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Mots et images de Joe Krapov
99 dragons
23 décembre 2019

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 51, Conte de Noël et d’univers parallèle

Dans cet univers-là, j’en suis désolé pour le bœuf et l’âne, personne ne vient accoucher dans leur étable aux environs de la Noël. Enfin du 25 décembre. Exit Jésus. Pas de Marie ni de Joseph. Il n’y a pas de mythe de l’immatriculée conception, pas de plaque minéralogique « Galilée ». Il n’y a pas de roi mage ni de plumage pour savoir lequel est le noir de Melchior, Balthazar et Gaspard.

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Dans cet univers-là, j’en suis désolé pour les rennes mais la Finlande n’existe pas. Le Père Noël n’y a pas installé ses ateliers de fabrication de jouets pour enfants sages. Il n’y a pas de traîneau qui traverse le ciel dans la nuit étoilée, pas de lutins en C.D.D. qui ont emballé des cadeaux, pas de cheminée pour les recevoir, pas de chaussons au pied du sapin. Pas de Mère Noël qui s’affale devant un Walt Disney à la télé pour oublier que ce soir-là son mari bosse de nuit et qu’elle est encore seule avec sa voisine de palier, la mère Fouettard, pour s’envoyer du Champagne par-dessus de la dinde aux marrons en soupirant de concert qu’il y en a marre de ces dindons : avec le métier qu’ils ont et personne pour vouloir prendre la relève, ces deux imbéciles ne sont pas près de prendre leur retraite. En même temps, dans notre univers à nous on est aussi un certain nombre d’imbéciles potentiels à qui on dit qu’il faut travailler jusqu’à 64 ans alors que ça fait déjà huit ans qu’on ne veut plus les employer : trop vieux, trop chers, pas assez esclaves corvéables et taillable à merci comme les jeunes. Merci patrons, Merci Macron !

Et donc, dans cet univers parallèle-là, le personnage emblématique du solstice d’hiver est un dragon qui habite dans une grotte avec ses deux femelles, Eulalie et Hortense Tatin. Le dragon lui s’appelle Grostas. Grostas Tatin ! C’est pas l’homme qui prend l’amer, c’est l’amer qui prend l’homme !

Et notre dragon est très en colère parce que c’est la fin de l’année. Il sait bien que ses deux cuisinières vont encore lui saloper le gigot d’agneau à la fraise des bois qu’il a ramené de sa chasse du matin. Eulalie et Hortense, c’est bien simple, elles font toujours tout à l’envers. Parfois elles lui fabriquent des écailles « Lady Gaga » avec la viande des ovins.

- Ca te va à ravir, Grostas ! » s’exclament-elles en chœur.

Parfois elles mettent à cuire la toison des bêleurs. Ca pue dans le gourbi ! Je ne sais pas si vous avez déjà filé la laine aux flammes mais je peux vous assurer que la combustion du poil de mouton, ça ne sent pas bon ! Surtout dans une grotte de dragon !

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Donc Grostas est en colère. Il va encore y avoir un cadeau à tomber du ciel. Tous les ans le Créateur de cet univers, pour une raison que Lui seul connaît, gratifie les trois dragons de la grotte d’un paquet mystérieux. Grostas, Hortense et Eulalie enlèvent le papier et les ficelles avec leurs grosses griffes, ce qui n’est déjà pas facile, puis se grattent la tête. Il va falloir mener l’enquête sur ce que ça peut bien être. Et pour mener des investigations dans cet univers où ne vivent que trois dragons, des millions de moutons et une sorcière, ce n’est pas sorcier, il faut aller la voir : Madame Wekeep, un puits de science à bas bleus et verrue sur le nez.

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Madame Wekeep est du genre tristouille. Elle a beaucoup voyagé sur son balai mais ne peut plus bouger depuis que celui-ci a attrapé de l’arthrite. En fait elle a eu vite fait de faire le tour de ce monde-là.

- Je n’ai vu que des moutons qui moutonnoient à perte de vue et si je n’avais pas les sciences occultes et l’Interplanètes pour m’occuper je m’emmerderais ferme sur cette boule à la con où il n’y a que trois dragons et pas un seul chevalier Saint-Georges.

- Joyeux Noël, Madame Wekeep !

Voilà justement les Tatin qui se pointent chez elleavec leur gros popotin, leurs paquets-cadeaux et leur questions de victimes à jamais de l’illectronisme.

- Est-ce que vous pouvez nous dire c’est quoi-t-est-ce qu’on a reçu, cette année ? demande Hortense. L’année dernière, le train électrique, on n’a toujours pas compris le concept. Pourquoi est-ce qu’on aurait besoin d’énergie pour se déplacer ? Notre univers est peuplé de moutons à perte de vue, les paysages sont pareils partout et on n’est que quatre à y habiter ?

- Vous savez, répond Madame Wekeep, c’est très bien quand même, la curiosité intellectuelle ! Découvrir de nouvelles idées, imaginer d’autres mondes, inventer des machines qui vous simplifient la vie… Par exemple moi ma vie serait bien plus belle avec un chat sur les genoux.

