Sur le Défi du samedi n° 184 du 10 mars 2012 j'avais publié ceci :
"Ce n'est sans doute pas une pépite mais cet objet-là, complètement hors normes, complètement unique, est si rare qu'il n'en existe qu'un seul exemplaire. Qui plus est, si vous ne l'enregistrez pas sur votre disque dur, il s'autodétruira dans trente jours !
Quant à savoir pourquoi il m'est si cher, pourquoi il n'a pas de prix à mes yeux, eh bien, sachez-le, c'est très... privé ! Disons que c'est aussi une histoire de roi et de princesse !"
Je n'avais rien trouvé de mieux à l'époque, pour publier ce conte assez long illustré par Mlle Zell, que de le déposer sur dl.free.fr. Las, au bout d'un mois, comme je l'indiquais, le texte disparut.
C'est pourquoi je le republie ci-dessous grâce à Canalblog qui peut afficher des fichiers en .pdf inférieurs en taille à 2 MO. Même si c'est compliqué à faire, merci à eux !
Vous pouvez cliquer sur le lien ci-dessus ou sur l'image en fin de billet pour le télécharger. Un autre clic sur la petite croix en haut à droite permet de l'ouvrir dans une nouvelle fenêtre et d'augmenter la taille des caractères.
Le dragon gon gon… Gontran tran tran… transitait tait tait… terrifiant fiant fiant… fientant tant tant… tant et tant tant et tant… Ah c’est entêtant ! Tant et tant tant tant… qu’on con con… concevait très ai- zé zé… (zézaiement) z’aisément de ne pas le suivre à la trace sauf que ce n’était pas la Thrace mais la Lybie et de l’alibi bi bi… bibi j’en ai pas !
Il arriva va va… vachement affamé mé mé… méchoui, c’est ça ça ça… sacrément affamé même ème ème… emmi un troupeau po po… potelé de brebis.
Quel pays i i… idéal al al… à l’épanouissement de mes mé mé… méchants instincts tin tint… tint-il à peu près comme langage… ge ge… je vais m’installer par ici !
Ce projet jet jet… généra chez les paysans zan zan… z’environnants nan nan… nantis de fourches et de vindicte un tollé lé lé… légitime.
Dans ce royaume aume aume… aux mœurs féodales dal dal… d’alors lors lors… l’ordre était assuré ré ré… régulièrement par un monarque arc arc… arc-bouté sur l’autorité ité ité… itérative qu’il exerçait çait çait… sévèrement sur les seigneurs ses vassaux.
- C’est bon, Pierre, arrêppe ! Pardon, arrête ! Ca va prendre des plombes si tu le lis comme ça. Chante-le nous, plutôt !
Et Pierre Repp a chanté la suite. Ce fut très bien. Il fut très applaudi.
Sachez-le pour votre gouverne car c’est peu connu et assez étonnant : les gens qui sont bègues n’ont pas de problème d’élocution quand ils chantent.
N.B. L'illustration nous a été aimablement offerte par Dame Adrienne qui l'a ramenée de son voyage de 2018 à Berlin.
Mon premier était commandé par Attila et se déplaçait en horde.
Mon second se met au lit sans être pour autant malade ni que qui que ce soit ne tire la couverture à lui.
Tu sors de mes troisièmes quand la colère t’em-porte.
Mon quatrième est un pantalon argotique.
Mon cinquième, s’il est garni par mon second, peut servir au repos de mon premier s’il est guerrier et s’il a enlevé mon quatrième avant d’y monter.
De mon sixième, on ne peut pas nier qu’il est un peu benêt ni que les Québécois, dans son petit panier, lui ajoutent des œufs (zeux, dit-on par là-bas).
Mon septième s’obtient quand on coupe un gâteau en huit (ou en douze ou en seize) mais est absent si on coupe les cheveux en quatre. Encore que moi, dans ces cas-là, comme une flèche, je parte !
