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Mots et images de Joe Krapov
31 janvier 2025

Oh ! La Vilaine ! / Maryvonne E.

 

Les circonstances actuelles - fortes inondations en Ille-et-Vilaine - m' ont donné l'envie de repartager ce texte de l'amie Maryvonne écrit à l'Atelier de Villejean en juin 2017 (consigne AEV 1617-29) avec des illustrations actualisées. Mais comme j'adore les collages surréalistes,  j'ai choisi de positionner, en préambule à son chant d'amour, des images de débordements... de l'Ille !

 

 

 

 

 

 

Oh ! La Vilaine !

 

Une rivière en avait marre de vivre sous les ponts, de refléter le soleil puis la lune et quelques pêcheurs à la ligne. Elle décida de sortir de son lit. Il était temps, elle approchait des 50 berges.


Elle était née du ventre de la terre, fécondée par un amont terrible. Ça coulait de source que son nom de bébé fût Ru puis elle fut baptisée très vite à l'eau sauvage de la première cascade d'un joli nom qui aurait pu être la Loire, la Seine, la Meuse mais non, elle, ce fut : la Vilaine.

 

Elle aurait tellement aimé qu'on la nomme, par exemple, la Gironde : ses courbes, ses sinuosités lui auraient paru plus sexy. Vilaine ! Elle se demande qui est le con influent qui lui a trouvé ce nom stupide.


Elle a tant de chagrin que pour le noyer elle écluse l'eau de vie. Elle est grise, elle a la vase triste, elle dit qu'elle va se jeter à la mer.


Ceux à qui elle rendait service autrefois et qui égayaient ses rives lui ont tourné le dos. Les laveuses, les bouilleurs de cru, les bouchers qui venaient se tordre les boyaux, c'était gai à l'époque.


Alors elle se dit avant le baiser à la mer avec son embouchure qu'elle sent que son chagrin va déborder. Ses flots de larmes sautent les barrières, envahissent les champs, baignent les villages. Tant pis pour eux ! C'est un peu de leur faute aussi !

 

 

- Autrefois les racines des arbres et les haies me prenaient dans leurs bras, se dit-elle. Avec le « démembrement » plus de câlin, plus de chemin creux. Je fais des poutous partout en dehors de mon lit, je les cocufie, je les inonde d'un chagrin amer. Je déversoir(e), je m'infiltre, je catastrophe mais au moins je passe à la télé, je fais la Une de « Ouest-France ».

 

 

- La Vilaine est sortie de son lit » disait mon père quand je me levais mal coiffée le matin.

 

- Voyez comment on me traite ! Comment on parle mal de moi !

 

 

Elle est au courant que l'on se moque d'elle.


Mais non La Vilaine n'est pas moche , elle est bien chahutée avec son nom mais elle se dit pour se consoler qu'il y a pire : ce sont les candidates qui prétendent au titre de Miss Ille-et- Vilaine. Il faut oser porter ce titre même si elles n'ont que 18 ou 20 berges et que leur jeunesse leur sert d'écrin. Il faut avoir la ligne et la pêche pour se jeter dans le grand bain médiatique. Mais avec l'aval de leurs parents elles peuvent gravir « l'amont-agne » et ça les fait rêver.


La Vilaine, elle, a fini de rêver, elle s'est noyée et pendue au fil de l'eau. Elle aurait aimé finir en delta , elle n'a même pas eu cette chance. Ça ne rigole pas beaucoup du côté de l'estuaire. Alors elle s'étend alanguie sur le banc de sable, attendant la fin.

 

Mais elle arrive surprise au paradis bleu, là où la vie a le goût du sel, elle prend la vague, elle va danser, elle va voir du pays, elle se marie avec l'océan, elle prend son nom. Fini la Miss Vilaine, elle est Madame Atlantique. A elle les escales de port en port, à elle l'immensité, le tour de la Terre. Au revoir la petite Bretagne riquiqui qui lui serrait les courbes et les méandres !


Les voyages, voilà ce qui la rend jolie, La Vilaine !

 

 

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30 janvier 2025

LE COCO-FESSES !

