DE NATURA RERUM
Dans le bordel des rois
Sur les bords de la Loire,
Dans l'éther de Venise,
Au salon de Vénus,
Dans la galerie des glaces
A Versailles, au Palace,
Les récits du boudoir
Et des bruits de couloir
- A moins que ce ne soit
Une ineptie sortie
Des Contes des mille et une nuits -
Nous racontent ceci
Que rien ne garantit :
La belle au bois dormant
Mouillant sa robe de bal
La met à la fenêtre
Pour qu’elle sèche la nuit.
Perspective du soir !
Prospérités du vice !
Imaginant la belle
Dans sa lingerie fine
Casanova est pris
D’une passion dévorante
Pour l’éternelle idole
Et son cœur est brisé ;
Paul Rubens (Les Trois grâces)
Rêve de culs païens et de bourrelets gras ;
Les lits du Danieli
Ou étincellent à deux
Georges Sand et Musset
Et aussi Pagello
S’enflamment des feux de l’amour.
Le dieu Bacchus lui-même
Clame « Tu me rends folle ! ».
La langue de Molière
Se traîne jusqu’au sol
Et ses yeux deviennent ceux
Du loup de Tex Avery.
Les bonobos en rut
Dans le chœur des églises
Entament le cantique
De Salomonte, monte !
Le nocturne du roi
S’élève pour la dame
Dont la robe qui sèche
Sans le savoir professe
L’anatomique leçon du soir :
Pour une nuit de noces,
Une petite mort,
Une érection ne coûte rien
Mais peut vous rendre con
Comme un orteil sucé !
Méfiez-vous de la nuit parfaite
Car le diable est dans les détails !
A l’origine du monde
Il coule un vin si agréable
Que Verlaine et Rimbaud
Sur ce désir d’y boire
Ni trouvèrent que déboires,
Saison d’enfer,
Voie sans pardon,
Larmoiements et clous de satin
Et cette religion du démon
Leur coûta même le Panthéon !
Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean du mardi 12 janvier 2021
d'après la consigne 2021-14 ci-dessous