Mon huitième est un animal qui grimpe dans les arbres, mange des bananes, et que Pierre Boulle a doté d’une planète.
Mon neuvième sert à fabriquer la bière mais n’est pas le houblon.
Mon dixième est l’habitacle d’une vigie, que le navire soit pirate ou pas.
Il serait vin de croire que mon onzième s’obtient en mélangeant du rouge et du blanc dans un verre.
Mon douzième est identique à mon dixième.
Mon treizième s’extrait d’un rouleau de tapisserie pour orner les murs d’une pièce alors que la bosse trouve son origine dans un rouleau à pâtisserie pour orner le front d’un mari. (Pour être heureux, mariez-vous !).
Photo empruntée à l'oncle Walrus (Défi du samedi n° 520)
Mon quatorzième est un prénom masculin commun à trois des membres du groupe Tri Yann.
Mon quinzième permet de croquer dans un fruit ou de mordre les doigts de l’odontologiste qui vous a fait mal.
Mon seizième est une interjection enfantine dont Emile Zola, bien qu’il eût dépassé l’âge de l’employer, usa par deux fois pour prénommer la descendante des Macquart qui devint courtisane.
Mon dix-septième est composé de vin blanc et de sirop de fruit (mûre ou cassis ou pêche) et peut se boire à l’auberge du Chanoine.
Mon tout est le résumé d’un récit de la mythologie chrétienne.
Pour lire la solution, passez la souris en maintenant le clic gauche enfoncé sur l'espace ci-dessous !
Un dragon fut aligné par Saint-Georges. Une rose et une légende en naquirent. Hun – drap –gonds – futal –lit – niais – part – singe – orge – hune – rosé – hune –lé – Jean – dent – na - kir
Merci infiniment à Dame Adrienne, émérite chasseuse de dragons, qui m'a ramené celui-ci d'un de ses séjours à Ostende !
- C’est entendu : l’histoire ne casse pas trois pattes à un canard !
- Le héros principal est fagoté comme l’as de pique !
- Les autres, ceux de la Cour, les chevaliers toujours mis sur leur trente-et-un, sont quand même de sacrés dégonflés !
- C’est vrai quoi ! L’éternel retour de la Bête du Gévaudan, un seul petit dragon à éliminer ce n’est quand même pas la mer à boire ni les douze travaux d’Hercule à réaliser !
- C’est pas difficile de se mettre en quatre, surtout si on est les trois mousquetaires.
- Il faut croire que la princesse mise en gage n’est pas aussi attirante que Blanche-Neige et les sept mains baladeuses !
- En même temps tout le monde ne peut pas être la huitième merveille du monde !
- Bref, si on reprend au début, ce dragon, à lui tout seul c’est les sept plaies de l’Egypte…
- … Sauf que ça se passe en Irak !
- Bad gag à Bagdad ! Le bestiau arrive au volant de son erreur 404 et se met à bouloter tous les moutons des pécores…
- … y compris ceux qui ont cinq pattes…
- … sans même réclamer un coup de fil-en-six pour faire passer la laine et se rafraîchir la sienne, d’haleine, qu’on dit être de cordonnier.
- Le délégué syndical de la FNSEA monte quatre à quatre les marches de l’escalier pour un cinq à sept sans rien d’érotique : il a juste obtenu une audience royale en fin de journée. Sa Majesté…
- Quinze !
- Quinze ? Pourquoi tu dis « quinze » ?
- C’est un barbu. C’est un roi barbu qui s’avance.
- Sa Majesté convoque François, Claude, Mick, Annie, Dagobert…
- …le fameux Club des cinq…
- … le clan des sept, les six compagnons, les quatre filles du docteur Marsh, les sept mercenaires, les sept samouraïs, les cent un dalmatiens et les trois jeunes tambours.
- Tout le monde est aux quatre cents coups mais personne ne veut y aller !
- Ils les ont tous à zéro ! Ca chocotte terrible !
