A mi-chemin de la poire et du fromage, la langue française a «klaxon», mot qui claque et qui sonne et qui rapporte au moins 24 points au jeu de Scrabble.
Agencé de façon qu’il se fixe au guidon du vélo de l’enfant comme on fait d’une sonnette, il n’a pas fait d’émules dans le monde animal. Ainsi nous reste-t-il des serpents à sonnettes mais aucun reptile, même subrepticement, n’a muté au point d’être appelé « serpent à klaxon ».
A tous les coins de rues je me pose la question : pourquoi dans l’expression «entre la poire et le fromage» a-t-on choisi la poire plutôt que l’ananas ou la pomme ? Je ne sais, ça reste un clystère.
Dans une automobile, autrefois actionné par appui sur une tige à droite du volant il est aujourd’hui intégré à celui-ci et actionné avec la paume paume paume paume de la main. Le klaxon fait toujours sursauter le compositeur presque sourd dont le destin n’est pas de mourir, composant symphonie, sur un passage ardu et clouté, écrasé par un nain siphonné au volant d’un camion. Ce serait par trop, comme la mort de Coluche et la sixième de Tchaïkovski, pathétique.
Le klaxon !
Actionné en saccades et en signe de joie malgré l’interdiction municipale lors des mariages gays ou hétérosexuels il prouve que la sexualité n’a absolument rien à voir avec l’intelligence. « Quand on est con on est con » a dit Brassens et encore plus quand on a décidé de l’être ou de jouer au.
En ce sens on comprend mieux ici la présence du fromage dans l’expression du début. Le klaxon relevant quelque peu des farces et attrapes ne peut que s’associer… au camembert à musique.
Quod erat demonstrandum… de Vire !
Place à celle-ci (la musique, pas l’andouille… quoique…) !
Je suis prescient ou quoi ? Dans mon insomnie du 19 mars, vers les 4 heures ou 6 heures du matin, j’ai écrit cette krapoverie-ci, qui peut se chanter sur l’air de cette publicité :
L’HOMME D’AUJOURD’HUI, CE RENÉGAT !
On oublie vite comme hier On vécut d’industrie charbonnière
On a oublié pour de bon Qu’il y eut une bataille du charbon
On passe le chiffon du malheur Sur le destin de Jean l’mineur
Qui descendait chaque jour au fond Pour qu’vous vous chauffassiez au charbon
Songez-y donc la prochaine fois Que vous irez au cinéma !
Le lendemain, sur le Défi du samedi, qu’est-ce qui sort du dictionnaire Walrussien ?
«Houille» !
Une occasion en or de rendre hommage à mes ancêtres mineurs avec cette chanson accentuée «comme là-bas, dis !».
Si c’était un gâteau, ce serait un Paris-Brest. Tout d’abord pour la symétrie, comme lui constitué de deux cercles parfaits en leur milieu soudés.
Si c’étaient deux villes ce seraient les mêmes.
De la bonne Lutèce - a-t-elle amphore grandi, cette enfant ! Est-elle embouteillée depuis qu’elle en a pris, de la bouteille, de l’âge ! - il aurait hérité de la nervosité, du mouvement de fourmilière : sa ficelle s’engouffre et s’enroule au moyeu comme l’heure de pointe avale l’employé, le trottin, le badaud à la station Guimard. Hector ! Tous ces Orphées descendent par ta bouche grande ouverte remercier Fulgence qui leur souhaite bienvenue mais votre enfer de 1900 on en ressort et, c’est le mot, on en remonte à Saint-Lazare et on s’élève dans les airs ! Ô la Chapelle ! Ô Stalingrad ! Ô ma Glacière ! J’y ai perdu mon Eurydice et mon bonheur (Glück Auf Deutsch !)!
De Brest il aurait le silence-même, le roulis des flots, la force de traverser les siècles sans beaucoup changer, le côté têtu des Bretons qui s’obstinent à la tradition, au travail à la main, au hissage des voiles, à la science des noeuds, un jeu d’enfant par tous les temps, rappelle-toi, Barbara, tu en possédais un avant qu’il y ait la guerre, cette connerie infâme.
