RETROUVER SOPHIE CHEZ ROBERT !
Citons tout de suite nos références pour le document qui suit :
Source Gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Celle qui s'appelait autrefois la B.N. et qui fut ma mère nourricière pendant plus de vingt ans se rappelle curieusement à moi ces derniers temps. Je retourne volontiers là où j'ai tété... pardon, là où j'ai été dès lors qu'il ne s'agit que d'ouvrir des bouquins, chercher des photos, consulter des pages web, interroger Gallica, ce trésor que j'ai moi aussi contribué à constituer. Du moment que tout ça me permet de pondre des lignes presque inutiles mais drôles et de m'amuser de tout ce qui arrive et qui ne fait pas mal, moi, la vie, ça va !
"Ce type est complètement fou !" ai-je entendu prononcer à mon sujet hier. Et je suis ravi de l'être !
Me voici donc replongé sur les traces de cette belle Sophie Galitzine dont j'entretiens la mémoire sans savoir s'il le faut, si c'est bien, si c'est mal, s'il faut juger du bien et du mal, s'il faut rire ou pleurer... mais comme je dis aussi, souvent : "Pendant que je fais ça, je n'envahis pas l'Ukraine !".
Aujourd'hui je resterai très neutre et je me contenterai de recopier, en y ajoutant des notes de bas de page tout à fait personnelles et peut-être néanmoins intéressantes, le portrait de la duchesse-princesse fait non plus au pinceau mais à la plume par Robert de Montesquiou dans cet ouvrage :
Montesquiou, Robert de (1855-1921). Auteur du texte.
La divine comtesse : étude d'après madame la comtesse de Castiglione / Robert de Montesquiou ; préface par Gabriele d'Annunzio. 1913.
J'en extrait ce passage aux pages 217-18 :
« L'autre c'est la Duchesse de Chaulnes.
Sophie Galitzine, d'origine slave, était née pauvre et magnifique. Paul d'Albert la choisit et acheta pour elle, à Florence, le Palais Alberti, (1) qui avait appartenu à sa famille. Ils en rapportèrent une robe que je vis une fois. Elle était d'un velours de Gênes, qu'ils avaient fait copier sur un modèle ancien, fond d'or à fleurs rouges. (2). Un soir que le bal tirait à sa fin, dans ce vilain hôtel Béhague, (3) maussade construction que l'héritière a bien fait de raser, et qui ne semblait propre à rien moins qu'à l'éclosion d'un astre, la Duchesse apparut. Le sacrifice cessa, comme dans le vers de Racine (4). Elle portait la robe génoise, qui était si lourde et si ample que l'héroïque jeune femme avait besoin de toute sa jeunesse et de sa force, lesquelles triomphaient, alors, toutes deux, pour en faire mouvoir et resplendir les anneaux, couleur d'un coucher de soleil. Elle en était le lever flamboyant. Un manteau de cheveux blonds s'étalait en nappe sur les épaules et se confondait avec l'or du tissu. Elle avait une couronne d'étoiles, comme une madone, et un rire éclatant, comme une magicienne. Elle ressemblait à Mélusine, à Viviane et à Morgane, mais elle aurait surtout dû s'appeler Violante (5).
Chaplin (6), dans le beau portrait qu'il a fait- d'elle, a fixé cet air, à la fois provocant et enfantin. Elle avait, dans les prunelles, une poudre d'or qui semblait danser, ainsi que font les atomes dans un rai de lumière. »
***
(1) Le palais Alberti a cette tête-là :
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Pour en savoir plus sur ce palais, Madame Wikipe est à votre service :
https://en.wikipedia.org/wiki/Palazzo_Malenchini_Alberti
(2) Je me suis livré à une reconstitution de cette robe italienne avec Deep dream generator (et avec bien du mal !). Voici le résultat :
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La ressemblance entre ce visage inventé et le tableau de Chaplin est plus marquée ici que dans la comparaison des deux tableaux d'hier alors que je n’ai pas fourni d’image au logiciel d'intelligence artificielle !
(3) Il était situé 24 avenue Bosquet à Paris. Il existe encore cependant et abrite aujourd'hui l’ambassade de Roumanie.
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Pour en savoir plus sur le nouvel hôtel et en visiter l'intérieur, c'est ici.
(4) « J'entre : le peuple fuit, le sacrifice cesse «
Racine. – Le Songe d’Athalie, acte II, scène 5
https://reves.ca/songes.php?fiche=43
(5) Il doit s’agir du tableau du Titien portant ce titre.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Violante
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(6) Charles Joshua Chaplin (1825-1891)
A distinguer de Charles Spencer Chaplin, l'immortel auteur de Charlot !