 

Ils ont tellement été tournés en ridicule, les savants et les professeurs, dans l’univers où j’ai vécu, celui de la bande dessinée, du cinéma comique et de la littérature populaire, que je ne les crois pas capables, ces puits de science, de répondre à ma question du jour : pourquoi tous ces messieurs des années 1900 à 1940 avaient-ils autant de poil sous le nez et, accessoirement, sous le menton ?

 

« Ah les belles moustaches ! » s’étonnait jadis Francis Blanche dans une chanson de son cru. J’en ai entendu récemment une autre, de Fernandel, « Les Moustaches de Thomas », sur le même sujet.

 

Du savant Cosinus à l’Isaac Newton de Gotlib, du professeur Tournesol aux savants détraqués qui font renaître des ptérodactyles et pire encore dans les aventures d’Adèle Blanc-Sec de Tardi, les hommes de science apparaissent souvent comme de sacrés farfelus ou de dangereux malades. Je pense par exemple au « Docteur Jerry et Mister Love » de Jerry Lewis ou à Frankenstein Junior de Mel Brooks : « Doctor Frankonstine !».

 

 

Si j’avais voulu obtenir une réponse à ma question sur la pilosité masculine, ce jour d’hiver où la Vilaine, au lieu de sortir de son lit, était prise dans les glaces et où une fine pellicule de neige recouvrait le quai Dujardin, j’aurais sans doute aucun dû opérer, sous la surveillance d’Emmerett Brown, un retour vers le futur et un demi-tour vers Villejean. Car c’est sans doute chez les sociologues de l’Université de Rennes 2 qu’on se sera penché, peut-être, sur la question ré-barbe-ative du poil sous le nez plutôt que chez les géologues, botanistes, chimistes et physiciens de l’Université de Rennes qui se trouvent regroupés, eux, à Beaulieu, tout au bout de l’avenue du Sergent Maginot – suivez la ligne, c’est la C4 ! - .

 

Albert Einstein avait-il un avis sur la question, lui dont le système pileux parfois hirsute, les traits d’humour certain, le sens du relatif et les tirages de langue ont fait douter plus d’un profane et perturbé plus d’un tenant de la religion ?

 

Léonard De Vinci n’a jamais fait de publicité pour le rasoir Gilette deux lames. Bien qu’il fût imberbe, Blaise Pascal n’utilisa jamais le rasoir électrique Philips et il n’aurait pas trouvé très au poil qu’on le mentionnât comme inventeur de la brouette japonaise dans le Kamasutra de San Antonio.

 

 

A ce dernier propos on s’intéressera avec curiosité à la photo du professeur qui lit sérieusement sous les murs couverts de vitrines. C’est quoi, cet objet sur la cheminée ? Quel dommage que ces photographies ne soient pas légendées !

 

 

Tous ces étudiantes et étudiants sur la photo de groupe, nous leur devons peut-être l’invention du bébé-éprouvette, de la greffe d’organe central du Parti communiste français, de la cornue à jus de pommes de Corps-Nuds. Ils sont peut-être devenus des Docteurs Folamour, des oncles sacré bricoleurs qui ont fait en amateurs-trices des bombes atomiques ? Ils et elles ont pondu des tas de théories qui permettent à de drôles de cocos, de nos jours de piller-polluer-spoiler la planète et de s’imaginer un futur personnel sur la planète Mars ? Grand bien leur fasse aux fesses, à ceux-là !

 

Moi, si j’ai des scientifiques à remercier, ce sont, outre les professeurs Nimbus, Moriarty et Mathanstock, les ceusses qui ont inventé l’ordinateur personnel et le scanner. Grâce à ces engins je vais m’empresser de numériser la carte postale en 1200 DPI voire plus si affinités pour identifier le bouquin du prof poseur, les trucs dans les vitrines et le drôle de caillou fessu sur la cheminée de marbre. Une sculpture de Brancusi qui aurait remonté le temps ?

 

P.S. Je n’ai pas eu besoin de le faire. A la fin de la lecture Maryvonne a sorti son téléphone qui cherche sur Google et m’a apporté la réponse : c’est un coco-fesses, une graine de cocotier de mer !

 

https://www.seychelles.fr/praslin/coco-fesses-praslin.php

 

P.S. Je l’ai fait quand même et ça n’a rien donné !

