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Mots et images de Joe Krapov
poeme
19 janvier 2022

POÉSIE DE JANVIER

5_Im6

 

L’hiver s’en vient dans les maisons
Sortir de ses blagues de givré
Le vieux tabac de la grisaille
Et cela dure des semaines.

On est piégé. 

5_Im8

 

Quand vient l’horrible saison froide
Même l’alouette y laisse des plumes.
Pierrot qui passe
En ramasse une
Puisqu’au clair de la lune
Son voisin le distrait a égaré la sienne.

 

 Au chaud, dans le plus grand secret
Les buffets se régalent des sachets de lavande,
Des albums de photos et porcelaines rares
Ou des habits de deuil que l’on y entrepose.

3_Im6Où trouver le courage ?
Se lever au matin sans ramasse-poussière
C’est perdre assurément les débris des étoiles
Qui sont venues la nuit
Illuminer nos rêves.

Dans le geste d’écrire ?
On a beau tendre son cahier
Tel un miroir au monde
Rien ne s’y réfléchit,
Rien ne s’écrit dedans.
On ferait mieux sûrement
De tendre une tablette,
De ramener des photos du ciel
Ou de l’immeuble d’en face.

Peut-être, sur le cahier,
Fallait-il appuyer quelque part ?

En attendant, oui, j’écris.

S’il fallait mettre son espoir dans le Seigneur
Alors j’ai tout raté.
J’ai juste pour ma part
Mis un pied devant l’autre
Et rencontré l’humanité
Et même aussi parfois L’Humanité-dimanche !

Mais, c’est vrai, rien n’est simple.
La complicité avec le poète
Ne s’établit pas en un clin d’œil :
Ce voyant est peut-être un voyou
Et ce dévoiement du langage
Un désert empli de cailloux !

Sous le pavé de sept cents pages
S’étend peut-être juste
Une plage de nudistes
A l’oeil terne,
A la joie éteinte :
Des fracassés loquaces
Et inintéressants.

Qui décide que les pavés brillent ?
La pluie passagère ?

Ecrire, est-ce poursuivre
Des visions ?

1_Im2
Des êtres de légende, la plus inaccessible

Et la plus honorable parmi les homicides,
Chimère,
N’a d’yeux que pour Rodrigue
Et lui baye aux corneilles !

 

 

Trouve-t-on la joie au tourner du temps ?

Concert de nouvel an à Vienne :
Le gai tourbillon de la valse
N’enchante pas le musicien.
L’œil rivé sur sa partition,
Il procède à l’exécution,
Sans cesse menacé d’une réprimande
Par la baguette autoritaire du chef d’orchestre.

Alors on rentre se réchauffer
Et sans cérémonie
- On n’est pas au Japon -
Vers cinq heures on prend le thé.

220119 cabaret vert

Seulement une chose est sûre :
Désormais je n’entrerai
Que dans des cabarets à la façade verte
Et si en lieu et place d’une serveuse accorte
C’est un barman aigri qui apporte
Mon sandwich au jambon
Je lui enverrai ma bière au visage !

Hiver !
Saison d’enfer !


Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 18 janvier 2022

à partir de la consigne 2122-16 ci-dessous.

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12 janvier 2022

LE CHAT NOIR

 Il y a grand monde au cabaret
Pour présenter ses meilleurs vœux
Aux jeunes mariés très heureux.

C’est ici qu’on cherche fortune
Lorsque la lune est plus sereine ;
Aristide a trouvé la sienne !

Elle est jolie, s’appelle Blanche
Et la semaine et le dimanche
Elle rend la vie plus amène.

De ce bouge un peu dégueulasse3_Im1
La gamine a fait un palace
Et l’enrichit de ses chansons.

On n’reconnaît plus l’Aristide :
Le Bruant devenu timide
Est tout aux soins de sa poupée.

Elle a fleuri d’amour en cage
«Le Chat noir» et tous ses parages :
Les fleurs embaument le quartier.

