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Mots et images de Joe Krapov
dragon
3 octobre 2020

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 61, Récit de rêve

Saint-georges par Baden Powell (communiqué par Baden Powell le 27-09-2020) 127705243

Ah la la ! Quel imbroglio ! Je me suis réveillé ce matin dans un état proche de l’Ohio ! Quelle belle série de rêves idiots !

Primo, j’étais attelé à un chariot et j’allais dire des fabliaux à la Taverne d’Attilio – où était-ce le Don Camillo ? – pour un public de gens spéciaux, drôles de zoziaux par trop joviaux tous venus de Bonifacio ou d’Ajaccio où souffle ce vent de folie qu’on appelle le Libeccio. On me dételait du chariot, on me poussait sur les tréteaux et mon impresario me lançait depuis les coulisses :

- Vas-y ! Chante leur « O sole mio » ! Tu enchaîneras ensuite avec « Si tu vas à Rio » de Dario Moreno puis « Le petit joueur de flutiau » de Brassens.

J’étais tétanisé, sans voix, agonisant, bon pour un passage en cardio. Il est vrai que les dragons ne chantent pas ce genre d’airs familiaux que l’on entend à la radio ou qu’on joue sur l’autoradio. Ils n’ont pas la voix d’un loriot ni celle de Don Juan Tenorio. Je n’ai rien d’un griot et s’il me fallait un jour fréquenter la musique, je préférerais de loin l’adagio d’Albinoni ou le Juditha triumphans, ce bel oratorio de Vivaldi, voire les Capriccios de Paganini.

Bref je restais muet devant le micro et les Corses, peu conviviaux au naturel, devinrent bientôt antisociaux voire triviaux puis vipériaux, me balançant des noms d’oiseaux et des glaviots. Le calme s’en revint lorsque j’ouvris la gueule et que d’une flamme puissante je mis le feu à tout le patio ! Houla ! Comme ils sont redevenus cordiaux ! Seulement, la tronche du proprio !

Ayant fait place clarinette je jouai alors le trio des quilles de Mozart et des flûtes pour aller dans des lieux plus enchantés.

Deuzio, rêve encore plus dingo : au bout du viaduc de Millau je rencontre un autre barjo avec des habits ecclésiaux, des affûtiaux de nobliau, monté sur un bidet tout blanc et ses grands chevaux qui me demande mes fafiots (si vous n’avez pas votre Gaffiot, je vous traduis : les fafiots ce sont les papiers).

Il me questionne :

- D’où c’est que vous venez ?

- De la station Campo–Formio, c’est direct avec le métro !

- Où qu’vous allez ?

- C’te question ! A Mogadiscio, San-Antonio, en Ontario ou aux pays équatoriaux ! A Quimper, aux faïences Henriot ou à Baguio 78 voir jouer Tolia Carpovio contre Victor Kotchnio !

- D’après ce que j’vois d’écrit ici, vous vous appelez Marcel Petiot ? qu’il continue, le Fantasio.

- Jamais d’la vie ! C’est quoi, ce nouveau scénario ? Tu vois bien qu’je suis un bestiau ! J’m’appelle Elliott ou Emilio, je suis de la classe des marsupiaux et champion de France des arts martiaux. Et toi, t’es qui, Super Mario ?

Le maigriot, sur ses ergots, prend des airs inquisitoriaux, aérospatiaux, comme Blériot chez Latécoère, et manche à balai dans le derrière, mordant comme un chiot en colère, d’humeur guerrière, décline son identité :

- Tout le monde m’appelle San Giorgio. J’suis c’qu’ on appelle un estradiot ou un stradiot, un éclaireur qui vend du bio aux provinciaux. J’ suis envoyé par le daïmio pour retrouver le salopiot qui boulotte toutes les côtes d’agneau et qui a foutu l’feu au studio ! Numérote tes abbatiaux ! Prépare ta tête pour le billot, docteur Petiot !

