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C’est un champ de bataille, un terrain carré de 15 x 15 et l’on se dit que l’on pourrait se trouver à Marignan, du moins si on a quelque peu la mémoire des dates. Les Gaulois sont peut-être dans la plaine à se cogner sur le nez mais ici les belligérants ont pris soin de ne pas se fendre l’arcade sourcilière et c’est sur un plateau qu’ils ont procédé à la mise à mort du rêve de leur adversaire.
Ils ont ri, ça ne fait pas un pli comme on dit à la manille. Il y a eu rush vers les cases rouges et les fans d’anagrammes n’auront pas écouté en vain Etienne Klein qui en dispense à foison le jeudi matin sur France-Culture.
Est-ce pour blâmer les combattants qu’une béguine est venue croiser le fer, verbalement parlant, s’entend, avec l’hôte d’une guérite ?
- J’en ai ras-le bol de tes triples axels ! a-t-elle dit au taulier de ce bar à tapas qui (lui) avait pris la tête dès le premier tirage. Si tu continues comme ça, je te jette un cil !
- Va donc, hé, Joule César ! a rétorqué le gars, paisible comme le Don. Tes bas bleus sont troués, et on voit tes écrous sous ton kilt !
C’était digne de robot-cop ! Au-dehors il pleuvait, la nuit tombait et, posée sur les genoux d’une des joueuses, la petite chatte nommée Châtaigne ronronnait.
- Le scrabble, c’est du bonheur en kit ! dis-je en posant ma dernière lettre, un Y devant EN pour finir la partie et empocher, avec ce yen jeté, les douze points qui mènent à la victoire.
Avant de ramasser les lettres pour les remettre dans le sac, je photographiai le plateau de jeu. A part « SQUAME » qui paraissait incasable dans un texte poétique – ou pas -, tous les autres mots me semblaient pouvoir constituer une liste sympathique pour un exercice d’atelier d’écriture.
Ecrit à l'Atelier d'écriture de Villejean le 7 janvier 2014. La consigne était d'utiliser une quantité non déterminée de mots issus de cette partie de scrabble.
