Moi je n'aime rien tant que d'entendre de nouvelles chansons... surtout quand ce sont des chansons anciennes ! C'est pourquoi j'ai été tout ouïe ("toutouig ?" en breton qui signifie "berceuse" ? Mais l'heure n'est pas encore venue d'ouvrir des parenthèses pour le prochain Défi du samedi !) l'autre dimanche au Grenier à sel de Redon lors des apéros poétiques de la Teillouse où de nombreux chanteurs et chanteuses sont venu·e·s "en pousser une" sur la scène alors que le samedi soir on avait plus opéré dans le genre déclamatoire.
Cette chanson-ci, nous a expliqué Patrick Chorlay, (merci beaucoup à Patrick Arduen de m'avoir fourni sur sa page Facebook quelques noms des participant·e·s) vient du centre de la France et a été composée au milieu du XIXe siècle par un ou une illustre inconnu·e.
J'ai retrouvé deux versions des paroles sur la toile et l'indication d'un collectage ("Notée par Barbillat et Touraine (Berry)") sur le site de la Compagnie Beline d'Evelyne Girardon qui oeuvra jadis au sein du groupe La Bamboche (Marina Bourgeoizovna a fait un stage chez elle, ça crée des liens !).
De ce fait, je vous offre à la suite la version très différente de ce groupe qui oeuvra parallèlement à Malicorne (j'ai réécouté hier aussi des cassettes d'enregistrements personnels de cette période-là, 1974 etc. C'est pourquoi je vais vous gratifier d'un deuxième billet pour vous prouver que je m'intéresse un tout petit peu peu quand même aussi à cette époque-ci ! ;-) !
Franc succès pour ce texte krapovien de 2006, lu-déclamé aux Apéros poétiques ce dimanche 29 octobre 2023 au Grenier à sel de Redon et, hélas, toujours d'actualité. Comme il ne figurait pas sur la toile, je le publie ce jour. C'est sans doute un texte écrit pour être lu au café-slam des Champs libres que je fréquentais à l'époque. Le classeur où j'ai rassemblé ces textes-là est plein de petits bijoux surréalistes du même genre.
SI ON VEUT LA PAIX SUR LA TERRE
Si on veut la paix sur la Terre Faut qu’on Y’a qu’à Faut qu’on Y’a qu’à
Faut qu’on désarme les faucons et pour cela Y’a qu’a lâcher mille colombes
Faut qu’on détruise les milices de parasites mal rasés, de paranos raseurs et de parachutistes tristes, faut qu’on démilitarise grave
Y’a qu’à réduire les factions partisanes, les priver de tagine, de tisane, de moudjahiddines, de Zineddine Zidane, de Soutine, de soutanes, d’abeilles qui butinent et de gaz qui butent Anne
Faut qu’on mette sous les verrous la marquise de Sévigné qui cache certainement au château des Rochers des armes de destruction missives
Y’a qu’à inculper Yoko Ono du meurtre des Beatles et de la trop longue survie des Rolling Stones
Faut qu’on prouve que c’est elle qui conduisait la Fiat Uno en 1997 au tunnel de l’Alma
Y’a qu’à pas faire le zouave, y’a qu’à pas faire le pont
Si on veut la paix sur la Terre Faut qu’on Y’a qu’à Faut qu’on Y’a qu’à
Faut qu’on se prolétarise Faut qu’on se detouslespayse Faut qu’on s’unissez-vous et sortez de la mouise Y’a qu’à dire que l’Orient est rouge et marcher très longtemps vers le soleil levant jusqu’à la Sibérie
Faut qu’on fasse une Europe dans laquelle tout le monde entrera, le Gabon, le Kenya, le Pérou et l’Oklahoma, l’île de Pâques et la Trinité-sur-Mer, le Lichtenstein, le Frankenstein et même aussi Mireille Mathieu si elle le veut
Y’a qu’à dire qu’on est citoyens du monde, qu’on pose les fusils, qu’on apprend toutes les langues, qu’on démolit Babel
Faut qu’on espère en Dieu ou qu’on espéranto
Y’a qu’à s’asseoir, y’a qu’à surseoir, y’a qu’à sursauter, y’a qu’à toussoter, y’a qu’à suçoter des pastilles de menthe, des graines de pavot, des mistrals gagnants.
