POUR OU CONTRE LA BRETAGNE ?
Les Bretons sont « gentils »… ou alors ils sont réellement gentils.
Ils ne se scandalisent pas plus que ça d’avoir eu leurs femmes ou leurs filles caricaturées par les Parisiens sous les traits de Bécassine. Pas rancuniers pour un sou, ils se ruent en masse au festival de bande dessinée de Saint-Malo appelé Quai des bulles.
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Ça n’a pas l’air de les gêner non plus que cet autre hymne régional composé à leur « gloire » comporte des couplets d’une stupidité et d’une vulgarité hors du commun. Je veux parler bien sûr de « Ils ont des chapeaux ronds vive la Bretagne, ils ont des chapeaux ronds vivent les Bretons ». On peut y entendre des paroles pleines de grâce comme :
« Mon grand-père et ma grand-mère
Ont l’habitude de coucher nus
Ma grand-mère est carnassière
Elle a mordu grand-père au cul »
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La chanson du « Curé de Camaret » ne relève pas vraiment le niveau et celle du « Gendarme de Redon » n’est pas devenue non plus l’hymne de Fadièse Mitoute. Heureusement, cette dernière perle des Quatre barbus, il n’y a que moi qui la connais et comme je suis un gentleman – si, si, parfois, l’air de rien ! – je ne ne joue pas de cornemuse ni de biniou kozh et je m’abstiens de la chanter.
Ce côté « pardon des offenses », je ne sais pas si c’est la mort du pape François ou quoi mais je l’inscris dans la colonne des « pour ».
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Dans le même registre chansonnier il y a par ici une espèce de légende urbaine qui fait de Théodore Botrel, l’auteur de la célèbre « Paimpolaise », un Parisien converti à la Bretonnitude. Je suis allé vérifier récemment : l’auteur de « Fleurs d’ajoncs » est né à Dinan !
Les Bretons sont gentils. Ça doit bien faire quatre ou cinq ans que les Tri Yann on effectué leur tournée d’adieux. L’un des trois Jean, Jean-Paul Corbineau, est même allé chauffer la place du pape François au paradis. Et voilà-t-il pas que je tombe l’autre samedi sur l’affiche d’un concert de Tri Yann à Nantes ? Il ne peut vraiment plus s’empêcher de faire le clown en costume du Moyen-Âge, Jean-Louis Jossic ? En plus d’être gourmande, elle est insubmersible, la jument de Michao ?
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C’est peut-être parce qu’ici, dès qu’on peut faire la nique à l’Ankou, on ne s’en prive pas ! Immortels, on est ! La Bretagne est une terre de légendes. C’est surtout, comme à la foire teillouse de Redon une joute effrénée entre contous et mentous !
Prenez par exemple le macareux moine. Ce sympathique volatile au bec très coloré est devenu l’emblème de la LPO, la Ligue de Protection des Oiseaux et du département des Côtes d’Armor réunis. Or cela fait quarante ans que je vais me balader deux ou trois fois par an dans les environs de Lannion et je n’en ai jamais rencontré un seul. Ou alors il avait une capuche rabattue sur les yeux ?
C’est comme les douaniers sur le sentier du même nom ! J’ai eu beau me promener tant et plus sur le GR 34, je n’y ai jamais croisé un seul gabelou ! Pas même Jean-Jacques Rousseau ou Fernand Raynaud. Et pourtant je ne suis pas un imbécile, je l’aurais reconnu, le douanier Rousseau !
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De la même manière il n’y avait pas de bruit dans Landerneau le jour où je suis allé prendre mon petit-déjeuner après avoir raccompagné des amis allemands à l’aéroport de Brest. Mais ça aussi, du bruit dans Landerneau, c’est une expression inventée par un Parisien, Alexandre Duval, qui était le grand-père d’Isaure Chassériau. C’était dans une de ses pièces de théâtre dont il n’est resté que cela !
On continue ? A part Bob Dylan et Neil Young on n’a jamais vu de vieille charrue monter sur la scène du Festival homonyme à Carhaix.
Il y a tout un tas de légendes arthuriennes qui entourent la forêt de Brocéliande du côté de Paimpont mais ce n’est peut-être que du folklore. Les mêmes inventions farfelues autour de Merlin, Lancelot, Viviane, Arthur se retrouvent, pas mieux localisées du reste, en Grande-Bretagne . La seule chose qui est sûre c’est que Robin des Bois a habité Sherwood et que Molière a écrit toutes les pièces de William Shakespeare.
A lister toutes ces inventions, imprécisions et autres imaginations j’en viens à me demander si les Bretons ne tissent pas sur leur très beau pays autant de concepts farfelus que Marius et Olive dans leur bonne ville de Marseille !
Pour un peu, à les écouter, la Bretagne serait un pays de montagne et les cyclistes de légende de l’Ouest armoricain, Louison Bobet et Bernard Hinault seraient devenus des aigles de Tolède au Tourmalet et à l’Aubisque parce que là-bas dans les Monts d’Arrée et à Yffiniac… Ho, les gars ! Le Roc’h Ruz culmine à 385 mètres de hauteur et l’altitude d’Yffiniac, c’est 10 mètres !
La Bretagne nous aurait aussi donné des grands hommes. Ah oui ? Qui ? Jean-Marie Le Pen ? Vincent Bolloré ? Elle pouvait se les garder !
J’ai vérifié avant de venir : Olivier de Kersauzon est né dans la Sarthe !
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Surtout les Bretons ne sont pas très reconnaissants : il n’y a même pas une statue de Goscinny et Uderzo sur la grand’ place d’Erquy alors que ces deux chantres de la résistance à l’envahisseur ont localisé là le point de départ de toutes les aventures d’Astérix et Obélix !
Malgré toutes les bêtises que je viens de raconter, je mets la Bretagne, les Bretons et surtout les Bretonnes dans la colonne des « Pour ». Ils et elles sont finalement très, très gentil·le·s, très, très gourmand·e·s et assez paresseux·ses : tout ce joli monde tolère en son sein la présence d’un olibrius né dans le Pas-de-Calais avec un patronyme américano-russe et une plume parfois assez acerbe au motif que cet idiot-là n’a pas peur de se lancer dans la confection d’un kouign-amann et qu’il s’en sort toujours très bien !
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Dans la colonne des « contre » je n’inscrirai que deux phénomènes qui à mes yeux relèvent de l’hérésie la plus totale :
- Le fait de s’empiffrer de galette-saucisse sur le marché des Lices à 10 ou 11 heures du matin le samedi.
- Toutes ces danses à la con dans laquelle on s’entortille les auriculaires dans ceux des voisins ou voisines et où on balance les bras d’avant en arrière tandis qu’on déplace les pieds latéralement en écoutant un ou deux musiciens pas vraiment meilleurs qu’Assurancetourix.
Obélix a raison, finalement : ils sont fous, ces Bretons !
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Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 29 avril 2025
à partir de la consigne AEV 2425-26 ci-dessous