- Vous rigolez ou quoi avec vos curiosités ? rétorque Eulalie. L’année d’avant, le camion de pompiers, si c’était pas du foutage de gueule ! Un truc pour éteindre le feu ! Mais nous, si on ne crache plus de flammes, comment on les fait griller, les côtes d’agneau ? En frottant deux silex l’un contre l’autre ?

- C’est une idée. Ca pourrait marcher. Qu’est-ce qu’Il vous a apporté, cette année ?

- Tenez, regardez. C’est là dans le carton. On a fait un seul paquet. Le truc qui bouge un peu n’a pas l’air intéressé par l’espèce de frisbee et la petite balle rouge. Vous avez déjà vu ça ? demande Hortense.

Eulalie montre l’intérieur du carton. On y trouve un cercle de métal avec des rebords, une sphère de couleur rouge et un animal oblong qui n’a pas de pattes.
- Non. Ca ne me dit rien. Mais je vais consulter mon miroir magique vu que vous êtes venu.e.s pour ça. (Oui, dans cet univers-là l’écriture inclusive existe aussi). Vous voyez que vous en avez un petit peu quand même, de la curiosité !

- De la gourmandise surtout, répond Grostas. On ne sait jamais, peut-être que ça se mange, cette année ! Le ragoût de mouton, à la longue, c’est monotone, même avec de la menthe. Quant à la panse de brebis farcie…

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La sorcière s’approche de son chaudron et se penche sur un liquide pas très ragoûtant qui bouillonne à l’intérieur. D’une vieille cage à fromage grillagée elle extirpe une souris vivante en la tenant par la queue et la plonge dans l’huile qui aussitôt émet des bruits : « Boubeule ! Bloubgueule ! Gloubeule ! Gougueule ! ».

Aussitôt que la souris a fait « clic » - dans cet univers-là c’est l’onomatopée qui correspond à « couic » chez nous – la surface du liquide s’immobilise, s’éclaircit et devient aussi lumineuse et réfléchissante qu’un miroir de beauté matinale.

Madame Wekeep sort la sphère rouge en la tenant par la petite queue qu’elle a sur la tête. Elle la pose à la surface du chaudron où le liquide s’est solidifié comme l’eau se transforme en glace chez nous en hiver – enfin, les années où il n’y a pas de réchauffement climatique ! -. Puis elle entre en transe. Ses yeux deviennent rouge, elle semble partir loin, à l’écoute de voix sourdes, enfin, muettes pour les autres puisque intérieures, se convulse, puis sourit, puis revient et atterrit.

- Ca s’appelle une pomme. C’est un fruit qui vient d’un arbre. Ca contient des graines qu’on appelle des pépins. Si on enterre ces pépins dans le sol il va pousser un arbre et sur cet arbre il y aura plein de fruits qui seront pleins de pépins.

- Qu’est-ce que vous voulez qu’on foute de ça ? s’inquiète Grostas.

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- Figurez-vous que les fruits se mangent ! Vous pourriez vous convertir au véganisme ! Mangez des pommes !

- Ca me dit vaguement quelque chose, commente Hortense. Et le truc rond, c’est un panneau pour dire des choses au camion de pompiers ?

Madame Wekeep pose le plateau sur le chaudron.

- Lui c’est un moule à tartes.

- C’est quoi, une tarte ? C’est pour mettre des pommes dedans ?

- Ne répondez-pas, madame Wekeep, s’inquiète Grostas. Je sens qu’il y a encore une bêtise à la clé avec ça! Et le morceau de boudin qui gigote, là, c’est quoi ?

La sorcière enfile des gants pour se saisir de l’animal visqueux. Même cinéma que précédemment.

- Lui c’est un serpent.

- Ca donne des fruits aussi ?

- Non. Ca donne des conseils mais on fait bien de ne pas les suivre. Accessoirement ça siffle jusque sur la colline si vous le mettez au-dessus de vos têtes.

- Comme le train électrique ! Ou comme l’instrument de musique. Le pipeau d’il y a trois ans ! Résultat des courses, ça rime à quoi, madame la sorcière ?

- Je ne comprends pas. Un serpent et une pomme. Une pomme et un plat à tarte. Je ne vois vraiment pas où Il veut en venir !

- Nulle part, je crois ! Il a juste respecté sa tradition à la con ! Merci pour les recherches en tout cas ! Nous on retourne bouffer nos moutons à la con. On vous laisse tout ça. Bonne journée à vous, Madame Wekeep. Et désolé qu’il n’y ait pas eu de chat dans le paquet.

***

Depuis la Noël de cette année-là la sorcière Wekeep est moins tristouille. Elle a découvert que le serpent parlait et qu’il connaissait des tas d’histoires. Mistigri – elle l’a appelé comme ça, du nom du chat dont elle rêvait – lui a expliqué la raison pour laquelle il y avait tant de moutons dans cet univers-ci.

- Il y en a autant que de sacs en plastique blanc dans les océans de Terra 8223. C’est la loi de compensation dite du yin et du yang. Pour une planète qui pollue et s’auto-asphyxie, il y a une planète qui resplendit et qui prospère.