Voilà-t-y pas que ce salopiot m’balance un chtard dans les tuyaux ! Oh la la ! Ca va être sa fête ! J’vais lui réclamer des agios, au loupiot ! Tu vas voir, tristesse d’Olympio, qu’t’eusses mieux fait d’choper la polio ! J’vais t’soigner ton compère-Loriot ! J’vais t’transformer en carpaccio ! En atriaux, eh, Pieds nickelés !

Y eut-il massacre à l’île de Scio ? Si le viaduc était un bateau, lequel des deux chut du rafiot ? Se battit-on (Oh chou ! Ma chère !) avec brio ?. (Oui je sais Battiston-Schumacher, c’est nul, mais, à contrario, c’était aussi dans le rêve !). Je ne sais plus : c’est à ce moment-là que je me suis réveillé pour aller pisser.

Tertio : une fois que j’ai eu replongé, je me suis retrouvé dans le bus n° 11 dans une ville nommée Rennes avec un masque sur le visage et je lisais un in-folio sur le catalogage des fonds patrimoniaux. Il y avait plus loin une fille en robe rose, masquée elle aussi, qui appuyait sur le bitoniot pour demander l’arrêt du char à la station Charles Géniaux. Je l’ai bien reconnue la fille ! Elle s’appelait Isaure Chassériau. C’était la belle-fille du député Guyot-Desfontaines ! Mais après elle a disparu et j’ai fini ma nuit tranquille en censurant tout le restant du matériau.

***

Bon, c’est pas le tout ça. Qu’est-ce que j’ai sur mon agenda aujourd’hui ? Ah oui. « Aller bouffer des brebis en Libye ». Pourvu que je ne tombe pas là-bas sur un de ces frappadingues adverbiaux d’ces bas du Front Police à Rio !

St-Georges patron de Cacéres par Walrus 127705049

Illustrations aimablement fournies par notre bien-aimé oncle Walrus
que je remercie de son soutien à l'entreprise Nonante-neuf !


Ecrit pour le Défi du samedi n° 631 d'après cette consigne : Imbroglio.

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27 décembre 2019

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 52, Accumulation

99 dragons Adrienne 18-07-18 (42) Bode museum Berlin réduit

A-t-on jamais vu dragon plus hideux, plus affreux, plus pouilleux, plus squameux, plus miteux, plus visqueux que cet animal-là ? Tout écailleux et scrofuleux, du pus aux yeux, les pieds boueux, les genoux cagneux, le nez morveux crachant du feu, le vrai calamiteux, hargneux, envieux, vicieux et tortueux venant jouer les fâcheux chez nos gueux en bousculant les pieux qui entourent leurs prés pour s’emparer de leurs brebis et les rendre nécessiteux ? Ah mes aïeux ! Quelle plaie des Dieux !

Et que dire de ces chevaliers paresseux, vaniteux, adipeux, gras du cheveu, baronnets sans cachet lanceurs de cochonnet ou joueurs de croquet, piliers de mastroquet à Vezin le Coquet, authentiques paltoquets qui chopent le hoquet et rabattent leur caquet ou jouent au freluquet dès lors qu’on leur demande de jouer du mousquet histoire d’accommoder avec un saupiquet la bête pleine de toupet venue battre briquet à l’abri des bosquets ? Quel nom donner en vérité à ces insatiables arsouilles, amateurs de bistouille et de carabistouilles, tristes faiseurs d’embrouilles, à l’âme noire de houille, mollusques de la nouille, le courage en pattemouille façon pluvieux Gribouille, fierté barrée en quenouillle, gloires couvertes de rouille, détestables fripouilles, roi de la tripatouille, épateurs de galerie La Farfouille, grands dépendeurs d’andouilles, aventuriers sans couilles, intrépides impétrants de la grande gidouille de Saint-Pé-sur-Nivelle comme le chien à Jean de, soudain pétris de trouille à l’idée de changer cette infâme gargouille en mortelle dépouille ?

Que penser de ce roi archi-vieux, gâteux, bilieux, anxieux, consciencieux, sourcilleux et malchanceux à qui mieux-mieux, entouré de nombreux maffieux séditieux, mielleux ou obséquieux, véreux et présomptueux mais qui pour l’heure s’avèrent piteux, peu belliqueux et pas qu’un peu mon neveu ?