Le chat, sur l’enseigne, est inquiet :
Voilà le petit canari
Qui parle de quitter Paris !

Se pourrait-il que d’aventure
On transborde en sous-préfecture
Son populaire paradis ?

Il sait qu’il y mourrait d’ennui
Alors, patiemment, il attend
Que dans la nuit noire monte un chant

Du genre, forcément alléchant
Pour son museau, :
« Ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux... ».

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean du mardi 11 janvier 2022

à partir de la consigne 2122-15 ci-dessous

12 janvier 2022

LA PRINCESSE JAUNE

3_Im2

- Il me vient une idée »
A dit la princesse jaune.

Mon tout petit pays,
Entouré de royaumes ennemis,

Peut faire à tout moment
L’objet d’une invasion.

Réunissons les rois,
Carreau, Coeur, Pique et Trèfle.

Enseignons-leur le goût
De lutter pour des nèfles.

Promettons-leur
Que je serai le prix
Que je serai la proie
De choix
Du vainqueur
D’un tournoi. ».

Ils sont venus, ils sont tous là.
Elle leur a expliqué toutes les règles.
Elle a donné toutes les cartes
Elle a servi le vin de Sarthe
Et depuis, jour et nuit, ils jouent à la belote
En descendant Jasnières et Coteau-du-Layon.

Elle vient le matin
Dans la chambre de chacun
Voir si dans leur culotte
Traîne encore un dragon,
Histoire de redonner
A ce carré de rois
La force de rêver,
En clamant « Dix de der !»,
Qu’ils l’auront à jamais
Pour soi seul.

Elle se fend la gueule :
Pendant ce temps qu’ils jouent
Et descendent des verres,
Ils ne font pas la guerre !

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean du mardi 11 janvier 2022

à partir de la consigne 2122-15 ci-dessous

12 janvier 2022

ZODIAQUE


7_Im1
- On a coupé la montre en douze
quartiers égaux.

- Si t’as cinq minutes je t’explique !

On a coupé le ciel en douze
signes zodiacaux.

- Si t’as cinq minutes je t’explique !

On se souvient d’Hercule
Et de ses douze travaux.

- Si t’as cinq minutes je t’explique !

- On a mis douze mois dans l’année
ça vaut ce que ça vaut.

- Si t’as cinq minutes je t’explique !
Mais si tu fais tourner à rebrousse-temps la montre
On arrivera au temps de notre non-rencontre
Et tout repartira dans le même non-sens
Alors, sois gentille :
Rends-moi les aiguilles,
Retourne le cadran,
Allons de l’avant !

 

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean du mardi 11 janvier 2022

à partir de la consigne 2122-15 ci-dessous

12 janvier 2022

UN SOIR UN TRAIN

5_Im1

Moi je t’offrirai la Belgique,
Une île de fantaisie
Dans une pluie de perles !

Des gens qui restent-là
Quand passent les Teutons !

Des sages qui font tout
Pour ne pas perdre le Nord !

Des Flamandes qui dansent
En silence !

Même quand le train a déraillé
Et que la musique s’est arrêtée !

 



Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean du mardi 11 janvier 2022

à partir de la consigne 2122-15 ci-dessous

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9 janvier 2022

ELLES SONT VENUES TAMBOUR BATTANT

2022 01 09 vipere-poing-1971-T-GLMdiv

Quand l’oncle d’Amérique a passé l’arme à gauche,
Au moment d’l’héritage,
Au moment du partage,
On a ressorti les trucs moches.
On a retourné les sacoches,
Vipère au poing – sacrée Folcoche ! - ,
On a vidé les lessiveuses,
On s’est traités d’ morveux, d’morveuses,
On a sorti le chien de sa chienne,
Fait pousser le chiendent d’la haine,
Evoqué les brouilles d’autrefois,
Mangé la vengeance en plat froid.

