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Mots et images de Joe Krapov
peanuts
4 octobre 2016

TOUT CA, C'EST PEANUTS. 7, Dormir ou ronfler (3)

Et quelle est donc cette musique propre à apporter l’endormissement ?

C’est celle qui sortait de la peluche jaune une fois qu’on avait tiré l’anneau sur la tête du singe. C’est celle qui sortait, qui sort encore de toutes les boîtes à musiques et objets similaires destinés aux enfants en bas-âge. Elle sort même quelquefois, paraît-il, de l'organe vocal de Céline Dion ! Une chanteuse québécoise, c'est bien la dernière personne à qui on demanderait d'endormir un enfant !

Les quatre premières notes de la partition le confirment : c’est bien « Wiegenlied », opus 49 n° 4 pour piano de Johannes Brahms, autrement dit « LA berceuse » de Brahms. 

Cela me rappelle un autre gag. Ma fille s’est endormie longtemps dans le canapé du séjour au son du "Boléro" de Ravel, dans la version du film «Les uns et les autres» de Claude Lelouch. On la montait ensuite dans sa chambre, telle un paquet de linge sale qu’on déposait entre les draps. On avait de drôle de mœurs à l’époque, la place du linge sale étant plutôt dans la machine à laver ou la corbeille à linge. 

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4 octobre 2016

TOUT CA, C'EST PEANUTS. 7, Dormir ou ronfler (4)

Bien des années après, j’ai retrouvé une situation analogue dans un film de Blake Edwards, «Elle», avec Dudley Moore et Bo Derek. Là – c’est un peu gênant, finalement, ce parallèle ! – c’est pour atteindre l’orgasme que la fille, un peu plus âgée quand même que la mienne, avait besoin d’entendre ce fameux Boléro. Autant que je me souvienne, cela avait par contre le tort de couper ses effets à son partenaire !

Dieu merci, je n’ai pas à représenter graphiquement cette scène-là. Qu’auriez-vous mis, vous, à la place du « Z » au bout de la partition du Boléro pour représenter le drapeau de l’étalon en berne, le planquage-plantage de son capital en Suisse ?

Un verre de Pschitt ? Oui, d’accord, mais… orange ou citron ?

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Explication pour les plus jeunes :

Image du Blog fr.pickture.com/blogs/acoeuretacris
Source : fr.pickture.com/blogs/acoeuretacris sur centerblog.

29 septembre 2016

TOUT CA, C'EST PEANUTS. 6, Incipit (1)

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Je me souviens que la machine à écrire était de marque Underwood.

Avant qu’on ne la possède, mon grand-père m’emmenait parfois le jeudi après-midi à l’imprimerie. On m’en prêtait une et je tapais, sagement, en bon élève, sans déranger personne. Je n’ai rien gardé de ces séances-là mais j’ai encore, dans une valise au grenier, les premiers poèmes que j’ai écrits et tapés sur cette machine Underwood.

Je me souviens d’un titre de Louis Aragon : « Je n’ai jamais appris à écrire ou Les incipit ». Et donc, oui, écrire a toujours été pour moi un des très grands plaisirs de l’existence.

29 septembre 2016

TOUT CA, C'EST PEANUTS. 6, Incipit (2)

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 Le ruban de la machine était bicolore, rouge et noir, et c’était peut-être un petit cliquet à manipuler qui permettait de soulever le rouleau et de taper sur la partie rouge du ruban. Ecrire, c’était une façon de prendre de la hauteur. Sans aller jusqu’à me percher sur le toit de la maison, j’écrivais dans la chambre ou mon frère et moi dormions et je tapais à la machine de préférence quand j’étais seul.

ruban rouge et noir

S’il m’est arrivé d’écrire un roman – à dix-sept ans, ce n’est pas sérieux, comme dit l’Autre qui est un je – je n’ai jamais visé vraiment le statut de romancier. Trop compliqué. Un travail de trop longue haleine pour un ancien asthmatique ! Le poème, le texte court, la saynète me suffisent.

29 septembre 2016

TOUT CA, C'EST PEANUTS. 6, Incipit (3)

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L’idéal serait de produire des nouvelles en trois lignes comme le fit Félix Fénéon au XIXe siècle. Entre parenthèses, j’adore le portrait de Félix Fénéon par Paul Signac.

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Des romans en quatre phrases, ce ne serait pas mal non plus. Ca me rappelle la consigne du conte dont les quatre phrases commencent par « Bon, Mais, Alors, Et ».

Un exemple chez Charles M. Schulz ? « C’est une nuit de rêve. Deux étrangers dans une pièce pleine de monde. Mais ils ne se rencontrent jamais. Il y a trop de monde dans la pièce. » 

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29 septembre 2016

TOUT CA, C'EST PEANUTS. 6, Incipit (4)

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Chez moi cela donne :

« Plus j’avançais, plus elles se rapprochaient de moi. Le temps ne faisait rien à l’affaire, au contraire. Un jour je m’arrêtai et me retournai pour les regarder en face car je sentais mes cheveux blanchir à force de fuir ainsi, perpétuellement effrayé. Alors, se jetant sur moi, les dégénérescences m’acculèrent." (Vieillir est un naufrage / par Charles de Gaulle, aux Editions du Québec libre).

