DICTIONNAIRE DE LA BONNE HUMEUR : GAI-LURON
Il s’agit d’un chien, personnage de bandes dessinées, né de la plume de Marcel Gotlib.
Je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais comme j'ai grandi dans les années 60 une de mes premières lectures aura été l'hebdomadaire de bandes dessinées « Vaillant » qui portait alors en sous-titre « le journal de Pif ».
Ce périodique pour enfants, devenu Pif-gadget, a été très célèbre à partir de 1969 pour s'être mis à ne publier que des récits complets et pour distribuer aux minots, chaque semaine, un gadget amusant dont les spécimens les plus célèbres ont été les Pifises, un genre de têtards dont on ne savait plus que faire une fois que ces œufs de poisson (?) avaient éclos, et les pois sauteurs du Mexique.
Il y avait aussi à l’intérieur un journal des jeux conséquent et, en plus des trois récits complets de 10, 20 et 7 pages, des gags hebdomadaires des séries historiques Pif, Pifou, Placid et Muzo, etc.
Mais revenons à Vaillant et à la période au cours de laquelle les récits d’aventures, délivrés à raison de deux pages par semaine, étaient « à suivre ».
C'est dans ce journal pour mômes, initiative et propriété du Parti communiste français, que Marcel Gotlib a fait ses débuts. Il y a publié Gai-Luron, la première série qui l'a rendu célèbre avant les Dingodossiers scénarisés par Goscinny dans Pilote puis la Rubrique-à-brac pondue en solo. Il y eut ensuite le gros boom de mai 68 et le meurtre freudien du père par claquage de la porte de Pilote puis lancement avec Bretécher et Mandryka de « L'Echo des savanes » où les deux messieurs purent prendre leur pied en dessinant des bites (?) en veux-tu en voilà. Drôle d’époque opaque !
Retournons en 1964, 5 ou 6. Gai-Luron apparaît d'abord comme un personnage secondaire de la série « Nanar, Jujube et Piette ». Les deux personnages humains, Nanar et Piette, des enfants de la campagne, disparaissent peu à peu ; ne restent au premier plan que Gai-Luron le chien et Jujube le renard puis le titre devient « Gai-Luron ou La joie de vivre ».
Même si vous n'avez jamais lu « Vaillant » où « Pif-gadget » vous connaissez Gai-Luron. L'œil morne, endormi, lymphatique, n'adorant rien tant qu'une bonne sieste au soleil, il est une copie conforme du Droopy des dessins animés de Tex Avery. « You know what ? I am the Hero ! ».
Le gag qui me fait toujours hurler de rire est celui dans lequel Gai-Luron essaie par tous les moyens, et sans y parvenir, de franchir un mur ; la dernière image en plan plus large montre que le mur était écroulé et qu'on pouvait tout simplement le contourner par le côté. Plus tard Gai-Luron sera doté d'une petite amie, Belle Lurette et leurs cochonneries les plus ultimes consisteront à aller se fourrer dans un buisson pour jouer... à la bataille navale !
C'est dans Gai-Luron qu’apparaîtra aussi une souris muette dans le bas des cases, concept qu'on retrouvera dans la Rubrique-à-Brac avec la fameuse coccinelle.
Pour être complet citons le retour éphémère dans « Fluide glacial » de « Gai-Luron en slip » et mentionnons que la reprise récente de Gai-Luron par Fabcaro nous met, elle aussi, de très bonne humeur.
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 18 octobre 2022
d'après la consigne AEV 2223-06 ci-dessous