Depuis la Noël de cette année-là Hortense et Eulalie rigolent beaucoup plus dans le dos de Grostas. Elles sont revenues chercher la pomme et la tourtière chez la sorcière. Elles ont planté les pépins et un arbre a poussé très vite car sur cette planète-là le sol est intact, ni trites, ni trutes ni trates ni phosphates ou vrais fats à part Grostas Tatin. Dès qu’il y aura deux pommes sur l’arbre elles ont prévu de les croquer pour voir ce qui se passera.

Depuis la Noël de cette année-là Grostas Tatin dort mal la nuit au fond de sa grotte. Il rêve de plus en plus souvent à la Noël prochaine. Il craint que le Créateur ne leur fasse cadeau d’une cuisinière à gaz et d’une vie sexuelle à vocation reproductive.

- Pour peu qu’il nous gratifie en plus d’un calendrier avec des dimanches midi, on ne va pas échapper aux repas de famille !

Bon réveillon à vous quand même !


Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 17 décembre 2019

d'après la consigne ci-dessous.

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30 août 2019

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 50, Style cocasse

Bien le bonjour, joyeux lecteurs de la chanson de Ricochet ! C’est la toile de Pénélope ici ! On tapisse, on retapisse, on détapisse partout, même dans les toilettes ! Ca a beau être pareil, ça n’est jamais la même chose, ce mythe qui nous vient tout droit des neiges d’antan ! Et tant pis donc si en passant je donne un soufflet à Ronsard ou mets ce bon Vaugelas en pièces !

***

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Ca aurait pu se passer à Dache, à Chquoufougnouze ou à Saint-Profond-du-Lointain. A Perpète-les-Bains, à Pampérigouste ou à Saint-Pisse-qu’en-Coin. Mais non, c’est bien à Trillebardou, chez Jean Guillemette, que le dragon a fait son apparition. C’était un glouton mémorable, du genre qui avale la rue des Lombards.

- Mais quand t’arrêteras-tu de boulotter mon troupeau ? demanda le paysan.

- Mardi s’il fait chaud ! répondit le dragon ! A la venue des coquecigrues ! A la Saint-Glinglin !

Comme les paysans du coin n’étaient pas du genre à jeter les épaules de mouton toutes rôties par les fenêtres, ils appelèrent à l’aide.

- Sire, sire, il a plu sur notre mercerie !

***

Le monarque demanda à ses chevaliers d’aller faire sa fête à ce bestiau bariolé comme la chandelle des rois mais il trouva face à lui des visages de bois.

Ces vassaux-là se croyaient sortis de la côte de Charlemagne mais ils n’étaient en vérité que des carabins de la comète qui, éternellement, tranchaient de l’éléphant sans jamais quitter la table ronde où la chère était si bonne. Bref ils se chauffaient à l’espagnole et se caressaient l’angoulême, ces rodomonts, ces Ramasse-ton-bras, ces dépuceleurs de nourrices !

Ils lui répondirent «Niet !».

***

Ce bon roi était franc comme l’osier et dans cette situation où il apparaissait roulé comme un soleil d’hiver, il lâcha la bonde :

- Jamais je ne fus tant étourdi du bateau ! Ah je suis bien entouré ! Des vendeurs d’épinards sauvages ! Des « Prend-à-gauche toute ! L’autre gauche ! » Des goulafres ! Mais je n’irai pas à travers choux pour ma part. Pas de ça Lisette ! Pas question de jouer de l’épée à deux talons, de faire un trou à la lune ! Je vais la prendre avec les dents !

Il s’en alla trouver le dépanneur du coin, un nommé Larchevêque. Il tenait boutique à l’enseigne de « Crois Robert, c’est un expert ! »

Après avoir encaissé une palanquée de « Tranquille Emile, c’est trop facile », de « A l’aise Blaise on t’le dépèce » et de « Cool Raoul j’lâche le pitbull » le souverain eut droit à sa solution miracle : « Laissez faire Georges, c’est un homme d’âge ! ».

Et de fait Larchevêque semblait de taille à tirer de l’huile d’un mur.

***

Il nous faut faire à présent un détour par les appartements de la princesse.

- Il y a de l’oignon ! s’énervait-elle.

La princesse était toute épaplourdie. Que dans cette version-ci aussi on passât sous silence les exigences sexuelles de la bête, cela l’avait ébarnouflée puis lui avait mis le cœur sur les lèvres. Mais comme à cette époque-là on demandait aux filles de garder les manteaux ou de compter les clous d’une porte, que pouvait-elle faire d’autre que bâtir des châteaux en Asie, rêver d’un hashtag #Superwomanbatledragon, se pimprelocher devant le miroir et rêver qu’un bel homme vînt lui déclamer : « Ma mignonne, ma mie, ma tendrette, ma braguette, ma savate, ma pantoufle …» tandis que les ans filaient ?

***

Et donc Larchevêque envoya Georges pour faire rendre gorge au souffleur de la forge.