Les neveux ainsi que les nièces
Allaient bientôt se mettre en pièces
Et tout allait dégénérer
Quand le notaire a déclaré :

« Avant de lire le testament
Je vous propose un lavement ».

2022 01 09 Régiment de Tambours de machines à laver

Dès lors le 1er régiment
Des machines à laver les affronts, les tourments
Et la cinquième batterie des enzymes gloutons
Entreprirent de soigner les plaies des banderilles
Que l’on s’était planté·es à propos de Tonton

Elles sont venues tambour battant
Laver le linge sale en famille
Et c’est depuis ce temps
Qu’à Eylau le soleil brille
Et qu’on trouve austère Liszt lorsque Mozart est là

« Le testament dit qu’à Vérone
Votre oncle aima une matrone
Et qu’il y a si bien vécu
Qu’il lui lègue tous ses écus ».

Alors la famille apaisée
Jugea mais un peu tard qu’elle était bien baisée.

Chacun sortit de là complètement lessivé
Mais la nature, hélas, les fit récidiver :


Sous le balcon de tante Juliette
On alla pousser chansonnette

On se bouscula pour la place
De promu·e dans les bonnes grâces

2022 01 09 Polichinelle Mr_Punch_1890-800x800-1601997531

Et quand la tantine a mouru
Polichinelle est apparu ;
Il a gratté sa mandoline
Et chanté : « Une petite machine ? »

Dès lors le 1er régiment
Des machines à laver les affronts, les tourments
Et la huitième brigade d’Ariel Omo Ala
Entreprirent de soigner les plaies des banderilles
Que l’on s’était planté·es à propos de Tata.

Elles sont venues tambour battant
Laver le linge sale en famille
Et c’est depuis ce temps
Que par-dessus les rues de toute l’Italie
Sèche le linge au soleil et que c’est très joli.

2022 01 09 Burano

20 octobre 2021

LE PAYS DES MATINS QUI SE LÈVENT À L'ENVERS

Au pays des matins qui se lèvent à l’envers
Monsieur de Monquartier fait émerger un œil
Du pantalon de pyjama dont il est coiffé

Le soleil illumine
Du plus haut point du ciel
Le moulin de Madame.

Celle-ci, au miroir,
Défait la farderie
Dont elle s’était parée pour égayer la nuit.

Au pays des matins qui se lèvent à l’envers
Monsieur de Monquartier va vider bistouquette
Au Ruisson bernigouet.

L’écluse de Monportail
S’ouvre et laisse passer
Les sables de plaisance.

2122-07 Jean-Paul 1 France_-_17_-_Saint-Froult_-_Écluse_de_Monportail_et_claires_ostréicoles

Le peu des jours s’en vient :
Il faudra aujourd’hui s’en aller chercher l’eau
A la Croix des galets,

Mener les grenouillères
A la Caillèterie
Et tirer la traînasse avant qu’il soit midi
Et le soleil couché.

Au pays des matins qui se lèvent à l’envers
Quand tombent les pénardes, sur le coup de vingt heures,
Tout le monde se fait beau pour danser parpagnole…
Et s’écroule dans son lit dès les grandes Versennes !

2122-07 Jean-Paul 1 sortie_pointe_de_parpagnole

La rouillasse des jours,
La mornètrie du temps…
Jamais rien n’importune les Matinlenversois.

2122-07 Jean-Paul 1 versennes

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 19 octobre 2021

d'après la consigne 2122-07 ci-dessous

20 octobre 2021

LE PAYS OÙ J'AIMERAIS VIVRE

Le pays où j’aimerais vivre
C’est, près du pont de Bernichou,
Au hameau de La Bergerie.

Près des anciens moulins,
Dans le bois de Gaillard,
J’y aurais la cabane
Dont j’ai toujours rêvé.

J’irais puiser l’eau fraîche
Et l’amour à foison
Dans la fontaine de Gringoland

Car au pays où j’aimerais vivre
Personne n’a jamais rien
Contre les étrangers.

