CARMAGNOLE ET CASTAGNETTES
Je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais... on est toujours pris à contrepied ! Hier par exemple j'emmène au café "Les Références électriques", pour une scène ouverte, des textes de 2006-2010 que j'avais déjà, à l'époque, déclamés au Café-slam des Champs libres. Je me régale à les relire en me disant que je suis quand même un sacré maboul d'avoir pondu des choses comme ça.
J'ai donc lu devant un public étonné un pastiche de Francis Ponge publié sur le Défi du samedi en juillet 2011 et intitulé "La Table" et un autre poème plus philosophico-nostalgique avec uniquement des rimes en "ole" et "ette". Comme il n'est pas daté et que je ne sais plus où je l'ai publié je mène ce jour une recherche chez M. Google et... je fais chou blanc.
Je pose l'interrogation dans mon disque dur, sur le répertoire "écriture", et je découvre qu'il s'agit d'un texte déposé sur les Impromptus littéraires en décembre 2012. Comme je souhaite retrouver la consigne d'où il est issu, je pars à la recherche des Impromptus et je découvre - sauf erreur et en toute horreur - que toute la partie avant 2014 a disparu de la toile !
Bravo ! Jolie conception de l'histoire littéraire, ou joli respect des traditions : "Votre site est mort ? On l'enterre !". Merci les hébergeurs !
Du coup j'ai sauvegardé les consignes d'écriture de 2014 à 2019 des Impromptus ainsi que les textes mis en forme et illustrés que j'avais déposés là.
Il va falloir que je me préoccupe sérieusement de jouer à l'éditeur-biographe pour transmettre à qui de droit une édition décente et complète, de type "La Pléiade", de mes krapoveries ! A nous, les notes de bas de page !
En attendant voici le texte déclamé :
Joe Krapov – LA TOUR (CARMAGNOLE ET CASTAGNETTES)
1Sous la tour, avec les fillettes,
Nous dansions d’amples farandoles.
Comme elles étaient mignonnettes
On faisait beaucoup les marioles.
Il y avait Maud, Manon, Lisette…
Elles aimaient nos cabrioles.
C’était le temps des pirouettes
Et de la fête de l’école.
C’était il y a belle lurette,
Colle-gommette et courses folles.
Avec Nanar, Jujube et Piette,
Gai-Luron, joyeux, caracole.
2Sous la tour – tournez, mobylettes ! –
Elles dérapaient, les chignoles !
Sous les yeux émus des minettes
On était les rois du pétrole.
On n’échangeait plus les sucettes,
On n’effeuillait plus les corolles.
On fumait parfois en cachette
Tels Ribouldingue et Croquignol.
C’était l’époque des torgnoles,
Nos pères tenaient la baguette.
Fallait pas perdre la boussole
Sinon terminée l’amusette !
3Sous la tour avec Henriette
Ou quelquefois avec Nicole
On allait pour conter fleurette
Faire parader nos bagnoles.
- Viens faire un tour sur ma banquette !
On peut aller jusqu’à Brignoles ! »
Elles chantaient, les midinettes
Les gais refrains de nos idoles.
C’était le temps des amourettes,
L’époque où les bouches se collent
Et les boutons de nos braguettes
Sautaient comme l’extrasystole.
4Sous la tour la lune replète
Dispense une bien faible obole.
En fait on s’aime à l’aveuglette,
Entre deux caresses on rigole.
Cocorico les galipettes !
Et vas-y qu’on se carambole
A s’en faire péter l’épithète !
Ce ne sont pas des fariboles.
Et puis un beau jour on convole.
Plus tard l’Amour devient pip’lette
Et nous, pitoyables guignols,
Des Super Mario d’opérette !
5Sous la tour, triste marionnette,
Un papy moustachu somnole.
Tout est poivre et sel sur sa tête
Mais, s’il est bourré de pistoles,
Harpagon n’est plus à la fête !
Où est le temps du rock’n’roll,
Quand on faisait tourner Paulette
Ou Rose par-dessus l’épaule ?
Elles sont décillées, les mirettes,
Evaporées, les fumerolles :
La tour n’était qu’une gloriette
Et nos exploits… de la gloriole !