Le chevalier Georges avait la mine renfrognée d’un soupe-tout-seul, la tête d’un vendeur de vache foireuse : il ne riait jamais.

Il était logé chez Guillot le songeur. Pour un peu c’eût pu être aux petites maisons, c’est à dire qu’il avait un grain, des visions, des rêves. Mais comme il avait la force virile et la science des armes de poing, il était devenu mercenaire mystique, ce qui lui permettait de concilier ses deux extrêmes et d’avoir un rôle social à jouer dans les récits d’édification religieuse de l’époque.

Il avait donc été recruté par un endormeur de mulots de la Sainte Eglise et de la pire espèce, un grand architecte de fourbes qui prenait des airs penchés. Depuis il voyait vaches noires en bois brûlé ! Il avait ses rats, ses hannetons sous le chapeau, qui lui faisaient croire qu’à force de combattre l’hérétique de façon hiératique il deviendrait saint !

Le combat eut lieu et il fut tout sauf silencieux :

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- Tu ne fais que de l’eau claire, mon joli !
- Tu prends ton nez pour tes fesses !
- Je te promets que tu vas rire du bout des dents et même ne plus rire du tout d’ici peu !
- Tu chantes Guillemette, jeune homme !
- Ris t’en Jean ! On t’frit des œufs !
- Ferme ta boîte à camembert ! Tu l’ouvriras pour le dessert !
- Sur quelle herbe as-tu marché ?
- Tiens prends ce cataplasme de Venise ! Et une giroflée à cinq doigts, une !
- Garde ton onguent de miton-mitaine ! Tu me canules !
- Adieu la voiture ! Patatras Monsieur de Nevers ! Passez muscade ! Va te coucher, Basile, tu sens la fièvre !
- Ah qu’est-ce qui se passe ? Le marchand de sable est passé ! Le petit bonhomme me prend ! Je m’endors ! Je me meurs ! Tu vas me le payer Aglaé ! Je n’ai plus d’encre au cornet ! Je vois des anges violets !

Bourouloulou ! Quel choc ! Quelle tempête quand le chevalier frappe la bête avec la clé de l’autre monde, son épée Ascalon ! Et bientôt, c’est cuit de jeudi pour l’animal à quatre pattes !

- Nous mangerons du boudin, la grosse bête est par terre ! O notre bon roi, le dirons-je ? Ca fait hideur quand on y songe !

***

Il est bien évident que dans cette version-ci la rose qui naquit dans le sang du dragon fut de la variété « Cuisse de nymphe émue » !

Cela ne donna pas pour autant l’idée au bon chevalier Georges d’aller désennuyer la petite princesse. Enfin, bon, les personnages font ce qu’ils veulent ! Comme on disait jadis, les volontés sont libres !

Kiki carabi mon histoire est finie pour aujourd’hui !

Inspiré par le très recommandable livre de dame Catherine Guennec . - A Trillebardou chez Jean Guillemette. - Paris : First editions, 2019.

 

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N.B. La photo de Saint-Georges a été prise dans l'Eglise Saint-Aignan de Chartres en juillet 2019.


Ecrit pour le Défi de samedi n° 574 à partir de cette consigne

(la première photo du billet)

 

 

25 août 2019

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 49, Western macaroni

arizona-phoenix-phoenixcvb-carte_phoenixPaysage de l’Arizona, montagne rocheuse, cactus, soleil déclinant, ciel bleu virant à l’orange. Ecran panoramique. La caméra zoome sur le pied d’un bosquet où se faufile un crotale. Bruit d’une détonation. Hennissement d’un cheval. Au ralenti la balle traverse la tête du crotale qui s’effondre doucement dans la poussière.

crotale-diamantin-d-1On entend le rire sardonique de l’homme qui vient de tirer. La caméra panoramique et vient se fixer face au personnage de western qui avance vers elle. Il est encore loin, juché sur un cheval noir et il remet son pistolet dans sa sacoche. Attachée derrière lui, il y a une autre monture, un cheval blanc avec une crinière jaune sans personne sur son dos. L’homme s’arrête, se retourne et s’adresse à la bête.

Gros plan sur les yeux du cheval blanc. Des mouches tournent autour de son museau et on voit des larmes dans ses yeux.

- Alors, Joli sauteur, tu es témoin ? Maintenant c’est moi qui tire plus vite que l’ombre de ton maître ! J’en connais trois qui vont être surpris de te voir !

Il fait tourner le sac qu’il porte en bandoulière, l’ouvre, vérifie à l’intérieur la présence d’un objet qui semble précieux. Puis il s’adresse à l’autre cheval.

- Allez, Materazzi ! Il ne nous reste plus que deux miles avant d’arriver à la casa. Toi aussi, foi de Giorgio, tu auras droit à un bon repos dans l’écurie de la Mamma.

Musique lente à base de violons et d’harmonica. Les deux chevaux se remettent en route, au trot, soulevant la poussière rouge de la piste. Gros plan sur l’arrière de leurs sabots et sur la silhouette de l’homme, de dos, à contrejour face à un grand soleil qui rougeoie.