2122-07 Jean-Paul 2 Gringoland

Même au moulin de Chevrotine
On se sait de même farine,
La Polonaise et l’Asturienne,

Et les portes toujours
A la fraternité
Des quéreux et pérauds
S’ouvrent très largement.

Au pays où j’aimerais vivre
Je saurais travailler à la circasserie,
Refaire le paradis sur le chemin des Grèves,
Ramasser au verger les pièces du Champ Simon.

Pour délester les graves
De leur esprit de sérieux
Je leur ferais les ailes blanches

Et sur l’aéroport de Rochefort Saint-Agnant
Ils iraient décoller
Depuis la pierre levée.

2122-07 Jean-Paul 2 Rochefort

Au pays où j’aimerais vivre
L’enquillerie des jours,
Les griffes du hasard,
Tout le monde s’en fiche !

Ici l’avenir voisine
Avec le bois fleuri
Et les mille couleurs de l’espérance folle.

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 19 octobre 2021

d'après la consigne 2122-07 ci-dessous

20 octobre 2021

LE PAYS DES FARFELUS

C’est au pays des farfelus
Qu’on peut voir le pont de Parpaing :
Il est en bois ! Il est en bois !

C’est au pays des farfelus
Que les frères Dalton
Ont tenté un hold-up
A la cabane des Casses :
Hélas, aucune banque ! Hélas, aucune banque !

C’est au pays des farfelus
Que les gens de Chie-Loup
- Chie Loup ! Chie Loup ! Chie Loup ! -
Cela fait cent sept ans
Qu’ils sont tous constipés !

2122-07 Jean-Paul 3 Chie-Loup

C’est au pays des farfelus
Que tous les ans, au pré Cornu
A lieu le festival
Des cornards, des cocus
Et des anciens vikings.

C’est au pays des farfelus
Que la route de Mouillepieds
Conduit à La Vacherie,
Qu’on peut aller de Coupe-Gorge
Aux Quatorze journaux,
De Chantemerle à Vide-Bouteille.

La goupillerie des événements,
Le grand moindreau des près de Moins,
La cacoderie des jours,
C’est au pays des farfelus qu’on n’en a cure.

C’est au pays des farfelus
Qu’on balance les soucis
Au canal de Ciré
Parce qu’on n’en a rien à !
 

2122-07 Jean-Paul 3 Canal de Ciré

 

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 19 octobre 2021

d'après la consigne 2122-07 ci-dessous

9 octobre 2021

CAMAÏEU DE BISCAYENS A CAYENNE

C’est dans la gaîté
Des cours de récré
Qu’on rencontre Agate.

Elle est jolie, ronde,
Tout en transparence,
Vous tape dans l’oeil.

On rêve d’aller
Dans sa chambre jaune
Goûter ses mystères

(Son père, pâtissier,
Fabrique des glaces !).

DDS 6684 agates 2

Tiquette, deux billes !
La vie vous sépare,
Vous emmène dare-dare

Pour d’étranges noces
Mener chez le Tzar
De sombres intrigues,

Chez les Bohémiens
Aventures farouches,
Dans des châteaux noirs
Hanter des fauteuils,
Des vies ténébreuses,
Revenir de loin
Ou de l’opéra
Quelque peu fantôme.

DDS 6684 agates

Et puis tout s’arrête
De ces tournoiements
De différents temps.

Le sable a coulé
Entre vos doigts fins
En n’y laissant rien
De bien constructif.

Alors qu’on respire
Le parfum malsain
D’une dame en noir
Qui vient vous saisir
Avec le mot « fin »,

Comme au vieux traîneau
Du citoyen Kane
On pense soudain
A ce souvenir
D’une enfance enfuie
Et on se demande :

- Et toi, pauvre Agate,
Dans toutes ces bisbilles
Comment as-tu roulé ta bille ?

DDS 684 Joseph-rouletabille-reporter-3027

 

Ecrit pour le Défi du samedi n° 684 d'après cette consigne : agate

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