Et de ce problème épineux qui le rend nerveux, lui donne le teint cireux et lui fait l’œil vitreux lorsque l’autre monstrueux insidieux, le cracheur de feu dégueu, vaseux et bouseux s’en vient jouer les incestueux et réclame scabreux, plutôt que des brebis, une amoureuse humaine ? Ô vicieux délictueux et spongieux ! Fesse-Mathieu fangeux ! Camembert plâtreux ! Monstre pelucheux et nauséeux ! Moyenâgeux fielleux et comateux !

Et le Sort, en premier, ce rebouteux factieux, taiseux et facétieux, qui désigne, ô l’odieux, sa propre fille, la délicieuse, gracieuse, joyeuse, faramineuse, majestueuse, bienheureuse, malicieuse, affectueuse et merveilleuse princesse Yseult étincelante de mille feux ! N’est-ce pas scandaleux, Scrongneugneu ? Un scénario douteux, des rebondissements curieux, un pitch un rien filandreux sans doute pondus en une nuit par ces petits merdeux de crapuleux de ma strotje ! *

Mais cessons d’être coléreux et injurieux !

Pour compenser ce tableau noir il nous faut positivopropposer un héros véritable. Nous l’appellerons Saint-Georges. Il sera valeureux, courageux, amiteux et très pieux, ambitieux, audacieux, prodigieux, vigoureux, fougueux, ingénieux, talentueux, et que cela leur plaise ou non, aux cieux, il sera le dernier de ces preux héroïques pareils aux demi-dieux dont nous chanterons les louanges en 99 exemplaires ! C’est que, voyez-vous, on n’a pas que ça à faire, nous, palsambleu !

Le combat fut très bref. Sous les coups de boutoir du héros qui l’assaillit, qui l’estoqua, qui l’entama, qui l’entailla, qui l’assomma, qui l’estourbit, qui la trancha, la taillada , la dépeça, la découpa, la démolit, la dézingua, la dessouda, la défonça, la malmena, la tronçonna, la charcuta, la fit charpie, la bête s’affaissa, s’abattit, s’écroula, s’étala, s’épandit, geignit, agonisa, soupira, maugréa, s’éteignit, trépassa l’arme à gauche

Son sang coula toute la nuit.
Il en naquit une rose et Saint-Georges s’en alla.
Nous aussi, vers d’autres aventures de cow-boy solitaire.

N.B. La Photographie nous a été ramenée de Berlin et offerte par Dame Adrienne. Merci à elle.

* Clin d'oeil à madame Chapeau

30 août 2019

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 50, Style cocasse

Bien le bonjour, joyeux lecteurs de la chanson de Ricochet ! C’est la toile de Pénélope ici ! On tapisse, on retapisse, on détapisse partout, même dans les toilettes ! Ca a beau être pareil, ça n’est jamais la même chose, ce mythe qui nous vient tout droit des neiges d’antan ! Et tant pis donc si en passant je donne un soufflet à Ronsard ou mets ce bon Vaugelas en pièces !

***

DDS 574 dragon 124486432_o

Ca aurait pu se passer à Dache, à Chquoufougnouze ou à Saint-Profond-du-Lointain. A Perpète-les-Bains, à Pampérigouste ou à Saint-Pisse-qu’en-Coin. Mais non, c’est bien à Trillebardou, chez Jean Guillemette, que le dragon a fait son apparition. C’était un glouton mémorable, du genre qui avale la rue des Lombards.

- Mais quand t’arrêteras-tu de boulotter mon troupeau ? demanda le paysan.

- Mardi s’il fait chaud ! répondit le dragon ! A la venue des coquecigrues ! A la Saint-Glinglin !

Comme les paysans du coin n’étaient pas du genre à jeter les épaules de mouton toutes rôties par les fenêtres, ils appelèrent à l’aide.

- Sire, sire, il a plu sur notre mercerie !