***

Ils sont venus, ils sont tous là. Elle va mourir la Mamma, atteinte par le syndrome d’Aznavourian, c’est-à-dire qu’elle était nonagénaire et n’avait plus qu’un rêve : devenir centenaire.

Il y a même ceux du Sud de la Géorgie. On a juste demandé à l’oncle Adriano, le fils cadet des Daltoni, d’arrêter de jouer de la guitare. Ca ne gênait pas la mourante mais ça cassait les oreilles de ses autres frères qui tapent le carton avec leurs cousins de l’Arkansas.

La petite nièce, Margherita, s’active dans la cuisine pour nourrir tout ce monde-là. Elle vient de mettre l’eau à chauffer pour préparer une petite pasta des familles. Comme elle a l’ouïe fine, elle est la première à entendre les chevaux qui entrent dans la cour du ranch. Elle jette un œil par la fenêtre, écarte la casserole du centre du fourneau et se précipite dans la salle en poussant un grand cri.

- C’est lui ! Il est enfin arrivé ! Giorgio ! Le fils maudit !

Personne ne bouge et surtout pas Adriano qui est assez lent de la comprenure mais demande quand même :

- C’est Joe ? C’est vraiment Joe ?

Margherita a ouvert grand la porte et s’est immobilisée sur le seuil de la maison. Son ombre se découpe dans l’encadrement de la porte avec un halo à faire pâlir d’envie David Hamilton et une silhouette à rendre verte de jalousie Beth Ditto.

Giorgio est descendu de sa selle. Il attache les deux bidets à côté de ceux des frangins et des cousins. Elle court alors se jeter dans ses bras. Il la serre contre son cœur. Elle se met à pleurer et lui dit :

- Le médecin prétend qu’elle ne passera pas la nuit, oncle Joe !

- Ne t’en fais pas petite ! Les toubibs ne racontent que des conneries ! J’ai ramené un remède miracle. Viens à la cuisine, j’ai besoin de toi pour ça.

ob_47e1c1_charles-bronson-60735-1280x1024Il traverse le salon sans saluer personne et tout le monde le regarde ébahi. Il n’a pas changé. Toujours petit en taille, le nez proéminent et la moustache taillée à la façon de Charles Bronson. Tout le monde se tait, replonge le nez dans ses cartes, sa lecture ou sa douleur.

Il y a juste l’oncle Adriano qui lance à la cantonade, une fois que Margherita et Joe ont fermé la porte de la cuisine :

- Vous ne trouvez pas qu’il commence à faire faim ?

***

Gros plan sur la casserole d’eau bouillante sur la cuisinière.

- Il ne me reste que des macaronis, oncle Joe. Est-ce que ça ira ?

- Oui. Tu as salé la flotte ?

- Bien sûr !

- OK. On va préparer la sauce. Moi je sors les oignons et toi tu les épluches.

- Pas de souci, Giorgio.

- Tu es devenue un beau brin de fille, Margherita. Il va falloir songer à prendre la relève de Ma à la tête du gang, un jour.

- Mais Joe, tu ne te rends pas compte. Le médecin a dit qu’elle trépasserait cette nuit.

- Taratata. Je te promets qu’elle sera centenaire. Arrête de pleurer. Y’a pas de raison pour ça.

- Ce n’est pas le chagrin, c’est les oignons.

- Maintenant tu me fais deux casseroles de sauce. Une grande et une petite.

La confection de la sauce est filmée en accéléré façon Marmiton.org.

- Et maintenant regarde, Lovely Rita !

Il tire de sa sacoche un long brin d’herbe.

- Coupe moi-ça comme de la ciboulette au-dessus de la petite casserole.

- Qu’est-ce que c’est, oncle Joe ?

- Tais-toi et mélange avec une part de macaronis maintenant.

- Il est où le parmesan ?

- Là, autour de toi. Plateau. Couverts. Sers un verre de Chianti pour Mamma. Allez, zou, andiamo !

Il emporte le plateau, traverse le séjour et entre dans la chambre. Il s’approche du lit, dépose le plateau et s’agenouille près de sa mère.

- Mamma ! C’est moi, Giorgio ! Je suis venu pour te sauver !

La mourante ouvre un œil puis le deuxième.

- Giorgio, mon fils maudit. Tu sais bien qu’il est trop tard !

- Non, Mamma ! La vie est une longue patience. Je l’ai eu ! Je savais que je l’aurais un jour. Entre les deux yeux. J’ai été le plus rapide. Tiens goûte-moi ce macaroni. C’est moi qui l’ai préparé avec ses restes.

Margherita donne la becquée à la vieille dame et petit à petit celle-ci reprend des couleurs, de la vigueur. Quand elle a terminé le plat et descendu le verre de vin, elle ne semble plus malade du tout.

- Fameux, Joe ! Encore meilleur qu’autrefois ! Cet arrière-goût, ces aromates, c’est quoi ?

Ma Dalton- Son brin d’herbe ! Le brin d’herbe magique de Lucky Luciano ! Je te devais bien ça, Mamma. Désormais c’est toi qui es invincible. C’est toi dont on va écrire les aventures.