- Mais où est donc passée la septième compagnie des archers du Roy qui avançaient trois par trois ?
- Heureusement il y a le Minitel ! 36 15 code je ne suis pas un zéro !
- Et revoici Georgius sanctissimus, le n° 1 au top 50 des chasseurs de prime.
- Et dans cette version-ci, ni armes ni violence car Saint-Georges est vegan, polyglotte et roué…
- … il affronte le dragon dans une épreuve de sudoku niveau 9 !
- « Si je termine mon sudoku le premier tu dégages le tien au Nord ! »
- « C’est où t’est-ce que ? » demande le dragon qui a été scout dans sa jeunesse et a donc beaucoup de mal à s’orienter.
- « C’est le plus septentrional des quatre points cardinaux. »
- « Ah d’accord, je vois ! Là où il y a la statue des six bourgeois de Calais. Et si c’est toi qui perds ? »
- « Si je perds je te refile toutes mes actions du CAC 40 et je rentre chez moi regarder la fin de « Six feets under », chanter « Five foot two » sur mon ukulélé rose, relire « L’assassin habite au 21, » « Un dans trois » et « Le dernier des six », des polars de Stanislas-André Steeman ou « Trois hommes dans un bateau » de Jérome K. Jerome. Je peux aussi regarder « Huit et demi » de Fellini. Ca fait des années que j’ai le dévédé et je ne l’ai toujours pas visionné. Y’a même « les 39 marches » d’Alfred Hitchcok d’après un roman de John Buchan. »
- Bien sûr, c’est Saint-Georges qui gagne. Il remplit sa grille en cinq secs.
- Quand je te disais que l’histoire ne casse pas trois pattes à un canard !
- Normal. On n’a jamais vu un dragon capable, avec ses grosses griffes, de reporter des chiffres dans les cases des sudokus d’Ouest-France dimanche. Elles sont tellement minuscules que moi, déjà, je n’y arrive pas ! T’imagines le bestiau !
- Alors on fait quoi ? On arrête cette déclinaison ?
- 99 dragons, c’est comme la princesse qui n’est pas aussi belle que la Shéhérazade des mille et une nuits : on ne va pas y passer 107 ans, non plus !
- « 107 ans sur le pot, la vie d’un constipé », comme on disait chez moi quand tu restais trop longtemps à lire Télérama aux toilettes !
- Y’ a que là que ce journal est lisible, en même temps. Donc on arrête à 39 ?
- Oui. « 39 dragons : exercices de style ».
- C’est nul comme titre, non ?
- Oui, c’est nul. 99 sonne mieux. Bon alors OK on continue. On dit un par semaine, les nuits d’insomnie comme aujourd’hui.
- C’est reparti comme en quarante, mon colonel !
- Alors bons baisers de Russie et bonne fin de nuit, 007 !
Ecrit hors ateliers le 3 janvier 2018
N.B. Les deux photos ont été prises à Nantes le 26 décembre 2017
Le dragon, affamé, s’approche du troupeau, envoie d’un coup de patte valser à cinquante pas le chien du paysan.
Les brebis affolées se jettent sur l’enclos mais le monstre a tôt fait de tordre le cou à l’une.
Sans même prendre le temps de la faire cuire – quel besoin d’un barbecue quand on crache soi-même des flammes ? – il l’engloutit
Puis il va se désaltérer dans le courant d’une onde pure, émet un rot sonore et se pose sous un arbre pour digérer tranquille en se tapant une petite sieste
Pouah Aaargh Aïe aïe aïe Bouh hou hou Snif
Tap Tap Tap Drelin Drelin Smack Smack Groin Groin "Tagada Tagada Toc Toc Vlan Patatras Sob"
Un peu plus tard le paysan découvre le carnage et se lamente en comprenant sa douleur.