***

Le monarque demanda à ses chevaliers d’aller faire sa fête à ce bestiau bariolé comme la chandelle des rois mais il trouva face à lui des visages de bois.

Ces vassaux-là se croyaient sortis de la côte de Charlemagne mais ils n’étaient en vérité que des carabins de la comète qui, éternellement, tranchaient de l’éléphant sans jamais quitter la table ronde où la chère était si bonne. Bref ils se chauffaient à l’espagnole et se caressaient l’angoulême, ces rodomonts, ces Ramasse-ton-bras, ces dépuceleurs de nourrices !

Ils lui répondirent «Niet !».

***

Ce bon roi était franc comme l’osier et dans cette situation où il apparaissait roulé comme un soleil d’hiver, il lâcha la bonde :

- Jamais je ne fus tant étourdi du bateau ! Ah je suis bien entouré ! Des vendeurs d’épinards sauvages ! Des « Prend-à-gauche toute ! L’autre gauche ! » Des goulafres ! Mais je n’irai pas à travers choux pour ma part. Pas de ça Lisette ! Pas question de jouer de l’épée à deux talons, de faire un trou à la lune ! Je vais la prendre avec les dents !

Il s’en alla trouver le dépanneur du coin, un nommé Larchevêque. Il tenait boutique à l’enseigne de « Crois Robert, c’est un expert ! »

Après avoir encaissé une palanquée de « Tranquille Emile, c’est trop facile », de « A l’aise Blaise on t’le dépèce » et de « Cool Raoul j’lâche le pitbull » le souverain eut droit à sa solution miracle : « Laissez faire Georges, c’est un homme d’âge ! ».

Et de fait Larchevêque semblait de taille à tirer de l’huile d’un mur.

***

Il nous faut faire à présent un détour par les appartements de la princesse.

- Il y a de l’oignon ! s’énervait-elle.

La princesse était toute épaplourdie. Que dans cette version-ci aussi on passât sous silence les exigences sexuelles de la bête, cela l’avait ébarnouflée puis lui avait mis le cœur sur les lèvres. Mais comme à cette époque-là on demandait aux filles de garder les manteaux ou de compter les clous d’une porte, que pouvait-elle faire d’autre que bâtir des châteaux en Asie, rêver d’un hashtag #Superwomanbatledragon, se pimprelocher devant le miroir et rêver qu’un bel homme vînt lui déclamer : « Ma mignonne, ma mie, ma tendrette, ma braguette, ma savate, ma pantoufle …» tandis que les ans filaient ?

***

Et donc Larchevêque envoya Georges pour faire rendre gorge au souffleur de la forge.

Le chevalier Georges avait la mine renfrognée d’un soupe-tout-seul, la tête d’un vendeur de vache foireuse : il ne riait jamais.

Il était logé chez Guillot le songeur. Pour un peu c’eût pu être aux petites maisons, c’est à dire qu’il avait un grain, des visions, des rêves. Mais comme il avait la force virile et la science des armes de poing, il était devenu mercenaire mystique, ce qui lui permettait de concilier ses deux extrêmes et d’avoir un rôle social à jouer dans les récits d’édification religieuse de l’époque.

Il avait donc été recruté par un endormeur de mulots de la Sainte Eglise et de la pire espèce, un grand architecte de fourbes qui prenait des airs penchés. Depuis il voyait vaches noires en bois brûlé ! Il avait ses rats, ses hannetons sous le chapeau, qui lui faisaient croire qu’à force de combattre l’hérétique de façon hiératique il deviendrait saint !