Faut qu’on dékalachnikovise, faut qu’on démine, faut qu’on débarque, faut qu’on libère, qu’on reconstruise ; Faut qu’on creuse le sillon, faut qu’on sème le vent de la Liberté dans la tempête du désert afin qu’il trace au creux du sable la voie de la raison et le chemin de la maison
Y’a qu’à concasser les casseurs, cabosser les noceurs, compacter les facteurs, les causes et les effets, les discours, les promesses, les vengeances, les rancoeurs et les couler dans l’eau de l’Océan Arctique
Si on veut la paix sur la Terre Faut qu’on Y’a qu’à Faut qu’on Y’a qu’à
Faut qu’on fasse la guerre aux vrais cons, aux faux-culs, aux porteurs de casques et de masques Y’a qu’à réduire au silence les porteurs de lances et condamner à la tombe les poseurs de bombes
Si on veut la paix sur la Terre Si on veut la neige à Noël
Y’a qu’à faire ceci, tous ensemble : Jour après jour, faut qu’on regarde les nuages Y’a qu’à attendre que l’hiver approche et même, non
Faut qu’on se concentre bien tous afin que la neige tombe du ciel Y’a qu’à prier pour que ce soit Noël
Faut qu’on entende un grand silence divin Et alors…
Et alors, si la Paix n’est toujours pas là Si la neige ne tombe pas
(Il déchire le poème en deux puis en quatre, puis en huit, puis en seize tout en ponctuant ses gestes de :)
Y’a qu’à Y’a qu’à Y’a qu’à Y’a qu’à
Flocon Flocon Flocon Flocon
(Il a jeté un bout de papier en l’air, puis un deuxième, puis un troisième puis tous et il crie : )
Comme le temps a été abominable tout ce week-end, nous n'avons vu que les propositions gratuites du grenier à sel lors de cette teillouse pluvieuse. Et nous avons assisté à un gag : les conteurs n'ont pas utilisé la sono mais ils-elles ont trouvé le moyen d'éclairer correctement la scène. D'où une qualité de lumière bien supérieure sur mes portraits par rapport à ceux des apéros poétiques !
Même si on a vu pas mal de nouvelles têtes à ces deux scènes ouvertes du grenier à sel, c'est toujours un réel plaisir de retrouver les habitué·e·s du lieu. Parmi ceux-ci l'excellent Battmanu qui était le M. Loyal des apéros poétiques du dimanche. Il nous a gratifiés d'une belle description d'un hôpital. J'ai d'abord photographié l'homme puis filmé la fin de sa prestation. Comme j'ai enregistré toute la session, j'ai procédé à un petit collage et voilà le résultat. D'autres diaporamas sonores suivront sans doute la semaine prochaine. Ce serait idiot que tout ça se perde !
Respectons la tradition ! Surtout saluons la pluralité et la diversité des expressions poétiques !
C'est bien pour cela que je me rends chaque année où c'est possible au Grenier à sel de Redon où ont lieu les apéros poétiques de la Bogue ou de la Foire teillouse, on ne sait plus comment il faut dire ! Et pour rester dans la série des habitudes bien ancrée, je vous livre - de manière antidatée ! - le trombinoscope des intervenant·e·s. *
* Quoi qu'en pensent les vieilles choses qui nous gouvernent, je trouve bien pratique pour ma part l'inclusif point médian et je rigole doucement quand le tenant de la "start up nation" s'en va inaugurer sa très joye-use cité de la langue française à Villers-Cotteret et condamner "l'air du temps" ! ;-) !
C'est l'ami Anthony qui faisait le M. Loyal ce samedi. Rude tâche qui consiste, avant d'annoncer les poètes, slammeurs et chanteurs, à bien positionner le seau qui recueille l'eau qui tombe d'une fuite dans le toit ! Cette teillouse 2023 fut abondamment arrosée !
Joe Krapov est poète, humoriste (?), musicien à ses heures et photographe à seize heures trente. On trouvera ici un choix de ses productions dans ces différents domaines.