- C’est bien mon fils ! Non seulement tu as vaincu ce dragon mais en plus tu redonnes l’espoir à toute notre famille. Ils s’étaient tous un peu avachis depuis ton départ.

- Tout sera de nouveau comme avant maintenant, Maman. Sauf qu’on n’aura plus ce justicier à la noix dans les pattes. On aura juste un peu de viande de son cheval dans nos pâtes !

- Fais venir tes frères et tes cousins, Joe. J’avais laissé en plan un plan pour faire sauter la banque de Phoenix. On va entendre reparler des Daltoni !

 

Ecrit hors délais (et pas qu'un peu !) pour le Défi du samedi n° 540

d'après cette consigne : macaroni

14 août 2019

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 48, NÉGATIVITÉS

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No man’s land 1 : chant de paysan

Ceci n’est pas une pipe et pourtant ça fume ! Cela n’est pas une tortue car le lièvre fuit devant et pourtant ça a des écailles sur le dos. Nom de nom ! Je n’ai pas la berlue, c’est un dragon ! Ca ne laisse pas de m’inquiéter pour la survie de nos troupeaux ! Car ce n’est pas un dragon comme les autres ! Jamais nous n’avons vu auparavant une bête aussi vorace. Le loup du Mercantour, la bête du Gévaudan et l’ours des Pyrénées ne sont rien à côté de lui. Ne nous barrez pas le passage ! Si nous n’alertons pas sa Majesté le roi en personne et en toute hâte le royaume entier ne survivra pas à ce désastre sur pattes !


No man’s land 2 : chant du chambellan

Ce n’est ni une révolte ni une révolution, Sire ! Ils ne portent ni bonnet rouge ni gilet jaune. Aucun rouquin parmi eux ne prétend être un juif allemand. Ils ne brandissent ni pancartes, ni drapeau, il n’y a pas d’écharpe tricolore en tête du cortège mais n’allez pas penser pour autant qu’il vous suffira d’envoyer la soldatesque pour régler le problème. Une espèce d’hydre de Lerne n’a rien trouvé de plus malin que de se glisser par une faille de l’espace-temps dans notre royaume à la pointe du monde moderne. Et cette bête n’est pas la dernière des perverses, qui réclame des jeunes filles de dix-huit à 22 ans pour son quatre heures. Ne me demandez pas ce que veut dire « passer les poulettes à la casserole » : moi non plus je ne suis pas maître-queux et je ne parle pas le langage du Harveyweinstein, pays d’où la bête semble issue. Mes connaissances linguistiques ne sont pas très au point et je me demande même s’il ne s’agirait pas simplement d’un dialecte hollywoodien.


No man’s land 3 : chant des chantres mous de la chevaleripaille

Nous ne sommes pas des héros ! Nos faux pas nous collent à la peau ! Ne reste-t-il pas du homard à servir à notre aimable assemblée plutôt que d’incroyables fables à propos d’un lézard géant qui rugit ? N’oubliez jamais la devise des chevaliers de la gueule ouverte : « Quand on est au pouvoir il n’y a jamais de lézard ! Quand on n’y sera plus on se bougera le cul afin d’y retourner ! ».


No man’s land 4 : couchage du roi dont le pays est mis à sac

Moi je ne chante pas, je déchante ! Je ne me résous jamais avec plaisir à composer le 3615 code Mercenaire de la Sainte-Eglise !


No man’s land 5 : chant religieux à moitié belge

Non, rien de rien, je ne regrette rien. Ma main n’a pas tremblé. Le dragon n’est plus. Mais je ne suis pas rassuré pour autant quant au sort de ce pays-là. La rose de la rédemption n’a pas daigné pousser dans le sang de la bête. Ce n’est pas là un bon présage. Et surtout dans ce désert de caillasse je ne retrouve plus le chemin de Damas ! Pourtant je n’ai pas l’intention de m’éterniser dans ce pays de sécheresse ! La peste soit de ce monde où le GPS n’a pas encore été inventé ! Seigneur, ne m’abandonne pas ici ! Ne m’interdis pas de retourner chercher des perles de pluie dans ce pays où il ne pleut pas, la Bretagne ! Je ne te promets rien mais je te jure si tu me viens en aide, je ne forcerai pas comme la dernière fois sur le kouign amann et le chouchen. Seigneur, je t’en conjure, ne me quitte pas !

Ecrit hors ateliers le 30 avril puis le 8 août 2019

N.B. L'illustration m'a été confiée par l'oncle Walrus, si je me souviens bien. Non : en fait je la lui ai empruntée depuis son Défi du samedi n° 541.

9 mars 2019

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 47, Comptine Ch'ti

Le problème des langues vernaculaires, c'est qu'on ne les comprend pas si on n'est pas soi-même un autochtone ! 

Du coup ça oblige le bilingue de service à livrer une traduction pas toujours très fidèle ("Traduttore, traditore" comme disent les Guatémaltèques) !

