N'ORMEAU-LISATION
C’est dans le quartier de Quineleu, à Rennes, que se trouve la rue des Ormeaux. Je n’ai pas grand’ chose à en dire sinon qu’ont vécu ici, pas très loin, dans l’impasse de la Herpe rebaptisée rue Albert Martin, les arrière-grands-parents puis les grands-parents de mon épouse.
Ce quartier du sud immédiat de la gare est resté presque dans son jus, à base de maisons de cheminots. Elles sont aujourd’hui habitées, comme celles du quartier Sainte-Thérèse, par une population de bourgeois-bohême. Mais qui peut se payer le luxe d’habiter un centre-ville aujourd’hui sans entrer peu ou prou dans cette catégorie ?
Le meilleur moyen de gagner ce quartier de Quineleu est de passer, sans faire le zouave, par-dessus le pont de l’Alma qui enjambe les voies de chemin de fer et près duquel aucune princesse anglaise ne vient se crasher ou alors c’est qu’on ne me dit pas tout.
Au bout du pont vous tournez tout de suite à gauche dans la rue de Châtillon et vous passez entre les lieux d’enfermement les plus emblématiques de la ville de Rennes. Sur votre droite se trouve la prison des femmes et sur votre gauche cet immeuble de bureaux neufs complètement grillagé que j’ai pour ma part baptisé « la Burqa ». Le vocable « architecte » est un gros mot partout, pas seulement à Bruxelles, et le concept de permis de construire débouche très souvent sur une insulte à l’environnement.
Après, vous vous perdez dans un labyrinthe de rues presque toutes semblables les unes aux autres et surtout envahies par des SUV stationnés-là parmi d’autres voitures de taille imposante. Le concours de celui qui a la plus grosse n’est toujours pas terminé.
Comment remettre de la poésie dans tout cela ? C’est bien simple suggéré-je à Nathalie A., notre maire préférée, que j’aime bien quand même malgré ses partis pris architecturaux ultra-minéraux et limite très moches. En rebaptisant tout ! Puisqu’il y a une rue des Ormeaux, faisons comme dans les lotissements neufs : créons l’unité du lieu par la thématique maritime ou zoologique induite par ce nom de rue ! Appelons Brigitte Bardot à la rescousse ! Rebaptisons les rues de Quineleu à l’aide de coquillages et crustacés !
Exit la rue de Riaval, fin de la rue Jean Boucher, arrêtons-nous à la poissonnerie !
Voici mes suggestions du jour :
Rue de la Môme Crevette, personnage de Georges Feydeau
Rue de la Moule rieuse
Rue de la Bernique hurlante, café rennais
Rue Marcel Gamba
Rue Bernard Lhermitte, frère d’acteur
Rue des Sœurs Palourde (elles étaient de mœurs légères)
Rue des Longs couteaux (à éviter la nuit)
Rue Homard Matuer
Rue du Crabe aux pinces d’or
Rue Abalone Some, cow-boy
Rue des Quatre praires d’Altona
Rue O. Bulot (elle donne dans la rue des Trois huît·re·s)
Rue Coquillard Saint-Jacques
Rue Casse-corps et Mollusque
Rue Yoko Bigorneau
Rue de l’écrevisse platinée
Rue Jean Tanlamer
Rue de la Naissance de Vénus
Rue Monseigneur Pétoncle-Walrus, prélat belge
***
Marina B., mon épouse préférée, m’insinue dans les conduits auditifs que la rue des Ormeaux aurait été ainsi dénommée en référence aux arbres qui portent ce nom ou aux jeunes ormes plutôt qu’à ces coquillages en voie de disparition..
En arrivant à la fin de ce billet, il se pourrait donc que j’aie tout faux quelque part ! Voilà ce que c’est que d’emboîter le pas à la première idée qui passe en arborant un « suivez-moi-jeune-orme » derrière son chapeau !
Si malgré cela j’ai le droit de revenir en deuxième semaine, je repartirai de zéro et parlerai du jeu Abalone que je ne connais pas et auquel sans doute je ne comprendrai rien non plus !
Car voilà, la preuve en est apportée à nouveau : en ce bas-monde l’imbécile curieux et indigeste survit mieux que le coquillage nacré, comestible et fort couru !
Ecrit pour le Défi du samedi n° 649 d'après cette consigne : abalone
BADEN-BADEN ?
« Nul ne guérit de son enfance » chante Jean Ferrat alors que, de mon point de vue, ce n’est pas une maladie !
Je suis peut-être un peu zinzin ou pas fute-fute mais cette époque où l’on jouait à cache-cache, au yoyo, au tac-tac, où l’on se gavait de bonbons, où l’on pouvait pleurnicher «Non mais allô quoi maman bobo !» il me semble bien que, à l’instar de Souchon, «j’ai dix ans» et je n’en suis pas sorti. Le premier qui dit que je suis bidon à un gage : chanter une chanson de Nana Mouskouri avec un truc en plumes dans le derrière façon Zizi Jeanmaire !
Enfants, je nous promets un bel avenir : nous aurons plein de souvenirs !
Souvenirs de l’école où nous rêvions tous d’être le chouchou de la maîtresse, des flonflons de la ducasse, comme on appelle au pays du Petit Quinquin cette fête à Neuneu où l’ado fait le kéké dans l’auto tamponneuse et caresse les petits lolos de la pom-pom girl locale – en fait une majorette un peu nunuche ! – sous la bâche propice de la chenille qui redémarre, des cancans sous le préau, d’une vie sans chichis et des jeux à qui mieux-mieux.
