Ne tournons pas autour du pot Je suis quand même un drôle d’oiseau, Amoureux de Plaisanterie, Zeugma et Contrepèterie .
Poterie
A me lire, certains rient jaune. Je n’ai pas le ticket cinq zones Qui permet de descendre au Blosne ; Je suis une drôle de personne.
Le Blosne
Pour regarder ce monde exsangue C’est certain, je choisis les angles Les plus détachés de la sangle Et crie sous la halle au Triangle.
Triangle
Je suis bariolé comme un De Chirico, Vivaldien comme un allegro. Je chante des airs de folie A la gloire de l’Italie.
Italie
Un air frais envahit les villes Dans lesquelles je marche tranquille. Quelquefois je laisse des plumes Entre le marteau et l’enclume.
Henri Fréville
L’humain ne fait pas de quartier Pour les « à côté de la plaque ». Que je suive ou non le sentier C’est bien certain : je fais le Jacques.
Jacques Cartier
Mais gare aux retours de bâton : On ne peut pas impunément Se foutre du qu’en dira-t-on Quand la parole est monument, Quand émettent, sur le même ton Celui qui crie, celui qui ment.
Gares
Ah quoi ?! Déjà Charles de Gaulle ? Et, toujours mis en examen, Je cherche un lecteur qui rigole Des pépiements de mon chemin.
Charles de Gaulle
Je suis chardonneret public ! Si me dressez contravention Je saurai bien prendre l’oblique : Il n’est cage sans évasion.
République
Partis comme églises me tannent, Toutes les fleurs des bois m’étonnent Et quelques-uns m’ont à la bonne Entre Saint-Michel et Sainte-Anne.
Sainte-Anne
Dans les profondeurs de la terre L’écriture est mon seul pactole. Pourquoi je ris ? C’est un mystère Dans la sous-France d’Anatole.
Anatole France
Aux urgences de Pontchaillou Je n’irai pas, la chose est sûre Me plaindre en hurlant qu’un caillou A pénétré dans ma chaussure.
Pontchaillou
Autant de gens dans l’univers, Tant de villes et tant de cités… Laissez-moi concocter des vers, Chanter la biodiversité.
Villejean Université
Quand le ciel est rouge incendie Quand je suis pris de fatrasie, Je sais descendre à Kennedy Mettre des fleurs dans les fusils.
J.F. Kennedy
P.S.
Or, rendu au bout du trajet Je m’aperçois – vraiment, quel sot Troublé par les « dring dring » !– que j’ai Oublié Georges Clémenceau !
Clémenceau
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 17 septembre 2019
Quelle sorcière va se dresser sur le couchant blanc ? La mer et le ciel sont à la parade mais le tambour du Jour s’est tu. La route nous conduit vers l’Eternité – c’est la mer salée avec le soleil ! -.
Piéton dans le siècle de la tautomobile (Ah tut tut pouêt pouêt la voilà, la tautomobile !) on finit quelquefois sa course sur le sable. Alors devant nos yeux d’enfant les géantes prennent naissance. C’est un cortège de balais, de chats rachitiques, de lune, un sabbat infernal qui nous glace d’effroi. Et pourtant cela n’est peut-être que la Nuit.
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 28 mai 2019 d'après la consigne ci-dessous
Dans un grenier où je fus enfermé à douze ans j’ai connu le monde. Son déluge de sang emplissait les vieux livres que j’ouvrais, tout pleins de guerres anciennes et de tambours muets sur ce que coûte le progrès. Dans les cités en flammes les visages figés n’avaient pour horizon que la glace du tombeau ou le départ des peuples pour un lointain exil.
De toute éternité, avec les pierrries et le ciment des jours, on célébra l’Idole. On Lui a élevé palais et cathédrales.
Et quand on a ouvert la porte du grenier j’étais prêt. J’ai tué le geôlier qui venait me nourrir et j’ai pris le chemin afin de n’être plus, dans la vraie vie, Ailleurs, qu’un enfant du Soleil.
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 28 mai 2019 d'après la consigne ci-dessous
L’Automne déjà ! Mais pourquoi regretter un éternel soleil ? N’aurons-nous pas, l’année prochaine, la féerie des idoles au pied du tapis rouge ? Ne viendront-elles plus au grand cirque de Cannes conquérir d’autres palmes ? L’essaim des journalistes, les pierreries brillantes sur les robes du soir, les marches du palais, les haleines retenues avant le palmarès, tout ce ciment du rêve, américain ou pas, va-t-il vers son couchant ?