Aussitôt il se rend chez Dame Christiane, la responsable locale de la FNSEA, lui claque deux bises car ils sont copains comme cochons et il l’enjoint de partir à cheval pour aller au château du roi Vlan lui dire le malheur qui leur tombe sur la gueule
Hue Hiiiii Tagada Tagada Cataclop Cataclop Toc toc Drelin drelin Frou frou Coucou Bla bla bla bla bla bla Vlan Bing Bling-Bling Oups Vlan Taratata Pouët Pouët Taïaut Taïaut Smack Smack Frou Frou
Dame Christiane va mettre la plus belle de ses robes de voyage, elle s’apprête, se parfume puis redescend. C’est que ce n’est pas rien de rendre visite au roi Vlan ! Autant ne pas se présenter devant lui avec des sabots de paysanne : les capitaines auraient vite fait de l’appeler « Vilaine »
Elle enfourche son cheval qui file au galop jusqu’aux portes du palais. Elle toque à la porte, tire la sonnette et après qu’on l’a introduite elle fait frissonner sa belle robe à traîne sur le carrelage de la salle du trône. Elle se présente, expose la situation et le roi ainsi que les courtisans sont assommés par la nouvelle. Le monarque lui annonce qu’il va battre le rappel des ses troupes et faire donner la cavalerie afin de chasser le monstre. Il lui claque deux bises sur les joues en signe de compassion et la syndicaliste prend congé en faisant froufrouter sa robe d’apparat.
Rantanplan Rantanplan Taratata Trutt Trutt Banzaï Youhou Rintintin Floutch Coa Coa Fissa fissa Ouste Pschitt Pschitt Piou Piou cataclop Cataclop RTL Zou Chpong Bzz Bzz Bzz Zonzon
La roi a fait battre tambour et lancé le rappel de ses preux chevaliers. Il les exhorte à débarrasser le royaume de ce qui n’est au fond qu’un gros lézard à injection, un allume-gaz monté sur des cuisses de grenouilles. Mais ses seigneurs s’avèrent des lâches et vite fait bien fait ils replient leurs gaules, montent sur leurs grands chevaux et retournent de calfeutrer dans leur duché par amour du luxe en bourg. Le roi reste tout seul dans son palais. Dans le grand silence attristé on entendrait voler une mouche mais en fait ce n’est qu’un moustique.
Cui Cui Cui Cot Cot Kodak Miam Slurp Mmmh Ding Dong Ding Dong Chabadabada Allô Bla Bla Bla Vlan Snif Boum Boum Cocorico Heula !
Dans les tréfonds de la campagne sarthoise, pas très loin de l’endroit ou Dame Pénélope Fillon fabrique des confitures, Saint-Georges fait une retraite à l’abbaye de Solesmes. Quand soudain son téléphone portable sonne. C’est le roi Vlan, embarrassé, qui pleurniche au bout du fil pour bénéficier de ses services de décapiteur en chef de poulets aux usines agro-alimentaires LDC de Sablé-sur-Sarthe
Youpi Youp Olé Olé Vlan Alleluia
Le roi Vlan est content (il faut bien que le corps exulte) : le justicier sarthois a accepté de lui venir en aide
Flac Floc Glou Ploc Pouf Pout Tip Vlouf Houla Aïe Aïe Aïe Badaboum Baoum Boum Pan Pataras Atchoum
En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire Saint-Georges est là.
Il a fait la route sur son tracteur Massey-Ferguson et le voilà qui corne à la porte du dragon.
Après moult estocades portées à la bête il sort victorieux de ce combat malgré un rhume des foins sérieux ramené de Solesmes ou l’été est parfois très sec
(Bon, c'est vrai, l'agonie du dragon dure une petit peu trop mais parfois j'aime bien tirer à la ligne plutôt que de pointer à l'Agence Nationale de la Panne d'Ecriture !)