 

P.S. Sur le port de la moustache, c’est ici :

https://www.liseantunessimoes.com/une-histoire-de-moustache/

 

et, côté universitaire :

 

https://www.sudoc.abes.fr/cbs/xslt//DB=2.1/SET=2/TTL=11/SHW?FRST=15

 

 

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 28 janvier 2025

 

d'après la consigne AEV 2425-17 ci-dessous

29 janvier 2025

A la scène ouverte des Références électriques à Rennes le 26 janvier 2025

 

« Y’avait qu’trois francs cinquante dans la caisse fracturée ! ». La renommée du « Buffalo débile », le cambrioleur du chanteur Renaud, est proche de zéro !

 

C’est une veillée contée qui a beaucoup compté et qui comptera énormément dans les souvenirs des participants, cette scène ouverte aux Références électriques du samedi 25 janvier 2025 !

 

Grâce à Joe Krapov on sait désormais combien vaut un clair de lune à Maubeuge ! La réponse, en musique, est au bas du billet.

 

 

Abdallah nous a bien fait travailler du chapeau avec ce problème de logique :

 

https://unecranplat.canalblog.com/archives/2012/12/21/25965025.html

 

Ensuite il a entamé une discussion hilarante avec sa casquette, évoquant son ancien chapeau « qui n’en faisait qu’à sa tête » et voulait remporter le marathon ! 

 

 

Aziliz a tellement compté de personnages étranges dans la galette géante qu’elle a failli entrer dans le livre des records ! Heureusement elle a recraché la fève qui ne donnait... que la chance de tomber sur la fève !

 

 

Odile a fait se comp-lé-ter l’aveugle et le paralytique !

 

 

Et Gilbert a dû compter quelques secondes avant que ne soit trouvée la réponse à sa devinette :

 

- Qu’est-ce qui fait « Nioc ! Nioc ! » ?

 

On ne va pas vous laisser chercher et vous faire perdre votre temps, on vous donne la réponse tout de suite : c’est un canard qui vole à l’envers !

 

***

 

La prochaine scène ouverte aura lieu le 22 février au salon de thé culturel « Références électriques », 4, place du Souvenir à Rennes, et sera suivie d’un repas payant, sur inscription.

 

***

 

Signalons la belle exposition de photos de Brigitte Delalande accompagnée de textes de l’atelier d’écriture de Murielle Dilhuit-Ouahi, notre hôtesse. On peut également se procurer pour 19,90 € le roman de cette dernière, « Jules, simplement Jules » :

 

https://www.lysbleueditions.com/roman/romance/jules-simplement-jules/

 

 

28 janvier 2025

CONSIGNE 2425-17 DU 28 JANVIER 2025 DE L'ATELIER D'ÉCRITURE DE VILLEJEAN

Passé pas si dépassé

 

"L'exposition "Passé pas si dépassé" propose, au Diapason, sur le campus de Beaulieu, à Rennes, une sélection de retirages de plaques de verre photographiques prises dans le cadre des activités de la Faculté des sciences de cette ville dans les années 1920 à 1930. Elle évoque l’histoire de la faculté mais aussi impulse une réflexion sur les représentations du travail scientifique, de la recherche, du rapport à la connaissance. L'exposition incite les visiteurs et visiteuses à s'interroger sur ce que la mémoire collective transporte autour de ces activités scientifiques. "

 

A partir d'une, de deux ou de trois photos de l’exposition, d’une collecte de noms de savants ou de professeurs (réels ou dans la fiction) et de noms relatif aux sciences, racontez-nous quelque chose en lien avec le passé, l’université, la recherche ou la science.

 

La collecte a donné :

 

Albert Einstein - Alfred Nobel - Archimède - Blaise Pascal - Copernic - Emmett Brown (du film "Retour vers le futur") - Gilles Degennes - Hubert Reeves - Isaac newton - Le Professeur Burp (de la BD "La Rubrique-à-brac" de Gotlib) - Le professeur Tournesol - Le Savant Cosinus - Leonard De Vinci - Marie Curie - Pasteur

 

astronomie - atome - canicule - chercheuse - cornue - digitaline - éprouvette - fusion - graphique - rébarbatif - recherche - sang - scalpel - sciences naturelles - théorie - vitesse

 

Cliquez sur la photo pour l'agrandir

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

27 janvier 2025

Je suis fou / Vianney

 

Je suis fou !