Le combat eut lieu et il fut tout sauf silencieux :

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- Tu ne fais que de l’eau claire, mon joli !
- Tu prends ton nez pour tes fesses !
- Je te promets que tu vas rire du bout des dents et même ne plus rire du tout d’ici peu !
- Tu chantes Guillemette, jeune homme !
- Ris t’en Jean ! On t’frit des œufs !
- Ferme ta boîte à camembert ! Tu l’ouvriras pour le dessert !
- Sur quelle herbe as-tu marché ?
- Tiens prends ce cataplasme de Venise ! Et une giroflée à cinq doigts, une !
- Garde ton onguent de miton-mitaine ! Tu me canules !
- Adieu la voiture ! Patatras Monsieur de Nevers ! Passez muscade ! Va te coucher, Basile, tu sens la fièvre !
- Ah qu’est-ce qui se passe ? Le marchand de sable est passé ! Le petit bonhomme me prend ! Je m’endors ! Je me meurs ! Tu vas me le payer Aglaé ! Je n’ai plus d’encre au cornet ! Je vois des anges violets !

Bourouloulou ! Quel choc ! Quelle tempête quand le chevalier frappe la bête avec la clé de l’autre monde, son épée Ascalon ! Et bientôt, c’est cuit de jeudi pour l’animal à quatre pattes !

- Nous mangerons du boudin, la grosse bête est par terre ! O notre bon roi, le dirons-je ? Ca fait hideur quand on y songe !

***

Il est bien évident que dans cette version-ci la rose qui naquit dans le sang du dragon fut de la variété « Cuisse de nymphe émue » !

Cela ne donna pas pour autant l’idée au bon chevalier Georges d’aller désennuyer la petite princesse. Enfin, bon, les personnages font ce qu’ils veulent ! Comme on disait jadis, les volontés sont libres !

Kiki carabi mon histoire est finie pour aujourd’hui !

Inspiré par le très recommandable livre de dame Catherine Guennec . - A Trillebardou chez Jean Guillemette. - Paris : First editions, 2019.

 

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N.B. La photo de Saint-Georges a été prise dans l'Eglise Saint-Aignan de Chartres en juillet 2019.


Ecrit pour le Défi de samedi n° 574 à partir de cette consigne

(la première photo du billet)

 

 

24 mars 2019

Le Festival Rue des Livres à Rennes le 23 mars 2019 (4)

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Les gens sont fous ! Ils font la queue pour que Laurent Gounelle écrive quelque chose au stylo sur le livre qu'ils viennent d'acheter. Je ne suis pas violent comme mec mais le premier qui écrit quelque chose sur un de mes livres, je lui dédicace la figure !

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La librairie Critic se trouve rue Hoche à Rennes.

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Il y a quelque chose de religieux dans l'amour de la lecture.

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Nous avons enfin fait connaissance avec Dame Tartine en son palais !

3 mars 2019

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 11, Tanka

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Il faut être saint
Pour délivrer un pays
Du joug d'un dragon

Et puis partir vers sa mort
Au lieu d'épouser Princesse.

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3 mars 2019

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 13, Fable ornithologique

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Il y avait autrefois, dans la grotte, au Thabor,
Un dragon troglodyte. Il tyrannisait fort
La ville et exigeait, douloureux sacrifice, 
Qu’on lui livrât chaqu’ jour deux cents galettes saucisses.

Pour se débarrasser de ce monstre funeste
On passa une annonce. Un korrigan très leste
S’en vint et proposa d’affronter le démon.
Il entra dans la grotte et il dit au dragon :

- Toi qui sévis dans l’ombre et qui vis dans le noir
N’aurais-tu pas envie de dev’nir une star ?
Je connais le moyen de t’offrir ce destin.
Tu chanteras, si tu le veux, soir et matin.

Les gens t'appelleront le mignon troglodyte ».
Ils paieront pour t’entendre et lâcheront leurs pépites.
Je s’rai l’imprésario, je prendrai quinz’ pour cent,
Tu feras l’Olympia, on aimera ton chant.

- Top’là, dit le dragon ! Etre star ? ca me botte !
- Sitôt dit, sitôt fait, il lui donne la note.
De sa baguett’ magique il en fait un oiseau,
Un mignon troglodyte au chant vraiment très beau.

Braves gens, cette fable a une chute en or :
La star devint célèbre, elle chanta « Milord »,
Elle fut adorée, signa des autographes…
Vous la connaissez tous : C’était Troglodyt’ Piaf !

