Qui dira les ébats Du zébu Sur les bords du Zambèze ?
Qu’il danse la samba, Ayant bu, Ou bien la javanaise,
Le mambo, la cumbia, Le gumbé (très pointu !) La polka lorientaise,
Qu’il essaie la rumba, Fort imbu, Il n’est jamais à l’aise.
Et pourtant, ce gars-là, Comme il bosse Pour devenir le roi De la soirée de gala Du dancing Macumba !
Ecoute-moi, zébu ! Petit conseil d’ami Pour concours d’élégance Transmis depuis la France :
Mets de l’eau dans ton vin ! Prends un air moins bovin ! Pour devenir the boss Des dance-floors poitevins Mets ta bosse au rebut, Bouge un peu plus ton cul !
Et puis, par Belzébuth, Pour une allure altière, Pense donc à mettre un fute Par-dessus tes glaouis Et à laisser tes cornes Au vestiaire : C’est gratuit !
La lambada, pour danser ça, Il faut porter un panama Et un costume en alpaga
Pas besoin de savoir lire le cyrillique ; Pas besoin de cacher son look de bonobo. On se trémousse juste au son de la musique En compagnie d’une bimbo.
« Roudoudou », « Riquiqui », si tu n’as que cela Dans ta bibliothèque, tu peux danser quand même. Elle n’est pas difficile cette contorsion-là : L’individu lambda danse la lambada.
« Au jeu du mistigri, faut tirer la plus belle Des cartes ! » disait René. La lambada se danse avec des jouvencelles Qui ont des ananas en guise de roploplos Et des éconocroques assez bien rebondies Qu’on appelle fessier. Elles cachent cela Avec un peu de peine comme un petit pactole Dans un peu de tissu qu’on nomme bikini.
D’où nous vient la lambada ? Bien sûr, pas du Sahara ! Du Kamtchatka ? De Tbilissi ? Du Togo ? Ou de l’Iowa ? Des Bahamas ? De Virginie ? Madagascar ? Pleumeur-Bodou ?
Sur les bords du Mississippi la danse-t-on ? Sur la neige du Canada se secoue-ton Sur son rythme si répandu (quel matraquage !) ? Rimbaud la dansait-il déjà Sur les dance-floors d’Abyssinie ?
On sort de la piste hébété, Ensorcelé par Barbara, Son mascara, ses mascarades, Ses manières de bonne camarade, De reine du bal de l’ambassade Qui vous enivre d’embrassades.
Un petit coup de ratafia Pimenté de pili-pili Et la danseuse vous embarque Pour une nuit dans l’infini Et plus si pas d’inimitié (Visite de son intimité, Chute de la timidité, Ecart de la frigidité, Interdiction d’être inhibé Car elle va tout exhiber… Bref, une invite au radada !)
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Au petit matin, raplapla, Vous vous réveillez seul au lit, Ronchonchon sur le polochon, Le cabochon endolori.
La Mata-Hari est partie Emportant vos liquidités Vers le pays d’Iphigénie : Aulide ou Tauride en bolide Car vous ne trouvez plus non plus Les clés de la Lamborghini !
Joe Krapov est poète, humoriste (?), musicien à ses heures et photographe à seize heures trente. On trouvera ici un choix de ses productions dans ces différents domaines.