Voici la mienne :

Bonjour, je me présente, je suis Louis le dragon. J’habite à Mazingarbe au sommet de la montagne de schistes. Comme je voulais voir du pays, je suis parti à la maraude aux poires, vous savez, celles qu’on trouve sur les pommiers à cerises ! Figurez-vous que dans le pré d’à côté il y avait trois jolies petites chèvres bien dodues. Ma nature étant ainsi faite, je me suis précipité sur elles, je les ai transformées en soupe au lard et je me suis régalé des légumes et de leur chair bien cuite retirés de la marmite avec une écumoire. Sachez le : je me fiche bien de ceux qui pensent qu’on doit seulement manger pour vivre et non l’inverse ! Moi je vis pour manger.

Bien qu’il eût les yeux fermés, le fermier m’a vu faire. Il est allé trouver le maire. Le curé lui a répondu qu’il envoyait Saint-Georges avec tout son attirail guerrier en vue de me réduire en bouillie.

Venez donc, les gars, vous ne me faites pas peur ! Et d’ailleurs, je croyais voir arriver un soldat et voilà que ce n’est qu’un garde champêtre qui revenait de Marquette et se trouvait donc sur la route de Sainghin. Le maraud m’alpague ainsi :

- Va-t’en laver tes jambes avec du savon noir, horrible bestiau. Tu pourras peut-être les ravoir ! Allez, gros sac ! Ramasse ton coq ! Tu vois bien qu’il a les pattes cassées !

- Comme tu prends la mouche, jeune présomptueux ! Qui donc t’a offusqué en moquant la taille de tes volumineux genoux, alors que tu as de si belles jambes ?

Après, nous nous livrâmes à une violente échauffourée, comme aux temps où le Bourreau de Béthune affrontait l’Ange blanc.

A un moment, il a lâché son chien et son chat m’a mordu. Il m’a mordu à la fesse et très bizarrement, je saignai à l’oreille. A vrai dire ce n’était pas du sang : je pissais du vinaigre !

Mais n’allez pas plus loin, gentils lecteurs, gentilles lectrices. Toutes ces affirmations ne sont que des fariboles et des calembredaines. Elles relèvent de ce type de blagues que les mineurs de fond se racontaient gaiement en revenant du puits de mine et qui avaient pour personnage un nommé Cafougnette créé par Jules Mousseron. Même les enfants du bassin minier les chantaient dans les cours de récréation de Noeux-les-Mines ou d’Avion en attendant Noyelles-Godault !


Ecrit pour le Défi du samedi n° 549 d'après cette consigne : vernaculaire.

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3 mars 2019

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 11, Tanka

99 dragons, 11 13120526__070

Il faut être saint
Pour délivrer un pays
Du joug d'un dragon

Et puis partir vers sa mort
Au lieu d'épouser Princesse.

3 mars 2019

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 13, Fable ornithologique

99 dragons, 13120526__070

Il y avait autrefois, dans la grotte, au Thabor,
Un dragon troglodyte. Il tyrannisait fort
La ville et exigeait, douloureux sacrifice, 
Qu’on lui livrât chaqu’ jour deux cents galettes saucisses.

Pour se débarrasser de ce monstre funeste
On passa une annonce. Un korrigan très leste
S’en vint et proposa d’affronter le démon.
Il entra dans la grotte et il dit au dragon :

- Toi qui sévis dans l’ombre et qui vis dans le noir
N’aurais-tu pas envie de dev’nir une star ?
Je connais le moyen de t’offrir ce destin.
Tu chanteras, si tu le veux, soir et matin.

Les gens t'appelleront le mignon troglodyte ».
Ils paieront pour t’entendre et lâcheront leurs pépites.
Je s’rai l’imprésario, je prendrai quinz’ pour cent,
Tu feras l’Olympia, on aimera ton chant.

- Top’là, dit le dragon ! Etre star ? ca me botte !
- Sitôt dit, sitôt fait, il lui donne la note.
De sa baguett’ magique il en fait un oiseau,
Un mignon troglodyte au chant vraiment très beau.

Braves gens, cette fable a une chute en or :
La star devint célèbre, elle chanta « Milord »,
Elle fut adorée, signa des autographes…
Vous la connaissez tous : C’était Troglodyt’ Piaf !

3 mars 2019

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 14, Néologismes

DDS 263 Vaillant 17

Alors tous les arbres frémissent, le grand véréfour qui porte le nid retient son souffle ; se referment les tapinoufles et les ronils à pois bleus s'évanouissent car jamais en cette contrépétrie d’effroi on ne vit pareil harnachement à un vertugredin.

Sa cavale d’abord, à la robe caparaçonnée d’arvers, semble très inédite : elle piaffe d’archifougue et gerbedécume aux nazebroques. La princefesse que l’hérosantidote vient sauver des griffes du dragontrançonneur n’en revient pas. Le léquidé vaillant semble doué de parole et son chevaliaucheur joint le rutile à l’agréable, question zyeutage. Mais seront-il assez costarcostauds, cachevalier et monture pour vaincre le bestial ?