3 mars 2019

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 14, Néologismes

DDS 263 Vaillant 17

Alors tous les arbres frémissent, le grand véréfour qui porte le nid retient son souffle ; se referment les tapinoufles et les ronils à pois bleus s'évanouissent car jamais en cette contrépétrie d’effroi on ne vit pareil harnachement à un vertugredin.

Sa cavale d’abord, à la robe caparaçonnée d’arvers, semble très inédite : elle piaffe d’archifougue et gerbedécume aux nazebroques. La princefesse que l’hérosantidote vient sauver des griffes du dragontrançonneur n’en revient pas. Le léquidé vaillant semble doué de parole et son chevaliaucheur joint le rutile à l’agréable, question zyeutage. Mais seront-il assez costarcostauds, cachevalier et monture pour vaincre le bestial ?

C’est qu’on en a vu défiler des présomptueurs et des sivains dont le cracheur de feu n’a fait qu’une bouchée mais ce vertugredin-là semble d’une autre marietrempe.

Les désossetilités dont elle, la princefesse, est l’enjeu ne tardent point d’ailleurs à s’engamélanger.

Georges de Lydadirl à dada – car c’est bien de lui qu’il s’agite –sort sa colicauchemarde et en fiche un grand coup dans l’oeiltorv de la bête.

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En retour le crachebousin pyrocrashe mais la cavale-star n’a pas été nourri à la petite bière. Le léquidé en pétard jeumpe par-dessus les flammèches.

Georges lance un deuxième assaut et qui n’est pas de courtoisie. Il tambourpiffe les écaillharissures, il tranchetronche à tout va, il déshydrate de l’herne à ne plus savoir où amidonner de la tête. Bientôt le bestial entailladé paindépisse le sang de partout. Dans un dernier sursaut il fait jaillir de son mâchecoulis une dernière pétarasade de pestepétrole enflammé. Mais le cachevalier est déjà descendu de son Jolisauteur et grimpant tout le long de son échine à pied, il lui troue le conservelas d’un grand coup de ramasse-bourier.

Le dragontrançonneur sonné chancelle du Colbacktowhereyouoncebelong puis s’écroule d’un seul coup aux pieds du Souveraindanlfroc qui n’en revient pas.

Alors les circonspectateurs se lâchent ! Ils poussent un grand charivhourra, portent l’hérosantidote en triomphe et viennent le déposer aux pieds de la princefesse pour la grande aubescène du deux.

- Maintenant vous êtes mienne, dame Cucunégonde, déclare le gagnagalant à la belle, puisque vous étiez le bélenjeu de ce combat. J’ai bien hâte c’est vrai que nous nous ébatifolions sous votre baldaquin mais avant que je soye d’une humeur fortaquine, mon estomac crifamine. Vous voudrez bien vider la bête et m’en cuire les partigrasses. Pendant cestuy temps que cela cuillera, votre paternul et moi-même allons zapouiller devant ménestrelles et tapeurs de baballes. Surtout, réservez-moi les solilesses, Mapoulette !

Facrotale erreur d’aspicologie !

La princefesse s’empare d’un grand couscoussier de marque Marmitondorg et le lui balance en travers du frontal pas à l’Apache.

- Hola Machoguilhomme, on ne m’a pas demandé mon sentiment et je ne suis poinct du genre à en faire. Nenni suis le grolo du loto, la falote du phallo, le cache-pot du charlot ! Damnature sur toi pour ces puanpropos !".

Elle l’éméleftourbit, le matducouloire, l’ourlette, l’upperpacute, le chassériaute et l’isaure par la fenêtre.
Se relevant du tadpurin dans lequel il est chu, il lèvepouce et dit :

- Poinct ne battrai femmenifleur en reprépousailles, ce n’est point dans mes uscoutumes, je prèfère laisser péronchonnelle à paternul. J’ai dû me tromper d’espastempe ! Ou alors estions ici en pays de galette complète Mandingue ? Je préfère m’esbigner les rougnolles avant qu’il ne m’en outrecuise plus ! Adieu vat, follegensses !".