Et donc, tout rond comme une pomme, possédant à peu près sa taille, mais plus cylindre plat que sphère, le yoyo tient dans la paume d’une main d’enfant.
De l’action ! De l’action ! De l’action Saint-Gobain au portefeuille boursier, qui tire les ficelles du mouvement des valeurs ? Quelle trivialité agite et pour quel gain tous les boursicoteurs ?
Pendant ce temps le yoyo chante, en déroulant régulièrement la note continue de son vrombissement, les valeurs du mouvement.
On pourrait pour conclure poser à son propos trois questions très idiotes :
Est-il normal qu’en grandissant l’être humain l’abandonne, infidèle à son jeu d’ascenseur onaniste, au profit du bilboquet ?
Où se situe la touffe qui sert à yoyoter ?
Pourquoi, au Jeu des 1000 € ou à Questions pour un champion n’offre-t-on plus à la gagnante ou au gagnant un yoyo en bois du Japon avec la ficelle du même métal ?
Spécial dédicace à L'Adrienne qui m'a fait découvrir cette chanson et m'a soufflé le début. C'est incroyable ! Rien ne m'arrête dès qu'il s'agit de célébrer mes (toutes petites) racines belges !
Depuis que je suis devenu musicien à temps presque plein, juste interrompu par des confinements gouvernimportementaux, c’est incroyable comme je souffre.
Né nul en solfège comme tout le monde, me voilà chargé d’écrire, de réécrire, de transposer des partitions musicales ou d’inventer des contrechants pour d’autres musiciens qui ne jouent pas d’oreille – c’est hors de leur portée ! – mais en lisant les petits signes noirs posés sur des lignes pleines de codes et pourtant aucun d’eux ne se débrouille comme un chef en informatique.
Mais bon, c’est normal, c’est moi le chef, donc c’est à moi de bosser ! Alors OK, je m’en tire très bien avec Noteworthy composer, Van Basco Karaoké et Partitionsdechansons.com mais là, faudrait voir à ne pas pousser le bouchon trop loin avec le chant grégorien et ce neume dont je n’avais jamais ouï parler! Les grands rigolos de l’abbaye de Solesmes, désolé, je les laisse à Vegas-sur-Sarthe : il habite plus près !
Allez, chantons maintenant !
Mon Neume
Sur cette terre ma seule joie, mon seul bonheur C'est mon neume. J'ai donné tout c'que j'ai, tout mon temps et toute ma sueur A mon neume
Et même la nuit, quand je rêve, c'est de lui, De mon neume. Ce n'est pas qu'il est beau, qu'il sonne juste ou qu’il sonne faux Mais je l'aime, c'est idiot,
Il est carré Mais ses épaules Par du carton Sont rembourrés A l'Auvergnate
Un·e mégalomane, c’est quelqu’un·e qui aime beaugacoup la mugasique.
Un·e mégalopyromane c’est quelqu’un·e qui met le feu à toute sa ville rien qu’en la prenant en photo.
Un·e mégalomordéfinomane c’est quelqu’un·e de complètement piqué qui trouve son bonheur en déposant un texte chaque semaine sur le Défi du samedi.
Et par-dessus-tout ça il y a le mégalomusic-hallomane qui se croit obligé de trouver et chanter une chanson relative au mot choisi par le mégalowalrusonowheremane qui est le tenancier de ce lieu de mégalodébauche ou de mégaloperdition.
P.S. Mégalomane ! Mégalomane ! Il n’existerait donc pas de mégalowomane ?
La mémoire, c’est comme une maison. On court de la cave au grenier, ou plutôt du grenier à la cave, oui, c’est plutôt ça. On descend des photos du grenier, on écrit des textes à partir d’elles et les textes finissent à la cave. Ou parfois on retrouve un texte à la cave et on le modifie un peu pour qu’il colle avec une photo du grenier.