Remembrances de lectures et de films pour simili-bègues : Tintin, Bibi Fricotin et Razibus Zouzou, Pif le chien, Hercule le chat, Tonton Césarin, Tata Agathe, Doudou, Riquiqui l’ourson, Roudoudou le chevreau, Tintin le petit reporter, Fanfan la Tulipe, Modeste et Pompon, Titi et Grosminet, Fifi Brindacier, les neveux d’Onc Donald, Riri, Fifi, Loulou…
Eh quoi ? Il faudrait quitter tout cela pour aller jouer du coupe-coupe à Pago-Pago, embarquer dare-dare dans le Boeing Boeing pour aller étudier les ravages de la mouche tsé-tsé au pays des tam-tams et des femmes en boubou, gri-gri obligatoire pour éviter la fièvre, ou simplement jouer au gogo dans un bureau : métro-boulot-dodo, jaja, tchin-tchin, French cancan , froufrous de dentelle, zizi-panpan olé-olé avec pépée parfumée chez Coco Chanel puis plans plan-plan de vie pépère avec train-train quotidien, popote surgelée, tortore livrée, tourisme au lac Titicaca, vacances à la papa ou safari photos au Popocatepetl ? C’est ça, être adulte ? Ronronner comme un chat ascendant coq-en-pâte ?
Désolé mais c’était plus drôle avant quand le lait s’appelait lolo, le nouveau-né bébé, le sein néné, le vieux gaga, le train tchou-chou, la voiture vroum-vroum, le klaxon pouêt-pouêt, le cheval dada, les jouets joujoux, le violon crincrin, le discours télévisuel blabla, le vase de nuit popo et l’urine pipi ; quand, au lieu de la haine déversée sur Twitter, on riait comme des fous avec Mimi Cracra ou bien « caca boudin » !
Et s’il y a un fait qui me réjouit c’est bien de repenser à ce même mouvement de régression vers les mots à consonnes redoublées constaté chez… le général de Gaulle pendant les événements de mai 1968 ! N’est-ce pas à Baden-Baden qu’il est allé chercher un moyen de faire pan pan cucul aux cocos, aux maos et aux autres affreux jojos de la chienlit ?
Heureusement, il n’a rien trouvé là-bas. C’est très surfait, Baden-Baden ! Même chez les barbares on ne trouvait plus – ou pas encore - de poudre de Perlimpinpin pour venir à bout des Gaulois réfractaires !
Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean du mardi 2 février 2020
d'après cette consigne ci-dessous
CONSIGNE D'ÉCRITURE 2021-17 DU 2 FÉVRIER 2021 A L'ATELIER DE VILLEJEAN
Redoubler d’efforts
A l’exemple du yoyo, un certain nombre de mots français sont composés de deux syllabes redoublées. Des expressions, noms propres, diminutifs sont également construits sur ce modèle ou contiennent un son redoublé.
En voici une liste que vous pourrez compléter s’il vous en revient d’autres.
Il vous est demandé d’en insérer un maximum dans votre texte et de fournir une illustration correspondant au premier de ces mots que vous placerez dans votre histoire (ou à celui qui constituera le thème central de votre «devoir»).
A cache-cache | Gaga | Prout-prout |
A qui mieux-mieux | Gnangnan | Razibus Zouzou, |
Agar-agar | Gogo | Riri, Fifi, Loulou |
Baba cool (ou au rhum) | Grigri | Ronron |
Baba russe | Guili-guili | Sans chichis |
Baden Baden | Jaja | Sing-Sing |
Barbare | Jojo | Sissi |
Bébé | Joujoux | Tam-tam |
Bibi | Juju | Tartare |
Bibi Fricotin | Kéké | Tata Zaza |
Bling-bling | Kif-kif | Tchin-tchin ! |
Bobo | Kiki Caron | Tentant |
Bonbons | La mouche tsé tsé | Tintin |
Bora-Bora | Lady Gaga | Titi |
Boubou | Le chapeau de Zozo | Toc-toc |
Boui-boui | Le lac Titicaca | Tonton Riri |
Bubu | Le Petit Quinquin | Tortore |
Bye bye | Lily | Train-train quotidien |
Caca | Lolos | Tutu |
Cancans | Loulou | Vroum-vroum |
Cha cha cha | Lulu | Ylang-ylang |
Chien-chien | Manman | Yoyo |
Chouchou | Mémé | Zinzin |
Chow-chow | Mimi Cracra | Zizi |
Coco | Mimi Mathy | Zizi Jeanmaire |
Coco Chanel | Mollo-mollo | Zozo |
Concon | Momo | Zsa Zsa Gabor |
Coucou | Nana | |
Coupe-coupe | Nana Mouskouri | |
Couscous | Nénés | |
Crac-crac. | Neuneu | |
Crincrin | Nini peau d’chien | |
Cucul | Nunuche | |
Cuicui | Olé-olé | |
Dada | Ouaf-ouaf | |
Dare-dare | Pago-Pago | |
Dodo | Panpan-cucul | |
Dondon | Papa | |
Doudou | Pépée | |
Du blabla | Pépère | |
Fanfan la Tulipe | Perlimpimpin | |
Fifi | Pipi | |
Fifty-fifty | Planplan | |
Flonflons. | Pom-pom girl | |
French cancan | Pompon | |
Frou-Frou | Popocatepetl | |
Frous-frous | Popote | |
Fute-fute | Pouêt pouêt | |
Pousse-pousse |