J’aurai juste un printemps de plus. Et qu’est-ce qu’un printemps quand on est maître des horloges et que l’on a l’éternité devant soi ?
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 28 mai 2019 d'après la consigne ci-dessous
Des fleurs magiques bourdonnaient. C’étaient des chansons pour enfant ou pour des scouts traçant la route, balisant le chemin d’une ample cathédrale dressée parmi les ronces. C’était un déluge de notes et des mots en cascade qui coulaient par-dessus : « J’ai usé trois culottes pour te faire l’amour à véli à vélo à vélocipédo !» ! La rose déclarait la flamme de Léandre. L’Iris représentait la glace de sa mie, les yeux noirs du reproche, le coquelicot l’éclair de l’ «Arrête ton cirque, déclare ton amour !» : "Et pourquoi t’es pas venu me faire l’amour sans culotte ? Et pourquoi t’es pas venu me faire l’amour le cul nu ?".
Cette rengaine-là, petite fleur sauvage, s’était égarée là, avait poussé sans que le jardinier ne voie comme s’en revient toujours, en toute liberté, pousser la mauvaise graine en son jardin parfait.
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 28 mai 2019 d'après la consigne ci-dessous
Elton John : Il noie dans le gin Sa peine de n’avoir pas pondu L’« Imagine » de John Lennon !
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Les mandarines De la patronne, La poitrine D’Hélène, Mylène La libertine, Et les tétons de Valentine Tout ce béton qu’on maniait à la tonne Tu ne peux plus en parler à personne Maintenant sans qu’on t’assassine A coups de hashtags anxiogènes Du genre de #balance ton échine Ou de # me too j’te fumigène !
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Si tu bois la liqueur de prune De dame Eliane Par-dessus les bières des Ardennes Qu’elle t’a servies par douzaines Tu finiras au Doliprane !
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Les infortunes de Justine, Le Vicomte de Bragelonne, Les splendeurs et misères des belles courtisanes, Le terrible chant des sirènes, Ce qui se passe à l’Est d’Eden, Du côté de chez Swann Ou bien dans les Lettres persanes, Toute cette littérature est vaine ! Remballez-moi toutes ces tartines : Je ne suis qu’une paysanne !
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Si tu veux toujours rester zen, Fiche-t-en, de la couche d’ozone, Du Cameroun, Des gilets jaunes, Des fortunes et des infortunes De toutes ces têtes à couronnes !
Ces très sinistres figurines Laisse-les dévider leur peine Sur Youtube et Dailymotion !
Au bord de la jolie Vilaine Sors tes tartines Et saucissonne !
Puis déchire à pleines canines Le gâteau à la frangipane Confectionné par ta marraine, Jolie Peau d’âne !
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Caroline Quine ! Caroline Quine ! Non mais quelle conne ! Des aventures d’Alice par tonnes, Jamais sélectionnée à Cannes Alors que toujours s’y dandinent Woody Allen Sharon Stone Et les frères Dardenne !
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Si tu laves ton deltaplane Dans la machine Pense à mettre de la Soupline !
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LE STYLITE
Dieu m’a dit d’aller siffler là-haut sur la colonne De l’attendre avec un petit bouquet d’anémones J’ai cueilli des fleurs et j’ai sifflé tant que j’ai pu J’ai attendu, attendu, il n’est jamais venu
Zaï zaï zaï zaï…
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 23 avril 2019 d'après la consigne ci-dessous
A la va comme je te pousse Elles arrivent les vacances ! On va pouvoir crier « pouce ! ». Ca commence ! On décompense… Zut ! Septembre ! On recommence.
Au restaurant, des épices… La nuit qui fait des promesses… Elle acquiesce la petite miss… Et à l’issue de la messe Te refile une chaude-pisse Ou un herpès !
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 23 mai 2017 d'après la consigne ci-dessous
Joe Krapov est poète, humoriste (?), musicien à ses heures et photographe à seize heures trente. On trouvera ici un choix de ses productions dans ces différents domaines.