C’est le cas ici. La semaine dernière je retrouve mes vieilles amies de la chorale «La Ritournelle» et je leur fredonne «Obladi Oblada» des Beatles, histoire de moderniser un peu ( ?) leur répertoire qui va de «Froufrou» à «La Bonne du curé» en passant par «Ca vaut mieux que d'attraper la scarlatine». Je me souviens que j’ai commencé à écrire une version française de cette Liverpoolienne rengaine pour la leur faire chanter car ces dames détestent utiliser la langue de la perfide Albion.
Une fois rentré à la maison, je retrouve la traduction-trahison-adaptation dans mon ordi (qui est ma cave à moi !). En fait la chanson est déjà complètement écrite, il n’y manque que les accords pour pouvoir être chantée. Je la fredonne pour vérifier que tout coule bien et je bute, dès le deuxième vers, sur la prononciation de « Jean-Jean joue» :
« Marie vend des œufs sur le marché d’Vill’jean Jean-Jean joue dans un groupe de rock’n’roll ».
Et c’est là que j’ai l’idée du siècle (mwarf !). Pourquoi ne pas l’appeler plutôt Joseph, le gars ? Un couple Joseph et Marie, ça sonne bien, non ? Joseph et Marie. Joseph et Marie !
Joseph et Marie ? C’est bizarre, ça me rappelle quelque chose. Jésus ce que c’était mais je ne me souviens plus bien où j’ai entendu ça.
Ah mais si, bien sûr ! Mon oncle Joseph et ma tante Marie ! J’ai récupéré cette année la photo de leur mariage. Mon cousin Pascal avec qui nous avons beaucoup parlé de la famille m’a remis aussi en mémoire l’histoire de leurs deux enfants, un couple de jumeaux, un garçon et une fille, né·e·s à cheval sur deux années la nuit de la Saint-Sylvestre, le 31 décembre et le 1er janvier ! Comment se choper un an d’écart en moins d’une heure !
Mais bon, je ne suis pas là pour raconter ma vie ni celle des autres alors, musique, maestro !
OBLADI-OBLADA (Lennon-MacCartney ; traduction-trahison-adaptation par Joe Krapov)
1 Marie vend des œufs sur le marché d’ Vill’jean Joseph chante dans un groupe de rock’n’roll (comme une casserole) Joseph dit à Marie : «Qu’est-ce que tu es jolie ! Est-ce que ça t’dit de v’nir danser au bal sam’di ?" "Oui ça me dit"
Refrain Obladi ! Oblada ! C’est la vie ! Oui ! La la ! C’est la vie qui va ! Obladi ! Oblada ! C’est la vie ! Oui ! La la ! C’est la vie qui va !
2 Marie joue maint’nant du piano dans le groupe Sur la moto d’ Zèph elle monte en croupe On n’sait pas comment ça s’est fait les amis Voilà que le ventre de Marie s’arrondit (Au refrain)
Pont 1 Pas plus tard que sam’di place de la mairie de Rennes Lalala Lalala Lalala La-a Devant tous les amis ils se sont dit oui Amen Mari-és par Nathali-ie
3 Joseph est dev’nu le mari de Marie Ils ne dansent plus le boogie-woogie Ils ont raccroché la guitare à son clou Et le groupe de rockabilly lui est dissous (Au refrain)
Pont 2
Dans une couple d’années ils auront un « home sweet home » Lalala Lalala Merci Giboire ! Avec un bout d’pelouse et une balançoire Pour leurs deux jolis petits mômes
4 Marie vend des œufs sur le marché du Blosne Joseph fait des autos à La Janais(des SUV !) Le dimanche midi ils déjeunent chez Mamy Et puis ils vont au CGR à La Mézière (Au refrain)
5 Cette histoire d’amour est vraiment bien partie Elle va leur durer toute une vie Et lorsque Joseph aura 64 ans Marie l’aim’ra peut-être encore plus que maint’nant (Au refrain)
P.S. 1 Désolé, mais à force de courir de la cave au grenier, je n’ai pas eu le temps encore de mettre les accords ni de l’enregistrer ! A vous de la chanter sous la douche, l’air est connu !