Smack Smack smack guili guili Hi Hi Hi Ha Ho Hé Hmmm Miam Miam Youf Schlika Schlika Wham Wham Aaaarg Maman Olé Olé Rhaa lovely Hmmm Prout
Dans cette version-ci Saint Georges, en récompense, fricote grave avec la fille du roi. Je vous signale que ça fait quand même quarante et une fois qu’elle reste assise sur le banc des remplaçants à compter les points ! Et ce Saint-Georges, il a beau être dévot, il n’en est pas moins homme : il faut bien que le corps exulte. Et puis tant pis si ça ne vous plaît pas : j’écris tout qu’est-ce que je veux, d’abord, ici ! Na !
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 12 juin 2018 d'après la consigne ci-dessous
Il s’appelait Paul Ledragon mais on le surnommait Popaul. C’était un chemineau qui se faisait employer comme journalier ici ou là. Il n’était jamais le dernier à aller cueillir la pâquerette derrière un talus, à demander becquée à Vénus ou à s’enivrer de sa bouteille mais quand il allait en pantoufles par le chemin sec il se calmait, il regagnait les villes où ça sentait l’avoine, prêt à accepter tous les boulots comme on prend ce qui tombe de l’étagère.
Ce jour-là, le 20 octobre 1854, Popaul Ledragon était venu boire du ratafia au Pont de Neuilly. C’était une gargote qui s’appelait ainsi parce qu’elle était sise près du pont de Neuilly-sur-Marne. Dans la période précédente, Popaul avait vécu au clair de lune et il en était réduit, comme souvent, à se contenter du café du pauvre.
Il avait demandé à la patronne s’il y avait de l’embauche dans la région.
- Nous on cherche un plongeur, déjà !
- Un plongeur ? Dans la Marne ? Avec un scaphandre de poche ? Pour aller récupérer les noyés ?
- Non, mon gars ! Nous, c’est Albert Leroy et moi ! Et le plongeur c’est pour faire la vaisselle du restaurant !
Ledragon avait dit banco et il était devenu l’homme à tout faire du « Pont de Neuilly ». On ne le reconnaissait plus. Il faisait les cuivres façon grand hôtel ; en cuisine il décortiquait la crevette comme pas un ; il faisait la lessive d’Albert et mettait ses chaussettes à la fenêtre ; bref il sculptait l’atmosphère de manière telle que personne n’eût voulu en changer. Ainsi il donnait toute satisfaction et même plus vu qu’affinités avec la Zézette qui tortillait de la crinoline devant lui.
Comme il avait le nez tourné à la friandise il avait très vite senti que la patronne avait un frelon dans le module, qu’il existait en elle un trésor à faire étinceler. Il avait deviné qu’Albert, de ce côté-là, s’était endormi sur le rôti. Pour ce qui est de s’expédier chez Montgolfier, il y a des gens comme ça qui, avec un scoubidou de sous-officier de réserve, sont capables de devenir très rapidement des académiciens de la flanelle. Albert Leroy en était : sa petite musique de nuit était passée du B-dur au bémol et les seins de Zézette mouraient comme des melons.
A la façon dont elle faisait des yeux de carpe pâmée en le regardant travailler, il avait compris qu’elle en était réduite, pour chanter Ramona, à faire résonner sa petite guitare cachée.
Un jour qu’Albert était parti au ravitaillement à l’autre bout de Paris chez son neveu Georges qui était grossiste près de l’abbaye de Longchamp, Popaul avait aisément réussi à faire cascader la vertu de l’aubergiste. Il lui avait déballé le Mon chéri et elle n’avait pas tardé à crier Maman. Bref il avait mangé en hachis les restes du gigot et les deux s’en étaient trouvés bien.
Cela faisait six mois que ce manège durait. On était maintenant au signe des gémeaux, fin mai, début juin. Zézette n’avait jamais été aussi resplendissante ni Albert aussi suspicieux. Il la regardait qui tournait et retournait son éventail et il lui trouver un petit air à faire voler son dragon comme elle en avait à l’époque de leurs fiançailles. Son dragon ou son Ledragon ? Très vite cette association d’idées fit tic tac dans ce qui lui restait de cervelle et il comprit ce soir-là ce qui devait se tramer ici les jours où il allait chercher boustifaille et tonneaux à Longchamp.