C’est qu’on en a vu défiler des présomptueurs et des sivains dont le cracheur de feu n’a fait qu’une bouchée mais ce vertugredin-là semble d’une autre marietrempe.

Les désossetilités dont elle, la princefesse, est l’enjeu ne tardent point d’ailleurs à s’engamélanger.

Georges de Lydadirl à dada – car c’est bien de lui qu’il s’agite –sort sa colicauchemarde et en fiche un grand coup dans l’oeiltorv de la bête.

130818 186

En retour le crachebousin pyrocrashe mais la cavale-star n’a pas été nourri à la petite bière. Le léquidé en pétard jeumpe par-dessus les flammèches.

Georges lance un deuxième assaut et qui n’est pas de courtoisie. Il tambourpiffe les écaillharissures, il tranchetronche à tout va, il déshydrate de l’herne à ne plus savoir où amidonner de la tête. Bientôt le bestial entailladé paindépisse le sang de partout. Dans un dernier sursaut il fait jaillir de son mâchecoulis une dernière pétarasade de pestepétrole enflammé. Mais le cachevalier est déjà descendu de son Jolisauteur et grimpant tout le long de son échine à pied, il lui troue le conservelas d’un grand coup de ramasse-bourier.

Le dragontrançonneur sonné chancelle du Colbacktowhereyouoncebelong puis s’écroule d’un seul coup aux pieds du Souveraindanlfroc qui n’en revient pas.

Alors les circonspectateurs se lâchent ! Ils poussent un grand charivhourra, portent l’hérosantidote en triomphe et viennent le déposer aux pieds de la princefesse pour la grande aubescène du deux.

- Maintenant vous êtes mienne, dame Cucunégonde, déclare le gagnagalant à la belle, puisque vous étiez le bélenjeu de ce combat. J’ai bien hâte c’est vrai que nous nous ébatifolions sous votre baldaquin mais avant que je soye d’une humeur fortaquine, mon estomac crifamine. Vous voudrez bien vider la bête et m’en cuire les partigrasses. Pendant cestuy temps que cela cuillera, votre paternul et moi-même allons zapouiller devant ménestrelles et tapeurs de baballes. Surtout, réservez-moi les solilesses, Mapoulette !

Facrotale erreur d’aspicologie !

La princefesse s’empare d’un grand couscoussier de marque Marmitondorg et le lui balance en travers du frontal pas à l’Apache.

- Hola Machoguilhomme, on ne m’a pas demandé mon sentiment et je ne suis poinct du genre à en faire. Nenni suis le grolo du loto, la falote du phallo, le cache-pot du charlot ! Damnature sur toi pour ces puanpropos !".

Elle l’éméleftourbit, le matducouloire, l’ourlette, l’upperpacute, le chassériaute et l’isaure par la fenêtre.
Se relevant du tadpurin dans lequel il est chu, il lèvepouce et dit :

- Poinct ne battrai femmenifleur en reprépousailles, ce n’est point dans mes uscoutumes, je prèfère laisser péronchonnelle à paternul. J’ai dû me tromper d’espastempe ! Ou alors estions ici en pays de galette complète Mandingue ? Je préfère m’esbigner les rougnolles avant qu’il ne m’en outrecuise plus ! Adieu vat, follegensses !".

Et de fait tandis qu’il s’éloigne dans le soleil couchant en chantant « Aïe ! Me poure l’aune, zoo me nuit, Saint-Georges suis » les Libyens trop affamés déchiquètedugrallent la carcasse du monstre pour transformer les écailles en porte-clefs alors que ni serrure ni clé n’ont encore été inventées en cestuy temps et découpent l’amibidoche de ce gros mouton pour en faire haricomestible.

130818 187

- Si tu veux mon avis, cow-boy, lui confie un peu plusloin sa cavale, il y a une Gilberlafaille dans le continuum spécieux-temporal. Va savoir, si j’en juge d’après la façon dont je claudikadicke, si nous ne sommes pas dans un univers paracoudanlèle ! Peut-être même erratiquons-nous dans une nouvelle de Joe Krapov !

- Par Tout Matisse et Bel Eros ! Si tu as raison, Jolisauteur, dis moi donc ce que j’ai fait au Seigneur pour mhériter cela ?

- Je ne sais pas mais vlà l’boute, dit le cheval en partant au gallo.

DDS 263 dragon rouen

 Ecrit pour le Défi du samedi n° 263 à partir de cette consigne.

2 mars 2019

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 34, Phylactère ibérique

DDS 397 Saint-Georges 34

Confectionné pour le Défi du samedi n° 397 à partir de cette consigne : Moulin à vent.

1 mars 2019

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 97, FATRASIE

dragons-2 revolutionsehri

C’est une histoire de dragon
Qui n’se passe pas en Aragon
Ni en Castille.

Il n’y est pas question d’Harpagon
Ni de poulet à l’estragon
Mais d’un pauvre roi et d’ sa fille.

Dans sa caserne à Vintimille,
En regardant à l’horizon
Le père 100 se pointer tranquille,
Saint-Georges lance avec raison :
- Salut, les anciens ! C’est la quille ! »

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