Et de fait tandis qu’il s’éloigne dans le soleil couchant en chantant « Aïe ! Me poure l’aune, zoo me nuit, Saint-Georges suis » les Libyens trop affamés déchiquètedugrallent la carcasse du monstre pour transformer les écailles en porte-clefs alors que ni serrure ni clé n’ont encore été inventées en cestuy temps et découpent l’amibidoche de ce gros mouton pour en faire haricomestible.

130818 187

- Si tu veux mon avis, cow-boy, lui confie un peu plusloin sa cavale, il y a une Gilberlafaille dans le continuum spécieux-temporal. Va savoir, si j’en juge d’après la façon dont je claudikadicke, si nous ne sommes pas dans un univers paracoudanlèle ! Peut-être même erratiquons-nous dans une nouvelle de Joe Krapov !

- Par Tout Matisse et Bel Eros ! Si tu as raison, Jolisauteur, dis moi donc ce que j’ai fait au Seigneur pour mhériter cela ?

- Je ne sais pas mais vlà l’boute, dit le cheval en partant au gallo.

DDS 263 dragon rouen

 Ecrit pour le Défi du samedi n° 263 à partir de cette consigne.

1 mars 2019

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 46, Style bègue

99 dragons Adrienne Mur de Berlin18-07-21 (16) réduit

Le dragon gon gon… Gontran tran tran… transitait tait tait… terrifiant fiant fiant… fientant tant tant… tant et tant tant et tant… Ah c’est entêtant ! Tant et tant tant tant… qu’on con con… concevait très ai- zé zé… (zézaiement) z’aisément de ne pas le suivre à la trace sauf que ce n’était pas la Thrace mais la Lybie et de l’alibi bi  bi… bibi j’en ai pas !

Il arriva va va… vachement affamé mé mé… méchoui, c’est ça ça ça… sacrément affamé même ème ème… emmi un troupeau po po… potelé de brebis.

Quel pays i i… idéal al al… à l’épanouissement de mes mé mé… méchants instincts tin tint… tint-il à peu près comme langage… ge ge… je vais m’installer par ici !

Ce projet jet jet… généra chez les paysans zan zan… z’environnants nan nan… nantis de fourches et de vindicte un tollé lé lé… légitime.

Dans ce royaume aume aume… aux mœurs féodales dal dal… d’alors lors lors… l’ordre était assuré ré ré… régulièrement par un monarque arc arc… arc-bouté sur l’autorité ité ité… itérative qu’il exerçait çait çait… sévèrement sur les seigneurs ses vassaux.

- C’est bon, Pierre, arrêppe ! Pardon, arrête ! Ca va prendre des plombes si tu le lis comme ça. Chante-le nous, plutôt !

Et Pierre Repp a chanté la suite. Ce fut très bien. Il fut très applaudi.

Sachez-le pour votre gouverne car c’est peu connu et assez étonnant : les gens qui sont bègues n’ont pas de problème d’élocution quand ils chantent.

 N.B. L'illustration nous a été aimablement offerte par Dame Adrienne qui l'a ramenée de son voyage de 2018 à Berlin.

2 janvier 2019

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 45, LANGUE DE FEU

181228 Nikon 001

Noufous léfé drafa gonfons
Noufous boufoulofottonfons
Léfé p’tifits moufoutonfons !

Côfotefes d’afagneauxfo
Soufourifis, gifigofots,
Enfen rafagoufoût oufou
Enfen cofolomfonbofo
Toufoujoufours noufous calfal-
Mefent lafa frinfingafale.

Dede l’afanifimalfal
Pafanurfurgificalfal
Onfon sefe réfégalfale !

Boirfoir làfa-defessufus
Dufu vinfin aufo fufût
N’estfé pasfé d’refefufus !

Noufous difigéféronfons
Toufous lesfé gorforgeonfons :
Châfateaufo-Chafalonfon

Saintfin-Efémifilionfion,
Fronfontonfon, Mâfaconfon
Oufou Lufubéféronfon

Men’fèntoufou safalonfon
Saintfin-Montfon, Morforgonfon
Toutfou vinfin estfé bonfon !

