Quelquefois, à l'ADEC, maison du théâtre amateur de Rennes, on nous autorise à prendre des photos du spectacle. Je commence à fatiguer personnellement de ce genre de sport photographique un peu inutile dans un monde où l'on ne cherche plus trop à garder trace de rien. La preuve : j'ai été pratiquement le seul à sortir mon appareil photo pour immortaliser quelques scènes de "Une Odyssée". Cette pièce de théâtre avec danse et musique, - on dit un musical, Joe Krapov ! - s'inspire du récit d'Homère. Elle a été écrite et jouée par des étudiant.e.s de l'E.N.S. (Ecole Normal Supérieure) de Rennes réuni.e.s au sein de la troupe Muses and C°.
Voici donc une vingtaine de photos autour de cet argument décliné de façon plus surréaliste et et poétique que parodique : Ulysse, acteur parti tourner un film au Mexique, se trouve ruiné à l'issue d'une partie de poker et ne peut revenir à Paris où l'attend Pénélope. Cet idiot trouve malin de se moquer d'un trafiquant local borgne nommé El Ciclope et attire de ce fait sur lui la colère des dieux Poséidon et Hermès.
Heureusement pour lui la déesse Athéna décide de lui venir en aide.
Comment résister au chant des sirènes quand votre navire a cassé son mât ?
Une Odyssée est une comédie musicale. Les chansons sont en majorité, anglo-saxonnes. Quand c'est le "One way or another" de Blondie, je ne me plains pas !
Hermès et ses bretelles roses ! Parviendra-t-il à séduire Pénélope avec son plan de poésie allemande ?
Pénélope, cinéaste sans SMS de son Ulysse depuis dix mois à cause des zones blanches du Mexique !!
Poséidon-Neptune. J'ignorais qu'il fût le père du cyclope Polyphème !
Un petit tour aux Enfers, Ulysse ?
Une belle interprétation de tous les acteurs avec mention spéciale pour l'interprète d'Athéna, voix de la sagesse (qui n'est pourtant pas sortie de la cuisse de Jupiter, pardon du sartorius de Zeus !).
Il y en avait du monde sur cette super-production !
Cela se rejoue vendredi prochain à la MJC Bréquigny.
On a la dalle, on a la dalle… mais personne n’est resté sur sa faim, en fait. Outre qu’on pouvait déjeuner sur place avec son pique-nique et ses voisins ou en se fournissant aux stands de restauration et de boisson, il y en a eu pour tous les estomacs mais aussi pour les yeux et les oreilles ce dimanche 24 mars 2019 sur la dalle Kennedy de Villejean.
Tous les partenaires de « Familles en mouvement » étaient là : le centre social, la maison de quartier, le festival de cirque Ay-Roop et les autres. La fête a drainé un public nombreux tout l’après-midi. Les enfants ont présenté des démonstrations d’acrobatie, ont joué à des jeux de table et, grimpant sur des ballons, agitant diabolos, cerceaux et rubans ou marchant sur un fil tendu, ils ont… fait leur cirque.
Châteaux en Espagne
Le moment fort de l’après-midi a été la démonstration des Castellers de Paris. La preuve a été faite par les jeunes Catalans de la capitale que l’Union fait la force à Villejean comme ailleurs. Mais peut-être faut-il expliquer ce qu’est le « castell » (château en catalan). Il s’agit d’une tradition culturelle inscrite par l’UNESCO en 2008 au patrimoine immatériel de l’humanité et qui consiste à créer des pyramides humaines. Une équipe (colla) est constituée pour cela ; chacune d’elles porte une chemise d’une couleur distinctive et les participants de ce montage de tours sont les castellers. L’autre élément du costume est la faixa, une ceinture de flanelle dans laquelle les castellers s’enroulent et qui est maintenue par un cordon rouge à pois blancs.
Les castellers de Paris ont été accompagnés dans leurs exploits sportifs par des musiciens du Cercle Celtique rennais et ont fait participer le public au soutien de la base de l’édifice humain. Tous soudés, comme le stipule la devise de cette discipline mi-sportive, mi-circassienne : « De la force, de l'équilibre, du courage et du bon sens ». Et c’est bien là toute la symbolique des castells : un microcosme de la société accomplissant un objectif commun. Comme on peut le constater sur les deux vidéos ci-dessous, il s’agit de porter les plus jeunes au plus haut.