 

L'ami Placide qui joue du violon à mes côtés dans le groupe "Les M'A2R1 d'O douce" avait en projet de reprendre une chanson de Vianney intitulée "Je suis fou" lors d'une fête de famille, en changeant les paroles. Il était malheureusement en panne de partition pour ce morceau.

 

Moi, vous me connaissez, je suis plein de ressources et toujours prêt à aider. J'ai donc trouvé la chose sur Musescore, en fa mineur avec trois bémols à la clé, bonjour l'exécution sur le crin-crin !

 

Vu que je suis bon comme le pain, j'ai descendu la chose d'un demi ton dans Noteworthy, j'ai donc retapé toutes les notes pour cela et je lui ai enregistré une bande son instrumentale en accompagnant le bousin synthétique à la guitare douze cordes. Et puis comme tout ce boulot m'avais mis la mélodie compliquée dans la tête, j'ai enregistré la mélopée d'une voix qui susurre, comme dit l'oncle Georges.

 

Je ne suis pas fier du résultat mais c'est normal. C'est pô facile ! La façon dont les auteurs contemporains  de chansonnettes écrivent la musique m'est complètement étrangère. Depuis Didier Barbelivien et ses "Lacs du Connemara" c'est toujours plein de changements de rythmes, de tonalité et les paroles n'ont parfois aucun sens. Ou sont répétées quinze cent mille fois.

 

J'ai déjà sué sang et eau par le passé avec Claudio Capéo et son tube de la place Bellecour, "Un homme debout" !

 

Mais bon, ça ne me gêne pas. J'ai longtemps chanté des tubes des Beatles ou de Neil Young sans entraver que couic aux paroles non plus. Et dans un mois j'aurai oublié que j'ai - aussi ! - enregistré ça ! ;-)

 

Je vous mets l'original derrière. Les paroles sont ici mais l'analyse du texte semble signée de Madame Lia ! On n'a pas fini de s'ennuyer dans son monde à elle ! ;-) et ;-(

 

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26 janvier 2025

Débordements intempestifs de la Vilaine à Rennes le 26 janvier 2025 (1)

 

 

Zut alors ! Où je vais passer, moi, pour faire mes courses lundi matin ?

 

 

Il a fallu faire un détour aussi pour aller au marché des Lices !

 

 

On aurait eu du mal aussi à passer sous le pont pour aller à l'ADEC !

 

 

Il n'y a plus de square de la Confluence !

 

 

Les grands fauteuils sont sous la flotte !

 

 

26 janvier 2025

Débordements intempestifs de la Vilaine à Rennes le 26 janvier 2025 (2)

 

 

 

 

- J'ai du courrier pour vous, dit le facteur, mais je vais faire comme le petit prince, je repasserons mardi !

 

 

Le dimanche après-midi, le soleil était de sortie... et tout Rennes aussi ! C'eût été dommage, étant sur place, de n'aller pas voir ce dont radios et télés parlaient ! Et tant pis si j'ai fait, moi aussi, mon mouton de Panurge !

 

 

Heureusement, le prochain concert que nous devons honorer de notre présence à la Péniche-spectacle n'est prévu qu'en mars ! L'eau aura le temps de redescendre, botte d'espère-je !

 

 

25 janvier 2025

LA QUALITÉ

 

Je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais excepté mes femmes et mes docteurs, comme disait Georges Brassens, plus personne n’exige de moi que j’aie des qualités.

 

Quelque part, ça m’arrange. Je peux prendre le parti de Saint-Georges ou celui du dragon alors qu’il s’agit de deux antagonistes et même les envoyer paître tous les deux, comme l’autre semaine, en donnant la vedette à la princesse qui n’a sans doute jamais existé.

 

De ce fait j’ai été ravi, samedi dernier, de tomber sur cette décoration de vitrine qui représente mes camarades de jeu littéraire dans une posture elle aussi nouvelle.

 

- Ouiiin ! Dragon ! Dragon ! La fille, elle m’a volé mon cheval !

