... et tous les géants (de la route) dont il serait venu à bout ?
J'ai pris ce chemin pour la première fois depuis quarante ans. J'ai cherché le Transformateur mais je ne l'ai pas trouvé. La friche industrielle est sans doute derrière le corps de bâtiments qui ressemble à une longère et loge le siège social de cette association. Le chemin qui y mène avait l'air privatisé et j'avais peu de temps pour partir à l'aventure. Peu importe, c'est mon point de vue sur la ville qui a été transformé très agréablement ce jour de téillouse sous été indien.
Les adorateurs et adoratrices des déesses Poésie et Chanson avaient encore une fois rendez-vous ce week-end avec le public au Grenier à sel de Redon. Voici quelques portraits des résistant·e·s de ce soir-là.
Jean-Luc
Gabrielle et Robert, membres du groupe québécois "Serre L'écoute"
Si tout va bien, j'aurai chanté hier soir aux Apéros poétiques de la Bogue à Redon ce poème de circonstance furieusement intellectuel ! ;-)
J'ai plaqué les paroles, pondues vendredi matin, sur la musique de "Dance, dance, dance", un vieux titre de Neil Young.
REDON DANSE
1 Voici revenu le temps de la Foire Teillouse ! On met son mouchoir par-dessus son vieux blues, On file à Redon faire provisions de toutes sortes ; On se marche sur les pieds : attention aux femmes fortes !
Dense, dense, comme Redon est dense ! Que de monde !
Ce rassemblement trouble plus d’un sociologue Mais c’est une évidence : Redon dense à la bogue !
2 L’époque est opaque ! On a besoin d’autre chose Que d’voir Macron-Poutine ou de lire Jean Échenoz ! Pendant qu’ils se bombardent et qu’ils se biniou-causent On met ses bottillons et on file au fest-noz
Danse, danse ! Comme Redon danse ! Cendrillon
Va perdre sa pantoufle et rentrer en pirogue Mais son prince saura que Redon danse à la bogue
3 On voit des sonneurs de haut rang sur les estrades Et des musiciens qui jouent comme des malades Dehors dans les grilloirs y’a les marrons qui pètent Sous tous les chapiteaux de Redon c’est la fête
Danse, danse ! Comme Redon tricote Des gambettes !
Oubliant les soucis, les mots des désastrologues Redon danse danse ! Redon danse à la bogue !
4
Attention, il y a une devinette et un piège ici!
La bière et les coups d’cid’ réjouissent les Chimène, Les Guirec, les Kevin et même les Ségolène Sur le parquet de bal tout le monde son costard ôte Et s’ prend l’auriculaire pour danser… le rond de Saint-Vincent
(Ca ne rime pas mais on ne se prend pas pas par le petit doigt pour danser le kost ar hoat !)
Danse Danse ! Dans' la Redon-danse Comme tout le monde
Si tu n’aimes pas danser ou si t’es d’humeur rogue Alors reste au comptoir bois des coups à la Bogue !
5 Même au Grenier à sel rendez-vous des poètes Les mots viennent danser et chanter dans les têtes On déclame, on susurre, tous les signes trompettent ! A tournoyer dans l’air les rimes se la pètent !
Danse ! Danse ! Y a les mots qui dansent La Redon-danse !
Poème, conte, slam, airs plus ou moins en vogue, Quand Redon dense danse, y’a tout le catalogue !
6 Tant pis si je dilue, je délaye ou répète ! La superfluité réjouit les esthètes Je me dis que de jouer au gugusse un peu bébête Si s’que ça pléonasme, ça plaira aux minettes !
J’aime j’aime ! J’aime la redondance A outrance !
Aussi pour mettre un terme à cet aveu de drogue Je vous le réaffirme en guise d’épilogue
7 Quand Redon dense danse c’est un peu une transe Un signe d’allégeance ou bien d’appartenance Un goût d’intempérance, de retour en enfance Entre la survivance et même la transcendance
Danse ! Danse ! Alors, Redon, danse Encore longtemps !
Sans jamais te soucier de tous ces déclinologues Danse, danse, Redon ! Danse, danse à la Bogue !
Je le soutiens mordicus : il ne faut pas offrir chaque année pour son anniversaire un téléphone mobile neuf à une gamine qui perséphone ! L’homme de Gros-mignon n’avait pas de tels soucis : ne vivant pas dans une société de consommation, ses besoins se limitaient à chasser le mammouth et à écouter le chant de la mésange pour se sentir bien dans le monde.
Il a fallu attendre la Renaissance et Léonardo pour que les gens rêvent d’évasion et de vacances : allons au Louvre voir la Joconde,...
… à l’Archevêché d’Aix-en-Provence ou au Festival d’Avignon écouter des raconteuses d’histoire et des faiseurs d’opéra.
Puis viendront le cinéma, les stars qui jouent leur vie à T’Huppert ou tu gagnes mais qui restent toujours des daronnes. Après ça, va t’y retrouver : le dodo a disparu, bientôt ce seront les abeilles…
En plus les slips sont trop serrés, on ne bande plus quand se pointe la petite Lulu et pour ce qui est de cultiver la fleur de mai (68) on repassera : l’extrême-droite est partout.
A part ça, merci, ne vous inquiétez pas pour moi : je suis le plus heureux des hommes ou à peu près quand je me promène seul le long du canal de Nantes à Brest, sur les quais du port de Redon ou autour de l’usine Garnier.
Essaie un peu de refuser la 42e dose de vaccin et tu vas voir comme les beaux messieurs de Paris auront très envie de t’emmerder avec leur passe vaccinal !
Joe Krapov est poète, humoriste (?), musicien à ses heures et photographe à seize heures trente. On trouvera ici un choix de ses productions dans ces différents domaines.