La démonstration a été suivie par une polka endiablée de toute la troupe et par une initiation au castell pour qui le souhaitait dans le public.
De l’Espagne à la Guinée
L’après-midi s’est terminée avec une prestation musicale également très colorée, celle de Mamylove Sarambé et de son groupe imposant. La chanteuse-danseuse basée à Rennes est entourée sur scène de musiciens talentueux : deux guitaristes, un bassiste, un batteur, un percussioniste et deux choristes.
Tous ces jeunes gens dispensent une musique du monde qui oscille entre l’afro-beat, la salsa et le mandingue et qui en a fait danser plus d’un et plus d’une.
Une apothéose
Ces deux prestations parmi de nombreuses autres propositions ont illustré on ne peut mieux le titre générique de ces moments de rencontre du mois de mars : « Familles en mouvement ».
On cherchait. On cherchait. On se doutait bien qu’il y avait une lacune. On a une piscine, un centre social, une maison de quartier, une mairie, une bibliothèque, un commissariat de police, des églises, des écoles, une université… On sentait bien qu’il manquait quelque chose à Villejean mais quoi ?
Et puis voilà que grâce à la nature qui a horreur du vide, grâce à LMH Syndic et surtout grâce à Sêma Lao, on a trouvé. Un musée ! C’est un musée qu’on n’avait pas encore !
Un musée gratuit
Un musée ! Un lieu dans lequel on marche tranquillement de salle en salle, de surprise en surprise, un endroit où l’on peut contempler de grandes fresques écrasantes (« Le Radeau de la Méduse » ou « La Liberté guidant le peuple ») comme de petits tableaux touchants qui représentent des scènes de la vie quotidienne, des paysages, des portraits, des animaux, cinq fruits ou légumes par jour et par nature morte, des personnages historiques ou des histoires très ordinaires.
Eh bien oui, ça y est, nous avons enfin notre musée à Villejean ! Il est installé rue du Bourbonnais, dans les halls au bas des grands immeubles qui font ressembler la dalle Kennedy à la Bibliothèque nationale de France. L’entrée de ce nouvel établissement culturel est gratuite, il n’y a pas de vestiaire, pas de gardien pour vous surveiller, on a le droit de prendre des photographies des œuvres exposées et surtout de les admirer.
Sêma Lao, artiste peintre
Elles sont toutes sorties de l’imaginaire et du savoir-faire d’une jeune et jolie femme, Sêma Lao, artiste peintre spécialisées depuis sept ans dans les peintures murales urbaines (« street art »)
Dans les six halls d’immeubles qu’elle a décorés à la bombe aérosol elle a surtout représenté des visages d’enfants ou de femmes, des gestes de tendresse, des regards parfois fatigués mais toujours sincères et l’on appréciera surtout ses animaux élégants, superbes, notamment un lion, un cygne et des oiseaux de toute beauté.
Ses représentations aux couleurs saturées mettent de la gaîté, de l’originalité et de l’humanité dans des lieux habituellement neutres ou froids.
Si vous voulez vous payer, pour vraiment pas cher, une balade revigorante, un instant de zénitude, un moment de contemplation intemporelle, allez-y vite, allez visiter, si ce n’est pas encore fait, le tout nouveau musée de Villejean. Vous ne serez pas déçu.e.s et vous direz comme nous grand merci à Sêma Lao pour cette très belle réalisation et merci également aux copropriétaires de la rue du Bourbonnais pour l’avoir permise.
Pour prolonger la visite
Les autres œuvres de Sêma Lao sont visibles : - Sur son Facebook : - Sur son compte Instagram
On peut lire aussi un reportage sur la réalisation des fresques villejeannaises sur le site de Rennes.maville.com
Joe Krapov est poète, humoriste (?), musicien à ses heures et photographe à seize heures trente. On trouvera ici un choix de ses productions dans ces différents domaines.