 

 

***

 

A part ça je voulais parler de jeu d’échecs. J’y joue tous les jeudis après-midi et les situations dans lesquelles me met le nombre impair que nous sommes bien souvent présenteraient le désavantage de souligner tous mes défauts si je n’avais la qualité de tourner toujours tout à la rigolade. De fait, on s’amuse beaucoup dans la cafétéria du Diapason.

 

Il m’arrive souvent et même presque toujours d’affronter deux adversaires simultanément et de gagner mes deux parties. Mais c’est trop facile : j’ai une qualité que les autres n’ont pas car en supplément de ma bonne mémoire je travaille à la maison, j’ouvre des livres, je regarde des vidéos, j’étudie des ouvertures, je joue contre Madame Lia.

 

« Elève travailleur » diraient les professeur·e·s.

 

***

 

Une fois sur deux maintenant, histoire que mes camarades eux aussi gagnent des parties, je fais le « kibitzer » muet. C’est un mot yiddish qui signifie que je regarde en silence les parties que jouent ces messieurs, que je les note sur mon carnet et que je n’interviens pas dans leur jeu sauf à la fin, lors de l’analyse « post mortem », pour dire que j’avais vu un coup meilleur, que tel mouvement de pièce était une erreur, bref que je tiens le rôle de l’emmerdeur qui ramène sa pseudo-science.

 

***

 

Vous me direz, et vous aurez raison, que ce que je raconte là est sans intérêt aucun. Je vous le concède bien volontiers et c’est pour ça qu’au lieu de ces considérations égocentriques super-féta-toires, comme on dit chez les Grecs, je m’en vais vous apprendre ce qu’est une qualité au jeu d’échecs.

 

Posons que le pion vaut 1 point, que le fou et le cavalier valent 3 points, qu’une tour vaut cinq points et qu’une dame vaut dix points.

 

Lorsque vous avez réussi à prendre une tour avec un fou ou un cavalier à votre adversaire et que celui-ci reprend ce fou ou ce cavalier, on dit que vous avez gagné la qualité.

 

***

 

Il y a des jours où j’envie mon oncle Walrus, le scientifique jadis si expéditif dans ses billets. La science permet de traiter le sujet du Défi du samedi en deux phrases et quatre lignes !

 

Mais bon, c’est quand même assez dur de s’imaginer vivre dans un monde sans Modiano-Proustitude !

 

Vous avez deux heures pour donner votre avis là-dessus !

 

 

Écrit pour le Défi du samedi n° 856 d'après cette consigne : qualité.

24 janvier 2025

SOURICIÈRE POLICIÈRE

 

 

Qu’est-ce que c’était beau une ville, la nuit, en ce temps-là !

 

Même si à l’époque il y avait plus de « cops » que d’apocopes. On parlait encore des automobiles et non des autos bien que certaines tirassent déjà leur révérence en devenant des tires, des bagnoles ou des caisses. « Mais où sont les limousines d’antan ? » se lamentaient alors les nostalgiques de la Haute-Vienne à qui tout ce progrès filait des "Nom De Dion de boutons".

 

Au 36 quai des Orfèvres on buvait sec – sic ! -. Qu’est-ce qu’il en est monté, de la brasserie Dauphine, des bières et des sandwiches vers les propos fumeux, les bureaux enfumés, les interrogatoires fameux des passeurs à tabac, Maigret, Janvier, Lucas, Torrence…

 

- Mets-toi à table, Paulo ! Crache le morceau ou sinon tu vas déguster !

 

Dans le Paris d’avant les errances modianesques les néons clignotaient porte de Clignancourt, les caves se rebiffaient et touchaient au grisbi et à Pigalle parfois quelqu’un brisait la glace. Police ! Secours ! C’est alors qu’hurlaient les sirènes, n’évoquant qu’à grand’ peine le fleuve Mississippi dont tout le monde ignorait l’orthographe parce qu’on préférait rêvasser par-dessus la Seine au pont Mirabeau et danser dans les caves et la nuit de Saint-Germain des Prés. Des estafettes queue-de-pie arrivées près des danseuses du gai Moulin rouge sortaient des pèlerines, des képis et des bâtons blancs, des inspecteurs melvilliens en imper et chapeau, passagers de la nuit aux traits encore plus tirés que ceux d’un pianiste de bar louche.