Pefetifit enfennuifui
Parfarmifi ceuxfe-cifi
Unfin seulfeuk noufous nuifuit :

Lefe Nuifuits-Saintfin-Georforges
Sansfan quefe l’onfon sachfache
Pourfourquoifoi, lafa vafache !
Cefe cofocofo làfa
Nousfou resfeste enfan trafa-
Verfers defe lafa gorforge !

Merci à Bongopinot pour la découverte de ce langage !

Traduction :

 

181228 Nikon 002

 

Nous les dragons
Nous boulottons
Les p’tits moutons !

Côtes d’agneaux
Souris, gigots,
En ragoût ou
En colombo
Toujours nous cal-
Ment la fringale.

De l’animal
Panurgical
On se régale !

Boire là-dessus
Du vin au fût
N’est pas d’refus !

Nous digérons
Tous les gorgeons :
Château-Chalon

Saint-Emilion,
Fronton, Mâcon
Ou Lubéron

Men’tou salon
Saint-Mont, Morgon
Tout vin est bon !

190102 dragon de saint-georgesPetit ennui
Parmi ceux-ci
Un seul nous nuit :

Le Nuits-Saint-Georges
Sans que l’on sache
Pourquoi, la vache !
Ce coco là
Nous reste en tra-
Vers de la gorge !

2 janvier 2019

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 44, PANGRAMMES

- Bien sûr, un dragon n’est jamais xylophage. Il kiffe les ovins et aussi ces wapitis qu’on trouve au zoo.

Soyez en sûr, Majesté, il ne nous reste que nos yeux pour pleurer : on en a gros sur le kiwi, ça nous fâche bien, cette dévastation ! ».

Les paysans sortis le monarque ébahi gonfle ses joues et envoie des watts dans son kazoo : c’est le code pour appeler son vizir et ses preux.

- Dégonflés ! Loques ! Avachis ! Jazzeux ! Kystes ! » Le royal bwana ne manque pas d’injures pour ses troupes.

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- Des bachi-bouzouks, des faux-jetons, des voyous, des zouaves, des Liliputiens swiftiens qui plombent à jamais l’image du royaume !

Jugez ! Pas un seul de ces pitoyables chie-dans-son-armure n’a trouvé glorieux d’aller squizzer le teckel à flammes pour le cuire au wok !

Alors, chaque jour, la bête perfide mange du yack, du veau, des agneaux, du zébu et voici maintenant qu’elle réclame… une squaw !

Quel affreux western ! Foldingue ! Il ne manquait plus à ce puzzle vicieux que le jumping d’une biche et voilà, OK, la scène de sexe arrive !

Car le King-Kong visqueux souhaite danser le twist ou la zumba avec une jeune fille pure !

Lyz, la daughter du king, est une fumeuse invétérée de Winston : de vieux paquets jonchent le sol de sa chambre.

Blonde, juriste, sexy, photogénique, le Wonderbra volubile, elle est experte en cakes et en gin-fizz et possède un chat gourmand.

Par commodité dans cette version-ci Zorro est Wallon, s’appelle Jacky Ickx et s’en vient de Belgique sur son palefroi hongre.

Maintenant, fin du sketch et fête des zygomatiques, le preux wallon s’en va foutre des baffes à Jules !

Rixe épique, l’interzonal se dispute au moyen de verres de whisky sans cubes de glace qu’il faut boire cul-sec (d’un seul jet derrière la cravate).

Perfidie d’outre-Quiévrain ce whisky était un mélange de benzène, de Xérès et de Jupiler. La bête perd.

Quand on propose au victorieux yogi un kawa pour se remettre en jambe il émet juste, montrant le dragon qu’un léger zéphyr refroidit :

Portez-y ce vieux Whiskas, à la juge blonde qui fume ! Pour son chat !


N.B. Vous pouvez cliquez sur l'image du dragon pour admirer d'autres oeuvres de VLAM

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