« Il y a comme ça en France des coins de verdure où coule une rivière et où on serait fâché de découvrir un mec allongé sur le dos avec deux trous rouges au côté droit. C'est pourtant bien face à un cadavre de ce genre que le gendarme Rimbaud, en poste à Bourdeille, Dordogne, Périgord vert, eut à s'agiter cet après-midi-là."
(Incipit de "Une saison d'enfer" de Djemal Verlaine à paraître prochainement à Bruxelles aux éditions C. Delaballe). 

Ca ne vaudra jamais, sans doute, toutes les variations hilarantes de Snoopy sur « C’était par une nuit sombre et orageuse » !

18 septembre 2016

TOUT CA, C'EST PEANUTS. 5, Quelle connerie, la guerre !

Quelle connerie, la guerre !

Les canons grondent au loin. Les vitres du Café de France tremblent encore. Et dans ce décor banal à pleurer Marie C. essuie les verres au fond du café. En finira-t-on jamais avec cette guerre de tranchées où plus personne n’avance, plus personne ne gagne du terrain ? Quelle gloire tirer de cette génération foutue, de ce cimetière de tombes à ciel ouvert ?

Ce soir le café est désert. Les avions sont rentrés à la base tout à l’heure mais les gars doivent être trop épuisés pour venir jusqu’ici. Il tombe une pluie drue à transpercer les os.

Marie C., s’il faut faire son portrait, est une petite jeune femme rondelette, brune, dont la principale caractéristique physique et la myopie. Ses lunettes à verres épais lui mangent le visage et lui donnent l’air d’une petite taupe. Bien que la mode des garçonnes n’ait pas encore été lancée en cette année 1917 elle a les cheveux relativement courts. De son caractère on dira qu’il est plein de bon sens, naïf, gentil mais sans doute aussi soupe au lait. Elle s’énerve souvent des comportements aberrants de Patricia de Pétronille, son aristocratique mais déchue voisine.

Plus personne ne viendra ce soir, songe-t-elle en rangeant le dernier verre propre et sec sur l’étagère. Elle s’apprête à aller poser les volets, fermer le café et monter à l’étage où l’attend un vieux livre quand quelqu’un pousse la porte, laissant entrer violemment vent et pluie dans le bistrot.

C’est un aviateur américain. Elle le reconnaît à son écharpe jaune, à son gros nez, à son casque et ses lunettes de vol qu’il garde en permanence quand il vient ici. A son mutisme, aussi, dû sans doute au fait qu’il ne connaît pas un mot de français, excepté « limonade ». Encore cela se prononce-t-il de façon presque identique en anglais : « Please, baby, lemonade » dit une chanson de l’époque.

Marie C. l’appelle « L’amnésique ». Un jour du mois précédent elle lui a demandé son nom. Il a répondu : J’ai oublié ! Je bois pour oublier, la guerre, la stupidité de tout ça. Et ça marche ! J’oublie tout !».

Ce soir, c’est visible, il est encore plus déprimé, plus seul, plus cafardeux que les autres soirs. Et vrai, quel sens cela peut-il avoir de monter dans un « Sopwith Camel », de partir en chasse dans les cieux afin de rivaliser avec le terrible « Baron rouge » ? Si même, un jour, par chance, il abattait le pilote allemand, cela changerait-il quelque chose au rapport de force entre les puissances belligérantes ?

N’a-t-il pas, de l’autre côté de l’océan, une fiancée, des amis, des parents auxquels il manque terriblement ? Des êtres qui vivent dans l’angoisse en lisant les nouvelle du conflit mondial dans le journal ?

Quand elle arrive près de lui avec le plateau portant le verre de limonade, le militaire a un geste inattendu. Il avance la main vers elle en la faisant glisser sur la table, les paumes sur la nappe, comme s’il attendait que la serveuse pose la sienne dessus en une apaisante caresse. Mais Marie est emportée par la routine. Gardant le plateau dans la main gauche, elle a saisi le verre dans la main droite et , comme elle est vraiment myope, elle a posé la limonade sur le dos de la main de l’amnésique.

- Désolée, Monsieur ! Je ne voulais pas poser ce verre de limonade sur votre main.

L’aviateur a un sourire gêné. La serveuse a oublié de mettre une paille dans le verre.

Marie retourne s’installer derrière le comptoir. Elle n’a pas rêvé. Elle est myope mais pas complètement miraude. Ce n’était pas une main d’homme, c’était une patte de chien. Et ce qu'elle prenait pour un gros nez, c’est une truffe au bout d’un museau poilu.

Les mutations génétiques ont commencé.

Peanuts 03 A R

Peanuts 03 B R

 

17 septembre 2016

TOUT CA, C'EST PEANUTS. 1, Affalé

Affalé

Dans la famille, dans chaque famille, il y a toujours un affalé. Il est vautré dans le fauteuil, allongé sur le canapé, les bras mous, les paupières tombantes, le temps de cerveau plutôt éteint, surtout s’il regarde TF1. Mais ça marche aussi avec des documentaires sur Arte.