Albert Leroy ne vécut plus dès lors qu’avec cette question : Comment se débarrasser de ce chaud de la couche ? Comment mettre les bagatelles à la porte ? Bien entendu, sans agacer le sous-préfet, sans rendre publique la paire de cornes que sa sauterelle d’édredon lui faisait porter. A-t-on idée aussi, ô femme folle, d’avoir le bonbon qui fait robe à queue ?
Il s’ouvrit de son dilemme à son neveu Georges. Le neveu était un drôle à la fesse tondue ! Il était sexy comme un curé dans un prunier mais à part ça c’était un homme de bon conseil, très inventif et l’on disait de lui qu’il avait toujours du boudin à apporter à sa cousine.
- Ta tante Zézette s’applique un homme sur l’estomac. Mais c’est à moi que le cataplasme pèse.
- Y’a pas de quoi se mettre en capilotade à cause d’un dénicheur de fauvettes qui a emprunté un pain sur la fournée, Tonton ! Mais ton gars Popaul, on va le faire cheminer autrement que des pieds. Je sais comment le faire cesser de grimper aux rideaux !
On ne sait pas comment Georges s’y prit mais trois semaines après, sur l’esplanade au pied du pont de Neuilly-sur-Marne un chapiteau immense était dressé. Des clowns, des acrobates, des trapézistes, des singes et même un éléphant traversèrent toute la ville dans une parade folle pour annoncer la représentation du cirque Carelli.
On ferma l’auberge ce soir-là et, à la demande insistante d’Albert, Ledragon accompagna les tauliers du pont de Neuilly à la fête. Tout se passa bien pour tout le monde jusqu’au moment où le dompteur hypnotiseur, Zorbak le Grec, demanda à Popaul de descendre sur la piste pour ce qui allait être, selon lui, le clou du spectacle.
Le lion ouvrit grand sa gueule, le dompteur mit la tête du factotum dedans. Il y eut un roulement de tambour, le canon tira sa poudre aux moineaux et… le lion ferma sa gueule !
Ben oui, parfois ça accidente sur la piste. On laisse les chats aller au fromage et finalement les fauves mangent les papiers des petits fours ! Quand on prend les chemins de Fatima, il y a des risques ! Quand on mène Popaul au cirque aussi !
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 6 juin 2018 d'après la consigne ci-dessous.
Bon, c’est un dragon qui vient d’envahir un pays prospère où il peut boulotter les brebis des paysans du coin.
Mais comme on est encore à peu près au Moyen-Age les serfs demandent à leur seigneur qui leur doit protection d’intervenir mais malheureusement pour eux celui-ci ne peut rien faire vu qu’il est entouré de chevaliers pleutres et incapables.
Alors la fille du roi lance une pétition sur les réseaux sociaux de l’époque, crée le hashtag #balancetonmachonul sur Twitter et surtout paye en ligne via Paypal sur le site Bobdenard.com la location d’un mercenaire ad hoc pour soûler au whisky le monstre du Loch Ness qui a débarqué chez eux.
Et c’est ainsi que Saint-Georges Rémi invente le chevalier de Hadoque dont cette aventure inédite me permet ce jour de pondre l’épisode 40, en style expéditif, de «99 dragons : exercices de style».
Ce trésor-là n'a pas de prix. C'est une oeuvre de Mademoiselle Zell. J'aime à penser que si je viens à bout un jour de "99 dragons : exercices de style" elle en constituera la couverture. Pour l'instant ce tableau m'inspire le dialogue suivant :
LES PARENTS - Cet enfant est inquiétant : il n'arrête pas d'écrire ! LE DRAGON - Vas-y, Joe Krapov, écris m'en encore une autre !
Joe Krapov est poète, humoriste (?), musicien à ses heures et photographe à seize heures trente. On trouvera ici un choix de ses productions dans ces différents domaines.