 

C’était encore plus beau, ces descentes aux enfers, lorsque la pluie tombait et que se reflétait la lune dans le caniveau.

 

A parcourir les rues de la grande truanderie on ne comprenait pas toujours tout. C’est que la dame du lac n’était pas HPI et que c’est compliqué, à la fin de la nuit, aux fins fonds de l’Amérique, le grand sommeil quand la ville dort dans le parfum des dahlias noirs.

 

Aujourd’hui que le crime est à plus grande échelle, que les autocrates élus relancent les guerres, que les mômes de quinze ans se flinguent pour des histoires de points de deal, je veux qu’on m’attribue deux points sur mon permis… de vider mon grenier !

 

 

J’ai éteint le néon qui faisait scintiller le nom de Simenon sur le Livre de poche. Paradoxalement, c’en est fini, du noir ! J’ai trié mes Goodis, mes Chandler, mes Westlake, mes Malet, mes Irish et mes Brown. Après la corrida sur les Champs-Elysées et la fièvre au Marais, le soleil naît derrière le Louvre : les plaques des rues de Paris, la pipe à tête de taureau et la poire Belle-Hélène de Nestor « Dynamite » Burma sont de nouveau en vente au Secours populaire !

 

Quoi qu’il advienne du futur

Nous n’aurons pas connu l’ennui

Dans la bonne ville de Paris.

Nous fîmes partie de ceux qui lurent

Ces jolis récits d’aventures

Jusque parfois tard dans la nuit.

 

 

 

Écrit pour le Jeu n° 102 de Filigrane (La Licorne)

 

à partir de cette consigne

23 janvier 2025

PAS DE PRINTEMPS POUR PETITE DANSEUSE

 

 

Chapitre XIV

 

Dès l’enfance déjà elle avait décidé qu’elle serait Étoile et rien d’autre. Sa famille était constituée de braves gens qui trouvaient sympathique son projet de devenir danseuse.

 

Si son père lui avait suggéré de reprendre le commerce de fleurs et de pierres tombales, cette affaire florissante et marmoréenne qui, sans les rendre vraiment riches, les mettait à l’abri du besoin, c’eût été peine perdue.

 

Il en était d’elle comme de certains chiens de cirque. Peu leur chaut de se montrer dans les concours, enrubanné, tondu, apprêté, de soumettre à un jury d’inconnues à l’air sévère ce qu’on appelle un pedigree, fût-il rédigé de sa plus belle encre par un généalogiste à l’air triste.

 

- Braves gens, disent-ils, le cercle de lumière m’appelle, je vais briller comme un bijou et c’est vous qui tomberez dans l’oubli tandis que j’entamerai mon grand voyage au loin vers la gloire et les sommets, sous les applaudissements.

 

Sur toutes les places du village, sous les arcades, sur les murets, elle sautait à la corde, elle courait, elle s’envolait. Au vestiaire du carnaval elle avait emprunté le costume du papillon et et butinait de fleur en fleur, sans souci de ce que le livret de « Madame Butterfly » réservait comme sort funeste à l’héroïne. De la même manière, pourquoi se serait-elle empoisonné l’existence avec l’écharpe ou la ceinture d’Isadora Duncan ?

 

La jeunesse ignore le mot « accident » et elle a bien raison. Le vent des rêves fait se plier les herbes folles, il trace un chemin vert dans les dimanches dormants du mois d’août. L’horizon est splendide, rien n’est partie remise, surtout pas le bonheur.

 

Pas question que tu perdes un instant, ma petite ! Ne fais pas de quartiers ! Passe en riant à pleine dents devant ces boutiques sombres et ces cafés obscurs où des garçons lugubres se perdent en fumant dans un amas de souvenirs plus attristants que les nocturnes de Chopin jouées dans une villa des bords du lac d’Annecy.

 

Danseuse, chien de cirque… A chacune sa noce ! A chacun son nonosse !

 

FIN

 

 

 

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 21 janvier 2025

d'après la consigne AEV 2425-16 ci-dessous

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