Chez nous il y a eu l’oncle Désiré qui traînait en pyjama une bonne partie de la matinée. Il avait d’ailleurs toujours fait ça. Quand il était jeune, ses copains venaient le chercher le dimanche à midi. Il dormait encore et ne se levait pas pour les voir. Charmante famille !

Pour devenir affalé, pas besoin de suivre des cours. Il suffit que la télé soit la télé et que le siège soit confortable. Chez nous, quand j’étais adulescent, on a possédé pendant un certain temps un objet hyper-vintage : un fauteuil à billes ! J’ai regardé, affalé dedans, en noir et blanc, tard le soir, le ciné-club de Claude-Jean Philippe qui vient de nous quitter pour le paradis des cinéphiles.

Quand j’ai quitté la maison pour aller vivre ma vie de jeune adulte à Paris on n’avait pas de magnétoscope. Aussi n’ai-je jamais enregistré de documentaire animalier… pour mon chien !

D’ailleurs, comme le chante très bien Jacques Brel, « J’ai jamais eu de chien » ni d’autre animal domestique chez moi. Ce qui ne m’interdit pas de vivre, sans fauteuil à billes et sans télévision, mais très heureusement, avec une femme bélier !

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17 septembre 2016

TOUT CA, C'EST PEANUTS. 2, Pluie de notes

Pluie de notes

Aujourd’hui, il pleut des notes.

Ce n’est pas qu’on soit fatigué des hallebardes, des cordes ou de la simple pluie bretonne. Ce n’est pas que l’institutrice restitue les copies de la composition d’histoire ou la dictée corrigée. C’est que le petit garçon au maillot rayé jaune et noir est encore en train de balancer des barcaroles over Beethoven sur son piano-jouet. Il joue cela magnifiquement.

Comment fait-il, du haut de ses sept ans, pour s’y retrouver parmi les bémols à la clé, les triolets, les doubles croches, les bécarres, les demi-soupirs, la clé de fa, la clé de sol ?

Comment fait-il pour rester concentré dans ce monde où tout le monde jacasse, crie, s’agite et où finalement, au bout de la portée restée ouverte, ses notes se fracassent ?

Même le chien du voisin qui n’est pourtant pas le dernier à l’écouter et à le soutenir en brandissant la pancarte « C’est, aujourd’hui 16 septembre, l’anniversaire de Beethoven » s’est protégé de cette cataracte, de cette chute de scansion, de cette pluie de notes avec un parapluie rouge.

Et Schroeder – c’est le nom du gamin – continue de jouer, imperturbable, comme si lui aussi, tel son idole, était sourd à tous les aléas de son environnement.

J’envie sa foi en la musique, j’admire sa ténacité, je le remercie d’exister.

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17 septembre 2016

TOUT CA, C'EST PEANUTS. 3, Lire

Lire

Je ne considère plus la littérature que pour m’en amuser. Hier, en partant à ma répétition de musique, j’ai aperçu, depuis la fenêtre du bus, au niveau de la place de la République, une publicité grand format pour une rencontre-dédicace d’Amélie Nothomb. Cette dame belge vient de réécrire Riquet à la Houppe. Est-ce réellement amusant ? Y aura-t-il du monde à lire cela, à vouloir se le faire dédicacer ? La vraie question est plutôt ailleurs que dans le livre : ai-je vraiment envie de voir et de photographier le chapeau le plus célèbre de Belgique ? Le « people » ne prend-il pas définitivement le pas sur l’écrivain ? Tout le monde désormais, y compris les hommes politiques et les gens de télévision écrit sur tout et n’importe quoi. Faut-il vraiment lire ses contemporains ?

Plutôt que de m’absorber à l’occasion – entre deux pluies de notes, entre deux affalements ! – dans la relecture des romans policiers de Raymond Chandler, ne ferais-je pas mieux de me plonger dans ces auteurs dont je connais les noms et les titres de leurs œuvres depuis toujours et que je n’ai jamais lus ? « La dame de pique » de Pouchkine, « Guerre et paix » et « Anna Karénine » de Léon Tolstoï, « Le Don paisible » de Mikhail Cholokhov, « Le docteur Jivago » de Boris Pasternak, « Crime et Châtiment » de Fedor Dostoïevski, « Les frères Karamazov », du même.

Au lieu de faire cela, il ne me vient qu’une idée stupide : proposer aux ami(e)s de l’Atelier d’écriture de réinventer l’histoire des Frères Karamazov. Si vous ne la connaissez pas, improvisez ! Pour les autres, faites une fiche de lecture, sur ce livre-là ou sur un autre que vous n’avez pas pu terminer !

Et d’ailleurs… Elle meurt, à la fin du livre, madame Bovary ? Mangée par le phoque de la roulotte de Rennes. Quoi ? Vous ne connaissez pas la roulotte du phoque ? C’est là le seul intérêt que Gustave Flaubert et Maxime Du Camp ont trouvé à notre riante cité lors de leur voyage « Par les champs et les grèves ».

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