P.S. 2 Ah et puis si, j'ai trouvé le temps, finalement !
Maintenant que j’ai assez de temps pour pouvoir regarder dans le rétroviseur je m’étonne d’avoir été accompagné, tout le long de mon chemin, par un fabuleux moissonneur.
C’est une espèce de Canadien errant. Il s’appelle Neil Young et on a absolument le droit, si c’est votre cas, d’être passé à côté de sa voix nasale, de son rock lourd, de ses interminables soli de guitare électrique et de sa production pléthorique. J’en connais beaucoup qui, dans un autre genre, n’ont toujours pas lu Proust, par exemple.
Et justement, on va rire, c’est dans une ville appelée La Madeleine, chez mon copain Jean-Baptiste B. que j’ai entendu pour la première fois «Uncle Neil» et ses premières galettes plus ou moins «country» ou «country-rock».
Le chef d’œuvre du bonhomme dans ces années-là était un album intitulé «Harvest», sorti en 1972. Il y enfonçait des portes ouvertes comme «Un homme a besoin d’une femme» c’est pourquoi je suis comme toi, «Vieil homme», je cherche «un cœur en or» et je ne me paie pas de «mots» avant de faire ma «moisson».
Il remet ça en 1992 avec un album intitulé «Harvest moon». Mais pour illustrer le mot «éteule» – Que reste-t-il après la moisson ? Des éteules et des chansons ! – j’ai choisi de vous traduire-adapter-massacrer une autre chanson de l’album «Rust never sleeps» intitulée "Thrasher" (La moissonneuse). Sans prétention aucune, comme est le bonhomme qui ne craint pas, depuis le confinement, de se faire filmer en vidéo en train de gratter-chanter-pianoter…dans son poulailler ou sous le porche de son ranch !
- Elles nous en font voir de toutes les couleurs !
- Qui ça ? Les femmes ou les fleurs ?
- Elles sont partout ! Du Roman de la rose au Dahlia noir, de Fanfan la Tulipe au Lys dans la vallée ! - L’amour est un bouquet de violettes… impériales et impérieuses ! - Elles vous disent d’aller siffler là-haut sur la colline, de les attendre avec un petit bouquet d’églantine… et elles ne viennent pas ! - Moi je ne marche plus dans la combine ! J’ai décidé une fois pour toutes : pas d’orchidées pour Miss Blandish ! - La petite marguerite est tombée, singulière, du bréviaire de l’abbé ! - Gentil coquelicot ! Fleur de Paris ! Roses blanches de Corfou ! - Quand refleuriront les lilas blancs ? Au temps du muguet ? A celui des cerises ? - Si tu veux faire mon bonheur, Marguerite, donne-moi ton cœur ! - On est bien peu de choses et mon amie la rose me l’a dit ce matin. - La Rose pourpre du Caire ! Le Rosier de Madame Husson ! Le Chevalier à la rose ! La Tulipe noire ! Les roses blanches («C’est aujourd’hui dddiman-cheuh») ! Petite fleur, P’tite fleur fanée, Magnolias for ever, les glycines de Serge Lama (quand lui fâché, lui toujours cracher !). Les Rhododendrons de Sim ! L’important c’est la rose ! - Violetta ! La Traviata ! La Dame aux camélias ! Le Lotus bleu ! La Rose et le réséda ! - En tout cas si tu crains la canicule et que tu ne veux pas rencontrer une jolie vache déguisée en fleur, ne te réfugie pas là, oncle Walrus ? - Où ça, là ? - Là où l’on fait catleya : à l’ombre des jeunes filles en fleur !
P.S.
- Eh ! Ne m’oubliez pas ! - C’est qui, lui ? - Le myosotis !
Joe Krapov est poète, humoriste (?), musicien à ses heures et photographe à seize heures trente. On trouvera ici un choix de ses productions dans ces différents domaines.