahier qu'avec de l'encre violette et puis un jour on pose un capodastre sur le manche d'une guitare et tous ces souvenirs deviennent des chansons.
A partir des photos de ce jeu de l’oie géant vous pouvez :
- imaginer le parcours effectué par un personnage (ou par vous-même) au fil des lancers de dés, les rencontres qu’il fait, les lieux qu’il traverse et son arrivée triomphale au sommet du Puy-de-Dôme (63) ;
- écrire de courts poèmes à propos des nombreux animaux représentés sur ce jeu ;
- écrire à partir des associations de chiffres et d’images (n°s de départements, d’étages d’un immeuble, d’habitations d’une même rue, etc.) ;
- écrire ce que vous voulez.
vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir
J'aurais dû photographier toutes les cases du jeu ! Il y a là de quoi fabriquer d'excellents puzzles pour les longues soirées d'hiver ! Et s'ils semblent trop simples il reste la solution de tous les mélanger ! ;-)
Joe Krapov est poète, humoriste (?), musicien à ses heures et photographe à seize heures trente. On trouvera ici un choix de ses productions dans ces différents domaines.